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Comme le rappelle le site du  Secours Rouge ” Samedi 13 avril, 2000 personnes manifestaient à Bastia, à l’appel du collectif I Patriotti, constitué d’anciens prisonniers politiques pour l’arrêt de toutes les formes de poursuite contre les anciens prisonniers (dont leur inscription au FIJAIT un fichier répertoriant les auteurs d’infractions terroristes), pour une libération de tous les détenus, ainsi que pour l’établissement d’un véritable dialogue sans tabou entre la Corse et la France. Le rassemblement qui a eut lieu devant les grilles du palais de justice, derrière deux uniques banderoles “A ripressione Basta” et “Liberta, ” s’est poursuivi par une marche lente tout au long du boulevard Paoli.

Le mouvement de indépendantiste de gauche “A Manca” livre  ci-après son analyse au lendemain de cette importante mobilisation qui va au delà de la seule problématique antirépressive.

La manifestation du 13 avril 2019 à Bastia est le premier aboutissement de grande importance de la démarche entamée depuis des mois par le collectif Patriotti.
2000 femmes et hommes, toutes générations confondues, ont fait entendre, dans le calme, mais avec la plus grande détermination, les voix qui se refusent à la résignation.
En créant les conditions d’un rassemblement des forces vives de notre pays la coordination composée d’associations, de syndicats et de mouvements politiques, a lancé un net avertissement à Macron et à son gouvernement : soit ils prennent en compte les aspirations populaires et ils s’engagent alors dans la voie d’une véritable solution politique, soit ils persistent dans leur posture impérialiste et dès lors, la résistance populaire montera en intensité. Car il ne peut y avoir d’autres voies.

Le terrain des luttes est réinvesti ; il faut désormais compter avec un mouvement populaire qui n’admet aucune tutelle, qu’elle soit étatique ou qu’elle émane de formations politiques qui campent sur des visions hégémoniques.
Le temps de cette manifestation, les débats entre les participants témoignent d’une réelle maturité politique. Les échanges portent évidemment sur la venue de Macron et sur ses provocations répétées. Mais ils portent également sur l’articulation entre le champ institutionnel et les mobilisations de terrain. Il n’y a pas de vindicte perpétrée à l’encontre des élus de l’actuelle majorité régionale, mais, des critiques politiques portant sur leur stratégie actuelle, se font plus clairement entendre. Personne ne souhaite couper les ponts, tous cependant remettent en cause l’hyper institutionnalisation d’une partie du mouvement national. Les discours des porte- paroles de la coordination à l’origine de cette mobilisation ont été d’ailleurs sans ambiguïté. En particulier lorsqu’il s’est agi d’évoquer sans détour le néo colonialisme et le droit des peuples à disposer d’eux mêmes. Toute tentative qui aurait comme but d’édulcorer ou de vider de leur contenu les revendications historiques du mouvement national, se heurte désormais à des consciences qui n’ont rien à voir avec de vagues sentiments corsistes.

Personne n’a été dupe des appels très tardifs pour soutenir la mobilisation du 13 avril. Ils témoignent certes de l’obligation de prendre en compte l’émergence d’une dynamique, mais ils illustrent tout autant le malaise d’une majorité régionale trop souvent préoccupée par des luttes intestines et dont on ne connaît toujours pas le véritable projet de société. Car il ne suffit plus d’aborder la question sociale comme une simple question humaniste. Elle est centrale et elle ne peut sûrement pas se résoudre avec la collaboration des grands groupes de l’agro alimentaire. Il en va de cette question comme de celle de l’avenir de nos espaces mer et montagne. Plus de quarante années de lutte ne peuvent en aucun cas déboucher sur des privatisations et ce, au nom de l’intérêt prétendu du peuple corse.
C’est de tout cela dont il s’est agi tout au long de la manifestation, sans le recours à des leaders, mais dans une libre circulation de la parole.

