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mai 2016

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Lors de la manifestation de jeudi dernier à Nantes, un jeune de 21 ans a été interpellé suite à quelques dégradations sur les locaux de Ouest-France.

Hier (lundi 30 mai) avait lieu sa comparution immédiate au Tribunal de Nantes. Comme depuis le début du mouvement contre la Loi Travail lors de comparutions immédiates, la peine a été très lourde : 8 mois de prison ferme en tout (6 mois pour cette affaire et 2 mois pour la révocation d’un sursis suite à une autre affaire) et 12.000 € d’amende ! A cela s’ajoute également… 30 € pour avoir participé à une manifestation interdite par la Préfecture… on nage en plein délire !

Mais ce qui est surtout intéressant dans cette “affaire” c’est le traitement de cette information, par Ouest-France justement, dans le journal d’aujourd’hui (voir ci-dessous). Contrairement à pratiquement tous les articles concernant les comparutions immédiates de ces dernières semaines, l’article est relativement petit et s’excuse presque du traitement de l’information concernant cette “affaire” de bris de vitres et de peinture… Mais surtout, l’article “oublie” de dire que le jeune de 21 ans a été condamné à une amende d’environ 12.000 € pour le “préjudice matériel” et… “l’atteinte à l’image de Ouest-France” * !
Non, vous ne rêvez pas, Ouest-France a trouvé bon d’aller réclamer 12.000 € de dommages et intérêts à un jeune de 21 ans qui se trouve déjà en prison pour 8 mois !

Après cela, comment s’étonner que les façades de Ouest-France soient peinturlurées ? Qu’il y ait une défiance envers certains médias ?

Nous souhaiterions savoir si certain-e-s journalistes ou leurs syndicats à Ouest-France se manifesteront pour demander des explications sur cette “amende” ?

Article_Ouest_France_Manifestation_Loi_Travail_Nantes_2016_05_31

* Information publiée dans le Presse-Océan du jour également.

Communiqué du Collectif de Vigilance Antifasciste 22.

Pour une Bretagne ouverte et solidaire & en soutien aux interpellé-e-s des mobilisation contre le loi “travail” !

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Vendredi 3 juin 18h FORVILLE BAR à HILLION

BEAT BOUET TRIO (bal breton hip-hopulaire), LA COSECHA (cumbia colombienne du Trégor), BOUM KLAR (clarinettes et percussion), POL (accordéon diatonique), KAN HA DISKAN, LYRISME ET BARBARIE (chansons et orgue de barbarie), LAURANN & LUI (trio violon, violoncelle, guitare/clarinette), etc…

A l’heure où les idées d’extrême droite se banalisent, que la répression s’abat sur tous ceux et celles qui refusent la résignation et se battent pour la justice sociale, faisons sa fête à une société qui veut nous faire trembler et nous diviser.

Opposons-lui la solidarité à l’intérieur et par-delà les frontières, retrouvons-nous pour une soirée de partages, festive, engagée et multiculurelle.

Venez vous bouger avec nous sur un mélange de musiques traditionnelles, bretonnes, kurdes, et plus récentes.

Entrée et nourritures (multiculturelles aussi !) à prix libre.

L’évenement sur Facebook.

Le CVA22 vous invite à cette soirée, dont les fonds récoltés iront au soutien des interpelléEs lors des mobilisations contre la Loi travail à Saint-Brieuc.

https://www.youtube.com/watch?v=9wcFiD0WNDQ

Il y a quelques jours les médias se sont fait l’écho des dégradations subit par l’entreprise Variscan à Orléans. Un groupe a revendiqué cette action par communiqué, vous pouvez le lire ici. Le collectif Douar Didoull qui lutte au grand jour contre les projets miniers diffuse le texte de mise au point suivant et invite à le diffuser intégralement.

Bretagne info.

Suite aux différentes sollicitations des médias, le collectif Douar Didoull « Pour la préservation de notre terre et contre le projet minier », réuni en séance plénière le 25/05/2016, tient à préciser que n’ayant aucun lien avec les dégradations perpétrées au siège de Variscan Mines à Orléans, dans la nuit de lundi à mardi, n’a pas à prendre position sur cette action.

