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Face à la réticence des Martiniquais à participer aux élections européennes, le pouvoir français et ses relais locaux mettent tout en œuvre pour faire croire que l’intégration de notre pays à l’union européenne constitue une chance. Ils font tous miroiter les subventions de l’Europe sensées nous porter la prospérité. Tous font languir sur l’accès au grand marché européen qui permettrait l’écoulement de nos maigres productions. Il n’y a là rien de bien nouveau.  En réalité l’intégration de notre pays a commencé depuis longtemps et est menée quotidiennement. Les effets négatifs de cette intégration combinée avec ceux de notre situation de colonie de la France soulignent avec force notre état de dépendance avec ses terribles conséquences : Une agriculture coloniale caractérisée par une quasi monoculture bien profitable au lobby béké de la banane, un mépris total de notre biodiversité, un secteur industriel rachitique, une économie anesthésiée, une dépendance alimentaire renforcée, une importante croissance de l’importation avec le déversement massif de produits européens dans les grandes surfaces qui pullulent avec comme conséquence la disparition de toute production martiniquaise, de nos artisans, de nos cultivateurs, de nos marins pécheurs…

Force est de constater que la politique du président Macron s’inscrit avec virulence dans la continuité de celle de tous ses prédécesseurs, elle sert les nantis et elle aggrave la situation des plus malheureux. C’est bien cette économie coloniale qui est à l’origine du chômage endémique générant plus de 50 000 chômeurs, d’une émigration massive de notre jeunesse facteur du vieillissement inquiétant de notre population. Cette intégration à marche forcée à l’Europe c’est aussi l’installation soutenue d’européens, l’acquisition pernicieuse de notre terre par des étrangers. C’est aussi le renforcement de l’entreprise d’aliénation de notre peuple invité à se renier et à se fondre dans la culture de l’autre. C’est l’étouffement de notre personnalité, prémisse de la liquidation de notre peuple en tant que tel. C’est aussi cette Europe mortifère pour notre pays qui emboite le pas à la puissance coloniale française, qui nie notre droit à disposer de nous-mêmes, qui nie notre existence, qui légifère, qui réglemente, dans le moindre détail nos vies comme par exemple dans le domaine alimentaire ou de la santé en relevant le taux de pesticides ingérables par nos organismes.  C’est cette Europe prédatrice et impérialiste qui a entrainé d’autres pays dans la mise à sac de la planète en détruisant les écosystèmes au mépris des générations actuelles et futures. C’est bien cette Europe qui ne cesse de fixer des normes par-dessus nos têtes sans même que les «élus  locaux» dépourvus de pouvoir réel de décision aient voix au chapitre.

C’est encore à cette Europe là –pour l’essentiel- que nous devons la cherté actuelle du carburant, du fait de son alignement sur les positions de TRUMP . Dans cette Europe que l’on présente comme un paradis de prospérité et de paix on compte des millions de chômeurs, de travailleurs pauvres, de ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté. Dans cette Europe des milliers d’entreprises sont liquidées, sacrifiées sur l’autel du profit capitaliste. Au sein de cette Europe c’est l’accroissement des tensions, c’est la montée du fascisme menaçant, c’est le rejet des immigrés, la multiplication des crimes racistes.  Cette  Europe qui hypocritement parle de pacifisme, fomente les guerres notamment en Afrique et au Moyen Orient et reste l’une des principales pourvoyeuses d’armes à des belligérants qu’elle manipule.  C’est encore cette Europe qui soutient sans réserve l’état fasciste d’Israël massacrant le peuple Palestinien. C’est elle qui en ce moment, avec le gouvernement des États-Unis, harcèle le Venezuela, lui impose un blocus et appelle à un coup d’état contre un gouvernement légitime et démocratiquement élu. N’en déplaise aux quelques politiciens « locaux » qui, parce qu’ils trompent consciemment le peuple pour  satisfaire leurs ambitions électoralistes ou parce qu’ils vivent dans l’illusion,  figurent sur les listes des candidats français à la députation européenne, nous ne voulons pas de cette Europe destructrice et mortifère. Nous appelons les Martiniquaises et Martiniquais à boycotter massivement le scrutin du 25 mai prochain et à transformer une abstention record en résistance résolue contre le pouvoir colonial français, contre l’intégration forcée et mortelle de notre pays à la France et à l’Europe.

PA BA MOUN BATON POU BAT NOU ! PA VOTÉ  SANMDI 25 MÉ 2019 !

Conseil National des Comités Populaires (CNCP), Mouvement des Démocrates et Ecologistes pour une Martinique Souveraine (MODEMAS), Mouvement Pour la Résistance et l’Offensive Martiniquaise (MPREOM), Pati Kominis pou Lendépandans ek Sosyalizm.