Alors que ferons-nous demain ? Cette interrogation était sur toutes les lèvres, car l’immense majorité des manifestants du 13 avril ne compte pas rentrer à la maison en attendant la prochaine mobilisation.
Dans la semaine, les animateurs de la coordination vont de nouveau se rencontrer. Il leur faudra tirer les premiers enseignements de la mobilisation ; le sort des détenus et des patriotes victimes de la persécution étatique exige que nous poursuivions nos efforts. Mais des liens se sont créés sur la base de réflexions politiques et ils impliquent la poursuite des débats et des actions.

Pour A Manca, est envisagée la poursuite d’échanges et de préparations de nouvelles mobilisations dans le cadre de la coordination. Dans l’histoire du mouvement national, les espaces de coordination ont souvent été des lieux privilégiés pour débattre sereinement d’une unité d’action. Les sujets ne manquent pas. Il nous faudra aussi déjouer les pièges des prochaines élections municipales qui risquent de voir se réactiver les postures hégémoniques et les démarches strictement électoralistes.

Le nécessaire front démocratique qu’il nous faut opposer à une puissance coloniale bien décider à en finir avec nous, ne peut être sacrifié au seul profit de la question des pouvoirs institutionnels. Il nous faudra tout autant nous garder des manœuvres des services de l’État français, toujours aussi disposés à jeter le trouble et à alimenter les tensions.
Il ne s’agit pas à notre sens, de fonder un énième mouvement, mais de créer les conditions afin que de nouvelles luttes puissent largement nous engager ensemble, dans le cadre du pluralisme et du respect mutuel, sur la voie d’une véritable émancipation.

A Manca.

Jean-Pierre Santini est un militant indépendantiste révolutionnaire corse qui a participé à la creation du FLNC en 1976, notamment à la rédaction de son manifeste. Il est aussi connu pour son engagement antiraciste.

Il vient de publier “FLNC memoria d’avenne” un texte dans lequel il plaide pour la constitution d’un FLNC public.

C’est une contribution intéressante pour le débat sur l’évolution institutionnelle de la Corse et celui du mouvement de libération nationale corse.

En effet depuis décembre les nationalistes (indépendantistes et autonomistes) sont majoritaires au sein de la CTC (Collectivité Territoriale de Corse), un succès historique qui intervient plusieurs mois après l’arrêt des actions du FLNC issu du canal dit “historique”, rejoint ils y a quelques semaines dans ce processus par une de ses scissions (LNC dit du 25 octobre).

Jean-Pierre Santini milite pour la construction de structures de contre-pouvoirs populaires pour subvertir la légalité et les limites de la CTC et ne pas sombrer dans la gestion des institutions. C’est un appel à l’auto-organisation populaire qui nous a semblé intéressant à plus d’un titre.

Cette interview pour l’hebdomadaire Settimana de Corse-Matin, à paraître le 13 mai 2016 n’a pas été publiée entièrement pour des questions de place dans ce journal. La voici en intégralité.

Bretagne-info.

Jean-Pierre Santini il y a quelques année.
Jean-Pierre Santini il y a quelques années.
  1. Vous militez pour la création d’un FLNC public politique. Quel devrait-être l’objectif de cette organisation ? Quel impact pourrait-elle avoir ? Combien de personnes comptez-vous dans vos rangs ?

RÉPONSE : L’objectif de cette organisation devrait être celui fixé par les fondateurs du FLNC dans le 5ème point du Manifeste du 5 mai 1976, à savoir des institutions parallèles (Cunsulta Naziunale) que le peuple corse peut se donner en faisait un usage associatif et démocratique de son Droit à l’autodétermination. L’impact d’un FLNC public fonctionnant selon une démocratie horizontale, sans leader et sans hiérarchie, sera effectif en fonction du niveau de conscience nationale atteint par ceux qui s’engageront dans la démarche.

  1. Cette structure publique « à visage découvert » n’est-elle pas en opposition vis-à-vis de la philosophie du FLNC « originel » de 1976 qui a été une organisation militaire et clandestine ?