Le collectif Douar Didoull n’a eu de cesse d’informer la population, depuis maintenant plus d’un an, sur les dangers qu’engendreraient les phases d’exploration et d’exploitation minières (car l’une est indissociable de l’autre) dans le cadre du Permis Exclusif de Recherches Minières dit de “Lok-Envel”. Face à ce projet, imposé à la population, les personnes concernées par ce permis (accordé en septembre 2015) ont exprimé massivement leurs refus. Conscients que la « mine responsable et propre du XXIe siècle » n’existe pas et n’existera jamais, que « le développement industriel de la Bretagne » ne sera pas dicté par des spéculateurs et que les pollutions sur le territoire seraient irréversibles, les habitants ont donc clairement dit non à ce projet minier. Et, c’est 75% du périmètre, par les refus de prélèvements collectés, qui est aujourd’hui inaccessible aux techniciens de Variscan Mines.

Face à cette situation, le collectif Douar Didoull a demandé à plusieurs reprises aux services administratifs et juridiques de l’Etat, l’abandon de ce permis minier. Services de l’Etat qui sont restés sourds aux doléances des citoyens.

Le collectif citoyen Douar Didoull réitère sa demande auprès de Mr Macron et lui suggère l’abandon définitif de ces projets miniers.

Le 25 mai 2016.

Peu de médias donnent la parole à ceux et celles qui osent élever leurs voix contre la répression qui s’abat sur ceux qui contestent la loi travail.

Nous reproduisons ici l’appel à la Solidarité avec Hugo Melchior militant investit à Rennes 2 et interdit de manifestation et de centre ville pendant 15 jours. Il a entamé une action légale de contestation et lance un appel à la solidarité financière.
Le cout des frais d’avocat se montera à 800 €.

Si certains ami-e-s, camarades veulent m’aider à payer cette somme, vous pouvez verser ce que vous voulez par chèque à l’ordre de ENSEMBLE ILLE ET VILAINE, à l’adresse du camarade, Yves Juin, qui réceptionne l’argent :  Yves Juin, 32 rue Louis Mazan 35 000 Roazhon.

Vous pouvez lire un entrevue avec Hugo sur le site de contre info du CCR du NPA.

Au moment où nous écrivons ces lignes des camarades de AL et Solidaires Étudiants de cette même ville sont toujours en garde à vue pour avoir envisagé de détériorer des bornes de validation des tickets dans six stations de métro avec de la mousse “expansive”. Le parquet semble vouloir monter en épingle une “affaire” qui risque bien de se dégonfler en retenant la qualification d’ “association de malfaiteurs” (!), jamais retenue contre des manifestants pacifiques de la FNSEA… A cette occasion le local de Solidaires 35 a été perquisitionné. Lire ici le communiqué de Alternative Libertaire et ici celui de l’Union Syndicale Solidaires.

A Nantes on dénombre au moins 66 arrestations hier lors de manif interdite.

Nous affirmons notre pleine entière solidarité avec l’ensemble de ces camarades et invitons à participer aux initiatives de solidarité dans la rue ou financière.

La Gauche Indépendantiste Bretonne (Breizh O Stourm/ Bretagne en Luttes).

Enfin nous reproduisons intégralement ici l’appel à la mise en liberté du jeune manifestant accusé de tentative de meurtre à Nantes diffusé par le journal anticarcéral l’Envolée.

Ce samedi 14 mai, un lycéen nantais de 18 ans a été mis en examen pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » après une garde à vue de 48 heures. Il a été immédiatement incarcéré sur un mandat de dépôt criminel. Cette inculpation est très grave, sans aucune comparaison possible avec les habituels « outrages et rébellion » et autres « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique » qui s’accumulent dans les audiences de comparutions immédiates. Elle inscrit les faits dans une procédure « criminelle » qui prévoit des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité…

Les faits ont été relatés par la presse nationale comme étant d’une « violence » extrême. En fait, un commandant de police qui n’avait pas réussi à reculer assez vite après une charge de ses CRS a été pris à partie par un groupe de manifestants qui lui ont asséné plusieurs coups. Le gradé a visiblement eu le nez fracturé et on a dû lui faire une quinzaine de points de suture. Par ailleurs, il n’y a pas d’éléments précis qui peuvent attester de la participation du jeune inculpé aux coups donnés. Tout reste donc très flou.

