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octobre 2013

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La Gauche Indépendantiste Bretonne -Breizhistance-IS- appelle à manifester le 2 novembre à Quimper pour le droit à vivre, travailler et décider en Bretagne, Loire-Atlantique incluse.

Depuis plusieurs mois en Bretagne les plans de licenciement se multiplient dans l’agroalimentaire, dans l’automobile, dans l’électronique : GAD, Doux, Marine Harvest, Tilly-Sabco, Boutet-Nicolas, PSA,  Alcatel-Lucent… Près de 7000 emplois directs sont menacés. Avec les emplois induits le seul horizon qui se dessine ce sont des zones dévastées par le chômage, menacées de désertification, où après les usines ce sont les commerces, les écoles, qui fermeront les uns après les autres. Nous refusons de croire que c’est l’avenir de la Bretagne. La gravité de la situation nécessite la mobilisation de tous et de toutes pour maintenir l’emploi, obtenir l’arrêt des licenciements et offrir au peuple breton la possibilité institutionnelle de décider lui-même de son avenir, pour qu’il puisse cesser d’être à la merci de ceux qui nous ont conduits à ce marasme et qui cherchent à fuir leurs responsabilités en exploitant la colère légitime du monde du travail pour leurs seuls intérêts.

L’attention des médias se focalise sur l’écotaxe mais la seule chose que démontre la mobilisation contre cette nouvelle fiscalité est la nécessité pour la Bretagne de pouvoir elle-même décider de sa politique fiscale. Car ce qui est en cause c’est bien l’incapacité de l’État français à gérer l’avenir d’un pays dont il ignore sciemment les spécificités et la périphéricité. Si la collecte du lait est hors taxe il doit en être de même pour d’autres transports comme les transferts locaux d’animaux vers les abattoirs ou encore ceux d’alimentation pour le bétail qui ne peuvent se faire que par la route. La taxe telle qu’elle est imposée ne se préoccupe ni de proposer un modèle alternatif de transport ni de l’impossibilité pour les axes de campagnes de s’intégrer au ferroutage qui n’est pas même, du reste, évoqué dans le projet.

Les chefs d’entreprises qui profitent aujourd’hui de la détresse des salariés au travers de cette contestation croient échapper à leur culpabilité dans le naufrage qui s’annonce. Mais ne nous y trompons pas, c’est bien le capitalisme qui a créé ce modèle agricole ultra-productiviste, destructeur de notre environnement et qui conduit aujourd’hui à cette impasse. Ce sont bien les entrepreneurs de l’agroalimentaire qui licencient, ce sont bien la FNSEA et le Crédit Agricole qui enferment les agriculteurs dans leur logique libérale qui les mène à la faillite, ce sont bien les entreprises de transport qui tirent toujours vers le bas les salaires et les conditions de travail de leurs salariés. Tous, sous couvert de compétitivité dans la mondialisation ne recherchent que le profit maximal qui leur permettra de rémunérer grassement leurs actionnaires. Ces actionnaires qui poussent au dumping social : faire pression pour compenser le retard de rémunération du capital imputé à la crise en demandant une réduction des charges qui passe par des licenciements massifs de salariés et des délocalisations dans des pays à faible coût de main d’œuvre.

Tous ne défendent que la mise en concurrence avec pour seule variable d’ajustement les emplois qu’ils détruisent au nom du coût du travail. Ce sont les travailleurs qui doivent être défendus. Ce sont eux qui produisent les richesses et qui font les entreprises. Nous ne pouvons laisser le patronat récupérer le fruit de la mobilisation dans son simple intérêt, alors qu’il monte les travailleurs les uns contre les autres, comme aux abattoirs de GAD à Josselin, alors que les salariés auraient dû se mobiliser dans la solidarité pour défendre leurs emplois partout en Bretagne. Voilà pourquoi le 2 novembre, à Quimper, nous manifesterons pour l’emploi et pas derrière les patrons, les directeurs de la grande distribution ou les papes du productivisme agricole !

Nous appelons l’ensemble des salariés, des syndicats et des organisations de la société civile à créer des comités locaux de lutte et de défense des salariés menacés de licenciements partout en Bretagne.

Nous manifesterons pour pouvoir vivre au pays et construire une société permettant aux travailleuses et travailleurs de Bretagne de s’émanciper en tant que peuple, nous manifesterons pour travailler dans un pays où les droits des travailleuses et travailleurs bretons seront respectés et non utilisés par la classe dominante à son profit, nous manifesterons pour pouvoir décider au pays par la création d’un parlement breton doté de compétences législatives et décisionnelles en matière de fiscalité et de choix économiques seules garantes de la gestion des intérêts du peuple breton.

Alors que les manifestations contre l’écotaxe battent leur plein, voici que la référence au soulèvement des Bonnets Rouges de 1675 a fait son apparition. Afin d’éviter toute interprétation ou approximation historique, la rédaction de Bretagne-Info publie ici la tribune de Fañch Oger, membre de la gauche indépendantiste, revenant sur ce qu’a véritablement été la révolte des Bonnets Rouges.