RÉPONSE : Non, le FLNC conçu par ses fondateurs était une organisation politico-militaire où le politique commandait au fusil. L’aspect militaire devait se limiter à de la “propagande armée”. Les dérives militaristes et les drames que cela a engendrés sont le fait d’ouvriers de la 25ème heure qui ont fini par diviser et par liquider l’organisation pour replier le mouvement national sur des positions gestionnaires dans les institutions françaises en opposition avec la ligne originaire du Front.

  1. Vous souhaitez créer des institutions parallèles à celle de l’État sur le territoire corse. Pourquoi ? Est-ce seulement possible ? Comment cela se met-il en place ?

RÉPONSE : Le possible a déjà eu lieu avec l’élection de deux Cunsulte Naziunale (2007 et 2010) sur la base d’un corps électoral volontairement constitué de 4000 patriotes. Mais les organisations qui y participaient ont préféré intégrer les institutions françaises et, selon le mot d’un élu, mettre ainsi entre parenthèses la revendication d’indépendance. Cette mise entre parenthèse est une soumission à l’idéologie autonomiste que le Front n’a jamais acceptée parce qu’elle conduit notre peuple dans une impasse mortelle.

  1. Vous parlez dans le tract d’un « pouvoir populaire politique ». Qu’est ce que cela signifie ? Comment cela s’organise ? Quel est votre programme et votre vision politique ?

RÉPONSE : Il s’agit d’imaginer une démocratie réelle, celle où le peuple détient le pouvoir en permanence même si des représentants sont nécessaires. Toute une série de lois constitutionnelles peuvent permettre l’expression d’un démocratie horizontale et empêcher l’installation d’une classe politique carriériste (mandat unique et limité dans le temps, mandat impératif, procédures d’initiative populaire y compris pour destituer les élus, etc.). C’est le sujet du recueil “FLNC Memoria d’avvene”.

  1. Finalement, au regard du contexte politique, votre initiative peut être perçue comme quelque chose de folklorique…

RÉPONSE : Ce qui est folklorique c’est plutôt ce contexte politique et la dérive mimétique des élus, y compris nationalistes, qui finissent par adopter les postures, les dénominations (on se délecte du titre de “Président”) et le goût de la communication (c’est à dire de la représentation de soi) des élus habituels de la démocratie représentative. Agissant dans le cadre des institutions françaises, ces élus sont par définition “encadrés”. Ici, le folklore, comme tout folklore, use de réalités fantasmées. On se déclare “élus du peuple corse” quand on est élus du corps électoral français en Corse, on se présente comme “le gouvernement de la Corse” quand on est le simple exécutif d’une région française, on se déclare “majorité” quand on est minorité, bref une série d’éléments de langage dissimulant un réel qui est loin d’être advenu, celui de l’accession du peuple corse à la souveraineté nationale.

  1. Vous lancez ce mouvement au moment où les organisations clandestines annoncent une démilitarisation. Pourquoi avoir attendu ce moment-là ? Y-a-t-il une filiation entre le FLNC « originel » et celui que vous portez aujourd’hui sur les fonts baptismaux ?

RÉPONSE : La démilitarisation est un bien grand mot. On imagine un dépôt des armes alors que l’arme principale est celle de la conscience politique. S’il y a un lien entre le FLNC de 1976 et celui que l’on doit refonder publiquement aujourd’hui, c’est bien la priorité donnée à l’arme politique afin de transformer un sentiment national encore bien réel en une conscience nationale qui permette au peuple corse de prendre en main son destin sans passer par les urnes de la république française. Il faut privilégier un soulèvement de l’esprit au sein même de notre peuple. C’est plus difficile que de laisser les plus courageux prendre le chemin des bois et faire ainsi de la résistance par procuration.

  1. Vous avez participé à la création du FLNC en 1976. Aujourd’hui, cette organisation dit vouloir se mettre en retrait pour permettre aux nationalistes de mener à bien cette mandature. Comment l’expliquez-vous ? Le regrettez-vous ?