Ce qui ne l’est pas en revanche, c’est l’acharnement violent et méthodique déployé par les forces de police contre les manifestants depuis le début du mouvement. Passages à tabac (particulièrement à Nantes et à Rennes), coups de matraque, utilisation de grenades « désencerclantes » qui blessent en cas d’impacts directs, tirs avec leurs nouveaux flash-ball à hauteur de visage pour crever des yeux, etc. Tout le monde aura déjà pu apprécier l’efficacité de ces armes sur des images et vidéos diffusées sur Internet.

On entend répéter en boucle, « un commandant de police blessé »… Si cela vaut plusieurs années de prison, comment « comptabiliser » les multiples yeux crevés par des flash-ball, comment « évaluer » la mort de Rémi Fraisse et celle d’Amine Bentousi abattus froidement par la police, pour ne citer que deux exemples… Et dans ces cas où ce ne sont pas des « tentatives » mais bien des « homicides », la justice prononce toujours des non-lieux ou des acquittements. Et là, l’Etat ne prend même plus la peine de faire croire que la justice en est une.

Oui, une bonne partie de la jeunesse n’a pas envie de se soumettre au pouvoir (qu’il soit financier, policier, militaire, politique) dont la règle est de voler les vies du plus grand nombre au profit de quelques-uns. Elle crie haut et fort depuis quelques semaines ce refus d’un monde d’exploitation. Et ils sont gentils ces manifestants de ne pas répondre plus violemment à cette déferlante d’uniformes qui vise à décourager la majorité des participants au mouvement en cours et à faire déserter manifestations et occupations.

Nous exigeons la libération immédiate de ce jeune homme. De toutes façons, il y a peu de chance qu’il échappe à un procès, mais au moins qu’il l’attende dehors et non pas emprisonné comme tant d’autres le sont déjà ; nous savons combien les peines sont plus sévères pour les accusés qui comparaissent menottés que pour celles et ceux qui comparaissent libres. Et qu’il ne serve pas de cadeau de la justice à des syndicats de police bien contents de se voir « aimés » par leurs collègues en robe noire. Qu’il ne serve pas non plus d’exemple repoussoir à une jeunesse qui refuse le monde qu’on lui prépare.

Il est partie prenante du mouvement actuel au même titre que tous les manifestants et grévistes qui y ont pris part. On ne le laissera pas tomber.

L’Envolée

Pour informations complémentaires dans les jours à venir : lenvolee.net

Pour nous écrire : contact@lenvolee.net

Le Collectif dénonce le caractère antisocial de la loi Travail et de la répression déployée par l’Etat pour permettre le passage en force de cette loi.
Le Collectif avait appelé à une manifestation contre les violences policières à Pont-de-Buis mercredi 18 mai. 29 enquêtes ont été officiellement ouvertes pour violences policières depuis le début du mouvement contre la loi travail. Ce lieu avait été choisi en raison de la présence de l’usine Nobelsport où sont notamment fabriquées les munitions de flashball qui ont mutilé de nombreuses personnes ces dernières années.
Après l’interdiction de la manifestation par le Préfet du Finistère le 16 mai, les participants et les participant-e-s du collectif ont décidé d’appeler à un rassemblement à la gare de Pont-de-Buis. L’idée était de faire une conférence de presse avec lecture de texte et de témoignages de gens mutilés par les forces de répression. Un dispositif complètement disproportionné nous a empêché d’accéder au centre ville de Pont-de-Buis : environ 200 CRS et gendarmes mobiles, un camion de surveillance vidéo, un hélico…!
Bien que les personnes qui ont répondu à l’appel du collectif n’aient de fait commis aucun acte répréhensible par la loi, les gendarmes, en plus de prises d’identité systématiques, ont procédés à des fouilles de véhicules : merci l’état d’urgence !
Après un repli sur le centre ville de Chateaulin où une cantine s’est mise en place et où la lecture des textes et témoignages a finalement eu lieu, une Assemblée Générale a décidé d’aller devant la permanence du député Richard Ferrand, député PS du Finistère et rapporteur général de la loi Macron, loi dans la même ligne que la loi Travail. Les gendarmes mobiles ont chargé bien que les manifestant-es reculaient. Une personne a été arrêtée préventivement puis relâchée…

