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Sur la répression à Rennes.

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La justice et la police tapent dur sur les manifestants anti loi travail depuis un an à Rennes. Quelques voix commencent à s’élever, ainsi le très parisien Libération publiait une tribune “Rennes, laboratoire de l’ordre en marche” dans laquelle il y a quelques jours des intellectuels (dont bien peu de locaux…) s’émouvaient d’une dérive ultra autoritaire des magistrats Rennais bien visible. Quelques jours avant, de nombreux Rennais initiaient un autre appel que nous publions ici en soutien aux interpellés qui seront jugés le 21/06. Il s’agit de cette fameuse photo d’un policier braquant une arme sur une manifestation “ni le pen ni macron” de l’entre deux tours, suite à quoi cinq des manifestants ont été accusés de violence sur agent. La seule arme dont on accuse pour l’instant ces personnes d’avoir été en possession est un pommeau de douche… Elles sont incarcérées. D’autres ont été jugés le 07 juin, et au cours de cette audience des témoins mettant à mal la version policière ont été arrêtés à la barre.

Nous republions cet appel en soutien et tenter de briser le silence médiatique, il a été signé par de nombreux militants de la Gauche Indépendantiste.

A Guingamp, le Front Social local s’est solidarisé avec les emprisonnés et mis en cause de Rennes, à Rennes c’est la vitrine de l’enseigne Bagelstein qui s’est vue redécorée il y a peu pour rappeler qu’il y a un an les magistrats rennais d’illustraient en envoyant en taule des jeunes accusés d’avoir apposés des autocollants sur cette vitrine utilisant des slogans sexistes et homophobes.

De très nombreuses initiatives de soutien aux inculpés et incarcérés ont eu lieu et continueront .

Informez vous en vous rendant sur le site de Défense Collective et faites un don en ligne par là.

Liberté pour les emprisonnés ! Amnistie pour les condamnés ! Mort à la justice de classe !

Des militants de la Gauche Indépendantiste

Tribune

Le 27 avril dernier, à Rennes, au cours d’une manifestation politique de l’entre-deux-tours, le dispositif policier est très impressionnant. À un moment, un motard esseulé prend peur, brandit son arme de service et la braque vers les manifestants. Quelques personnes vont vers lui, lui crient de se calmer et de baisser son arme. Une vidéo toujours en ligne témoigne de cela.

Un mois plus tard, le 31 mai, sept Rennais, dont deux mineurs qui seront relâchés plus tard, sont arrêtés, placés en garde en vue. On ne les a pas convoqués : on est venu les prélever à leur domicile, à 6 heures du matin, au moyen d’une brigade de police opérant avec une grande brutalité. Comme c’est leur droit, les prévenus refusent la comparution immédiate, la procureure (auparavant en poste à l’antiterrorisme) les considère coupables. « Quand on est innocent […] on cherche à prouver son innocence dès qu’on le peut. », déclare-t-elle. Les juges décident de les placer en détention provisoire. L’affaire sera jugée le 21 juin prochain.

Ces cinq personnes sont donc actuellement sous les verrous au motif de « violences sur agent ». Un policier braque une arme sur une manifestation et cinq des manifestants sont accusés de violence sur agent. La seule arme dont on accuse pour l’instant ces personnes d’avoir été en possession est un pommeau de douche.

Une question se pose : des décisions n’ont-elles pas été prises dans la seule fin de briser le milieu militant à Rennes ? Sous couvert de l’état d’urgence et en cherchant en permanence à jouer l’amalgame avec le terrorisme, on inculpe, enferme, condamne des groupes militants sous des prétextes souvent grotesques ou pour des faits absolument bénins. Ainsi certains sont recherchés par la police comme de dangereux criminels : au final de l’enquête, on leur reproche un vol de palettes retrouvées sur un blocage. D’autres, dans l’affaire Balgelstein, sont incarcérés pour avoir dénoncé des publicités sexistes. Les interdictions de manifester sont devenues la norme et n’étonnent plus personne.

Amnesty international, dans son rapport du 31 mai 2017 note que l’application de l’état d’urgence a restreint de manière préoccupante le droit de manifester et se voit obliger de rappeler qu’en France également manifester est un droit. Au-delà de ce droit, c’est la possibilité même de faire de la politique qui est aujourd’hui attaquée. L’espace politique semble se réduire chaque jour comme peau de chagrin. Et les violences dont sont victimes les militants n’ont-elles pas aussi pour but de dissuader tous ceux et celles qui voudraient s’engager politiquement dans les mouvements sociaux qui s’annoncent ?

On est bien en train de vivre, aujourd’hui, un moment de bascule : de façon évidente l’état d’urgence est utilisé pour éliminer des adversaires politiques en les brisant par des arrestations, des condamnations à la prison ferme et des intimidations variées. Rappelons que la plupart de ces militants ont participé au printemps 2016 au mouvement qui s’est opposé à la loi « Travail ».

Nous tenons à rappeler que si nous sommes acteurs de la vie culturelle, artistique, intellectuelle et politique, nous sommes aussi soucieux de la démocratie véritable qui doit permettre l’expression du conflit politique. On ne résoudra pas la crise politique que traverse notre pays en réprimant et en emprisonnant toutes les voix dissidentes. Ces voix-là sont précieuses, aujourd’hui plus que jamais.

En signant ce texte, nous souhaitons :
1° apporter notre soutien aux militants politiques incarcérés ;

2° alerter l’opinion publique sur une dérive policière du pouvoir qui est en train de transformer, très lentement, très sûrement, notre société en une autre.

Rennes, le 13 juin 2017

Liste des signataires ici.

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