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Samedi 4 juillet, plus de 5000 personnes ont riposté dans la rue à Lannion au plan social prévu par la direction de Nokia. Des militants de la Gauche Indépendantiste ont fait le déplacement afin de montrer leur total soutien aux salarié-e-s en lutte. Le 22 juin, la direction de Nokia a annoncé la suppression de 1223 emplois sur l’État français dont 402 à Lannion sur les 772 que comptent le site. Un véritable coup de massue pour la ville trégorroise à la pointe des télécommunications.

Cette véritable saignée chez le 3e plus gros employeur de la ville induit indirectement la perte de près de 1500 à 2000 emplois sur le bassin de vie selon l’intersyndicale. Aux dires des représentants syndicaux présents à la tribune (CGT, Sud, CFDT, CFE-CGC,Unsa, CFTC, FSU, FO), c’est une catastrophe économique et sociale sans précédent qui se profile si le plan n’est pas supprimé.

En 2016, l’entreprise franco-américaine Alcatel-Lucent, avait fait l’objet d’un rachat par le groupe finlandais Nokia. L’opération avait été largement accompagnée et célébrée par le gouvernement Hollande de l’époque. Les négociations avaient d’ailleurs été favorisées par l’entreprise d’un certain Emmanuel Macron, alors Ministre de l’Economie. Au moment du rachat ce dernier avait soutenu qu’il n’y aurait aucune conséquence négative pour les salariés de l’entreprise. “Ce qui est important pour nous, c’est que d’une part il n’y aura aucune destruction d’emplois en France, et même davantage. Nous avons eu tous les engagements de la part de Nokia”, prétendait l’actuel président en 2015 au début des négociations.

Depuis le rachat d’Alcatel-Lucent par Nokia en 2016, c’est le 4e plan social de la multinationale finlandaise dans l’Hexagone et ce malgré les fausses promesses de sauvegardes de l’emploi, prétendument imposées par le gouvernement de l’époque.

Ce énième plan social est d’une ampleur et d’une violence inouïe pour Lannion et le Trégor. Mettant clairement en péril les commerces et  fragilisant les écoles, il fait tanguer dangereusement le tissu économique local. Ce plan social est injustifié car les problèmes de trésorerie et de profitabilité invoqués par la direction ne sont pas fondés. Preuve en est, durant les 5 dernières années, 5 milliards d’euros ont été distribués aux actionnaires ! Le capitalisme sauvage frappe une fois encore, alors qu’il y a moins de 2 ans la multinationale embauchait encore à tour de bras à Lannion dans la recherche-développement et que nombre de jeunes ingénieurs sont encore en période d’essai. Selon l’intersyndicale, les emplois ne seraient pas purement et simplement supprimés mais délocalisés en Chine, en Inde, en Hongrie ou encore en Roumanie. Non content d’engraisser les actionnaires, Nokia veut délocaliser afin d’améliorer la rentabilité. La voilà la réalité qui veut faire crever un territoire  au nom du profit.

De quel côté se placera maintenant l’État à la tête duquel se trouve celui qui annonçait comme ministre de l’Economie il n’y a que 4 ans qu’il n’y aurait pas de destruction d’emploi de la part de Nokia ? A l’instar de ce qui se trame chez Air France-KLM il y a fort à parier qu’il continue à défendre les intérêts et les profits des capitalistes contre les travailleuses et les travailleurs. Il y a quelques semaines l’État injectait 7 milliards d’euros sous forme de prêt dans les caisses d’Air France-KLM. Malgré cela un vaste plan social avec la suppression de 7580 postes en France est annoncé par la direction le vendredi 3 juillet.

Et là aussi le Trégor est dans l’oeil du cyclone. Air France-KLM annonce la suppression des 276 emplois de sa filiale Hop à Morlaix et la fermeture du site d’ici 2023.

Alors que la direction d’Air France-KLM est attendue mercredi 8 juillet au siège de Hop à Morlaix, la Gauche Indépendantiste sera présente ce même jour aux côtés des travailleuses et travailleurs en lutte pour la sauvegarde de leur emploi.

 

L’heure est grave pour la Bretagne et le Trégor. La mobilisation doit être massive pour sauver les emplois sur un territoire déjà fragilisé.

La Gauche Indépendantiste Bretonne -Breizhistance-IS- appelle à manifester le 2 novembre à Quimper pour le droit à vivre, travailler et décider en Bretagne, Loire-Atlantique incluse.

