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juillet 2011

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Que s’est-il passé hier à l’aéroport de Nantes-Atlantique ?

Plusieurs organisations et habitants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes appelaient à une occupation symbolique hier, mercredi 27 juillet, à l’aéroport de Nantes-Atlantique. Cette action visait notamment à dénoncer les procédures d’expulsion des habitants de la ZAD entamées et dirigées par AGO-Vinci (Aéroports du Grand Ouest). En effet à l’occasion du week-end du résistance à l’aéroport qui a réuni plus de 10 000 personnes les 8, 9 et 10 juillet à Vigneux de Bretagne, les huissiers du cabinet David, Drouin, Chagneau et Beaufils en compagnie de policiers et de gardes mobiles avaient visité 13 maisons d’occupants, mais aussi de locataires.

Mercredi, c’était donc une occupation symbolique et pacifique de l’aéroport d’AGO-Vinci avec installation de plantes dans le hall de l’aéroport, collages d’affiches, performances artistiques des clowns volants, etc … Tout le monde semble alors surpris de la mobilisation en plein été. Manifestants, journalistes, … mais aussi forces de l’ordre, s’attendaient à une centaine de personnes. C’est près de 300 qui auront répondus à l’appel ! Alors qu’une chorale entonne un champs de résistance devant les locaux d’AGO-Vinci fermés, les premiers CRS présents (au finale c’est plus d’une centaine de ceux-ci et de garde mobiles qui seront mobilisés), alors qu’il n’y avait aucune violence, frappent et gazent dans tous les sens, malgré la présence d’enfants.

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Dans la panique, du mobilier tombe et des manifestants utilisent des extincteurs incendies pour répondre au gaz lacrymogène qui envahie l’aéroport. Les CRS frappent très violemment et sans discernement et au sol. Plusieurs dizaines de manifestants sont commotionnés, et trois sont envoyés au CHU. Deux pour des blessures à la tête et une manifestante pour des côtes cassées, elle est toujours à l’hôpital pour des examens, les médecins craignant des perforations pneumo-thoraciques. Quatre personnes auront été interpellées. Alors que les manifestants campent devant l’aéroport en exigeant la libération des militants interpellés, des habitants de Notre-Dame-des-Landes et de Vigneux de Bretagne appellent. Les forces de l’ordre quadrillent le secteur, plusieurs camionnettes de gardes mobiles arrêtent les passant pour des contrôles, certains craignent qu’ils aillent saccager leurs maisons pendant leur absence, comme ils l’ont déjà fait au Tertre en Vigneux. Trois militants arrêtés seront relâchés quelques heures plus tard et un autre a été placé en garde à vue.

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Le communiqué des organisations appelant aux rassemblements :

Ce 27 juillet, à l’aéroport de Nantes-Atlantique, plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées pour une manifestation festive contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et les expulsions qui y sont liées.
Banderoles, slogans, plantation de légumes, sandalettes, défilé d’avions par une compagnie de clowns, etc. Ambiance champêtre et bruyante dans le hall 1 !
Des personnes qui chantaient devant les bureaux d’AGO (Aéroport Grand Ouest) ont alors été chargées, gazées, piétinées, frappées au sol par les forces de l’ordre, provoquant la colère et renforçant la détermination des opposant-e-s au projet d’aéroport.
Plusieurs interpellations ont eu lieu, ainsi que de nombreux-ses blessé-e-s dont trois hospitalisé-e-s qui mettront plusieurs mois à se rétablir.
Nous, collectifs et individu-e-s qui appelions à ce rassemblement, dénonçons la violence inouïe déployée à l’occasion de cette manifestation commune et exigeons la libération et l’arrêt des poursuites visant les interpellé-e-s.

Les occupant-e-s de la ZAD, Coordination des associations et mouvements politiques opposés au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Acipa, Alternatifs, Breizhistance, CNT, DAL, NPA, Union syndicale Solidaires.

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L’attitude irresponsable de Jacques Auxiette et des promoteurs.

