Tag

élections municpales 2014

Browsing

A quelques jours du second tour des élections municipales nous faisons ici le point sur les tendances lourdes du premier tour en Bretagne et l’entre-deux tours.
Comme ailleurs dans l’État français, la progression de l’abstention est spectaculaire. La bonne tenue de la droite et une certaine progression de l’extrême-droite sont à noter.
Toutefois, voici quelques tendances locales et résultats dont les médias n’ont peu ou pas évoqué.

La Gauche « radicale » et/ou anti-libérale

Sant-Ervlan/Saint-Herblain : Nous ne pouvons pas ne pas noter l’excellente prestation de Primael Petit (militant de la Gauche Indépendantiste) et des ses colistiers de « Saint-Herblain à Gauche Toute » qui totalisent 10,06 % des suffrages et ont décidé de se maintenir dans le cadre d’un quadrangulaire dans cette ville tenue par le PS. Avec 1525 voix dans cette ville qui est une des 10 plus grandes villes de Bretagne cette liste est la seule dans une commune de cette taille (43.000 habitants !) à proposer une alternative indépendante du PS en Bretagne.

Karaez/Carhaix : Soulignons l’excellente prestation du NPA de cette commune du centre Bretagne menée par Matthieu Guillemot qui envoi un élu au conseil municipal et un à la communauté de commune (477 voix, 13,06 %).

Douarnenez : La liste Initiatives Citoyennes, qui a demandé à ne plus être étiquetée « Front de Gauche » et sur laquelle figure un de nos adhérents passe devant la liste PS/UDB/EELV. Avec 23,44 % (1763 voix) elle affrontera seule la liste du sénateur-maire UMP sortant Philippe Paul.

Un vote anti-aéroport Notre Dame-des-Landes ?

Ailleurs dans l’ensemble de l’est de la péninsule on peut noter des très hauts scores pour les listes s’affirmant opposées à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et ce quelles que soient leur attitudes au second tour à l’encontre du PS. A Nantes, si l’on additionne les voix Front de Gauche et EELV, le score atteint avoisine les 20 %, Rezé prés de 10 %, idem à Saint-Herblain, Bouguenais, Saint-Nazaire, Rennes et Saint Brieuc.
En ce qui concerne les alliances électoralistes de second tour sur Nantes entre la liste PS-PCF-PRG-UDB et EELV et la liste PS-PCF-PRG-UDB et EELV-FDG à Rennes, comment le FDG et EELV pourront justifier cet accord à leurs électeurs et militants opposants de longue date au projet ?

Défiance grandissante vis-à-vis du PS et quid de l’avenir du Front de Gauche ?

Nous ne reviendrons pas ici sur nos divergences avec cette coalition notamment avec les positions militaristes et jacobines hystériques du PG de Mélenchon, ni sur le fait que bien souvent le PCF était aux cotés du PS dés le premier tour.
Toutefois on peut noter qu’à Saint-Malo l’ensemble de la liste PCF/FdG/NPA (près e 6% des suffrages) se refuse à voter PRG/PS au second tour. A Nantes, la liste « Place au Peuple » ne donne pas de consigne de vote, et à Rezé la liste « A Gauche Toute » se maintient au 2ème tour et refuse de fusionner avec le PS.
Voilà qui tranche singulièrement avec la posture du « Front de Gauche » de Rennes qui se retrouve sur la liste de Nathalie Appéré (PS) avec EELV. Cette députée qui a renoncé au non cumul des mandats après avoir déclaré en février dernier : « Je reste anti-cumul et je souhaite une loi dès 2014 si il le faut. Je me l’appliquerai si je suis élue maire de Rennes en mars 2014. Je démissionnerai de mon mandat de députée», qui voté l’Accord National interprofessionnel, le pacte de compétitivité réjouissant le MEDEF, le TSCG, la réforme des retraites…. Mme Appéré aussi qui lorsqu’elle était première adjointe (jusqu’en juin 2012) a activement participé à la politique de gentrification (phénomène urbain transformant le profil d’un quartier au profit d’une classe sociale supérieure par l’arrivée d’habitants plus aisés s’approprient un espace initialement occupé par des habitants moins favorisés) comme le prouvent les projets immobiliers sur le Mail, de la Courrouze. Elle encore, qui comme tous les cadres de sa liste, ont fait partie de l’équipe municipale ayant fermé nombres d’espaces autogérés et expulsé des sans-papiers, mis sur les rails le Centre des Congrès des Jacobins et la transformation du quartier de la gare pour le projet Eurorennes. Une équipe sortante qui a figurez-vous comme slogan « Rennes créative et solidaire »…
Même scénario à Kemper/Quimper où la liste de Naig Le Gars (pourtant élue UDB à la région dans le cadre de la majorité dominée par le PS) se refuse à appeler à voter pour Bernard Poignant, conseiller personnel du président Hollande.