Depuis plusieurs mois en Bretagne les plans de licenciement se multiplient dans l’agroalimentaire, dans l’automobile, dans l’électronique : GAD, Doux, Marine Harvest, Tilly-Sabco, Boutet-Nicolas, PSA,  Alcatel-Lucent… Près de 7000 emplois directs sont menacés. Avec les emplois induits le seul horizon qui se dessine ce sont des zones dévastées par le chômage, menacées de désertification, où après les usines ce sont les commerces, les écoles, qui fermeront les uns après les autres. Nous refusons de croire que c’est l’avenir de la Bretagne. La gravité de la situation nécessite la mobilisation de tous et de toutes pour maintenir l’emploi, obtenir l’arrêt des licenciements et offrir au peuple breton la possibilité institutionnelle de décider lui-même de son avenir, pour qu’il puisse cesser d’être à la merci de ceux qui nous ont conduits à ce marasme et qui cherchent à fuir leurs responsabilités en exploitant la colère légitime du monde du travail pour leurs seuls intérêts.

L’attention des médias se focalise sur l’écotaxe mais la seule chose que démontre la mobilisation contre cette nouvelle fiscalité est la nécessité pour la Bretagne de pouvoir elle-même décider de sa politique fiscale. Car ce qui est en cause c’est bien l’incapacité de l’État français à gérer l’avenir d’un pays dont il ignore sciemment les spécificités et la périphéricité. Si la collecte du lait est hors taxe il doit en être de même pour d’autres transports comme les transferts locaux d’animaux vers les abattoirs ou encore ceux d’alimentation pour le bétail qui ne peuvent se faire que par la route. La taxe telle qu’elle est imposée ne se préoccupe ni de proposer un modèle alternatif de transport ni de l’impossibilité pour les axes de campagnes de s’intégrer au ferroutage qui n’est pas même, du reste, évoqué dans le projet.

Les chefs d’entreprises qui profitent aujourd’hui de la détresse des salariés au travers de cette contestation croient échapper à leur culpabilité dans le naufrage qui s’annonce. Mais ne nous y trompons pas, c’est bien le capitalisme qui a créé ce modèle agricole ultra-productiviste, destructeur de notre environnement et qui conduit aujourd’hui à cette impasse. Ce sont bien les entrepreneurs de l’agroalimentaire qui licencient, ce sont bien la FNSEA et le Crédit Agricole qui enferment les agriculteurs dans leur logique libérale qui les mène à la faillite, ce sont bien les entreprises de transport qui tirent toujours vers le bas les salaires et les conditions de travail de leurs salariés. Tous, sous couvert de compétitivité dans la mondialisation ne recherchent que le profit maximal qui leur permettra de rémunérer grassement leurs actionnaires. Ces actionnaires qui poussent au dumping social : faire pression pour compenser le retard de rémunération du capital imputé à la crise en demandant une réduction des charges qui passe par des licenciements massifs de salariés et des délocalisations dans des pays à faible coût de main d’œuvre.

Tous ne défendent que la mise en concurrence avec pour seule variable d’ajustement les emplois qu’ils détruisent au nom du coût du travail. Ce sont les travailleurs qui doivent être défendus. Ce sont eux qui produisent les richesses et qui font les entreprises. Nous ne pouvons laisser le patronat récupérer le fruit de la mobilisation dans son simple intérêt, alors qu’il monte les travailleurs les uns contre les autres, comme aux abattoirs de GAD à Josselin, alors que les salariés auraient dû se mobiliser dans la solidarité pour défendre leurs emplois partout en Bretagne. Voilà pourquoi le 2 novembre, à Quimper, nous manifesterons pour l’emploi et pas derrière les patrons, les directeurs de la grande distribution ou les papes du productivisme agricole !

Nous appelons l’ensemble des salariés, des syndicats et des organisations de la société civile à créer des comités locaux de lutte et de défense des salariés menacés de licenciements partout en Bretagne.

Nous manifesterons pour pouvoir vivre au pays et construire une société permettant aux travailleuses et travailleurs de Bretagne de s’émanciper en tant que peuple, nous manifesterons pour travailler dans un pays où les droits des travailleuses et travailleurs bretons seront respectés et non utilisés par la classe dominante à son profit, nous manifesterons pour pouvoir décider au pays par la création d’un parlement breton doté de compétences législatives et décisionnelles en matière de fiscalité et de choix économiques seules garantes de la gestion des intérêts du peuple breton.

La rédaction de Bretagne-Info publie l’analyse de Joris Brouard, membre de la Gauche Indépendantiste, sur la crise économique et sociale que traverse actuellement la Bretagne.

Depuis plusieurs semaines, la Bretagne est plongée dans une crise économique, sociale et environnementale qui frappe de plein fouet son secteur industriel. Doux, Gad, Marine Harvest et autres sont autant d’usines qui ont annoncé des fermetures de sites et de vastes plans sociaux mettant en péril l’avenir de nombreux travailleurs bretons.