“Nous,  participants et participantes à la rencontre organisée par le CNCP, le MODEMAS et le PKLS le jeudi 25 octobre 2018 au Centre Culturel du Bourg du Lamentin, affirmons  que le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, principe reconnu par les institutions et législations internationales, ne peut souffrir d’aucune exception ni dérogation  et que son application ne saurait, en aucun cas, être déterminé par les cadres et décisions venant de puissances dominantes dont l’autorité a été imposée aux peuples concernés. En conséquence :

  • Nous dénonçons les conditions dans lesquelles se déroule le référendum organisé par la France en Kanaky. L’offensive de peuplement ininterrompue depuis la circulaire de Pierre Messmer, la participation de ressortissants Français au suffrage, le contrôle des moyens médiatiques et la domination économique coloniale enlèvent toute crédibilité à ce référendum au résultat programmé.
  • Nous dénonçons la répression sauvage du peuple Catalan par le régime monarchique Espagnol. la violence policière contre des populations civiles, l’incarcération de dirigeants élus coupables d’avoir organisé ou participé à un référendum d’autodétermination et de prôner l’instauration d’une République sont une agression contre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
  • Nous dénonçons les manœuvres de déstabilisation et de subversion orchestrées par les puissances occidentales contre le peuple Vénézuélien. En bafouant les choix de ce peuple qui a exprimé sans équivoque son soutien à la Révolution Bolivarienne à travers des élections fiables et transparentes, en organisant le chaos économique et en attisant une subversion violente au Venezuela, les impérialistes piétinent le droit international.
  • Nous dénonçons le maintien de la domination coloniale française en Martinique.  La réalité du colonialisme se manifeste par une administration totalement dirigée par la France, l’absence pour le Peuple Martiniquais de tout pouvoir politique réel, le caractère extraverti de l’économie soumise aux intérêts français et le contrôle des médias et de l’éducation. Ce sont des barrières érigées contre le droit de notre peuple à l’autodétermination.

    Martinique le 25 Octobre 2018

Un camarade a séjourné il y a peu en Martinique, et en revient après de nombreux échanges avec la gauche du mouvement indépendantiste local. Il partage ici les nuances et débats passionnés qui traversent l’ensemble des mouvements et partis indépendantistes concernant la formation du plus célèbre d’entre eux : Alfred Marie-Jeanne, député à Paris pendant 10 ans.

Bretagne-Info.

Le MIM en tension : la fin du pseudo-indépendantisme du parti ?

Le 7 septembre aura lieu l’Assemblée Générale du Mouvement Indépendantiste Martiniquais, une réunion cruciale pour l’avenir du parti : le leadership d’Alfred Marie-Jeanne, incontesté depuis 1978, est en effet mis en danger par les tensions entre ses partisans et ceux de Jean-Philippe Nilor, député indépendantiste martiniquais. Le changement de direction du parti pourrait s’avérer intéressant, les frondeurs revendiquant « un MIM qui doit revenir à ses fondamentaux, dans son fonctionnement », car le MIM a, dans son histoire, trahi à maintes reprises l’objectif initial du parti, sous l’égide d’Alfred Marie-Jeanne qui règne en autocrate à l’intérieur de la formation. Revenons sur l’histoire de ce mouvement.

Alfred Marie-Jeanne

L’indépendantisme douteux voire opportuniste d’Alfred Marie-Jeanne

« Ce n’est ni une question d’indépendance, ni d’autonomie », titrait un des premiers journaux d’Alfred Marie-Jeanne quand il cherchait à atteindre la mairie de Rivière-Pilote en 1971. C’est en 1973 que sa formation, La Parole du Peuple, s’allie avec les autonomistes du PPM mais il commence à parler d’indépendance en 1974, lors des grandes grèves dans les bananeraies. Initiées par les indépendantistes d’obédience marxiste, ces événements secouèrent violemment l’île, donnant lieu à des combats violents qui firent 2 morts et de nombreux blessés. Alfred Marie-Jeanne profite de cette effervescence pour se projeter à la tête de la revendication indépendantiste en créant la CSTM, syndicat sous son contrôle. Doté de grandes qualités oratoires, il fonde quatre ans plus tard le MIM avec les militants rassemblés sous sa bannière. En plus de son talent de tribun, le leader (aux résultats électoraux incontestables) est accusé de pratiquer le clientélisme pour fidéliser sa base militante. Toujours prêt à rendre service, il n’hésite pas à utiliser les ressources de sa mairie pour des objectifs politiques (donner des permis de construire à ses militants, reconstruire une route à l’autre bout de l’île en vue de l’élection régionale, donner à des mouvements des revendications corporatistes au sein de la CSTM…). Ainsi, ça n’est pas tant le programme et les visées du MIM qui rassemblent, mais simplement le charisme d’Alfred Marie-Jeanne et ses magouilles.
Le problème avec l’opportunisme, c’est qu’en plus d’être malhonnête vis-à-vis de ses engagements, il trahit rapidement les objectifs de fond. Enfoncé dans l’électoralisme et le souci de rester « politiquement correct » dans l’optique de toucher un maximum de personnes (au lieu de s’échiner à construire un discours politique révolutionnaire à l’instar de la gauche indépendantiste martiniquaise), le maître du MIM maintes fois fait figure d’agent du colonialisme, à se demander s’il ne sert pas l’État Français plus que le peuple Martiniquais.