RÉPONSE : Le FLNC de 1976 n’existe plus depuis la première scission en 1989. C’est d’ailleurs à l’approche de cette scission que j’ai tenté une première fois, avec d’autres, d’initier la Cunsulta Naziunale (1987) pour éviter les drames que l’on sentait pointer. Ce n’est donc pas le FLNC qui se met en retrait, mais des groupes armés qui, à l’instar des autonomistes, pensent sans doute possible d’assurer la libération du peuple corse en l’inscrivant dans la Constitution française ! On atteint des sommets dans l’absence de cohérence politique et dans l’incompréhension de la nature même de l’État français parfaitement décrite par le FLNC du 5 mai 1976.

  1. Au regard des blocages successifs de l’État sur l’évolution de la question corse, on aurait pu s’attendre à un regain de violence. Or, l’inverse se produit. Comment l’expliquez-vous ?

RÉPONSE : Quand on habitue les peuples à des institutions qui ne sont pas les leurs, quand on affirme que c’est par elles qu’ils construiront leur destin, une soumission idéologique finit par s’installer. Cette soumission par rapport à l’État français et au système économique libéral est portée depuis toujours par les autonomistes. Cela est longuement analysé dans livre du FLNC “A Libertà o a morte”(1977) repris comme document de référence dans le recueil “FLNC Memoria d’avvene” récemment publié.

  1. Quel est votre regard sur les premiers mois de la mandature nationaliste à l’Assemblée de Corse ?

RÉPONSE : Les élus nationalistes sont des patriotes sincères, mais qui n’ont pas compris le système qui les encadre. Ils se prennent au jeu et comme tous les joueurs, ils ne savent plus qu’ils jouent. Ils sont condamnés à faire de la figuration comme c’est le cas, semble-t-il, pour la question particulière des transports maritimes où le rêve d’une compagnie régionale se brise sur la réalité patronale, c’est à dire là où est le vrai pouvoir.

  1. Vous dites souvent que les nationalistes se sont décrédibilisés en intégrant les institutions de la France. Pour peser politiquement et tenter de faire valoir leur vision de la Corse, on ne voit pas comment il pourrait en être autrement…

RÉPONSE : Il pourrait en être autrement en décrédibilisant les institutions françaises en Corse, donc en créant pour cela nos propres institutions (Cunsulta Naziunale, Comités de Pieve et de communes, etc.) et en s’adressant directement à la communauté internationale (Cf. Lettre à l’ONU de la Cunsulta Naziunale).

  1. Vous êtes aussi membre du collectif Terra d’accolta qui milite contre le fascisme et le racisme. Quel est votre regard sur les derniers événements d’Ajaccio, avec la mise à feu d’une mosquée et l’affaire des Jardins de l’empereur en décembre ? Cela montre que la lutte contre ce type de comportements n’est pas gagnée…

RÉPONSE : La lutte sera d’autant moins gagnée que les divers représentants ou personnalités publiques se contenteront de communiqués ponctuels, ce qui n’est pas le cas de Tarra d’Accolta dont les 35 auteurs ont rédigé un livre et le diffusent en organisant des réunions publiques. Là encore, il faut que la population elle-même se prenne en main et crée partout ou cela est possible des comités citoyens contre le racisme et la xénophobie. Ce n’est pas d’en haut ou de façon institutionnelle qu’on règle ces problèmes.

Plusieurs organisations et personnalités de l’indépendantisme et de l’autonomisme Corse se sont démarqués et ont condamnés les actes islamophobes d’Ajaccio survenus suite à l’agression de pompiers dans un quartier populaire de cette ville. Nous reproduisons in extenso le communiqué de nos camarades de A Manca ( “La Gauche” en langue Corse ) , composante anticapitaliste du mouvement de libération nationale Corse. Nous vous invitons à le lire et le diffuser pour ne pas laisser salir la cause corse par les médias parisiens qui ne vont pas manquer d’associer toute revendication Corse au racisme.