Le collectif dénonce l’état d’urgence qui devrait être prolongé le 19 mai et qui permet d’interpeller des personnes sans qu’aucune infraction leur soit reprochée. Avec cet état d’urgence, c’est 53 personnes interdites de manifestation contre la loi travail jusqu’au 30 mai ! A Rennes, un militant subit cette interdiction alors qu’aucun fait de violence lui est reproché. Son tort ? Etre un animateur de la mobilisation contre la loi travail ! Même situation à Nantes !

Etudiant-e-s, salarié-e-s avec ou sans emploi, puisque nous ne sommes pas mûres pour la dictature et sa violence d’Etat, nous continuerons de nous mobiliser contre la loi travail et son monde !

Nous avons participé à la grève interprofessionnelle du 19 mai et invitons celles et ceux qui veulent lutter contre la loi travail à échanger sur les suites du mouvement mardi 24 mai 18h à la Salle des syndicats, place Edouard Mazé à Brest.

Collectif brestois contre la loi Travail

Photo tirée de https://brest.mediaslibres.org/

Dans le cadre de la journée d’actions et de grèves du 19 mai contre la loi Travail il y a eu de nombreux blocages en Bretagne, dans les ports, raffineries, sur les routes… Mais aussi bien sur des affrontements. Nous y reviendrons dans les heures qui viennent. Nous publions en attendant un texte émanant des personnes ayant occupé la voie ferrée Paris Brest à la hauteur de Plouaret dans le Trégor, occasionnant le retard de deux TGVs. Une action originale de blocage économique car en milieu rural et simple menée par des gens motivés et d’horizons divers (Nuit Debout Lannion, Gauche indépendantiste…) qui en appellera surement d’autres. C’est le sens de cet appel.

Pour participer à la journée d’actions du jeudi 19 mai contre la loi Travail nous avons sciemment enfreint la loi pour bloquer l’économie et interpeller la population bretonne sur la légitimité de ce pouvoir qui n’est clairement pas démocratique (49.3).

Nous n’avons pas choisi la gare de Plouaret au hasard. Nous voulions montrer qu’ici aussi en milieu rural nous avons notre rôle à jouer pour résister à la loi du Capital qui nous est imposée.

C’est dans cette gare que des francs-tireurs-partisans ont perdu la vie en luttant contre le fascisme. C’est dans cette gare que des cheminots s’allongèrent pour bloquer les trains chargés de conscrits lors de la guerre d’Indochine. C’est dans cette gare que dans les années 1980 la population venait défendre le service public ferroviaire. C’est également dans cette gare qu’ont eu lieu de nombreux rassemblements en faveur de la langue bretonne.

Nous appelons la population locale à nous rejoindre à Plouaret lors de la prochaine journée d’actions pour résister ensemble dans le Trégor à la loi Travail et faire converger les luttes locales (projets miniers, extraction de sable, Triskalia, etc).

Nous saluons ceux qui se soulèvent. Ceux qui bloquent le port de Lorient, le port de Donges, la rocade rennaise et sommes solidaires des estropié.e.s et réprimé.e.s de la loi Travail et de l’État d’urgence.

L’Appel de Plouaret.

