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juin 15, 2017

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La récente ouverture à Guingamp d’un estaminet par un militant d’extrême-droite venu de Quintin continue de susciter un certain émoi dans la sous-préfecture des Côtes d’Armor. Le samedi 10 juin, environ 60 personnes ont défilé dans cette même ville pour rendre hommage à Clément Méric, jeune breton libertaire mort sous les coups de fascistes à Paris il y a quatre ans.

A cette occasion, la presse locale a du rendre compte de la présence en ville de l’établissement “Bro Gozh” situé place St-Michel à Guingamp et évoqué (un peu) les opinions pour le moins radicalement racistes et fascistes de son tenancier Jerome Ecobichon Bannier. En effet la manifestation s’est rendue devant l’établissement. En amont, plusieurs individus identifiés comme faisant partie de la petite mouvance “ultra” locale ont tenté de s’en prendre au cortège antifasciste. Cela donne une idée du fait que la seule présence de cet estaminet nostalgique des années 30 servira de point de fixation à l’extrême-droite  qu’elle soit locale ou de passage en manque de castagne et de victimes.

Le compte rendu complet de la manif est à lire là et il a été écrit par des membres de Nuit Debout Lannion.

Une affaire familiale :

Nous souhaitons pour notre part mettre les choses au point et démasquer définitivement celui que son frère Anthony (co-gérant comme la maman, voir image plus haut) présente comme “un peu plus à droite que lui” mais pas du tout fasciste.

Tout d’abord cet individu n’est connu dans aucune formation indépendantiste ou autonomiste Bretonne, qui rappelons le rejettent catégoriquement la xénophobie et développent une vision inclusive de l’identité bretonne. Et évidement il ne parle pas breton…

Un de ses murs Facebook nous permet d’en savoir plus sur sa vision ethniste de la Bretagne puisqu’il ne semble pas supporter que l’association Bretagne 5/5 qui œuvre pour l’unité territoriale de la Bretagne aie un logo mettant en avant la diversité d’origine de la population bretonne actuelle.

 

Il semble bien que Jérôme Bannier/Ecobichon soit passé dans les rangs du très très à droite groupement ADSAV dont les membres ne cachent pas leur penchant à participer aux meetings et actions violentes de toute l’extrême-droite française en Bretagne. Ce parti  est complètement marginal sur la scène politique bretonne.

Jérôme Bannier développe un rapport compulsif avec Facebook où il anime de nombreux comptes comme celui du Strollad Keltieg Breizh (Parti Celtique de Bretagne) dont il semble être un des rares membres. Ce parti politique virtuel et catho tradi a affirmé sa proximité avec Adsav et l’arrière garde de l’extrême-droite en Bretagne par ce post de soutien à des membres de ce groupe anti-migrants jugés et condamnés pour certains pour avoir pris part à l’occupation d’un centre pour migrants à Arzon dans le Morbihan.

Ces anciens amis d’Adsav — qui ne se pressent pas pour le soutenir — seront contents d’apprendre que Jérôme Bannier a contacté il y a peu via Messenger la Gauche Indépendantiste pour balancer sur ses petits copains d’Adsav et se refaire une virginité. Pour être tranquille à Guingamp ?

Le militantisme de Jérôme Bannier se déploie aussi en soutien à une très mystérieuse branche bretonne du Continuity Sinn Fein, un parti politique Irlandais (?!) qui n’existe qu’a Limerick et dont les membres ont prononcé leur auto-dissolution sur les conseils du clergé et d’autres groupes républicains, hasard du calendrier le 9 juin. Il semble que la seule activité de la branche armée de ce groupe ait été de racketter des dealers…

Soutien à Breiz atao.

Là encore, l’activité du “parti” est bien virtuelle, mais Jérôme aime aussi le petit commerce et ne dédaigne pas arrondir ses fins de mois en vendant des pins aux couleurs des Bagadoù Stourm, milice service d’ordre du Parti National Breton créée en 1941 et ayant des rapports plus ou moins proches avec l’occupant nazi et d’inspiration et d’esthétique globalement fasciste (même si une petite partie du groupe rejoindra la résistance à Saint-Nazaire).

