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mai 8, 2014

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80 personnes se sont déplacées le mardi 6 mai à Carhaix pour le premier meeting de la liste “Pour une Europe des peuples et des travailleurs”, soutenue par le NPA et la Gauche Indépendantiste. Nous les en remercions.

Une première marquée par le vibrant hommage de Matthieu à Virginie Prigent subitement disparue.

Gael Roblin, pour la Gauche Indépendantiste, s’est prononcé pour une Europe de l’égalité des droits au sein de laquelle le droit à l’autodétermination et l’intégrité territoriale doivent être respectés, au sein de laquelle la Bretagne doit voir ses institutions se transformer. Il a affirmé avec force la nécessité pour les travailleurs de Bretagne de s’auto-organiser afin de pouvoir enfin décider pour nous mêmes ici en Bretagne.

Sandra Cormier (NPA 44), n°2, a quant à elle présenté la candidature sur notre liste du prisonnier politique Enguerrand Delanous, incarcéré suite à la manifestion du 22 février contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, rappelant notre opposition à ce projet destructeur et notre volonté d’une transition écologique pour l’Europe.

Notre tête de liste, Pierre le Ménahès, a conclu le meeting en pourfendant le modèle économique libéral européen. En rappelant les combats des travailleurs de Florenge, de la Seita,de Gad, de Marine- Harvest et de Doux, il a exorté les travailleurs à construire leurs luttes. Taclant au passage le danger du vote FN, les spéculations bancaires et la politique d’austérité du gouvernement français.

La rédaction de Bretagne-Info publie ci-dessous le discours de Gael Roblin.

           gael roblin

Je suis extrêmement heureux d’être là ce soir aux Halles de Carhaix en votre compagnie, puisque j’y étais déjà venu en 2005 à l’invitation de la LCR locale pour expliquer nos convergences de point de vue pour faire campagne pour le NON au TCE… NON qui fut victorieux mais vous connaissez la suite malheureuse de cette victoire.

Ceci étant déjà rappelé, il est plus facile de commencer à expliquer pourquoi nous nous retrouvons côte à côte aujourd’hui pour cette campagne commune aux élections européennes.

Puisque l’on parle d’élections je rappellerais également que nous avons fait campagne ensemble aux municipales et cantonales de 2008 et 2010 en Loire-Atlantique et en Ille-et-Vilaine.

Mais nous nous sommes surtout côtoyés dans les luttes et dans la rue contre le CPE, contre le projet d’aéroport de Notre-Dame des-Landes, contre l’homophobie, contre le mandat d’arrêt européen et pour les prisonniers politiques, contre la réforme du régime des retraites, contre les licenciements dans l’agroalimentaire en novembre et décembre dernier ici même à Karaez et à Kemper. Et sans doute demain pour la défense des intermittents, des précaires, des réfugiés économiques, pour la défense des droits de femmes… et contre l’austérité comme ce fut déjà le cas à l’occasion du 1er mai dernier.

Quand entre deux courants politiques existent autant de points de convergences, et surtout quand il est clair pour les uns et pour les autres que l’on ne change pas le cours de choses par les élections mais par la construction de vastes mouvement populaires à travers lesquelles les peuples et les travailleurs imposeront par l’action collective un modèle de société anticapitaliste et bien il est clair qu’il faut travailler ensemble pour cette élection.

Voilà pour l’explication, si besoin en était, de notre présence commune sur cette liste dans la circonscription Ouest dans laquelle se retrouve noyée la Bretagne.

Si la Bretagne est noyée dans la circonscription « ouest », le matériel de campagne unitaire défend clairement le droit à l’autodétermination des peuples d’Europe donc le peuple breton et à l’unité territoriale de notre pays. Tout comme il prône clairement le droit à la co-officialité pour la langue bretonne. Des revendications plus que nécessaires au moment où le gouvernement envisage de redécouper les régions sans donner la parole au peuple.

Cela se traduit notamment par la phrase suivante : Nous affirmons que le peuple et les travailleurs de Bretagne (Pays Nantais inclus) doivent pouvoir choisir, en se déterminant librement, un autre modèle institutionnel.