Les Bonnets Rouges sont à la mode : c’est un symbole particulièrement fort de l’Histoire de la Bretagne qui a été utilisé lors des récentes manifestations contre les portiques qui fleurissent depuis quelques mois sur nos routes.

Rappel historique : en 1674, le roi Louis XIV, empêtré depuis deux ans dans une guerre contre les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas), décide de lever de nouveaux fonds pour financer ses armées, dans un contexte économique déjà fragile. Il crée une taxe sur le Papier Timbré, alors obligatoire pour valider tous les actes susceptibles d’être utilisés en Justice, comme les contrats de vente ou les testaments. Il impose également une taxe rétroactive sur la vente d’objets en étain : elle est répercutée par les commerçants qui utilisent de la vaisselle, entraînant une hausse des prix de la restauration et des boissons dans les cabarets. Louis XIV prend également le contrôle de la vente du tabac, jusqu’ici ouverte à tous, et met en place des fermes, donnant l’exclusivité de la vente de ce produit à certaines personnes. La mise en place de ce système entraîne des pénuries sporadiques de tabac qui n’apaisent en rien le contexte général houleux.

Fin mars 1675, des révoltes à Bordeaux entraînent une suspension locale de ces taxes. Mais c’est en Bretagne que les soulèvements populaires sont les plus importants : à Rennes, le 3 avril, puis le 18 avril, les bureaux locaux chargés d’imposer l’étain ou le tabac sont pillés et plusieurs personnes sont tuées. Nantes se soulève le 23 avril. D’autres villes, comme Saint-Malo, Fougères ou Morlaix connaissent des troubles. La révolte se propage à partir du début du mois de juin dans les campagnes de l’ouest de la Bretagne : au-delà des nouvelles taxes, les paysans se soulèvent contre un système féodal qui les écrase : ils sont 2000 à prendre la ville de Pontivy le 21 juin. Dans la région de Carhaix, où le peuple porte traditionnellement des bonnets rouges, un notaire va prendre la tête de l’insurrection : il se nomme Sébastien le Balp. Début septembre, il envahit, pille et brûle avec plus de 500 hommes le château du Tymeur. Il est tué par un noble qu’il retient prisonnier le 3 septembre, veille d’un soulèvement général prévu dans toute la Bretagne. C’est à ce moment que la répression royale commence vraiment à se mettre en marche : des dizaines de révoltés sont pendus, des clochers rasés pour avoir servi à sonner le tocsin de la révolte, notamment en pays bigouden : à Rennes, 6000 dragons commandés par le Duc de Chaulnes (gouverneur nommé par le Roi en Bretagne, surnommé par le peuple an hoc’h lart, “le gros porc”) s’installent et font régner la terreur pendant plusieurs semaines. Un tiers d’une des rues principales est détruite et la ville est condamnée à entretenir financièrement ces troupes, mesure punitive classique à l’époque.

Mais plus qu’une révolte contre des taxes, ce soulèvement constitue surtout dans les campagnes une aspiration populaire à sortir d’un système qui opprime les classes les plus modestes : plusieurs Codes Paysans sont rédigés, dont le plus fameux, signé par les représentants de 14 paroisses du Pays Bigouden, prône des mesures révolutionnaires pour cette époque : choix par le peuple de représentants qui seront envoyés aux Etats de Bretagne, suppression des droits de corvée de la noblesse sur les terres cultivées, mariages entre filles nobles et roturiers et dispersion des héritages des familles nobles au profit du peuple, droit de chasse pour tous, liberté d’aller moudre sa farine dans les moulins de son choix et non plus dans ceux imposés par le seigneur local…

Cette révolte a donc pris en Bretagne une tournure autre qu’une simple révolte contre une nouvelle taxe. Les revendications des paysans bretons de 1675 préfigurent des avancées sociales qui mettront plus d’un siècle à se réaliser.

bonnets rouges

La référence aux Bonnets Rouges choisie par les manifestants, au delà du symbole, amène des questions intéressantes : assiste-on à une simple révolte antifiscale, comme nombre de médias le soutiennent, ou est-on mis face aux contradictions d’un système économique breton basé depuis un demi-siècle sur le productivisme agricole et les emplois précaires qu’il induit dans le monde de l’agroalimentaire, sans parler de ses conséquences néfastes sur le plan écologique ? Doit-on manifester main dans la main avec les grands patrons de chaînes de supermarchés, qui sont vent debout au côté des syndicats majoritaires d’agriculteurs mais n’hésitent pas à importer des produits lointains et à presser financièrement les éleveurs et cultivateurs afin qu’ils réduisent leurs marges ?

Les Bretons désirent-ils, à l’image des révoltés de 1675 et en écartant tout anachronisme, aller plus loin en montrant qu’ils peuvent prendre leur avenir en main et poser les bases d’un nouveau modèle, économique et écologique notamment, qui la sorte d’un système qui apparaît de plus en plus essoufflé ? « Ce n’est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige.» écrivait Albert Camus. A ceux et celles qui travaillent en Bretagne et qui la font vivre de définir ce qu’ils exigent.