Hiziv e kalz a lec’hioù  e Breizh ez eus bet stanket a bep seurt traoù evit taliñ ouzh al lezenn nevez diwar-benn kod al labour. Porzhioù-mor evel en Oriant mirlec’hioù eoul maen evel e Gwern, gourhent Roazhon pe Naoned, manifestet zo bet e Sant-Nazer, Sant-Malo, Sant-Brieg, Kemperle, Kemper… E Plouared un dornad tud oberiant e Lannuon en “nozvezhioù war-sav” asambles gant izili eus Breizh O Stourm o deus miret ouzh daou TGV da dremen en ur stankañ an hent-houarn. Aet int kuit didrabas ha difeuls dindan evezh an archerien. Prometet o deus distreiñ…

Sed aze o c’halv bet skignet da c’houde.

Evit bezañ perzh eus devezh stourm ar Yaou 19 a viz Mae a-enep al lezenn Labour hon eus graet fae war al lezenn a-benn stankañ an ekonomiezh ha lakaat tud ar vro d’en em soñjal war ar mod ma kred ar galloud ren hon buhezioù dre ar 49.3.

N’eo ket dre zegouezh hon eus choazet stankañ gar Plouared. Faot a rae deomp diskouez e c’hell an dud a zo o chom war ar maez stourm, evel ar re all, a-enep lezenn ar C’hapital a bouez warnomp.

Er gar-mañ oa bet kollet o buhez gant partizaned e-skeud stourm a-enep ar faskouriezh. Er gar-mañ oa bet harzet gant tud an hentoù-houarn an trenioù a oa o kas ar goñskried d’ober brezel en Indochin. Er bloavezhioù 1980 oa deuet tud ar vro da zifenn servij publik an trenioù. Er gar-mañ ivez zo bet gwelet meur a wech tud o stourm evit gwirioù ar brezhonegerezed hag ar vrezhonegerien.

Gervel a reomp tud ar vro d’en em gavout ganeomp e Plouared evit an devezh stourm a zeu hag e-giz-se stourm asambles en Treger a-enep al lezenn Labour ha war dachenn stourmoù ar vro (raktresoù toullañ an douaroù, tennañ traezh, Triskalia, ha kement zo).

Saludiñ a reomp ar re a stourm. Ar re zo o stankañ porzh an Oriant, porzh Donges hag an hent tro-dro da Roazhon, hag a-unan omp gant an dud a zo bet mac’hagnet ha gwasket pa oant o stourm a-enep al lezenn Labour hag ar Stad a vall.

Galv Plouared.

Jean-Pierre Santini est un militant indépendantiste révolutionnaire corse qui a participé à la creation du FLNC en 1976, notamment à la rédaction de son manifeste. Il est aussi connu pour son engagement antiraciste.

Il vient de publier “FLNC memoria d’avenne” un texte dans lequel il plaide pour la constitution d’un FLNC public.

C’est une contribution intéressante pour le débat sur l’évolution institutionnelle de la Corse et celui du mouvement de libération nationale corse.

En effet depuis décembre les nationalistes (indépendantistes et autonomistes) sont majoritaires au sein de la CTC (Collectivité Territoriale de Corse), un succès historique qui intervient plusieurs mois après l’arrêt des actions du FLNC issu du canal dit “historique”, rejoint ils y a quelques semaines dans ce processus par une de ses scissions (LNC dit du 25 octobre).

Jean-Pierre Santini milite pour la construction de structures de contre-pouvoirs populaires pour subvertir la légalité et les limites de la CTC et ne pas sombrer dans la gestion des institutions. C’est un appel à l’auto-organisation populaire qui nous a semblé intéressant à plus d’un titre.

Cette interview pour l’hebdomadaire Settimana de Corse-Matin, à paraître le 13 mai 2016 n’a pas été publiée entièrement pour des questions de place dans ce journal. La voici en intégralité.

Bretagne-info.

Jean-Pierre Santini il y a quelques année.
Jean-Pierre Santini il y a quelques années.
  1. Vous militez pour la création d’un FLNC public politique. Quel devrait-être l’objectif de cette organisation ? Quel impact pourrait-elle avoir ? Combien de personnes comptez-vous dans vos rangs ?