Drapeau Martiniquais

L’électoralisme avant la revendication

Sans passer par le débat de la participation aux élections ou non, des faits objectifs prouvent qu’un parti indépendantiste se compromet. C’est le cas ici quand il va jusqu’à être contradictoire : lors d’un match entre l’équipe martiniquaise et nicaraguayenne en juillet 2017, Alfred Marie-Jeanne piqua une colère noire à la vue des drapeaux indépendantistes dans les tribunes. Le drapeau rouge-vert-noir, présent dans les rangs des indépendantistes depuis le premier acte militant de la cause en 1962, n’a en effet jamais été adopté par le MIM. Pourquoi même pas une tolérance ? La réponse est électorale encore une fois : en 2015, la liste que le parti dirigeait pour les régionales fait une alliance avec la Droite Républicaine, lui permettant de se réimplanter solidement en Martinique. Le deal sur lequel cette alliance fut forgée : pas de débat sur le statut ou l’indépendance de la Martinique pendant 5 ans pour le MIM. À ce niveau là, le militantisme est contre-productif. Mais ce n’est qu’une suite logique : en se posant continuellement en interlocuteur du colonialisme, le parti n’a plus intérêt au conflit et aux gains politiques : pendant la grève générale en 2009 par rapport à la crise économique, et alors que toute la gauche indépendantiste descendait dans la rue, Alfred Marie-Jeanne prenait position contre les grévistes, tout comme il avait prit position contre les artistes, les chauffeurs, les éleveurs… Le cheval de bataille de l’indépendantisme, la question des réparations de l’esclavage, est totalement absente de leur discours également, de peur de froisser leurs amis colons.

Quelle indépendance ?

La construction politique du parti donne un aperçu de la conception de l’indépendance par Alfred Marie-Jeanne et ses partisans : politique néo-libérale (aucune revendication sociale ne figure dans leurs revendications, mais on y parle de restaurer l’équilibre comptable et d’assainir les finances publiques), clientélisme, règne autocratique du leader (le programme est tout de même écrit à la première personne)…
L’analyse de Frantz Fanon sur le rôle du parti indépendantiste bourgeois avant l’indépendance (dans Les Damnés de la Terre) s’applique à la perfection : une élite déconnectée des masses et de leur situation qui se pose en interlocuteur privilégié du colonialisme pour permettre à ses membres de gagner en crédibilité. Durant les phases insurrectionnelles, le parti reste sagement attendre dans ses bureaux que la situation dégénère pour les colons avant d’intervenir pour proposer un compromis avantageux à ses membres et aux colons : ces derniers se retirent sans être vaincus, avec de solides garanties (Franc CFA, bases militaires) bien protégées par la nouvelle élite dirigeante qui ne fait que perpétuer un système d’oppression, changeant simplement la couleur du drapeau.

Le MIM n’est donc nullement anticolonialiste et son indépendantisme est illusoire, du moins pour le moment : Nilor, le député élu du MIM, va peut-être inverser la tendance ? Il avait déjà prit position pour le drapeau indépendantiste contre la direction du parti, et souhaite revenir à un fonctionnement plus démocratique… Néanmoins, l’alternative ne deviendra intéressante qu’à partir du moment où le MIM changera radicalement sa ligne pour entrer dans une logique indépendantiste connectée aux revendications sociales et cessera sa collaboration électoraliste avec l’État français ; car l’indépendance ne sera totale que si elle se fait vis-à-vis de l’oppression d’une manière générale.

I.I.

Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste d’Equateur organise régulièrement le Semanario Internacional de Problemas de la Revolución en América Latina (SIPRAL) auquel participe de nombreux partie du sous continent Américain. Pour ce 22ème séminaire de Quito célébrant la pensée de Karl Marx 200 ans après sa naissance de nombreuses organisations de la même obédience ont cosignés un texte disponible ici. Ce parti soutient les luttes et revendications indigènes en s’alliant régulièrement avec le Pachakutik.

Le Conseil National des Comités Populaires de Martinique y était présent et y a prit la parole, témoignage vivant de l’engagement de Martinquais contre l’impérialisme et le colonialisme français dans cette partie du monde.  Voici le texte lu par Robert Sae , un de ses dirigeants.

 

Bretagne Info.

 

XXII ème Séminaire International

Problèmes de la Révolution en Amérique Latine

*

Application révolutionnaire de la pensée de Karl MARX”

Quito 23- 26 juillet 2018

Contribution du CNCP de Martinique

Présentée par Robert SAE

Responsable aux affaires extérieures du CNCP

Nous développerons trois points dans cette contribution:

– l’évolution de notre compréhension du Marxisme-léninisme,

– la nécessité de la lutte contre l’aliénation et le mimétisme dans notre militantisme,

l’importace d’une meilleure articulation entre la théorie et la pratique.