Le Pen, le FN et l’extrême droite n’ont jamais été les bienvenus en Bretagne. Les appels à manifester  des syndicats et autres comités de lutte contre la venue de Le Pen samedi 26 octobre à St-Aubin-du-Cormier , place de la mairie à partir de 12h, se multiplient.

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Le syndicat Solidaires se joint aux précédents appels que nous avons diffusé hier en publiant ces lignes. Ce jour, c’est l’union locale CGT du pays de Fougères qui a publié ce communiqué. Nous publions ci-dessous l’appel à manifester reçu ce jour du MCPL, mouvement des chômeurs et précaires en lutte, de Rennes.

Le Pen fille s’apprête à occuper samedi prochain St-Aubin-du-Cormier pour un meeting visant, une fois de plus, à conquérir un territoire qui échappe jusqu’à maintenant aux griffes brunes du F « haine ».

Nous, chômeur-ses et précaires de Rennes, appelons à nous opposer par tous les moyens à la montée du FN et plus largement aux idées réactionnaires, xénophobes, racistes, lgbt-phobes et sexistes qui se banalisent au sein d’une grosse partie de la clic politicienne bourgeoise (du PS au FN).

Tous précaires, tous solidaires !

Sur le sujet de la précarité et de l’emploi (comme sur les autres sujets d’ailleurs) le FN continue de créer la division entre « bon français-ses blanches » et « étranger-ers » (de couleur de préférence !) qui voleraient travail et aides sociales. De cette manière, selon un stratagème vieux comme le monde, il souhaite détourner les colères vers de faux ennemis. Le sentiment de révolte légitime d’une partie de ceux-celles qui subissent de plus en plus les régressions sociales imposées par les capitalistes est détourné contre des populations pauvres et, le plus souvent, vers les plus précaires des précaires (Roms, sans-papier,s habitant-es des quartier populaires…). Le FN n’oublie pas non plus de discréditer les chômeur-ses et précaires en général en les désignant comme des fainéants et des parasites (dans une démarche similaire à celle qu’il adopte avec les syndicats, contre les grèves ouvrières et récemment avec les manifestations lycéennes).

Ceux-celles qui devraient être nos camarades dans les luttes sociales qui s’annoncent sont ainsi pointé-es du doigt comme les maux de nos problèmes.

Un loup déguisé en mouton.

Derrière sa nouvelle image « anti-système », le FN ne s’attaque donc pas aux vrais responsables de l’état du monde actuel. Contre le capitalisme financier et mondialisé il en appelle à un capitalisme national, lorsque nous sommes beaucoup plus proches d’un précaire sans papier que d’un patron ou d’un créancier, qu’il soit français ou breton.

Le pseudo « anti-libéralisme » du FN n’est ainsi qu’un vulgaire piège à voix pour les élections prochaines. En réalité, son programme reste antisocial : baisse du coût du travail, attaque contre le droit syndical, discrimination par la « préférence nationale », cadeaux au patronat…

Plus que tout autre parti, le FN est près à tenir n’importe quel discours pour accéder au pouvoir.

Le FN est déjà là !

Mais nous ne nous faisons pas non plus d’illusions sur les intentions et les actes du PS ou de l’UMP.

Successivement au pouvoir, ils n’ont fait que renforcer les politiques xénophobes et racistes et banaliser des discours nauséabonds. Hier Hortefeux et Guéant, aujourd’hui Valls. Rien ne change, l’immigration continue d’être présentée comme un problème et cette perception amène aux pires horreurs (camps de rétention, rafles, expulsions, destructions de camps nomades…).  Qu’on ne s’étonne plus de cette « gauche de droite » qui, au lieu de prendre à rebours les discours de haine, se contente de suivre lamentablement la droitisation des esprits.

Ainsi, nous n’oublions pas que le lendemain de la mort de notre camarade Clément Méric (assassiné par le fascisme), les chiens du ministère de l’intérieur bouclaient le quartier de Barbès pour y semer la terreur policière et rafler des dizaines de sans papiers. Nous n’oublions pas que Valls à battu les records en terme d’expulsions, jusqu’à chercher les enfants devant les écoles ou dans les bus scolaires. Nous rappelons aussi la violence quotidienne et plus diffuse de l’Etat Français concernant les démarches administratives des camarades sans-papiers, qui sont de vrais parcours du combattant (préfecture, services sociaux : délais d’attente, liste des documents administratifs…), sans parler des problèmes vitaux du droit au logement. Nous n’oublions pas non plus les destructions et les expulsions des camps nomades (Roms principalement) qui sont pour l’heure les boucs émissaire faciles des fachos de tout poils. 

Le FN n’est pas encore au pouvoir mais ses idées sont bel et bien là, dans les discours et les actions d’une frange toujours plus large de la classe politique et des médias dominants.

 Résister c’est créer, créer c’est résister !