Sa fascination pour les années 40 ne s’arrête pas la puisqu’il clame sur les réseaux sociaux qu’il souhaite organiser une soirée “Breiz Atao” dans son établissement. Ce titre (Bretagne toujours) a été le nom de différents organes de presse de la mouvance nationaliste bretonne entre 1918 et 1944 mais c’est surtout le nom du blog suprémaciste blanc, antisémite et islamophobe animé par Boris Le Lay.

Ce blogueur, fan de la Russie de Poutine est recherché (pas trop quand même)  par la justice française pour purger de nombreuses condamnations à la haine raciale  et d’« apologie de crime contre l’Humanité, provocation à la haine et contestation de crime contre l’Humanité » suite à la publication d’articles depuis le Japon d’où réfugié un moment il animait le site “Breiz Atao” maintenant déréférencé par Google. Le casier judiciaire de l’intéressé est trop long pour que l’évoquions en détail ici, toutefois on notera que Mona Bras (adjointe à la ville de Guingamp, militante autonomiste) l’avait fait condamner pour notamment diffamation en 2013.

Cela n’a pas empêché Jérôme Bannier, gérant du “Bro Gozh” dans cette même ville, d’afficher son soutien sans faille la veille de la manifestation antifasciste en publiant encore sur une de ses pages Facebook une video de Boris Lelay après une nouvelle condamnation.

 

Son frère Anthony (Anton sur Facebook) rediffuse souvent la littérature des deux “partis” animés par son frère, précision importante puisque pour se dédouaner suite à la polémique née de la salutaire manifestation antifasciste, Jérôme indique vouloir quitter la Bretagne pour laisser à son seul frère la gestion de l’établissement. Information à vérifier…

La manifestation du 10 juin a permis de montrer le vrai visage des gérants de l’établissement, puisque on se rend compte maintenant que celui d’entre eux qui se met le plus en avant n’a pas hésité pas à faire des saluts nazis au passage du cortège, publié des posts de soutien à un blogueur condamné pour incitation à la haine raciale et pour injure à une conseillère municipale de Guingamp et que, fait notable, ce qui ressemble bien à des nervis d’extrême-droite rameutés par le patron qui prétend pouvoir démultiplier ce chiffre ont tenté d’attaquer la manifestation antifasciste (une première locale).

Le tissu culturel breton local, très riche , ne cache pas sa peur de l’amalgame tant ses préoccupations et sa vision de l’identité bretonne sont éloignés de celles affichés par Jérôme Bannier qui jette le discrédit sur les défenseurs de la langue et de la culture bretonne très actifs à Guingamp.
Enfin, la ville est surtout connue pour son club de football et le fair-play de ses supporters et tout le monde peut comprendre ce que peut représenter en terme de sécurité pour tous l’existence d’un point de fixation les soirs de matchs pour les militants d’extrême-droite prenant prétexte de déplacements de supporters pour se regrouper et commettre des exactions comme récemment à Rennes.

Autant d’éléments qui devraient alimenter les réflexions des autorités préfectorales pour prendre une décision de fermeture administrative de l’établissement comme la loi le lui permet en cas de troubles récurrents.

En tout état de cause, si comme pour son ami Boris Le Lay l’État devait faire preuve de laxisme et tarder à prendre les mesures qui s’imposent, le tissu associatif local tout comme les réseaux syndicaux et politiques sont désormais prêts à continuer à informer la population sur la nature réelle de l’engagement politique des animateurs de ce débit de boisson.

Pas sur du tout que dans la ville de Georges Voisin — joueur et animateur d’En Avant de Guingamp, instituteur, syndiqué CGT mort en déportation pour fait de résistance antinazie — Jérôme Bannier et ses amis trouvent beaucoup de soutien.

Des militants de la Gauche Indépendantiste Bretonne Guingampais, résolument antifascistes.

Un salut nazi en toute impunité