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novembre 12, 2018

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Le dimanche 11 novembre 2018 le drapeau Alsacien claquait au sommet de la cathédrale de Strasbourg pour le centenaire de l’armistice. Cette action qui rappelle que l’Alsace n’est ni Française ni Allemande a été beaucoup commentée dans les médias et critiquée par les politiciens locaux. L’état français outragé par ce seul rappel souhaite porter plainte. Le drapeau alsacien serait donc illégal chez lui… Il est savoureux de rappeler que le pouvoir prussien sous le second Reich avait lui aussi eu du mal à le supporter,  il fut combattu par le pouvoir français dans l’entre deux guerres et interdit par le régime nazi.

Les jeunesses communistes d’Alsace développent une position originale sur la question nationale en Alsace-Lorraine, nous nous en sommes déjà fait l’écho. Et nous avons déjà publié des articles sur la république Alsacienne et les communistes lors du soviet de Strasbourg en novembre 2018. Dans cette même lignée nous publions le communiqué de JC du Bas-Rhin sur l’action à la cathédrale qui assume clairement la tradition du mouvement ouvrier en faveur du droit à l’autodétermination, comme dans cet autre texte sur les 100 ans du conseil ouvrier de Strasbourg :

L’autonomie du peuple alsacien, c’est l’autodétermination du peuple alsacien, autrement dit une Alsace aux mains des travailleurs et travailleuses d’Alsace, quelle que soit leurs origines d’ailleurs.

Problématique sur laquelle les sections du PCF et des MJCF en Bretagne restent bien silencieuses.

Bretagne Info 

Le Rot un Wiss dans le cortège de la JC 67 pour les 100 ans du soviet de Strasbourg

En ce matin du 11 novembre Strasbourg voit flotter sur la flèche de la cathédrale le Rot und Wiss, vraisemblablement hissé dans la nuit, action dont les auteurs ne sont pas encore identifiés (voir l’article de France Bleu Alsace [1]). Le drapeau rouge et blanc symbolise l’autonomie de l’Alsace, et c’est un symbole que se partagent à la fois les autonomistes alsaciens comme le parti Unser Land et les divers communistes ou militants de la gauche au sens large qui prennent position sur cette question. Un rapide exposé de notre position sur la question alsacienne est donné en 6ème point de nos textes d’orientation [2].

L’action est donc fortement symbolique puisqu’elle se produit aujourd’hui où l’on célèbre le centenaire de l’armistice signé le 11 novembre 1918 qui consacre la fin de la première guerre mondiale. Cette date se place aussi dans le contexte des événements révolutionnaires de tout le mois de novembre en Alsace-Lorraine, qui verra la formation partout dans la région de conseils ouvriers et de soldats dont nous commémorions la naissance mercredi dernier [3]. En effet il y a 100 ans, c’était le drapeau rouge qui flottait sur la cathédrale ! Nous avons rédigé un article sur ces événements [4] dans lequel nous traitons de la question alsacienne plus en détail, et où nous exposons aussi notre position vis à vis des mouvements autonomistes alsaciens. Notre position est donc claire, l’Alsace ne souffre que d’une oppression, économique et culturelle : celle de la classe capitaliste dont les intérêts s’expriment via l’État Français. Ainsi nous revendiquons une autonomie de classe pour l’Alsace, dont la seule expression possible et pérenne est la construction du socialisme.

Si donc nous sommes clairs sur nos désaccords avec la grande part des autonomistes alsaciens qui n’ont pas une position révolutionnaire prolétarienne et idéalisent une culture fixée de l’Alsace, nous soutenons la portée symbolique de cette action qui rappelle que le peuple alsacien a autant souffert sous le drapeau français que sous le drapeau allemand. L’armistice signé le 11 novembre 1918 n’est pas une fin de la guerre offerte par la France et ses alliés aux peuples, ce sont les peuples eux-mêmes, et en particulier les travailleurs, qui se sont soulevés contre la guerre et ont permis d’y mettre fin, comme l’illustre la mutinerie de la flotte allemande qui lança un mouvement révolutionnaire dans toute l’Allemagne. La France n’a donc pas sauvé le peuple alsacien de la guerre, et au contraire elle l’y plongera plus cruellement encore pour défendre ses profits en 1939.

Nous exprimons donc le dégoût le plus sincère envers les représentants de la bourgeoisie française, libéraux et social-chauvins, dont la condamnation politique de cet acte sous prétexte d’un devoir de respect pour la date du 11 novembre est une offense au peuple alsacien et à l’Histoire. Des propos tels que ceux tenus par Alain Fontanel, 1er Adjoint au Maire de Strasbourg chargé de la culture dans son tweet en réaction à cet événement [5] dénotent du caractère chauvin et volontairement ou non ignorant de l’Histoire. Célébrer le centenaire de l’armistice par le Rot und Wiss plutôt que par le tricolore est bien plus respectueux pour les milliers d’alsaciens qui ont vécu la guerre, la disette, la négation de leur identité et la construction des champs de mort de la seconde Guerre mondiale dictées de concert par les États capitalistes, qui aujourd’hui encore nourrissent le chauvinisme pour détourner la colère des opprimés.

La paix ne vient pas d’en haut, elle vient d’en bas, et elle vient armée. Organise ta colère !

MJCF BAS-RHIN

Sources :

[1] Article de France Bleu Alsace daté du dimanche 11 novembre 2018 : “Le drapeau alsacien Rot un Wiss hissé illégalement sur la cathédrale de Strasbourg”.

[2] Textes d’orientation adoptés à la Conférence fédérale du MJCF 67 (30 septembre 2017).

[3] Commémoration du centenaire du Conseil ouvrier de Strasbourg.

[4] Notre article sur le centenaire du Novembre rouge alsacien : “Il y a 100 ans : le drapeau rouge”.

[5] Tweet du 1er Adjoint au Maire de Strasbourg chargé de la Culture, Alain Fontanel.