Nous devons faire face au fascisme à St-Aubin-du-Cormier comme partout ailleurs, mais la meilleure manière de répondre efficacement à la bête immonde est la création de résistances plus larges aux politiques antisociales actuelles (dont se nourrissent les groupes fascisants). Diaboliser simplement le FN est pour nous insuffisant, voire dangereux : cela risque de créer une confusion sur le « pourquoi » de nos combats (défense républicaine version PS ou lutte contre le capital?) qui ne peut qu’être bénéfique à un parti se désignant comme « anti-système ».

Face à l’extrême droite et à ses idées nous devons proposer dès maintenant des réponses aux colères populaires et  lutter contre les politiques d’austérité en s’attaquant aux vrais responsables : les tenants de l’économie (grand patronat, banques…) et leurs serviteurs dociles aux manettes du pouvoir (bourgeoisie de droite, de « droite de gauche », ou d’extrême droite).

Dans un article intitulé Vers une nouvelle bataille de Saint-Aubin-du-Cormier ? , la rédaction de Bretagne-Info publiait le 17 octobre dernier l’appel de la Gauche Indépendantiste à manifester samedi à St-Aubin-du-Cormier contre la tenue d’un meeting de Marine le Pen.

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Un collectif d’habitants de St-Aubin-du-Cormier a vu le jour et nous publions ici leur lettre ouverte aux habitants du pays de St-Aubin-du-Cormier, de Fougères et de Bretagne :

Appel du collectif des Saint-Aubinais et des collectifs anti-racismes de Bretagne contre la venue de Marine Le Pen à l’espace communal Bel Air de Saint-Aubin-du-Cormier.

Nous, habitants de St-Aubin-du-Cormier, avons pris connaissance de la tenue d’un meeting organisé par le Front National à Saint-Aubin-du-Cormier.

Marine Le Pen animera un buffet campagnard à l’espace communal Bel air le 26 octobre pour le déjeuner.

Nous manifestons notre opposition et notre indignation.

Accueillir un tel événement dans notre ville, dans le pays de Fougères, dans notre région, entendre résonner les valeurs du Front National ici, NOUS NE LE SOUHAITONS PAS !

Au racisme, à la xénophobie, à l’homophobie, au fascisme, NOUS NOUS OPPOSONS !

Ne laissons pas notre ville et nos campagnes être assimilées à ce parti !

Participez avec nous aux actions suivantes :

Jeudi 24/10 à partir de 9h00, joignez-vous à l’action “homme debout” et relayer la vigie pour exprimer votre indignation, en silence, devant la mairie. Cette action se poursuivra jusqu’à samedi.

–  Samedi 26/10 à partir de 12h00 devant la mairie de Saint Aubin-du-Cormier, prises de paroles des citoyens et collectifs présents autour d’un pique-nique. Grand rassemblement historique et citoyen à 13h30. Manifestation non violente et en musique. Habillez-vous de couleurs vives.

Le Collectif Antifasciste rennais appelle par ce communiqué à se joindre à la manifestation, rejoint par le NPA et  le  syndicat des travailleurs de Bretagne (SLB- Sindikad Labourerien Breizh) qui exprime ici son soutien au collectif d’habitants de St-Aubin-du-Cormier et appelle à défiler contre le FN et l’extrême droite.

 

 

 

 

 

 

La rédaction de Bretagne-Info publie l’analyse de Joris Brouard, membre de la Gauche Indépendantiste, sur la crise économique et sociale que traverse actuellement la Bretagne.

Depuis plusieurs semaines, la Bretagne est plongée dans une crise économique, sociale et environnementale qui frappe de plein fouet son secteur industriel. Doux, Gad, Marine Harvest et autres sont autant d’usines qui ont annoncé des fermetures de sites et de vastes plans sociaux mettant en péril l’avenir de nombreux travailleurs bretons.

Pour autant ces annonces ne paraissent pas si surprenantes si on prend le temps de faire le bilan économique du secteur industriel breton en crise. En effet, l’exemple du secteur de l’agroalimentaire présenté comme le fer de lance de l’activité économique bretonne et dont les mérites ont été vantés par les différents acteurs économiques, politiques et même médiatiques bretons, a suivi la logique néo-libérale qui prévaut dans l’ensemble des industries occidentales depuis des décennies. Le modèle agroalimentaire breton que l’Etat français a imposé avec la complicité de certains acteurs bretons, repose sur un modèle productiviste à outrance et déréglementé au détriment de l’impact social et environnemental qu’il a créé sur le territoire.

Les principales causes liées à cette hémorragie du secteur agroalimentaire ne relèvent pas uniquement de la conjoncture actuelle. Des causes structurelles sont également à l’origine de ce cataclysme social. Tout d’abord, une grande partie des entreprises de l’agroalimentaire ont été détenues par de puissantes familles capitalistes ayant bâti leurs fortunes grâce à ces entreprises. Pour soutenir leur développement, les institutions libérales européennes, l’État français mais aussi les acteurs bretons, n’ont pas hésité à subventionner leur activité et favoriser le patronat aux dépens des travailleurs et de la préservation de l’environnement et sans contrepartie ni garantie pour l’avenir. Entraînant avec eux tout le secteur agricole, tuant peu à peu les petites unités de productions, les chantres de l’agro-business ont imposé leur modèle ultra-productiviste avec l’aide bienveillante de leurs alliés de la grande distribution et des transports.  