NO PASARAN

Suite à l’agression dont on été victimes des pompiers du centre de secours d’Aiacciu, un rassemblement de soutien s’est déroulé devant les grilles de la préfecture de région. L’émotion légitime d’une partie des manifestants et les nombreux communiqués de soutien ont été récupéré par des groupes d’extrême droite parfaitement identifiés. Les images diffusées par les médias et le contenu de messages qui ont circulé sur les réseaux sociaux constituent les preuves formelles de la présence de ces derniers.

Au prétexte du soutien nécessaire apporté aux sapeurs pompiers il s’est agi dans les propos et dans les faits de désigner l’ensemble des populations d’origine arabe et musulmane comme des coupables. Le saccage d’un lieu de prière et les tentatives d’autodafé commises sur des écrits religieux s’inscrivent dans cette stratégie.

Ces actes de nature raciste et fascisante n’ont rien de spontané, pas plus que le quadrillage du quartier des Jardins de l’Empereur, par des individus prédisposés au lynchage des auteurs supposés de l’agression perpétrée à l’encontre des pompiers. Cette expédition punitive a pris rapidement les accents de pogrom. A la gravité des actes et des propos proférés s’ajoute un habillage idéologique qui vise à présenter les choses au prétexte de la défense de l’identité corse et plus largement du peuple corse.

Nous condamnons très fermement ces actes et nous nous félicitons des positions prises notamment par le maire de la commune d’Aiacciu et le président de l’exécutif de l’Assemblée de Corse. Nous dénions toute légitimité ou droit à des individus et des organisations objectivement de nature fascisante à agir et s’exprimer au nom du peuple Corse et ce en toutes circonstances.

Il n’est pas encore trop tard pour opposer à la haine, à la xénophobie et au fascisme, un front large et pluraliste. Mais il ne suffira pas de limiter les indispensables mobilisations à des protestations conjoncturelles. En effet depuis des années le terrain de l’antiracisme et de l’anti-fascisme a été déserté par la quasi totalité des partis et syndicats.
Nous alertons de nouveau l’ensemble du mouvement national sur le noyautage exercé par des nervis d’extrême droite dont certains occupent des responsabilités, que ce soit au plan associatif et tout aussi grave au niveau syndical. L’extrême droite polymorphe est parvenue à contaminer les discours politiques en faisant en sorte que ses thématiques, l’immigration, l’insécurité et de prétendus communautarismes, prennent une place centrale dans les débats.

Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer les mesures économiques, culturelles et sociales qui restent à prendre afin d’éradiquer le terreau sur lequel prolifère la vermine fasciste.

Reste que la question du « vivre ensemble » et donc d’une citoyenneté corse du 21ème siècle doit être impérativement traitée et ce sur la base de la défense sans concession, de tous les droits de l’homme.

Nous témoignons de notre solidarité toutes les victimes de la xénophobie et du racisme, en rappelant l’apport indispensable des personnes issues de l’immigration au fonctionnement de l’économie de notre pays.

Le blog “U Cumunu” est un blog de débat se situant sur la gauche de l’échiquier politique nationaliste Corse. Ce n’est pas une organisation politique , plutôt un outil de réflexion qui se définit ainsi : “La Lutte de Libération Nationale corse doit aussi être une Lutte de Libération Sociale. Pourtant, la parole des patriotes de gauche n’est pas assez présente dans le débat public en Corse. La création de « U Cumunu » se veut un début de réponse. Le but n’est pas de préparer une organisation supplémentaire, mais de porter un discours nouveau dans la politique corse. « U Cumunu » sera donc un site d’opinion sur l’actualité nationale et internationale, à partir d’un point de vue patriote et révolutionnaire.

Nous reproduisons ci-dessous une de leurs réflexions sur l’éventuelle ratification de la Charte Europénne des Langue Minoritaires par la France, sujet dont on reparle dans l’actualité suite à la grève de la faim de David Grosclaude en Occitanie et aux promesses de F. Hollande ces dernières semaines. Même si le texte date de 2013 il reste à bien des égards d’actualité.