Et les autres listes défendant une forme de souveraineté pour le peuple Breton ?

Bien sur le maire Carhaix/Karaez membre du MBP,  l’autonomiste Christian Troadec est réélu au premier tour avec 65 % des voix. Des proches de son mouvement était en lice à Spezet mais doivent se contenter de quelques élus d’opposition.
A Rennes la centriste-régionaliste (Mouvement Rennes Bretagne Europe) Caroline Ollivro ne passe pas la barre des 4% mais ne donne pas de consigne de vote pour l’UMP/UDI comme certains pouvaient le penser.
A Lanester (7% des voix) et Kemper (6,05 %) l’UDB avait accumulé suffisamment de force pour se présenter sur des listes autonomes. C’est une tendance nouvelle qui souligne que dans cette formation aussi il y a des velléités d’indépendance vis à vis du PS plus fortes qu’auparavant. Ailleurs cette formation était souvent dès le 1er tour sur les listes PS/PC.
Le Parti Breton (autonomiste de Centre Droit) a impulsé une démarche indépendante à Vannes autour de Bertrand Deléon mais n’a pas passé la barre des 2% et à Rennes son président Yves Pelle figure en bonne place sur liste de Bruno Chavanat (UDI/UMP ) aux cotés d’opposants connus au mariage pour tous. Voilà qui règle définitivement les problèmes d’identité politique de cette formation.

En guise de conclusion

Nous ne donnons pas ici de consignes pour le second tour mais il est clair que nous nous réjouissons du vote ou de l’abstention sanction contre le gouvernement central et le PS. Nous affirmons que l’heure est au développement de pratiques, d’outils et de luttes autonomes sans les forces impliqués dans des majorités de gestion PS/EELV locales ou gouvernementales. En clair au regroupement des forces anticapitalistes sur la base d’accords prenant en compte les spécificités bretonnes et non dans le cadre d’accord d’état majors parisiens type « Front de Gauche ».

Après nous êtes entretenus,dans le cadre des élections municipales et communautaires 2014 avec Primael Petit, tête de liste St Herblain à Gauche toute ! / St Ervlan a-gleiz Penn da Benn ! et Arno Vannier de la liste Initiatives Citoyennes à gauche pour Douarnenez, Bretagne Info vous propose aujourd’hui de faire plus ample connaissance avec Lionel Henry, conseiller municipal sortant sur la liste “Vivre et agir ensemble’  à Montreuil le Gast, commune au nord de Rennes, et conseiller communautaire du Val d’Ille.

 

Mairie de Montreuil le Gast
Mairie de Montreuil le Gast

Bonjour. Pouvez-vous vous présentez en quelques lignes ?

LH : Je suis professeur d’histoire géo, né en 1970 à Rennes dans une famille modeste d’ouvriers. C’est l’école publique qui m’a permis de sortir d’un chemin tout tracé du fait de ces origines. Cette école publique aujourd’hui mise en cause, comme la plupart des services publics, par une idéologie ultra-libérale…

Militant breton depuis le lycée, j’essaie de défendre le principe de l’autogestion : la cellule communale, comme l’entreprise, est le lieu idéal de la souveraineté populaire, de l’expression démocratique directe. Personnellement, je me situe dans le cadre de la gauche bretonne favorable à une autonomie renforcée, librement choisie et définie par les Bretons eux-mêmes. Candidat aux municipales de 1995 à Rennes (candidat d’ouverture avec les Verts), de 2001 à Montreuil le Gast (liste alternative), j’ai été élu, comme la quasi totalité de la liste DVG ayant chassé une liste DVG proche du PS, dès le premier tour de 2008. Je suis également devenu conseiller communautaire sur le territoire du Val d’Ille. J’ai été l’un des deux membres de la mouvance radicale bretonne à participer à la liste Europe Ecologie Bretagne (Verts+UDB) lors des régionales de 2010.