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Avec l’orientation néo-libérale des années 1980 et l’avènement de la financiarisation de l’économie mondiale, les dynasties familiales du secteur de l’agroalimentaire breton ont alors progressivement transféré le capital de leur entreprise (moyennant finance) à des fonds d’investissement dont le but principal est la recherche court-termiste de la rentabilité maximale de leurs actions. En d’autres termes, ces familles d’industriels bretons ont cédé l’outil de production des travailleurs bretons au grand capital financier qui joue désormais façon « casino » avec ces entreprises sur les marchés financiers mondiaux. Sous couvert d’être compétitifs dans la mondialisation, ils ont privilégié à outrance un développement à l’export qui conduit inévitablement ces entreprises à réduire drastiquement les coûts de production et à entamer le célèbre refrain du coût du travail et de la concurrence internationale.  De même ces choix irresponsables ont favorisé ces dernières années les crises de surproduction qui ont tant fragilisé le monde agricole et fait des paysans d’éternels endettés courant après les subventions à l’hectare. 

La majeure partie de ces entreprises qui ne connaissent pas de véritables difficultés financières répondent dorénavant à la satisfaction court-termiste des actionnaires. La crise de 2008 a d’autant plus aggravé la situation que durant la période 2008-2009, les actionnaires ont vu la part de rentabilité de leur action baisser. Afin de combler le retard imputable à la crise, les actionnaires ont alors fait pression pour compenser ce retard en demandant une réduction des charges qui passe par des licenciements massifs de salariés et des délocalisations dans des pays à faible coût de main d’œuvre (dumping social).

Depuis plus de 40 ans, le constat devient de plus en plus alarmant : le travail disparaît pour les salariés alors qu’ils n’ont jamais été aussi performants économiquement. Les richesses s’accroissent pour les détenteurs de capitaux et en parallèle le capital n’a jamais été autant concentré par une minorité d’individus. Ce phénomène a été voulu et soutenu par l’ensemble des pouvoirs publics s’étant engouffrés dans la voie néo-libérale.

                                                                      FRANCE-AGROFOOD-SOCIAL-JOBS-DEMONSTRATION

Les progrès techniques et technologiques se sont considérablement accrus depuis plus d’un siècle afin de réduire la pénibilité des individus au travail et paradoxalement, le progrès social comme la pérennité des emplois régressent . L’économie actuelle n’a jamais autant créé de richesse et pourtant les inégalités sociales s’accroissent. La Bretagne devient à son tour la victime d’un capitalisme outrancier, débridé et financiarisé.

En 2005, l’homme d’affaires et investisseur milliardaire, Warren Buffet, déclarait dans un entretien à propos de l’état actuel de l’économie : « Il y a une lutte des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des capitalistes qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner. »

Force est de constater que l’actualité en Bretagne lui donne progressivement raison. Combien d’emplois de salariés doit-on encore sacrifier sur l’autel de la rentabilité actionnariale ? N’est-il pas venu le temps pour les travailleurs bretons de se réapproprier les outils de production qui leur permette de créer la richesse de notre pays ? Le peuple breton ne doit-il pas enfin décider de l’avenir économique du pays ?

Les institutions actuelles de l’Etat central ne permettent pas à la démocratie locale de pleinement s’exercer. Un nouvel outil institutionnel doit voir le jour pour que les justes intérêts du peuple breton puissent être gérés depuis la Bretagne et non depuis Paris. Seule une République Bretonne indépendante  dotée de compétences législatives et décisionnelles en matière de fiscalité et de choix économiques le permettra.

Nous transmettons ici le communiqué écrit par les comités de solidarité avec le peuple basque “Euskal Herriaren Lagunak”, qui étaient réunis la semaine dernière pour des réunions regroupant des comités du monde entier. Des membres des comités bretons de Rennes et Nantes y étaient également présents.

La rédaction de Bretagne-Info.

EHL-Etxerat_Bretagne_info
Comme chaque année, les EHL (Euskal Herriaren Lagunak) sont venus au Pays Basque pour participer aux réunions organisées par Askapena. Ils ont pu recevoir une formation, participer à des activités publiques et définir les lignes de travail pour l’année prochaine.
Une année politique dans laquelle nous visons, à travers notre travail de solidarité, continuer à apporter humblement notre soutien dans la lutte de ce peuple pour sa libération nationale et sociale. Le processus de libération est confronté à de nombreux obstacles répressifs à la fois de la part de l’Etat français mais aussi espagnol, qui hier comme aujourd’hui se mettent constamment au travers  du chemin d’émancipation d’Euskal Herria. Mais comme vous, à partir du réseau des EHL, avons conscience que la lutte continue, et que tôt ou tard les souhaits du peuple basque, qui sont aussi les nôtres, se matérialiserons.
De cette façon, la désactivation des mesures répressives contre les prisonniers et les réfugiés et contre le militantisme indépendantiste basque est une priorité urgente. Par conséquent, en plus de dénoncer le raid du 30 Septembre contre le collectif Herrira et la poursuite des arrestations et emprisonnements de militants basques populaires, nous voulons montrer notre rejet le plus retentissant de la conclusion imminente des deux procès politiques contre les jeunes indépendantistes et de nombreux dirigeants de Batasuna.
Dans ces attaques, par laquelle l’État espagnol, veut à tout prix empêcher l’entrée dans une phase décisive et démocratique du conflit, nous voulons exprimer notre solidarité envers les personnes inquiétées et exprimer notre soutien à la manifestation qui se tiendra en ce samedi 26 octobre à Bilbao.