Voilà qui tranche singulièrement avec la posture des autres listes qui se réclament des droits du peuple breton.

En effet nous n’attendons pas du gouvernement central de Manuel Valls qui prépare dans le plus grand secret un bigbang territorial sans consulter les premiers concernés que soudain il satisfasse nos revendications de démocratie locale.

Le fait que plusieurs listes se réclament d’une forme de démocratie locale pour la Bretagne avec un débouché institutionnel que certains nommeront assemblée ou d’autres parlement et veuillent traduire électoralement le slogan de cet automne « Vivre, travailler et décider en Bretagne » témoigne sans aucun doute d’une problématique spécifique à cette partie de la circonscription.

Mais il existe aussi plusieurs façons de se réclamer de ce slogan.

Il y en a qui, comme Christian Guyonvarc’h tête de liste UDB et rapporteur du budget de la majorité PS/PC/UDB au conseil régional de Bretagne, ne trouve rien à redire au fait que le budget de cette institution soit amputée de 22 millions pour financer un projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

A propos de cette formation rappelons qu’à Rennes son élue dans la majorité PS/PC/PRG a lors du premier conseil municipal de cette nouvelle mandature voté (comme certains élus FdG) comme maire pour Nathalie Appéré, également députée et qui a choisi de faire parti des 20 députés qui ont signé l’appel « Courage, avançons ! Souveraineté, crédibilité, responsabilité : pourquoi nous soutenons le gouvernement », initié par Philippe Doucet et qui fait ainsi parti du premier cercle des soutiens du Premier ministre et de son plan d’austérité de 50 milliards d’euros.

Puisque l’on parle de la liste de l’UDB (qui a fait campagne pour le OUI au TCE et qui prétend se battre pour une Europe sociale) rappelons que c’est sur cette liste que l’on trouve Paul Molac député de la circonscription de Ploermel, qui siège dans le groupe écologiste et qui a voté pas une mais deux fois la confiance à Manuel Valls ! La première suite au discours de politique générale du 1er ministre il y a un mois, la deuxième il y a 10 jours lors du vote sur le pacte de responsabilité et ses 50 milliards d’économies. Oui, M. Molac, candidat sur la liste menée par M. Guyonvarc’h soutient le plan d’austérité du gouvernement français, oui M. Molac croit à la nécessité du gel des minimas sociaux pour faire des économies, oui M. Molac préfère par son soutien au 1er ministre s’attaquer à la France d’en bas et non au grand capital ! Ce choix a un nom camarades, c’est le modèle que nous combattons camarades : c’est le libéralisme économique.

Pourtant 11 milliards de ces 50 milliards seront économisés sur le fonctionnement des collectivités territoriale. Cela aura forcément un impact sur les services publics locaux, les subventions aux associations…

Ce ne sont surement pas les 2 milliards du pacte pour la Bretagne d’avenir signé en décembre qui compenseront cette perte.

D’autant que la Bretagne n’est pas une « région adminstrative » privilégiée. Elle est avant-dernière (juste devant Midi-Pyrénées) en termes de dotations de l’Etat par habitant. C’est une collectivité fragile et ce plan va aggraver cette fragilité.

On aimerait savoir en échange de quelle fumeuse promesse un tel soutien est possible…

Nous avons du mal à croire qu’une telle liste avec à sa tête un rapporteur du budget régional, une vice-présidente de Région, et un député si zélé n’ait vu le jour sans la bénédiction bienveillante d’une partie du PS de Bretagne.

Il y a une autre liste menée par un autre Christian, bien connu ici qui se réclame de ce fameux slogan « Vivre, travailler et décider en Bretagne » avec une légitimité certaine. Sur cette liste figure Yves Pelle, président du Parti Breton, qui siège dans le groupe UMP à au conseil municipal à Rennes mené par Monsieur Chavanat. Celui-là même qui s’est illustré par sa proximité avec les opposants au mariage pour tous… pas sur qu’il donne donc le même sens que nous à ce slogan.

