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novembre 16, 2014

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N’eo ket chomet diseblant yaounkizoù Breizh dirak marv Remi Fraisse bet lazhet gant ar polis gall e Sivens (Okitania ).

Splann eo kement se pa weler ar manifestadegoù bet dalc’het evit goulenn ma chomo ar polis a-sav gant e doareoù feulst e pep korn hor bro.

Ur vanif all ‘vo dalc’het d’ar sadorn 22 a viz Du e Naoned dirak al lezvarn evit enebiñ ouzh feulster ar polis hag ar gwaskerezh.

Emichañs ‘vo tud !

Da glozañ e embannomp amañ un droidigezh vrezhonek eus testenn vrudet Paul Eluard “Un homme est mort” graet gant ur studier yaouank eus skol-veur Roazhon 2.

Trugarez dezhañ.

 

MARVET ZO UN DEN

Marvet zo un den n’en doa ‘vit ‘n em zifenn
‘Met e zivrec’h digor d’ar vuhez

Marvet zo un den n’en doa e-giz heñchoù
‘Met ar re ma vager kaz ouzh ar fuzuilhoù

Marvet zo un den a gendalc’h da stourm
Enep an Ankou hag an ankoun

Rak kement tra a felle dezhañ
A felle dimp ivez

A fell dimp hirie

Ma vo eus al levenez
Ar sklêrijenn
E goueled an daoulagad
E goueled ar galon

Hag ar justis war an douar

Bez’ zo gerioù a zegas buhez
Ha gerioù direbech dioute
Ar ger tommder ar ger fiziañs
Karantez justis hag ar ger frankiz
Ar ger bugel hag ar ger koantiri

Ha lod anvioù bleunioù ha lod anvioù frouezh
Ar ger kouraj hag ar ger diskoachañ
Hag ar ger breur hag ar ger kamarad
Ha lod anvioù broioù anvioù kêrioù
Ha lod anvioù merc’hed ha mignonezed

Lakomp anv Remi ouzhpenn

Remi zo marvet ‘vit pezh ‘ra dimp bevañ
Deomp dre « te » gantañ toullet eo e vruched
Met gras dezhañ ‘n em anveomp gwell
Deomp dre « te » an eil gant egile
Bev eo e esperañs

***

paulACABéluard

E koun Rémi Fraisse, 21 bloaz, lazhet gant ar fliked e Sivens (Tarn) d’ar 26 a viz Here 2014.

 

Il n’y pas que les bretons qui sont déçus de la réforme territoriale , les Alsaciens aussi. Une des nationalités historique de l’hexagone , un peuple moins habitué que les bretons à descendre dans la rue pour revendiquer ou affirmer ses  spécificités,  mais qui pourtant est descendu en masse ( plus de 10 000 manifestants ) dans la rue le 11 octobre dernier pour refuser le projet de fusion entre Alsace, Lorraine et région “Champagne Ardennes “. On nous rétorquera que la droite et l’extrême droite y était fortement représentés, nous le savons, mais c’est bien par ce que la gauche et la gauche radicale ont complètement ignorées depuis des décennies la question des nationalités dans l’état français et de la démocratie locale que cela est possible.

Enfin signalons tout de même que Europe Ecologie et le parti autonomiste Unser Land (“Notre Pays”) membre de la coalition Régions et Peuples et Solidaires comme l’UDB en Bretagne, étaient de la partie.

On attend toujours une critique de gauche à la phrase révisioniste de Manuel Valls qui a  déclaré en octobre dernier et ce comme seule réponse à la mobilisation d’une partie du  peuple Alsacien , fut il encadré en partie par la bourgeoisie réactionnaire locale (mobilisation vaine car la fusion est actée )   :

« Il n’y a pas de peuple alsacien. Il n’y a qu’un seul peuple français »

 