Parce que votre lutte est notre lutte !
Gora Euskal Herria askatuta !

Les EHL du monde entier.
Traduit du castillan
http://askapena.org/eu/content/%C2%A1porque-vuestra-lucha-es-nuestra-lucha

Lemoa_Bretagne_info.

Alors que de très nombreuses organisations s’apprêtent à manifester à Lannemezan (Occitanie) devant la prison où est incarcéré Georges Ibrahim Abdallah et ce le samedi 26 octobre prochain, plusieurs organisations politiques et syndicales de Bretagne vous proposent plusieurs rendez vous de solidarité.

-Rassemblement place de la Petite Hollande à 10h30 (Nantes) arrêt T1 Médiathèque
- Participation à la manifestation antifasciste à St-Aubin du Cormier (35)
- Projection-débat d’une interview d’Ahmad Saadat, secrétaire général du FPLP, bar le 1675 (Rennes), 19h

Nous reproduisons ci-dessous le texte parut sur le site de l‘Organisation Communiste Marxiste Léniniste Voie Prolétarienne annonçant les mobilisations de Nantes et Rennes ce même jour.

Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste libanais âgé de 62 ans, arrêté à Lyon en 1984, a été condamné à la réclusion à perpétuité pour des actions revendiquées par les Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL). Il entrera le 24 octobre 2013 dans sa 30ème année de détention.
C’est un résistant qui a combattu l’invasion israélienne du Liban en 1978. Il a combattu, notamment comme membre du Front Populaire de Libération de la Palestine, contre l’occupation de la Palestine.
Il a terminé sa peine de sûreté depuis 1999. Son maintien en captivité est un choix politique de l’État français appuyé par Israël et les États-Unis. A ce sujet, la DST (service secret français) a déclaré en 2007 : « Personnalité emblématique de la lutte antisioniste, la libération de Georges Abdallah constituerait sans nul doute, au Liban, un évènement. Il sera probablement fêté comme un héros à son retour dans son pays, mais aussi par différentes mouvances engagées dans la lutte révolutionnaire ».
Le rejet de sa huitième demande de libération conditionnelle en avril 2013, après de nombreuses manoeuvres politico-judiciaires, montre bien la volonté de ne pas le libérer. Ce qui lui vaut cet acharnement, c’est de rester un militant anti-impérialiste et pro-palestinien implacable et de n’avoir jamais renié ses opinions.
Au Liban, dans le Monde arabe, mais aussi en Europe et dans le reste du monde, la lutte pour sa libération s’amplifie. Car seule une forte mobilisation populaire fera sortir Georges Abdallah de prison.
L’appareil judiciaire aux ordres des intérêts impérialistes de la France s’acharne contre un militant exemplaire pour la la libération de la Palestine, la solidarité internationale et le combat communiste. Cet acharnement contre le plus vieux prisonnier politique sur le territoire se poursuit malgré tous les changements de gouvernement, de droite comme de gauche. Alors que l’impérialisme français redouble d’agressivité et porte la guerre en Afrique comme au Moyen-Orient, l’État emploie tous les moyens pour réprimer la résistance à sa politique de pillage, d’exploitation et de destruction.
Le 26 octobre est organisée une journée combative pour arracher la libération de notre camarade. Une manifestation centrale a lieu à 14h à Lannemezan (65), devant la prison où il est enfermé.

A Rennes et Nantes, des militants participent à cette campagne de soutien. Ils te proposent également de te joindre à la manifestation antifasciste contre la venue de Marine Le Pen : pour crier STOP à toute la politique raciste, anti-ouvrière et nationaliste, qu’elle soit portée par le FN ou les partis « démocratiques » au sommet de l’Etat – pour affirmer pas de frontières entre exploité-e-s ! luttons pied à pied contre les capitalistes, les divisions racistes et ceux qui voudraient nous réduire au silence !
Comme le proclame Georges : « Ensemble, camarades, nous vaincrons et ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons ».
Rejoins-nous le samedi 26 octobre, prends contact pour faire connaître
ces initiatives et organiser le covoiturage !

Rassemblement place de la Petite Hollande à 10h30 (Nantes) arrêt T1 Médiathèque
- Participation à la manifestation antifasciste à St-Aubin du Cormier (35)
- Projection-débat d’une interview d’Ahmad Saadat, secrétaire général du FPLP, bar le 1675 (Rennes), 19h

-Libérons Georges Ibrahim Abdallah !
Contre la classe capitaliste, les impérialistes, les sionistes et leur guerre, vive la solidarité internationale des exploités !