A côté de ces engagements, j’ai rédigé quelques ouvrages sur la question bretonne : FLB-ARB, L’histoire (2006), Dictionnaire biographique du mouvement breton (fin 2013), participation à Histoire de l’UDB (avec JJ Monnier, 2014),… J’ai également participé à la réalisation du double documentaire vidéo consacré à l’histoire du FLB, diffusé sur France 3 en 2013.

Pouvez-vous présenter succinctement votre commune ?

Montreuil le Gast est une commune située dans le pays de Rennes, à 16 km de la capitale régionale. Bien que proche de Rennes géographiquement, cette commune de 2000 habitants appartient à la communauté de communes du Val d’Ille. Les élus communautaires, autant que les habitants, refusent l’intégration forcée dans Rennes Métropole, défendue par les élus rennais et le préfet. Nous avons bataillé pour rester indépendant, attachés à une forme de gouvernance démocratique et opposés à une métropolisation du territoire breton sur les deux capitales, Rennes et Nantes.

1735664_montreuil

Vous êtes conseiller municipal sortant. Quel bilan tirez-vous de votre expérience ?

Ce mandat m’a permis de participer activement à la vie de la commune et du Val d’Ille, de m’y faire entendre. J’ai assuré la rédaction d’une chronique sur le patrimoine local et l’histoire de la Bretagne (frontières, langues, rois,…). Il s’agissait de donner aux habitants quelques notions d’histoire locale et bretonne. Un ouvrage devrait en être tiré prochaînement.

Pouvez-vous nous présenter les grandes lignes du programme de votre liste en matière économique, sociale, d’aménagement du territoire et écologique ?

La liste défend quelques points forts comme la création de nouveaux équipements au service de la population, l’accueil de nouveaux habitants (mixité sociale), le soutien au lien social et au développement durable et la défense de la vie communautaire face à la métropolisation du territoire. Surtout, l’équipe défend l’idée d’une vie de village refusant de devenir une cité-dortoir. Nous avons mis sur pied une ambitieuse politique en faveur de la jeunesse qui porte ses fruits.

Quel travail a été effectué et sera effectué par l’équipe municipale en place sur la langue bretonne ?

Honnêtement, rien ! C’est la difficulté. Nous sommes en pays gallo et l’idée peut vite germer que nous faisons du colonialisme “bas breton” en Haute-Bretagne. J’ai envisagé un moment de mettre en place des cours d’initiation au breton mais n’ai pas eu le temps d’aller plus loin. Il y a une demande locale. Il y a de nombreux Bretons de “l’Ouest” sur la commune. Il n’est pas rare d’entendre parler breton, y compris en conseil municipal sortant (3 brittophones dont deux adjoints). Il y a sans doute un travail à faire sur la question de la langue, peut être avec la réforme des rythmes scolaires. Sur la même idée, le rassemblement de plusieurs musiciens trads locaux est en passe de déboucher sur la création d’un bagad local.

Quelle est la position de votre liste et la votre sur la réunification ?

J’ai fait voté, à l’unanimité, en 2011, je crois, le voeu de Bretagne Réunie sur la réunification. Avec un maire et un conseil pas très chaud au départ. Notre voeu a même permis de relancer un temps la campagne de voeux de Bretagne Réunie.

La Catalogne a organisé une consultation populaire par vote sur l’indépendance de leur pays. Ce type d’auto-organisation a été repris en Bretagne par 44=BZH lors d’une votation citoyenne sur la réunification de la Bretagne. Quelle est votre position sur ce type de consultation ?

Personnellement, et cela n’engage que moi, le référendum d’initiative locale ou populaire est l’essence même de la démocratie. C’est l’expression directe de la volonté populaire. A mettre en relation avec l’attitude fermée, sectaire d’un Jean-Marc Ayraut qui balaie d’un revers de main une volonté démocratique clairement exprimée et portée par les 2/3 de la population.

Merci beaucoup et bonne fin de campagne !