Alors que le 11 novembre dernier nous avons assisté à une débauche de discours tricolores et impérialistes français, célébrant les guerres de rapine impérialistes auxquelles participe la France en Irak, Afghanistan, Mali, et pour rappeler que les millions de morts de la guerre 1914-18 ne sont pas morts pour la France nous citerons dans un premier temps le parti “Unser Land” qui ce même jour déclarait : “Sauf qu’ici à Strasbourg ou ailleurs en Alsace, comme dans une partie de la Moselle voisine, cela ne correspond pas à l’Histoire vécue par nos grands-parents ou nos arrière-grands-parents. Les soldats alsaciens et mosellans en 14-18 ne sont pas « morts pour la France ». Ils sont entre 30 et 50000 à être morts dans l’uniforme allemand. Tout simplement parce qu’ils étaient citoyens allemands, suite au vote d’une large majorité des députés de l’Assemblée Nationale en 1871: l’Alsace et la Moselle étaient rendues à l’Allemagne, au IIème Reich, « en pleine souveraineté ». Les Alsaciens se sont battus pour le pays qui était redevenu le leur depuis plus de 40 ans…

Dans l’entre deux guerres la question nationale alsacienne et mosellane était largement prise en compte par les communistes et assumée comme telle. Le Parti Communiste participant avec les autonomistes à la défense d’un statut autonome pour l’Alsace, ce qui leur valu aux uns comme aux autres de subir une très forte répression.

Enfin nous publions un article du blog communiste occitan ” Servir le Peuple ” qui rappelle comment la France a, en novembre 1918, annexé l’Alsace-Moselle et mis fin à une expérience révolutionnaire unique : le Soviet de Strasbourg .

Les révolutionnaires du soviet de Strasbourg avaient bien compris la complémentarité de la lutte d’émancipation sociale et de la prise en compte de la question territoriale et nationale en proclamant l’éphémère : “République d’Alsace-Lorraine” ! (vous avez bien lu !)

La rédaction de Bretagne Info.

Novembre 1918 : la révolution Alsacienne !

 

Novembre 1918 : le drapeau rouge sur la cathédrale de Strassburg !
Novembre 1918 : le drapeau rouge sur la cathédrale de Strassburg !

Traditionnellement considérée comme une “terre de droite”, l’Alsace est pourtant la seule “région” de “France” à avoir connu, à l’issue de la Grande Boucherie de 14-18… des évènements révolutionnaires dignes de la Révolution bolchévique russe. Elle faisait en effet partie à l’époque (depuis 1871) de l’Empire allemand, où des évènements de ce type avaient éclaté dès le 29-30 octobre par une mutinerie des marins de Kiel (sur la Baltique).

Quelle meilleure, quelle plus belle et lumineuse réponse que la RÉVOLUTION au cauchemar capitaliste-impérialiste traversé par des centaines de millions d’hommes et de femmes pendant 4 ans et 3 mois (dont bien sûr les 70 millions de mobilisés, avec près de 10 millions de morts et le double de blessés, mais on oublie souvent que près de 9 millions de civils ont également péri) !? Ce fut la réponse que jetèrent à la face de la dictature des monopoles les Peuples de l’Empire russe et de l’Empire allemand, les Hongrois ou encore les Irlandais

Mais le Novembre rouge alsacien sera hélas de courte durée : dès le 22 du mois, l’Armée française reprend possession de la “province perdue” (qui trônait depuis 47 ans peinte en noir sur les cartes de l’école de Jules Ferry…) pour y rétablir l’ordre “républicain” de la bourgeoisie bleu-blanc-rouge. Pour ceux qui pensent et proclament encore que la construction de l’entité “France” n’a mis fin qu’à des “féodalités locales” : deux siècles et demi après avoir écrasé (en Corse) une révolution démocratique bourgeoise, l’État français annexait et écrasait en Alsace-Moselle ni plus ni moins… qu’un Peuple en pleine révolution prolétarienne. CQFD…

Les festivités organisées en novembre 2008 à Strasbourg donnent lieu à un dossier spécial 14-18 publié dans le numéro 197 du mensuel de la ville « Strasbourg Magasine ». On y apprend que « le 22 novembre 1918, Strasbourg redevenait française après avoir été durant quarante huit ans la capitale du Reichsland Elsass-Lothringen. Une euphorie extraordinaire régnait, une foule innombrable accueillait les troupes françaises, avec à leur tête le général Gouraud, dans une ville entièrement pavoisée de drapeaux tricolores. La rue Neuve, première réalisation de la grande Percée, en 1912, allait accueillir ce défilé triomphal dont elle a gardé la mémoire en devenant… rue du 22 Novembre. »
Strasbourg Magazine, n°197 – Dossier spécial 14-18