Pour en savoir plus sur les initiatives de solidarité : Libérons Georges.

Comité Libérez Georges – Nantes Contact : liberezgeorges@gmail.com
Dont sont membres : Génération Palestine, OCML-Voie Prolétarienne, Gauche Indépendantiste (Breizhistance) , Sud Etudiants, AFA, Alternative Libertaire,Front Anticapitaliste 44, les Alternatifs…

D’ar sadorn 19 a viz Here ez eo mui pe vui 15 000 den o doa dibunet e straedoù Barcelona dindan ar ger-stur « Independencia per canviar-ho tot » (An dizalc’hiezh evit cheñch pep tra).

Galvet e oa bet gant dizalc’hourien an tu-kleiz radikal evit embann e ranko servij Katalounia dizalc’h da ziazezañ ur raktres a zieubidigezh sokial evit mad ar bobl, an demokratelezh, ar servijoù publik, gwirioù ar merc’hed, hep ankouaat gwirioù broadel ha demokratel Katalaniz.

Gouez d’al lec’hienn http://www.llibertat.cat/ e embann an aozerien bezañ laouen eus an niver a dud deuet da vanifestiñ. Darn anezho a oa deuet eus Bro Valencia (a zo perzh eus ar broioù Katalan met en diavez da dirder Katalounia), menneg zo bet graet eus lodenn ar broioù-se ac’hubet gant ar Frañs ivez. E-touesk ar vanifesterien e ranker ober anv eus kannaded ar c’hCUP (Canditura d’Unitat Popular), ar strolladoù Endavant pe MDT, re yaouank Arran, ar sindikad COS, met ivez implijidi a stourm evit difenn postoù labour en o embregerezh…

N’eo ket echu ar c’houlzad « Independencia per canviar-ho tot » eme an aozerien, en em ledanaat a ray e pep korn ar broioù Katalan er mizioù da zont. Gant ar pal rediañ Arthur Mas (prezidant ar Generalitat) da zerc’hel d’e c’her : aozañ ur referendum evit goulenn gant ar bobl ha sevel a ra a-du evit ma vo Katalounia ur stad dizalc’h. « El sí guanyarà si és per fer un país més just i ètic »  da laret eo  « Ha tizhet e vo ar pal mard eo evit sevel ur vroad reizhoc’h ha divezel » eme c’hoazh e katalaneg flour David Fernàndez, unan eus kannaded ar c’hCUP e parlamant Barcelona.

Ober ur republik sokialour Katalan unvan eus Perpinya da Alicante eo pal an dizalc’hourien bet o vanifestiñ disadorn.

Keleier Breizh dieub ha sokialour.

Hier à Nantes ce sont 1000 manifestants et une dizaine de tracteurs qui se sont retrouvés à l’appel de multiples comités de lutte locaux de la capitale bretonne contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, pour réaffirmer leur ferme opposition à sa création et rappeler qu’il y a un an tout juste débutait l’ “opération César”.

Cette violente opération militaire orchestrée par le gouvernement PS-EELV au service du grand capital et concessionnaire de l’aéroport, Vinci, s’était soldée par un lamentable échec pour l’État expulseur et destructeur.
Un an après notre lutte est plus que jamais d’actualité alors que le premier ministre en déplacement à Nantes déclarait au quotidien Presse-Océan  que l’aéroport se ferait et que les collectivités locales PS et leur fers de lance Jacques Auxiette (président de la Région Pays de la Loire) et Philippe Grosvalet (président du conseil général de Loire-Atlantique) ont multiplié les déclarations maintenant que les travaux commenceraient à court terme.
Hier à Nantes les occupants de la ZAD et les citoyens opposés au projet ont défilé avec Copain 44, des représentants de l’ACIPA, de la Confédération Paysanne, du Comité Anti-répression, du Collectif Nantais Contre l’Aéroport, du Collectif des étudiants Nantais Contre l’Aéroport, du collectif Un Toit Pour Tous et Toutes et la gauche indépendantiste. Un défilé où les représentants d’EELV étaient aux abonnés absents, cherchant peut-être à ménager leurs alliés gouvernementaux socialistes avec qui les alliances ne manqueront pas de se faire au deuxième tour des prochaines élections municipales, voire dès le premier tour comme à St-Herblain.

En s’arrêtant devant une résidence occupée par des réfugiés sans-papiers, les manifestants ont tenu à montrer leur solidarité alors que le gouvernement qui a tenté d’expulser les habitants de la ZAD expulse sans vergogne les sans-papiers, les Roms et les enfants scolarisés.

La manifestation s’est déroulée dans le calme malgré une mobilisation policière démesurée et s’est finie devant l’ile de Versailles où une cuisine mobile, la Locomotiv’ qui permettait aux manifestants de se restaurer à partir de matériel de récupération.

 

Nous avons reçu le texte suivant de Jean-Do Robin qui est retraité de l’Education Nationale.