Comme le montre la liste des signataires, association de riverain, occupants, associations et organisations politiques, mais aussi certains élus présents, c’est l’ensemble des opposants qui dénonce la violence démesurée des forces de l’ordre. Une unité de terrain bien réelle que Jacques Auxiette, président de la région Pays de Loire, cherche à casser. Et c’est bien le seul objectif de ces déclarations « ceux qui ont mené l’attaque contre l’aérogare ne sont en rien les représentants des populations concernées, il est important que ceux et celles qui s’opposent à ce projet dans les cadres légaux et républicains dénoncent ces actes de violence». Jacques Auxiette n’était évidemment pas présent ce jour et dénonce des violences qui n’ont pas eu lieu. Rappelons, qu’en 2008 il dénonçait «les agissements violents d’activistes (…) armés de couteaux», pour parler de militants de la réunification qui avait descendu un drapeau PdL d’un mât à l’aide d’un canif. Le journaliste d’Ouest-France présent à l’occasion de ce rassemblement très calme s’était senti obligé de démentir les propos d’Auxiette dans les colonnes de son journal, devant un tel détournement de la réalité. C’était assez rare pour être souligné et apporte un élément sur la fiabilité de ses propos.

Jacques Auxiette oubli son rôle d’élu pour se ranger d’office du côté du gouvernement central, de Vinci, des forces de l’ordre et de leurs intérêts, alors que des manifestants pacifiques ont été littéralement tabassés, dont une est aujourd’hui gravement blessée.

gggD’ailleurs, on peut clairement se poser la question du degrés de violence des CRS. Cette violence sans retenue des forces de l’ordre ne serait elle pas induite par les déclarations de certains promoteurs ? Qui depuis des mois criminalisent les opposants et leurs arguments, de Jacques Auxiette à Jean-Marc Ayrault, en passant par les dirigeants de Vinci, en parlant de «terrorisme», d’«extrémistes», d’ «arriérés», etc … D’ailleurs les déclarations du vice-président de région de Jacques Auxiette, J.-P. Magnen sont toutes autres «la jeune femme blessée, une militante altermondialiste pacifiste, est dans un état sérieux. S’il y a eu dérapage, c’est du côté de la police».

des liens pour des videos et d’autres photos :

http://www.youtube.com/watch?v=KMSL3lxYkZs

http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Notre-Dame-des-Landes.-Violents-affrontements-au-cours-d-une-manifestation_6346-1888955-fils-tous–50147-abd_filDMA.Htm

Prochaines mobilisations

Malgré la violence des forces de l’ordre ce rassemblement aura montré la détermination des opposants à l’aéroport. Surtout de plus en plus de gens comprennent l’importance qu’il y a défendre les habitants de la ZAD qu’ils soient occupants ou résidant, tous menacés à plus ou moins long terme d’expulsion, car ils sont les premiers garant de la préservation des terres de Notre-Dame. Prochain rendez-vous :

mer., 17 août, 08:00 – 12:00
Tribunal de Grande Instance Saint-Nazaire 54 rue de la Paix et des Arts (plan)
En soutien aux habitants de la ZAD menacés d’expulsion.

Miret e vo douaroù NDL ganeomp !

Le mois de juin aura vu deux manifestations importantes en faveur des droits démocratiques et linguistiques du peuple breton. D’une part la fête nationale de la langue bretonne (GBB, Gouel Broadel ar brezhoneg) à Cavan, qui a réuni plus de 7 000 personnes sur un week-end, et la manifestation «Bretagne en résistances» du 18 juin à Nantes, avec comme axe prioritaire l’unité administrative de la Bretagne.

Après plus de 10 ans d’interruption, GBB nouvelle version aura réussi et confirmé son pari pour sa deuxième année. Celui de réunir des milliers de personnes dans un festival autour de la revendication d’un statut d’officialité pour la langue bretonne. Ce nouvel élan populaire est parallèle à la résurgence de groupes se revendiquant de Stourm Ar Brezhoneg, qui avait obtenu la signalisation en breton dans trois départements breton durant les années 1990. A Cavan comme à Nantes des militants auront profité des concerts pour montrer et restituer les panneaux volés à Sablé-sur-Sarthe (ville du premier ministre F. Fillon) et la Roche-sur-Yon (ville du président du conseil régional des Pays de la Loire J. Auxiette). La «Bretagne en résistances» restera sans doute dans les esprits comme une mobilisation des plus jeunes au niveau de sa composition et surtout la plus déterminée avec ses 10 km de marche vers le palais de région et ses actions de peinturlurage du palais, des rues nantaises, et des forces de l’orde gardant l’hôtel des Pays de la Loire.