Cependant le passant qui arpente cette rue notera qu’aucune année n’est précisée sur le panneau et aucune explication n’est donnée. Ce 22 novembre évoque donc la « libération » de Strasbourg en 1918. L’armistice ayant été signée 11 jours plus tôt, pourquoi la ville a été « libérée » aussi tard – après l’armistice, et de qui avait elle besoin d’être « libérée » ? Pour comprendre les faits qui se sont déroulés entre le 11 et le 22 novembre, il faut revenir au mois d’octobre 1918 et aux évènements qui ont eu lieu en Allemagne. A cette époque l’Alsace et la Moselle faisaient partie intégrante de l’empire germanique : c’était le Reichsland Elsass-Lothringen.

En ce mois d’octobre 1918, des généraux de l’état-major allemand, qui n’admettaient pas une défaite pourtant imminente, ont décidé d’envoyer la marine dans une tentative de « tout pour le tout » et donc de sacrifier les marins. Les marins choisissent alors la désobéissance : une mutinerie éclate le 30 octobre dans le port militaire de la ville de Kiel. Cette mutinerie est l’évènement déclencheur de la Révolution allemande.

Parmi les marins, on comptait environ 15000 Alsaciens et Mosellans. Ayant eux-mêmes rejoint la mutinerie, ils sont rentrés en Alsace et en Moselle pour y faire vivre cette révolte.

Le 7 novembre, des manifestations ont lieu à Strasbourg contre la garnison et contre la prison pour exiger la libération des insoumis et des déserteurs

Le 8 novembre, la République soviétique de Bavière (en allemand Bayerische Räterepublik ou Münchner Räterepublik) est proclamée : cette nouvelle se répandit rapidement dans toute l’Allemagne, y compris à Strasbourg

Le 10 novembre un train contrôlé par des marins insurgés est bloqué sur le pont de Kehl, et un commandant loyaliste ordonne de tirer. Un insurgé, le soldat Fir, est tué, mais les insurgés prennent le contrôle de la ville de Kehl. Les premiers insurgés avaient déjà atteint Strasbourg : ils avaient été rejoints Place Kléber par des milliers de Strasbourgeois. Le soviet est proclamé par les marins qui sont soutenus par les ouvriers de la ville.

la proclamation du societ de Strasbourg ! Place Kleber
la proclamation du soviet de Strasbourg ! Place Kléber

Ce soviet de soldats se transforma rapidement en soviet de soldats et d’ouvriers. Les murs de la ville sont couverts d’affiches qui proclament : « Nous n’avons rien de commun avec les États capitalistes, notre mot d’ordre est : ni Allemands ni Français ni neutres. Le drapeau rouge a triomphé ».

Des mesures sont immédiatement prises : augmentation des salaires, amélioration des conditions de travail, libération des détenus, liberté de presse et d’expression, levée de la censure sur le courrier, droit de manifester. Des commissions organisent la vie quotidienne : transports, finances, ravitaillement, démobilisation, justice… Des grèves radicales éclatent, surtout parmi les cheminots. Des soldats arrachent leurs insignes aux officiers et distribuent des vivres aux passants affamés.

Le soviet de Strasbourg instaure la « République d’Alsace-Lorraine ».

Au même moment, la bourgeoisie allemande de Strasbourg fait appel aux troupes françaises pour qu’elles mettent fin au soviet. Un slogan court les quartiers bourgeois : « Plutôt français que rouges ! ». Les socialistes proclament « la République Française ». Deux gouvernements cohabitent.

Le 13 novembre, le drapeau rouge flotte au sommet de la cathédrale.