Il est connu pour son engagement de longue date pour l’enseignement bilingue, la langue bretonne, la justice sociale et la solidarité internationaliste avec notamment la Palestine et le Pays Basque. Il réagit ici au refus des instances académiques d’afficher en breton la devise de la république Française aux frontons des écoles.

 

La rédaction de Bretagne-info.

 

Tribune libre

19.10.2013

 

Frankiz, ingalded, breudeuriezh !

 

Le refus opposé par le Nonce académique à la question posée par le président du Conseil régional de savoir si la devise de la république – qui devra désormais s’afficher au fronton des écoles publiques – pourrait être déclinée en breton, a au moins le mérite d’être clair :

La langue bretonne n’a pas sa place dans la république française.

 

On se demande au passage quelle mouche a piqué Pierrick Massiot pour qu’il interpelle le recteur Kere à ce sujet, puisque les écoles sont communales et ne relèvent pas de la compétence régionale. Le président du Conseil régional aurait pu épargner aux communes un tel oukase…. auxquelles elles restent d’autant moins obligées de se soumettre que les bâtiments leur appartiennent et que certaines ont, depuis longtemps déjà, bravé l’excommunication…

 

Aï’ta a certainement raison d’écrire, documents historiques à l’appui, que « les républicains de 1793 étaient plus tolérants envers la langue bretonne que le recteur d’académie en 2013 ». C’est pourtant peu dire…

 

Il est loin en effet le temps des Savary, Bayrou, Jospin et autres Jack Lang qui tentèrent de faire fleurir dans le terreau ingrat de la France post-napoléonienne, la devise pleine d’espoir de l’Union Européenne : Unité dans la diversité.

 

Voici venu le temps des Valls-Hortefeux-Mélenchon-Lepen : celui du repli nationaliste et des triliv brandis à la face du monde ; pour les uns, le temps des charters remplis de sans-papiers, des enfants rroms ou congolais qu’on emprisonne et qu’on rejette vers la misère et les pogroms… et pour tous, celui du refus de la reconnaissance des minorités linguistiques et culturelles de l’Union Européenne… Voici venu le temps des généreuses devises qu’on affiche d’autant plus qu’on les vide de leur sens. Voici venu le temps des proconsuls décomplexés qui, à peine nommés à la tête de l’académie de Rennes, proclament fièrement qu’ils seront le « fossoyeur de l’enseignement du breton ».

 

Comment s’étonner d’une telle réponse, lorsque la pensée politique française, renouant avec sa vieille tradition coloniale, s’enfonce dans le nationalisme le plus abject, continuant de confondre citoyenneté et nationalité ; n’acceptant d’autre intégration que l’assimilation totale à une langue et à une culture uniques ; et, comble de la perversion, détournant l’idéal laïque pour en faire une arme d’exclusion.

 

Quelle liberté d’expression dans un Etat où l’appel au boycott de marchandises issues de colonies implantées dans les territoires palestiniens occupés, en violation du droit international, vaut d’être condamné pour « incitation à la discrimination » ?… alors que des appels semblables visant cette fois le Mexique ou la Chine bénéficient de l’appui bienveillant, voire sont initiés par des représentants de l’Etat ?

 

Quelle égalité dans cet Etat qui manie l’anathème sélectif du « communautarisme », à l’encontre de tous ceux, Bretons, musulmans, Basques ou Rroms dont l’altérité culturelle est  ainsi marginalisée… tandis que d’autres formes d’identités sont érigées au rang de la normalité française… et, par conséquent, supposées incarner l’universalisme républicain ? Quelle égalité territoriale dans cet Etat dont les politiques économiques brouillonnes enferment la Bretagne dans l’impasse de la mono-production agricole intensive, asservissante, destructrice de l’emploi, de l’environnement et de la qualité de vie ?

 

Quelle fraternité dans cet Etat qui lance des opérations policières, chiens et bulldozers à l’appui, pour priver d’abri et d’accès à l’éducation, des populations déshéritées qui avaient cru trouver refuge à la lisière de nos villes ?

 

Comment s’étonner ensuite des mouvements centrifuges qui, des hauteurs de Corti aux cités de Villiers-le-Bel, du portique à éco-taxe de Lanrodeg aux rues de Clichy, des venelles de Baiona aux quartiers nord de Marseille, viennent de plus en plus fréquemment déchirer le voile de l’unité de façade de cette république-peau-de-chagrin qui n’a toujours pas compris que la diversité n’est pas l’antithèse de l’unité, mais qu’elle est, au contraire la marque de son authenticité et la condition de sa permanence.

 

« La France, tu l’aimes ou tu la quittes », qu’il disait l’autre…

Cette république-là, si elle ne nous aime pas, c’est sûr, nous la quitterons.

 

Ne viens pas alors, demain, pleurer sur les ruines de tes prétentieuses façades, sur tes drapeaux brûlés et sur tes devises exsangues, parce que nous aurons enfoncé la porte de sortie… en quête d’oxygène ; en quête de cette République espérée des Bretons lorsqu’ils sonnèrent, à Rennes le 26 janvier 1789, le premier acte de la Révolution « française ».

 

 

Jean-Do Robin, indigène indigné

La lettre du recteur :