De la manifestation pour l’unité territoriale nous retenons aussi la politisation grandissante de la revendication, malgré un refus d’une réelle analyse politique de la situation par certains élus et la plupart des médias. La volonté de constituer un pôle unitaire et anticapitaliste, et sa réussite, sous l’étiquette «Breizh unvan, disuj ha kengret», témoigne d’ailleurs de ce lien qui doit toujours exister entre revendication sociale, projet politique et revendication territoriale. De même, nous notons qu’un des principal mot d’ordre de la manifestation était le terme «démocratie», assumé par l’ensemble des participants, même les plus frileux. Celui-ci, qui figurait en grand sur l’affiche «Bretagne en résistances», est à retenir et à noter dans un contexte international où il est repris par les jeunesses de Tunis à Deraa et de Barcelone à Athènes, pour dénoncer les classes dominantes qui confisquent le pouvoir populaire. La question qui est posée aujourd’hui à travers la réunification, mais aussi celle du statut de la langue bretonne, c’est bien celle d’une véritable démocratie en Bretagne, c’est à dire celle des outils institutionnels adaptés à la population bretonne et permettant une application réelle de ses aspirations politiques. Le droit de pouvoir décider si oui ou non nous voulons l’unité administrative de la Bretagne, si oui ou non nous voulons une collectivité particulière à l’image de ce qu’est la Bretagne, un pays.

Les réponses politiques à ces mobilisations sont encore trop faibles et en décalage. La vice-présidente de la région Bretagne, Lena Louarn, présente le 18 juin à Nantes, a annoncé la mise en place d’un prochain comité de suivi du dossier de la réunification … en réalité déjà acté depuis plusieurs mois au sein du Conseil Régional. Cette annonce peut laisser perplexe quant à son efficacité quand on connaît le bilan déjà très maigre de la commission mixte Bretagne-Loire-Atlantique. Mis à part sur des événements ponctuels et très généralement culturels, le Conseil Régional sort sans avancée réelle sur le dossier, et la nouvelle mandature déjà entamée ne semble pas annoncer de mesures ambitieuses.

La réponse faite par Philippe Grosvalet (président du CG 44) aux milliers de «bretonnes et bretons en résistance», réponse qui ressort de la rencontre du mois dernier avec son homologue JL Tourenne (CG 35), témoigne d’un décalage et même d’un point de clivage important. Celui qui se présente comme «ni pour ni contre»* n’a pas des propos différents de ceux du président de région PdL Jacques Auxiette. Il souhaite «une nouvelle étape de la décentralisation» avant de parler «de la question des limites géographiques» (ndlr : il veut dire «administratives»). Pour «l’autonomie des régions», le nazairien affiche surtout une posture vis-à-vis de la réforme territoriale et un refus de l’intégrité territoriale de la Bretagne. Pour lui, «on peut envisager d’adjoindre à la Bretagne un, deux voire trois départements (…) dans tous les cas le choix ne peut s’opérer que dans un cadre démocratique et avec l’assentiment de toutes les populations concernées par un redécoupage», c’est à dire en consultant les habitants des départements de la région Pays de la Loire non concernés par le projet de réunification de la Bretagne.

C’est justement là qu’est le point de clivage, entre ceux qui ont une position attentiste et voient l’évolution institutionnelle de la Bretagne dans le cadre d’un projet centralisé et uniforme, et les autres qui considèrent que c’est aux populations et à leurs représentant de décider de cette évolution. Il est évident que la solution offrant à un réel «cadre démocratique» est la seconde. La question du «redécoupage», n’est posé que par le problème de la partition de la Bretagne et lié à ce que certains appellent «caractère spécifique» ou «particularité» de notre territoire, c’est à dire sa vocation nationale. Éviter de poser la question dans cette forme, c’est refuser de vouloir répondre de manière démocratique au «problème du redécoupage». Tout renforcement des compétences des structures administratives reproduisant la partition de la Bretagne ne rendra que plus difficile la réunification. L’unité territoriale doit être partie intégrante de tout projet qui vise à faire progresser la collectivité bretonne vers plus de démocratie.

C’est donc aussi à nous, à la majeure partie des organisations présentes le 12 juin à Kavan et le 18 juin à Nantes, de nous rassembler lors de ce type d’événements et de passer un cap, pour défendre un projet institutionnel nouveau, décidé collectivement en Bretagne, et de toutes les façons, indispensable pour l’obtention des revendications linguistique et territoriale. Alors que se profilent les élections territoriales de 2014 sans réelles perspectives d’avancées démocratiques, il devient chaque jour plus important de travailler à la construction d’un mouvement populaire autour de la revendication d’un statut d’autonomie qui mette la Bretagne sur la voie de l’indépendance. A nous de décider de notre avenir.