Pour autant ces annonces ne paraissent pas si surprenantes si on prend le temps de faire le bilan économique du secteur industriel breton en crise. En effet, l’exemple du secteur de l’agroalimentaire présenté comme le fer de lance de l’activité économique bretonne et dont les mérites ont été vantés par les différents acteurs économiques, politiques et même médiatiques bretons, a suivi la logique néo-libérale qui prévaut dans l’ensemble des industries occidentales depuis des décennies. Le modèle agroalimentaire breton que l’Etat français a imposé avec la complicité de certains acteurs bretons, repose sur un modèle productiviste à outrance et déréglementé au détriment de l’impact social et environnemental qu’il a créé sur le territoire.

Les principales causes liées à cette hémorragie du secteur agroalimentaire ne relèvent pas uniquement de la conjoncture actuelle. Des causes structurelles sont également à l’origine de ce cataclysme social. Tout d’abord, une grande partie des entreprises de l’agroalimentaire ont été détenues par de puissantes familles capitalistes ayant bâti leurs fortunes grâce à ces entreprises. Pour soutenir leur développement, les institutions libérales européennes, l’État français mais aussi les acteurs bretons, n’ont pas hésité à subventionner leur activité et favoriser le patronat aux dépens des travailleurs et de la préservation de l’environnement et sans contrepartie ni garantie pour l’avenir. Entraînant avec eux tout le secteur agricole, tuant peu à peu les petites unités de productions, les chantres de l’agro-business ont imposé leur modèle ultra-productiviste avec l’aide bienveillante de leurs alliés de la grande distribution et des transports.  

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Avec l’orientation néo-libérale des années 1980 et l’avènement de la financiarisation de l’économie mondiale, les dynasties familiales du secteur de l’agroalimentaire breton ont alors progressivement transféré le capital de leur entreprise (moyennant finance) à des fonds d’investissement dont le but principal est la recherche court-termiste de la rentabilité maximale de leurs actions. En d’autres termes, ces familles d’industriels bretons ont cédé l’outil de production des travailleurs bretons au grand capital financier qui joue désormais façon « casino » avec ces entreprises sur les marchés financiers mondiaux. Sous couvert d’être compétitifs dans la mondialisation, ils ont privilégié à outrance un développement à l’export qui conduit inévitablement ces entreprises à réduire drastiquement les coûts de production et à entamer le célèbre refrain du coût du travail et de la concurrence internationale.  De même ces choix irresponsables ont favorisé ces dernières années les crises de surproduction qui ont tant fragilisé le monde agricole et fait des paysans d’éternels endettés courant après les subventions à l’hectare. 

La majeure partie de ces entreprises qui ne connaissent pas de véritables difficultés financières répondent dorénavant à la satisfaction court-termiste des actionnaires. La crise de 2008 a d’autant plus aggravé la situation que durant la période 2008-2009, les actionnaires ont vu la part de rentabilité de leur action baisser. Afin de combler le retard imputable à la crise, les actionnaires ont alors fait pression pour compenser ce retard en demandant une réduction des charges qui passe par des licenciements massifs de salariés et des délocalisations dans des pays à faible coût de main d’œuvre (dumping social).

Depuis plus de 40 ans, le constat devient de plus en plus alarmant : le travail disparaît pour les salariés alors qu’ils n’ont jamais été aussi performants économiquement. Les richesses s’accroissent pour les détenteurs de capitaux et en parallèle le capital n’a jamais été autant concentré par une minorité d’individus. Ce phénomène a été voulu et soutenu par l’ensemble des pouvoirs publics s’étant engouffrés dans la voie néo-libérale.

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Les progrès techniques et technologiques se sont considérablement accrus depuis plus d’un siècle afin de réduire la pénibilité des individus au travail et paradoxalement, le progrès social comme la pérennité des emplois régressent . L’économie actuelle n’a jamais autant créé de richesse et pourtant les inégalités sociales s’accroissent. La Bretagne devient à son tour la victime d’un capitalisme outrancier, débridé et financiarisé.

En 2005, l’homme d’affaires et investisseur milliardaire, Warren Buffet, déclarait dans un entretien à propos de l’état actuel de l’économie : « Il y a une lutte des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des capitalistes qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner. »

Force est de constater que l’actualité en Bretagne lui donne progressivement raison. Combien d’emplois de salariés doit-on encore sacrifier sur l’autel de la rentabilité actionnariale ? N’est-il pas venu le temps pour les travailleurs bretons de se réapproprier les outils de production qui leur permette de créer la richesse de notre pays ? Le peuple breton ne doit-il pas enfin décider de l’avenir économique du pays ?

Les institutions actuelles de l’Etat central ne permettent pas à la démocratie locale de pleinement s’exercer. Un nouvel outil institutionnel doit voir le jour pour que les justes intérêts du peuple breton puissent être gérés depuis la Bretagne et non depuis Paris. Seule une République Bretonne indépendante  dotée de compétences législatives et décisionnelles en matière de fiscalité et de choix économiques le permettra.