RÉPONSE : L’objectif de cette organisation devrait être celui fixé par les fondateurs du FLNC dans le 5ème point du Manifeste du 5 mai 1976, à savoir des institutions parallèles (Cunsulta Naziunale) que le peuple corse peut se donner en faisait un usage associatif et démocratique de son Droit à l’autodétermination. L’impact d’un FLNC public fonctionnant selon une démocratie horizontale, sans leader et sans hiérarchie, sera effectif en fonction du niveau de conscience nationale atteint par ceux qui s’engageront dans la démarche.

  1. Cette structure publique « à visage découvert » n’est-elle pas en opposition vis-à-vis de la philosophie du FLNC « originel » de 1976 qui a été une organisation militaire et clandestine ?

RÉPONSE : Non, le FLNC conçu par ses fondateurs était une organisation politico-militaire où le politique commandait au fusil. L’aspect militaire devait se limiter à de la “propagande armée”. Les dérives militaristes et les drames que cela a engendrés sont le fait d’ouvriers de la 25ème heure qui ont fini par diviser et par liquider l’organisation pour replier le mouvement national sur des positions gestionnaires dans les institutions françaises en opposition avec la ligne originaire du Front.

  1. Vous souhaitez créer des institutions parallèles à celle de l’État sur le territoire corse. Pourquoi ? Est-ce seulement possible ? Comment cela se met-il en place ?

RÉPONSE : Le possible a déjà eu lieu avec l’élection de deux Cunsulte Naziunale (2007 et 2010) sur la base d’un corps électoral volontairement constitué de 4000 patriotes. Mais les organisations qui y participaient ont préféré intégrer les institutions françaises et, selon le mot d’un élu, mettre ainsi entre parenthèses la revendication d’indépendance. Cette mise entre parenthèse est une soumission à l’idéologie autonomiste que le Front n’a jamais acceptée parce qu’elle conduit notre peuple dans une impasse mortelle.

  1. Vous parlez dans le tract d’un « pouvoir populaire politique ». Qu’est ce que cela signifie ? Comment cela s’organise ? Quel est votre programme et votre vision politique ?

RÉPONSE : Il s’agit d’imaginer une démocratie réelle, celle où le peuple détient le pouvoir en permanence même si des représentants sont nécessaires. Toute une série de lois constitutionnelles peuvent permettre l’expression d’un démocratie horizontale et empêcher l’installation d’une classe politique carriériste (mandat unique et limité dans le temps, mandat impératif, procédures d’initiative populaire y compris pour destituer les élus, etc.). C’est le sujet du recueil “FLNC Memoria d’avvene”.

  1. Finalement, au regard du contexte politique, votre initiative peut être perçue comme quelque chose de folklorique…

RÉPONSE : Ce qui est folklorique c’est plutôt ce contexte politique et la dérive mimétique des élus, y compris nationalistes, qui finissent par adopter les postures, les dénominations (on se délecte du titre de “Président”) et le goût de la communication (c’est à dire de la représentation de soi) des élus habituels de la démocratie représentative. Agissant dans le cadre des institutions françaises, ces élus sont par définition “encadrés”. Ici, le folklore, comme tout folklore, use de réalités fantasmées. On se déclare “élus du peuple corse” quand on est élus du corps électoral français en Corse, on se présente comme “le gouvernement de la Corse” quand on est le simple exécutif d’une région française, on se déclare “majorité” quand on est minorité, bref une série d’éléments de langage dissimulant un réel qui est loin d’être advenu, celui de l’accession du peuple corse à la souveraineté nationale.

  1. Vous lancez ce mouvement au moment où les organisations clandestines annoncent une démilitarisation. Pourquoi avoir attendu ce moment-là ? Y-a-t-il une filiation entre le FLNC « originel » et celui que vous portez aujourd’hui sur les fonts baptismaux ?