Après la manifestation pour l’unité territoriale du 18 juin à Nantes, la Bretagne est toujours en résistance, elle donne rendez-vous les 8, 9 et 10 juillet à Notre-Dame-des-Landes.

L’aéroport c’est nous qui le paieront c’est Vinci qui en profitera.2011_06_03_FLYER_couleur_3pjours_resistance

Alors qu’il y a quelques jours nous nous retrouvions dans les rues de Nantes pour avancer vers l’unité administrative de la Bretagne, il est très amusant de voire certaines personnes résolus à défendre le projet d’aéroport sur le fait qu’il participerait «à la Réunification de la Bretagne» … (l’UDB, la majorité régionale B4, … ). Ceci sur le principe qu’il contribuerait à souder les relations entre Nantes et Rennes. On en attendait pas tant de Jean-Marc Ayrault ! Si cet aéroport à quelque chose à voir avec la question territoriale c’est bien dans le renforcement de l’idée «d’inter-régionalité» comme suffisante par rapport à l’unité administrative de la Bretagne. Et surtout, ce projet est un coup de pouce définitif à la «métropolisation» de l’est de la Bretagne. Il renforce l’argument de tout ceux qui à l’Ouest de celle-ci voient dans la Réunification une concentration des pouvoirs et des richesses à l’Est. Encourager le phénomène de concentration urbaine que représente cet aéroport, c’est aussi refuser l’idée d’une collectivité bretonne unie forte et autonome, seule à même de coordonner un aménagement harmonieux et durable de notre territoire.

La décision du projet des promoteurs et des collectivités favorables reposent, selon leurs propres mots, sur «un pari sur l’avenir». Un pari qui ne semble pas prendre en compte les emplois et le tissu social existant voués à la disparition. Un pari osé qui oublie les prévisions du Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat qui déclarait, au sommet de Cophenague, la fin du pétrole accessible en 2042. Bien avant la possibilité d’une mise au point commerciale d’un avion «non énergivore». Un pari qui une fois plus, s’il est rentable, ira d’abord dans la poche d’un grand groupe capitaliste, Vinci, plutôt que dans celle de la population. Des emplois, il y a des centaines de façons d’en créer, notamment en accordant aux collectivités les ressources d’une politique économique privilégiant l’innovation écologique et énergétique.

Alors comme à Plogoff, au Carnet ou au Pellerin, comme à Donges-est, face au béton, tous ensemble, nous gagnerons à Notre-Dame-des-Landes ! Rejoignez la lutte.

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Retrouvez Breizhistance durant les 3 jours de résistances :

BREIZHISTANCE-IS tiendra un stand d’information durant les trois jours de résistance. Le nantais, Jonathan Guillaume, porte-parole de BREIZHISTANCE-IS, participera au grand meeting du samedi soir, et vous pourrez participer à l’atelier sur «la lutte pour les droits collectifs des peuples dans les luttes de transformations sociales et écologiques» animé par notre organisation le dimanche 10 juillet à 14h au barnum 3.

Txetx Etcheverry, responsable de la Fondation syndicale Manu Robles-Arangiz en Pays Basque nord. Ce militant abertzale (=luttant pour l’autodétermination du Pays Basque) évoquera diverses luttes récentes (pour une chambre d’agriculture alternative du Pays Basque, contre la LGV, pour des alternatives au tout voiture, le mouvement Bizi ! pour la justice climatique…) portées par des personnes abertzale ou non, mues par des motivations différentes mais finissant par partager un certain nombre de visions et de rapports communs au territoire basque et à la vision de son avenir.

Gael Lejeune, paysanne sans-terre du Tregor, en lutte avec la SAFER pour obtenir une installation collective en élevage de brebis laitière face à un gros propriétaire. A travers l’exposition de sa situation, l’intervenante analysera les mécanismes et les décalages existants entre les déclarations politiques des collectivités locales sur la nécessité de transformer le modèle agricole breton et les réalités du terrain.

Gael Roblin, Militant de la gauche indépendantiste bretonne impliqué dans différent collectifs de lutte contre la spéculation immobilière et la gentryfication. Il fera le point sur les compétences et les actions des institutions locales sur ce terrain.