  1. L’évolution de notre compréhension du Marxisme-léninisme

Le marxisme n’est pas un dogme mais un guide pour l’action”, “Le Marxisme, c’est une science que nous devons étudier et utiliser pour analyser la réalité afin que notre intervention soit réellement révolutionnaire”.

Comme tous ceux qui se sont engagés dans l’action politique sous la banière du Marxisme-léninisme, voici des affirmations que nous n’avons cessé de répéter. Mais, plus nous militons, plus nous réalisons la longueur du chemin qu’il nous reste à parcourir afin que ces convictions soient pleinement traduites dans notre pratique. La méthode mise en oeuvre par Marx, Lénine et les autres théoriciens de la révolution pour analyser le capitalisme et l’impérialisme les a conduits à mettre en exergue les lois scientifiques qui prévalaient dans l’évolution des sociétés. Nous entendons agir en nous appuyant sur la connaissance de ces lois. Mais, en dépit de nos déclarations, la tendance reste prégnante chez nous à forcer la réalité sur laquelle nous devons agir à entrer dans des cadres correspondant aux conclusions exposées par les théoriciens du marxisme et qui découlent de l’étude de réalités différentes, qui sont celles d’autres espaces humains et d’autres époques historiques.

L’un des éléments qui expliquent ce travers, c’est la sous-estimation, dans nos analyses de la réalité et dans l’élaboration de notre projet révolutionnaire, des apports des autres sciences qui, au côté de la science marxiste-léniniste, permettent d’accéder à la compréhension de la réalité du monde. Nous pensons là à la psychologie, à la sociologie, à l’écologie (etc.)

De ce point de vue, il existe des gens qui n’ont lu aucun livre marxiste, parfois même politiquement opposés aux marxistes, mais qui, dans leur pratique, l’utilisant comme M. Jourdain utilisait la prose, font une meilleure application du marxisme que certains militants marxistes. Cela, parce que, grâce à une approche éclectique, ils analysent scientifiquement la réalité. Quant aux théoriciens, aux stratèges et aux propagandistes de nos ennemis de classe, ils prennent soigneusement en compte les apports de la science marxiste, tout en diabolisant celle-ci (Pour que les masses ne se l’approprient pas). Nous avons, d’ailleurs, pu découvrir un manuel de formation des officiers supérieurs de l’armée française qui consacrait un important chapitre à la connaissance du marxisme !

Forts de ces constats, nous avons essayé d’accorder une attention plus conséquente aux apports des autres sciences et de mettre en oeuvre une approche pluridisciplinaire dans nos réflexions. Nous nous sommes également fait un devoir d’observer et d’écouter moins dogmatiquement les autres organisations et mouvements qui oeuvrent sur des terrains non-spécifiquement politiques (écologie, économie alternative et même spirituel). Cette démarche nous a conduits à mieux décrypter un certain nombre de situations et à en tirer des conclusions contribuant à une meilleure efficacité dans nos choix théoriques et pratiques.

Dans le cadre de notre pratique en Martinique, par exemple, nous avons pu réaliser que la méconnaissance des aspects culturels et psycho-sociologiques était un obstacle patent à l’efficacité de notre intervention politique. L’approfondissement de ces questions (grâce notamment aux éclairages de Frantz FANON), nous a amenés à considérer que l’un des freins au développement des conditions subjectives nécessaires à la transformation révolutionnaire, c’est le fait que la société martiniquaise est gangrenée par ce que nous avons appelé le “syndrome de Lynch”.

Voila de quoi il s’agit : Dans notre pays colonisé, le peuple Martiniquais s’est constitué avec, pour base essentielle, des africains qui y ont été déportés et esclavagisés. Notre histoire, c’est celle du démantellement des structures sociales et familiales traditionnelles, de la “chosification” des êtres humains, de la codification et de l’institutionalisation du racisme, de la répression bestiale et des tortures, d’une entreprise systématique de déculturation puis “ d’assimilation”. Tout cela a généré un traumatisme profond qui se perpétue de manière épigénétique mais aussi du fait du maintien de la domination coloniale.

Comment un travail révolutionnaire pourrait-il aboutir sans porter réponse à cette problématique là ?

En définitive, nous avons compris que, pour une application féconde du marxisme-léninisme, nous devions extirper de notre pensée et de notre pratique politiques toute forme d’aliénation et de mimétisme.

  1. La nécessité de la lutte contre l’aliénation et le mimétisme dans notre militantisme.

Tirant un bilan de notre pratique politique, vieille de près d’un demi-siècle, ainsi que des leçons du mouvement révolutionnaire international, nous avons considéré que, pour être capable d’assumer notre missión révolutionnaire, il était indispensable d’affiner nos conceptions en matières politique, institutionnelle, économique, philosophique et culturelle.