Vous pourrez constater que ,comme nos amis de Libertat en Occitanie dont avons publié le point de vue sur ce sujet récemment, les animateurs de “U Cumunu” pensent plutôt la revendication linguistique en termes de rapport de force, de mouvement de désobéissance qu’en terme d’éventuelle constitutionnalité et de promesses électorales.

La semaine dernière prés de 5000 corses ont défilés dans Ajaccio pour notamment exiger la co-officialité de leur langue.

Le débat continuera….

Bretagne-Info

Coofficialité, charte européenne des langues : n’attendons rien de la France !

Au printemps dernier, nous publiions un article saluant le vote du statut de coofficialité de la langue corse par l’Assemblée. Ce vote restera dans les mémoires et dans l’histoire de la Corse car en plus d’une déclaration d’intentions symboliquement forte, un véritable plan de développement adossé à cette indispensable officialisation du corse était proposé. Ainsi, l’Assemblée de Corse sortait là des incantations pieuses pour traduire les idées en actes et prouver par là même l’utilité de cette mesure.

Mais cela ne devait pas nous faire oublier que la République française, profondément jacobine, n’accepterait pas aussi facilement de déroger à ses principes centralisateurs et impérialistes. La récente réaction de Marylise Lebranchu lors de l’émission Cuntrastu, après les multiples déclarations allant dans le même sens de Manuel Valls, a clos le débat pour Paris : la coofficialité est anticonstitutionnelle.

Dans le même temps, le premier ministre de la France, Jean-Marc Ayrault, a annoncé sa volonté d’accélérer la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, que la France a en partie signée sans jamais la ratifier. Si François Alfonsi, et probablement d’autres avec lui, note qu’il s’agit là d’une « évolution », il faut tout de même rappeler que l’État français n’est pour l’instant signataire que d’une partie de cette Charte, les points les plus « problématiques » ayant été laissés de côté.

La concomitance de ces deux déclarations ne peut être un hasard : le gouvernement français espère ainsi calmer les demandes des peuples de l’État français, notamment de leurs franges les plus « modérées » (en Corse, la majorité territoriale), en présentant une ratification attendue depuis au moins vingt ans comme un important pas fait pour la sauvegarde et la promotion des langues « régionales ».

Or, cette manœuvre doit être l’occasion de rappeler deux choses :

  • La première est que seul un statut d’officialité à part entière peut avoir une incidence au niveau institutionnel quant au développement de notre langue.
  • La seconde, la plus importante, est qu’il ne faut jamais rien attendre d’un État impérialiste. Tout ce qu’il concédera lui sera arraché par la mise en place d’un rapport de forces favorable. Pour cela, le mouvement populaire est indispensable, qu’il soit organisé ou non.

La langue est l’un des domaines dans lesquels la mise en place d’un système parallèle à la société coloniale est possible. N’attendons pas de l’État français son accord pour le faire !

Le FLNC Union des Combattants a annoncé il y a peu la fin de ses activités armées. C’est la principale organisation armée Corse. Elle est présentée comme proche d’une organisation publique : Corsica Libara avec laquelle la Gauche Indépendantiste Bretonne entretient des relations cordiales depuis de nombreuses années. 

Nous publions ci dessous l’analyse de l’annonce du FLNC/UC par un autre groupe d’influence plus modeste : A MANCA (La Gauche) qui est lié au NPA Français.

C’est à titre informatif que nous le reproduisons.

La rédaction de Bretagne-info.

L’annonce de l’auto- dissolution du FLNC s’inscrit dans une actualité politique marquée principalement par les positionnements du gouvernement. Le préfet de région en a d’ailleurs  récemment précisé les grandes lignes. Avant tout, elles consistent à repousser fermement les trois perspectives  suivantes:

–       l’instauration de la co-officialité
–      le statut de résident
–      la modification de la constitution

Le ministre de l’intérieur est donc venu exposer la position du chef de l’Etat et du gouvernement. Rien ne permet pour l’heure de spéculer sur d’improbables lignes  de partage qui seraient le fait de « progressistes » et exprimeraient des voix discordantes au sommet de l’État.