Nous ne pensons pas que « Vivre, travailler et décider en Bretagne » puisse se traduire uniquement par la revendication de zone franche, ou une invocation incantatoire de la fin du dumping social. Nous préférons revendiquer un SMIC européen, des systèmes de protection sociale équivalents alignés sur les meilleurs, pour en finir avec la concurrence et le dumping social qui tire tout le monde vers le bas. Nous l’arracherons par la lutte collective.

Puisque nous sommes à Karaez et que j’évoquais les manifestations de novembre et décembre 2013, celles du mouvement des Bonnets Rouges je souhaite redire ce que nous avions porté au sein du Pôle Ouvrier, avec son porte-parole, notre camarade Matthieu Guillemot, lorsque nous défilions avec les salariés de Gad, de Marine Harvest, de Tilly Sabco derrière la banderole « Pour Vivre, travailler et décider en Bretagne interdisons les licenciements » .

Chacun y évoquait la nécessité de la réquisition ouvrière des moyens de productions, voilà qui je l’espère illustrera parfaitement le sens que nous donnons au fait que le peuple et les travailleurs de Bretagne doivent pouvoir choisir, en se déterminant librement, un autre modèle institutionnel.

Pour collectiviser les entreprises bénéficiaires qui licencient alors qu’elles font des profits il faut bien sûr, mettre en place la réquisition ouvrière, mais pour le faire il faut que le peuple travailleur de Bretagne maitrise les outils de productions mais aussi son cadre de vie : la Bretagne.

Alors là oui tous ensemble nous pourrions construire une démocratie locale ou la priorité serait les intérêts du plus grand nombre et non d’une minorité, une démocratie locale ou nous pourrions taxer (par exemple) les résidences secondaires des riches qui sont vides 11 mois sur 12 alors que nous peinons à payer nos loyers et ainsi aider au maintien de l’emploi ouvrier et financer un autre modèle agricole paysan de proximité respectueux de l’environnement.

Les institutions régionales (comme les institutions européennes) actuelles ne servent pas les intérêts du peuple travailleur de Bretagne ni les autres peuples. Le conseil régional de Bretagne a voté une subvention de 22 millions d’euros pour financer le projet contesté d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes mais défendu par le MEDEF 29 il y a encore quelques jours, pour détruire ainsi 2000 hectares de terres agricoles et les livrer à une multinationale.

Si le peuple travailleur de Bretagne contrôlait les institutions locales nous aurions sans doute utilisé cette somme pour maintenir l’emploi ouvrier, en réindustrialisant le site de Marine Harvest par exemple  !

Cela n’a rien à voir avec la logique de mise en concurrence des territoires qui est dans les gènes du plan de décentralisation et de super-métropolisation de Marylise Lebranchu et sans doute dans la réforme territoriale que Valls nous concocte sans nous consulter.

Ces luttes et ces revendications ont un écho local et international : ce sont celles de nos camarades en Ecosse, en Catalogne qui ont imposé par la lutte locale un agenda politique basé sur l’auto-organisation et ainsi tracé la perspective de la construction de démocratie locale au service du plus grand nombre. Oui l’auto-organisation pour changer nos institutions est bien le clivage entre notre liste et celles menées par M. Guyonvarc’h et M. Troadec qui part leurs appels incessants aux dirigeants socialistes des institutions locales, au président de la République, croient encore trouver de l’écho en leur sein pour faire aboutir les légitimes revendications du peuple breton.

Mais aussi par ce que c’est à l’échelle internationale que nous construirons des luttes de masses imposant un autre modèle économique et social et environnemental. A ceux et celles que la perspective de lutte de masses semblent lointaines, je dis : regardez vers l’Etat espagnol ou les mobilisations contre les licenciements, et l’austérité n’ont pas été aussi fortes depuis bien longtemps, regardez vers la Grèce, le Portugal ou la Bosnie même si ce pays européen n’est pas membre de l’UE.

Bientôt, à cause du plan d’austérité de Valls nous serons confrontés dans l’Etat français aux choix de la lutte ou de la résignation.

Pour que l’idée de lutte collective s’impose ici et ailleurs dans la circonscription et partout en Europe : votez et faites voter pour la liste NPA/Breizhistance !

Kredomp stourm, kredomp bezañ trec’h !
Osons lutter, osons vaincre !

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