Le dirigeant social-démocrate strasbourgeois Jacques Peirotes, qui siégeait au soviet des soldats et des ouvriers, fait appel au Grand Quartier Général français et demande aux généraux de « hâter leur entrée à Strasbourg, la domination des rouges menaçant de prendre une fin tragique ». Tragique pour les bourgeois, car on craint une propagation du mouvement sur tout le territoire français. L’entrée dans la ville était prévue pour le 25 : les troupes françaises entrent dans la ville et écrasent les soviets le 22 novembre.

La première décision du commandement militaire est l’abrogation des décrets des soviets.

Début décembre 1918, Clemenceau et Poincaré entérinent le retour de l’Alsace-Moselle à la France. Le commandement militaire perdure jusqu’à la signature du traité de Versailles en juin 1919.

En plus de l’abrogation des décrets des soviets, une politique de francisation forcée est mise en place. Après presque 50 ans de domination germanique, il était maintenant interdit de parler allemand ou le dialecte alsacien, à l’école ainsi que dans les services publics. La méthode d’enseignement utilisée à l’école était dite « d’enseignement direct », c’est-à-dire que le français est employé sans transition. Ceci a été rendu possible par l’envoi d’enseignants uniquement francophones sur le territoire alsacien et mosellan.

Parmi les décisions administratives, un arrêté du 14 décembre divise le peuple en 4 classes, notées A, B, C ou D sur leur carte d’identité. Ce classement a été établi en fonction de l’origine, c’est-à-dire de l’ascendance et de la caractéristique supposée du degré de francophilie. Selon la classe, les droits civiques étaient différents :

Classe A : personne dont les parents auraient été Français si l’annexion n’avait pas eu lieu en 1871. Cette carte permet au détenteur de circuler dans toute l’Alsace-Moselle, et de bénéficier d’un taux de change de 1,25 francs pour 1 mark.

Classe B : personne ayant un seul un parent « français de souche »

Classe C : étrangers qui ne sont pas de nationalité allemande, autrichienne, ou issus d’un de leurs alliés pendant la guerre.

Classe D : citoyens d’origine allemande, autrichienne ou d’un pays allié. Il leur est interdit de circuler en dehors de la ville. Taux de change pour les détenteurs de la carte : 0,80 franc pour 1 mark.

Une politique d’épuration est mise en place par les autorités françaises, ainsi que des commissions de triage chargées des l’examen individuel des Alsaciens selon les propos, les positions prises ou leur attitude supposée. Résultat : 112 000 résidents alsaciens, décrétés « Allemands » ou insuffisamment francophiles sont expulsés

L’exemple d’Albert Schweitzer – pas encore lauréat du prix Nobel de la paix – illustre bien cette politique : bien que la nationalité française lui ait été attribuée, il est fiché comme « dangereux autonomiste ». En conséquence, il est surveillé par la police secrète française jusqu’à la fin de l’année 1920 : un espion était en permanence posté devant son lieu d’habitation.

Strasbourg n’est pas la seule ville ayant connu les soviets lors de ce mois de novembre 1918, il y eut aussi Colmar, Haguenau, Molsheim, Mulhouse, Neuf-Brisach, Ribeauvillé, Saverne, Sélestat.

Dans le contexte de fin de guerre, l’Alsace-Moselle a connu quelques jours de liberté aux travers de cette expérience des Soviets et de la « République d’Alsace-Lorraine ». Ces Soviets ont pris des mesures de protections sociales inédites. Ceci a été possible grâce au retour des mutins de la marine impériale et au soutien immédiat et sans faille des ouvriers. La bourgeoisie, après 50 ans de prospérité dans l’empire allemand, a opportunément demandé l’aide de l’armé française qui a massacré les soviets, autrement dit « libéré » la ville, le 22 novembre.

Précision : Alsace-Moselle ou Alsace-Lorraine ?

En français Alsace-Moselle désigne les 3 départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. En allemand Elsass-Lothringen (traduit littéralement par Alsace-Lorraine), désigne également le territoire couvert par les 3 départements. Alsace-Moselle désigne donc le territoire géographique, alors qu’Alsace-Lorraine désigne un territoire administratif que ce soit au sein de l’empire germanique ou dans le terme « République d’Alsace-Lorraine ».

Article originale:  ici

Complément sur le site de l‘Action Antifasciste Alsace