L’actuelle direction du FLNC semble escompter  pourtant des positionnements nuancés au sein du gouvernement. Par un geste qualifié de fort, elle entendrait donc peser d’une manière décisive sur d’éventuels débats tout en renforçant la majorité des élus de l’Assemblée de Corse.

Le débat relatif à l’utilité et à l’usage de la violence politique est aujourd’hui dépassé. Un clivage s’opère désormais entre les « progressistes » et les partisans du statu quo.Cela se traduit d’ailleurs par le salut et l’approbation unanimes des courants dits « modérés » et « radicaux » face à l’initiative du FLNC.

Sur les versants économiques et sociaux, l’actuelle direction du FLNC, pointe avec justesse diverses problématiques en matière de logement, d’emploi et de fiscalité. Les pistes, les solutions possibles qu’elle propose témoignent d’une vision globale de la société estompant les clivages de classe au profit d’une démarche nationaliste destinée à défendre l’intérêt, présenté comme commun, de tous les Corses.

Les préconisations concernant la lutte institutionnelle sont assez clairement exposées. Le moyen terme y est dessiné en matière d’alliances (listes communes privilégiées avec le courant autonomo -régionaliste).Le pluralisme politique y étant présenté  comme une bi- polarité entre cette tendance et le courant indépendantiste évoqué au travers de l’organisation existante. Notons que le principe de l’autodétermination n’est pas revendiqué.

Nous prenons donc acte de cette démarche, d’autant que nous avons appelé à la dissolution des organisations dites clandestines depuis septembre 2005. Cet appel envisageait également un  possible débat destiné à réfléchir sur le concept de violence politique en tenant compte des contextes. A ce niveau, nous ne pouvons que déplorer l’absence de réponses.

Nous constatons que le maintien de la clandestinité s’est opéré avec  en toile de fond un argumentaire en forme de référence permanente à la résistance face au colonialisme. La vie politique de notre pays n’étant pas à un paradoxe près, c’est précisément dans une des périodes les plus sombres qu’est affirmé le renoncement à un terrain de lutte.

En effet, confronté aux politiques des libéraux corses, français et européens, le peuple corse connaît une précarisation à l’échelle de masse. Celle-ci résulte d’une économie résidentielle fondée sur le tout-tourisme et une mise en coupe réglée du territoire liée aux intérêts spéculatifs du BTP et du grand banditisme. Sur fond de délitement du lien social, le peuple corse voit ses anciens finir  leurs jours dans des EPHAD et les plus jeunes privés de leurs droits élémentaires (emplois dignes, accès au logement et à la culture).

Dans un tel contexte, le redéploiement sur le terrain des luttes publiques (mobilisations sociales, environnementales, culturelles) est également affirmé dans la communication du FLNC. Nous en sommes pleinement satisfaits dans la mesure où une dramatique désertification  frappe le champ des mobilisations de masse depuis au moins deux décennies.

L’opportunité d’un réinvestissement de ces champs d’actions par des patriotes se présente. Cette démarche doit tenir compte  de celles et ceux (comme  par exemple les associations de défense de la loi littoral) qui œuvrent depuis des années  à la survie de nos espaces naturels collectifs.

Il sera nécessaire de prendre en compte un pluralisme politique au sein du mouvement national. Cette prise en compte ne peut en aucun cas faire l’impasse sur toutes les organisations existantes. Si des projets de société commencent à émerger dans le mouvement nationaliste, nous sommes cependant toujours en attente d’affirmations  à même de permettre au peuple corse d’exercer pleinement ses choix.

Pour notre part, le droit à l’autodétermination et la mise en œuvre d’un projet socialiste et autogestionnaire constituent les pierres angulaires d’une stratégie émancipatrice qui passe encore et toujours par un rapport de force autour des intérêts fondamentaux des classes populaires.

Nous lançons ce jour un nouvel appel au renforcement du courant pour l’autodétermination et le socialisme afin de préparer les ruptures incontournables avec les pouvoirs clanistes, coloniaux et capitalistes. Ensemble sur des bases claires, une alternative est possible !

A MANCA