Inconsciemment ou pas, nous sommes influencés par l’idéologie bourgeoise dominante. Nous subissons le poids de notre formation scolaire et universitaire, de l’environnement culturel et de la propagande massive de nos ennemis de classes. Aussi devions nous être particulièrement vigilant dans la lutte contre les tendances négatives que sont les suivantes:

  1. – La hiérarchisation erronée des fronts d’intervention

Quel militant, à un moment ou un autre, n’a pas idéalisé la lutte armée comme étant l’expression achevée de la lutte révolutionnaire? Nous posons la question pour illustrer le fait que la façon de considérer les différents fronts de lutte peut être biaisée au point d’influer sur les orientations politiques, alors qu’ils ne devraient être que les champs d’application de celles-ci. Ainsi, l’engagement sur le front syndical ou sur le front électoral peut devenir un engrenage conduisant à se détourner, temporairement ou définitivement, de la stratégie révolutionnaire globale. Cette situation ouvre la porte aux déviations puisque, faute de boussole idéologique, nombreux sont ceux qui, sur les fronts concernés, développent des pratiques et se donnent des objectifs tels que voulus par la bourgeoisie*.

* Exemple de ceux qui appellent les masses à se mobiliser sur la question du nombre de mandats et pas contre les exactions des multinationales.

  1. – La conception élitiste et pyramidale de la société et de l’organisation politique.

Le poids de l’idéologie bourgeoise se fait particulièrement sentir dans la façon de concevoir l’organisation de la société, les institutions et même le rôle de l’avant-garde révolutionnaire.

Aliéné par une conception élististe et pyramidale de la société, d’aucuns en arrivent à nier la prévalence de la pensée collective et à considérer que le contrôle du pouvoir par leur seule organisation et ses dirigeants équivaut à la victoire. En fait, c’est d’un avatar du système qu’il s’agit là et, de toute évidence, cela est en totale contradiction tant avec l’objectif de prise du pouvoir par le prolétariat qu’avec les príncipes qui indiquent que “ce sont les masses qui font l’histoire” “ ou que “les travailleurs se libéreront eux-mêmes”

  1. – Le subjectivisme dans la lutte idéologique.

Les relents de l’idéologie bourgeoise peuvent conduire aussi, parce qu’on est convaincu d’avoir analysé scientifiquement la réalité et d’avoir élaboré une ligne politique juste, à utiliser des méthodes contre-productives dans la lutte pour éliminer les conceptions opportunistes et les déviations. Quand à la pédagogie se substitue la dénonciation virulente, on ne risque pas de faire évoluer la réalité et on n’a certainement pas tiré les bonnes leçons de la pensée de Karl Marx qui nous enseigne que: “Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience”.

Cette remarque ne remet absolument pas en cause la nécessité de mener la lutte idéologique en permanence. Il s’agit, au contraire, pour rendre celle-ci efficace, de se défaire de toute forme de subjectivisme afin de la mettre effectivement au service de nos objectifs de transformation révolutionnaire.

* Exemple: La dénonciation des Rastas ne s’appuyait pas sur une juste évaluation du mouvement “afrocentriste”

** N’y a-t-il pas des leçons à tirer de la capacité qu’ont les impérialistes à faire front contre les peuples et les pays progressistes en dépit de leurs contradictions d’intérêts?

d) – La reproduction des schémas du vieux monde dans l’élaboration du projet alternatif.

En nous penchant sur l’évolution de nombreux pays qui se sont libérés de la domination coloniale directe, nous pouvons constater que la seule indépendance n’a pas permis une transformation radicale de la société*.

*Même quand la lutte de libération a été conduite par des dirigeants anti-impérialistes conséquents.

La raison en est que les institutions et le modèle économique mis en place après l’indépendance n’étaient pas en rupture avec les conceptions propagées par la bourgeoisie occidentale. Si notre ambition est de changer le monde, nous devons en tirer des leçons.

Ces derniers temps encore, beaucoup de voix, dont celles d’anti-impérialistes, se sont fait entendre pour appeler à l’industrialisation de l’Afrique et applaudir la création de « startups » sur le continent. Autrement dit, pour que les peuples africains résolvent les problèmes de pauvreté, de catastrophes naturelles, de pillage du continent, des guerres et du terrorisme, la solution serait qu’ils se noient davantage dans le magma de la globalisation néolibérale, du productivisme et de la compétitivité! Qui, aujourd’hui, ignore que ce modèle génère le creusement des inégalités, l’explosion de de la pauvreté, la destruction du tissu social, de l’environnement et du vivant, bref, que ce modèle conduit le monde à son auto-destruction? Ajoutons ici que les dégats causés par la Révolution industrielle orchestrée par la bourgeoisie ne semblent pas avoir servi de leçon. L’engouement pour la “Révolution numérique” est tel que les mises en garde faites par les experts scientifiques et les écologistes quant aux effets des nouvelles technologies sur la santé des êtres humains et quant aux conséquences en matière de pollution, n’empêche pas qu’elle déferle dans tous les recoins de la planète.