RÉPONSE : La démilitarisation est un bien grand mot. On imagine un dépôt des armes alors que l’arme principale est celle de la conscience politique. S’il y a un lien entre le FLNC de 1976 et celui que l’on doit refonder publiquement aujourd’hui, c’est bien la priorité donnée à l’arme politique afin de transformer un sentiment national encore bien réel en une conscience nationale qui permette au peuple corse de prendre en main son destin sans passer par les urnes de la république française. Il faut privilégier un soulèvement de l’esprit au sein même de notre peuple. C’est plus difficile que de laisser les plus courageux prendre le chemin des bois et faire ainsi de la résistance par procuration.

  1. Vous avez participé à la création du FLNC en 1976. Aujourd’hui, cette organisation dit vouloir se mettre en retrait pour permettre aux nationalistes de mener à bien cette mandature. Comment l’expliquez-vous ? Le regrettez-vous ?

RÉPONSE : Le FLNC de 1976 n’existe plus depuis la première scission en 1989. C’est d’ailleurs à l’approche de cette scission que j’ai tenté une première fois, avec d’autres, d’initier la Cunsulta Naziunale (1987) pour éviter les drames que l’on sentait pointer. Ce n’est donc pas le FLNC qui se met en retrait, mais des groupes armés qui, à l’instar des autonomistes, pensent sans doute possible d’assurer la libération du peuple corse en l’inscrivant dans la Constitution française ! On atteint des sommets dans l’absence de cohérence politique et dans l’incompréhension de la nature même de l’État français parfaitement décrite par le FLNC du 5 mai 1976.

  1. Au regard des blocages successifs de l’État sur l’évolution de la question corse, on aurait pu s’attendre à un regain de violence. Or, l’inverse se produit. Comment l’expliquez-vous ?

RÉPONSE : Quand on habitue les peuples à des institutions qui ne sont pas les leurs, quand on affirme que c’est par elles qu’ils construiront leur destin, une soumission idéologique finit par s’installer. Cette soumission par rapport à l’État français et au système économique libéral est portée depuis toujours par les autonomistes. Cela est longuement analysé dans livre du FLNC “A Libertà o a morte”(1977) repris comme document de référence dans le recueil “FLNC Memoria d’avvene” récemment publié.

  1. Quel est votre regard sur les premiers mois de la mandature nationaliste à l’Assemblée de Corse ?

RÉPONSE : Les élus nationalistes sont des patriotes sincères, mais qui n’ont pas compris le système qui les encadre. Ils se prennent au jeu et comme tous les joueurs, ils ne savent plus qu’ils jouent. Ils sont condamnés à faire de la figuration comme c’est le cas, semble-t-il, pour la question particulière des transports maritimes où le rêve d’une compagnie régionale se brise sur la réalité patronale, c’est à dire là où est le vrai pouvoir.

  1. Vous dites souvent que les nationalistes se sont décrédibilisés en intégrant les institutions de la France. Pour peser politiquement et tenter de faire valoir leur vision de la Corse, on ne voit pas comment il pourrait en être autrement…

RÉPONSE : Il pourrait en être autrement en décrédibilisant les institutions françaises en Corse, donc en créant pour cela nos propres institutions (Cunsulta Naziunale, Comités de Pieve et de communes, etc.) et en s’adressant directement à la communauté internationale (Cf. Lettre à l’ONU de la Cunsulta Naziunale).

  1. Vous êtes aussi membre du collectif Terra d’accolta qui milite contre le fascisme et le racisme. Quel est votre regard sur les derniers événements d’Ajaccio, avec la mise à feu d’une mosquée et l’affaire des Jardins de l’empereur en décembre ? Cela montre que la lutte contre ce type de comportements n’est pas gagnée…

RÉPONSE : La lutte sera d’autant moins gagnée que les divers représentants ou personnalités publiques se contenteront de communiqués ponctuels, ce qui n’est pas le cas de Tarra d’Accolta dont les 35 auteurs ont rédigé un livre et le diffusent en organisant des réunions publiques. Là encore, il faut que la population elle-même se prenne en main et crée partout ou cela est possible des comités citoyens contre le racisme et la xénophobie. Ce n’est pas d’en haut ou de façon institutionnelle qu’on règle ces problèmes.