Ainsi, aux antipodes de toute aliénation, il s’agit de concevoir, à travers le projet révolutionnaire, la réorganisation de la production, des services et de la répartion des biens, afin que soient satisfaits les besoins fondamentaux de l’ensemble des populations, dans le respect de tous les éco-systèmes. De ce point de vue, les stratégies développées par les masses populaires sur le plan économique et dans leurs relations sociales pour s’adapter au monde, assurer leur subsistance ou pour résister à l’exploitation et à l’oppression peuvent constituer un socle solide pour la construction du système alternatif*.

* D’où la nécessité d’étudier scientifiquement les ressorts de l’économie non contrôlée institutionnellement dont on ne prend pas assez en compte le fait que son poids est incontestablement plus important que celui de l’économie “officielle”

e) – La sous-estimation des apports civilisationnels des peuples non-occidentaux .

L’un des plus grands crimes des envahisseurs colonialistes est que, pour justifier idéologiquement leur hégémonie, pendant des siècles (c’est encore le cas aujourd’hui), ils ont pratiqué systématiquement le dénigrement de la culture et des civilisations des peuples non-occidentaux. Les rites et religions de ceux-ci ont été caricaturés, leur savoir-faire et leurs inventions occultées ou abusivement attribuées à des “civilisateurs” européens. Parallèlement, la propagande visant à idéaliser leur culture et leur civilisation occidentales n’a jamais faibli en intensité. Ceci explique la difficulté qu’ont certains à prendre en compte les savoirs et les expériences populaires émanant des civilisations non-occidentales dans l’élaboration du projet alternatif de société*. Pour la sauvegarde de notre monde et pour que l’émancipation de l’humanité fasse un nouveau bond, Il faut absolument se défaire de cette aliénation là.

* En ce sens, les institutions traditionnelles, les mécanismes permettant la cohésion sociale, le rapport à l’environnement, au temps et à l’espace prévalant dans les sociétés non-occidentales sont autant de domaine dont l’étude revêt, à nos yeux, une importance capitale.

3 – L’importance d’une meilleure articulation entre la théorie et la pratique

Souvent, depuis que nous nous sommes engagés dans l’action politique, nous avons dû constater que le résultat de nos actions ne répondait pas à nos attentes et nous avons été régulièrement confrontés au fait que des militants, victimes du sentiment de “chayé dlo an panyé”*, baissaient les bras. Pourtant, nous nous sommes toujours efforcés d’accorder une place conséquente à la réflexion, à l’élaboration d’orientations politiques justes et, en même temps, de militer de façon soutenue au côté des masses populaires.

*transporter de l’eau dans un panier

En analysant lucidement les raisons de cette situation, nous avons fini par admettre que nos choix tactiques et nos actions n’étaient pas toujours en adéquation avec nos intentions. Selon nous, ce déphasage résulte essentiellement de deux faiblesses: d’une part, la subjectivité qui pousse à des choix inappropriés dans l’application de la ligne politique, d’autre part, les insuffisances quant à la prise de dispositions concrètes pour assurer la mise en oeuvre des orientations arrêtées. Pour illustrer ces propos, nous citerons deux exemples:

a) – Par conviction et sur la base de notre ligne politique, nous avons toujours affirmé que, pour mettre fin à l’exploitation capitaliste et à la domination coloniale, nous devions impérativement contribuer à l’unité du peuple et au rassemblement le plus large possible des forces opposées au système. Pourtant, dans certains cas, les méthodes que nous avons employées dans la lutte contre les conceptions et les pratiques opportunistes, ou tout simplement inconséquentes, sont allées à l’encontre de ces objectifs là*.

*Exemple de la mauvaise résolution des contradictions sur le front de la lutte syndicale.

b) – Notre deuxième exemple concerne le front des relations internationales.

Nous sommes tous conscients que, dans le contexte de la globalisation néolibérale et de l’offensive généralisée menée par les impérialistes sur les fronts idéologiques et militaires, seule la résistance coordonnée des peuples peut mener à la victoire de la Révolution. A cet égard, les échanges théoriques, la réflexion commune, sont indispensables à l’élaboration d’orientations justes et de stratégies valables. Les communiqués de soutien aux luttes internationales, les déclarations conjointes, les mobilisations et les opérations concrètes de solidarité sont, également, essentiels pour renforcer le moral des troupes. Mais, serions-nous en mesure de mener une lutte coordonnée au niveau exigé par le rapport des forces sans porter des réponses concrètes à ces questions qui nous tenaillent:

Comment garantir la circulation de l’information alternative afin de mener une contre-offensive coordonée sur le front idéologique? Comment pallier les difficultés liées au coût des voyages et aux visas? Comment surmonter valablement la barrière des langues*?”

* Si nous ne portons pas de réponse globale à la question de la traduction, trop peu de militants partageront la richesse des apports permis par les rencontres internationales et beaucoup des publications que nous expédions à grands frais à nos camarades étrangers dormiront sur des étagères.

Nous devons admettre que nos réponses à ces questions sont limitées et que les dispositions que nous avons pu prendre ne sont pas à la hauteur des enjeux. C’est pour cela que vous remercions chaleureusement de nous avoir invités à participer à ce séminaire qui nous permettra de nous enrichir de vos expériences en matière de relations internationales.

Voici donc les réflexions concernant “l’application révolutionnaire de la pensée de Karl Marx” que nous souhaitions partager avec vous, camarades, à l’occasion de ce XXII ème séminaire.

Nous sommes à l’heure de la mère des batailles contre les exploiteurs et les oppresseurs. Ce sont la réflexion collective, l’échange d’expérience, la coordination des actions entre les organisations révolutionnaires, particulièrement entre les organisations marxistes-léninistes, qui nous ouvriront le chemin de la victoire.

Vive le XXII ème séminaire!

Vive le Marxisme-Léninisme!

Vive la solidarité internationale!

Je vous remercie de votre attention.

 

Le CNCP est une des composantes de l’indépendantisme Martiniquais. C’est une formation radicalement anticolonialiste, anticapitaliste qui existe depuis 1982. Avec l’autorisation des auteurs nous publions une tribune critique de l’électoralisme signés de ses dirigeants.

Pour en savoir plus sur le CNCP c’est ici, son bulletin d’info s’appelle Jik An Bout.

Bretagne Info

La démocratie malade des élections

Dans tous les pays dits « démocratiques », les taux d’abstention aux élections ne cessent d’augmenter. Concernant les élus, les sentiments exprimés majoritairement dans la population, ce sont  la désillusion et le dégoût ; ce que traduit la formule « tous pourris ». Ce phénomène est gentiment qualifié de « désamour » par les commentateurs autorisés.

Au dire des bien-pensants, les abstentionnistes déshonorent la « citoyenneté » et bafouent le droit de vote pour lequel des peuples se sont battus et dont certains pays ne bénéficient pas. A les en croire, une fois de plus, les coupables du dysfonctionnement se trouveraient au sein du peuple. Peut-on croire sérieusement que si les « citoyens » voyaient les élus tenir leurs promesses et répondre valablement à leurs attentes, ils se détourneraient si massivement des élections ?

La vérité c’est que les peuples sont de plus en plus conscients que le système électoral est complètement cadenassé par les classes dominantes, qu’il ne permet absolument pas de garantir le respect de leur volonté et que les élus de diverses obédiences qui assurent l’alternance à la tête des institutions ne remettent pas du tout en cause la politique néolibérale scélérate menée par les gouvernements.

Dans pratiquement tous les pays se prévalant de la « démocratie libérale », éclatent régulièrement des scandales mettant à jour la corruption qui gangrène la classe politique et ses élus. Ne citons que deux exemples récents :

  • a) les déboires judiciaires de l’ex-président Sarkozy (accusé de fausses factures et de financement par la Libye, etc.)
  • b) le détournement des données piratées sur facebook par la société « Cambridge Analytica » pour manipuler le vote de millions d’électeurs en faveur de Donald TRUMP.

Il est évident que, forts de leur puissance financière et du pouvoir de manipulation que leur confèrent les empires médiatiques qu’elles contrôlent, les classes dominantes sont en mesure d’empêcher les opposants à leur système de conquérir le Pouvoir par le truchement des élections. Plus encore, l’actualité des dernières années a montré que si des forces progressistes et révolutionnaires parviennent, malgré tout, à remporter des élections, les gouvernements impérialistes occidentaux, se mobilisent pour leur faire barrage. Outre la guerre économique et la subversion, ils ont systématisé la méthode consistant à y organiser des coups d’Etat institutionnels en s’appuyant sur la corruption de certains parlementaires et sur l’instrumentalisation de magistrats réactionnaires (ex : Honduras, Brésil, Venezuela…).

Leur hypocrisie et leur pratique du « deux poids deux mesures » sont manifestes : d’un côté, ils prennent prétexte que des élections ne se sont pas déroulées régulièrement pour agresser militairement des pays tiers (l’exemple de la Côte d’Ivoire est emblématique à ce sujet), de l’autre, ils s’accoquinent avec les pires dictateurs, avalisant leurs coups de force électoraux (comme récemment en Egypte).

Dans ces conditions, à quoi peuvent servir les élections ?

Nous avons déjà montré que les classes dominantes sont capables de cadenasser le système électoral par leur puissance financière et le pouvoir de manipulation de leurs empires médiatiques. Nous avons évoqué également le pouvoir de nuisance des gouvernements des pays impérialistes. La répression fasciste que la Monarchie espagnole exerce actuellement sur les élus Catalans, avec la complicité de l’Union Européenne, illustre parfaitement le fait que les élections ne sont pas le gage d’une véritable démocratie.

Dans de telles conditions, les mouvements alternatifs et révolutionnaires peuvent-ils espérer que la participation aux élections et la conquête de mandats d’élus soient un moyen d’accéder au Pouvoir et à la Souveraineté ?

Il existe chez nous des « patriotes » pour lesquels la question ne se pose même pas : « Nous ne pouvons pas faire la lutte armée, donc c’est sur le terrain des élections que nous devons nous imposer ! ». Cette position est évidemment caricaturale et ne sert qu’à justifier leur opportunisme électoraliste. Heureusement, les luttes populaires peuvent prendre de multiples autres formes. (Grèves générales, mobilisations sur le terrain, désobéissance citoyenne, boycott de produits étrangers, etc.)

Inversement, d’autres appellent au boycott systématique de toutes les élections qualifiant indistinctement tous ceux qui y participent de « vendus » et de « traitres à la nation ». C’est là aussi une position caricaturale parce que, n’étant pas étayée par la capacité de mettre en action des forces susceptibles d’inquiéter le pouvoir colonial, elle ne débouche sur aucune transformation du système.

Participation ou abstention aux élections, résistance clandestine et lutte armée ou mobilisations pacifiques, sont autant de fronts qui ont permis aux mouvements populaires de réaliser des avancées mais qui ont abouti parfois à des désillusions. L’histoire du mouvement révolutionnaire mondial nous enseigne, en tout cas, que si la stratégie et les tactiques, quelles qu’elles soient, ne tiennent pas correctement compte des réalités politiques du moment, elles sont vouées à l’échec.

Avant de répondre à la question de savoir si la participation aux élections peut être un atout dans notre lutte pour la souveraineté, il convient de faire quelques remarques :

– le système électoral en vigueur a été conçu pour favoriser les opportunistes qui ne remettent pas en cause l’idéologie bourgeoise et le pouvoir des classes dominantes et ceux qui sont prêts à toute les compromissions pour partager le gâteau (l’alliance entre les « Patriotes », le RDM, le PCM et les libéraux assimilationnistes, dont les « Sarkozistes », en est un bien triste exemple.)

– L’inconscient collectif reste très marqué par l’idée que l’existence d’élections dans un pays est une garantie de démocratie et, en dépit du rejet des élections manifesté par une grande partie de la population évoqué au début de l’article, paradoxalement, celle-ci accorde difficilement du crédit aux organisations politiques qui n’ont pas d’élus.

– Au-delà de positionnements idéologiques et politiques, le phénomène de l’aliénation généré par la domination coloniale contribue à complexifier la situation. Des individus de valeur, qui auraient pu jouer un rôle notable dans la lutte, ne conçoivent leur épanouissement que dans le costume d’élu et s’automutilent en pataugeant dans les méandres de la politique politicienne. Cette aliénation se manifeste aussi chez des militants n’ayant pourtant pas d’ambitions personnelles. Capables de faire de gros efforts financiers et de se mobiliser en continu lors des campagnes électorales, ils n’ont pas le même esprit de sacrifice entre les échéances ou pour soutenir d’autres fronts de lutte.

Au bout du compte, nous considérons que la lutte sur le front électoral doit rester une option, parce

  • qu’elle est l’occasion de faire connaitre les analyses alternatives,

  • qu’elle confère une certaine légitimité face aux colonialistes,

  • que les élus locaux peuvent intervenir sur le quotidien, même si c’est à une échelle réduite.

Cependant, la participation aux élections ne peut se justifier que si elle fait partie d’une stratégie globale dont l’objectif est la libération nationale, si les candidats proposés sont réellement des personnes impliquées dans le travail d’organisation des masses et porteuses de projets alternatifs. Si ces conditions ne sont pas réunies, l’abstention et, si nécessaire, l’appel au boycott sont entièrement justifiés.

Bien sûr, aucune intervention sur le front électoral ne pourrait être immunisée contre les luttes de ligne politique qui traversent tous les mouvements. La capitulation de SIRIZA face au chantage des banques en Grèce, les luttes de clan au sein de PODEMOS en Espagne, ou les dérives du Mouvement 5 étoiles en Italie, sont particulièrement instructives à cet égard.

Aussi, dans notre stratégie de lutte pour la souveraineté et l’émancipation, devons-nous combattre sans concession l’illusion qu’on gagnera du temps en réalisant des alliances politiciennes ou en privilégiant la carte de la personnalisation au détriment de l’organisation des masses. L’implication des masses dans la construction de l’alternative et l’organisation de la résistance, leur contrôle réel sur tous les processus décisionnaires restent la condition indispensable, incontournable et prioritaire de la libération et de l’émancipation. Cela est possible, par la formation et l’organisation de notre peuple au niveau de nos quartiers et dans les secteurs divers, comme dans la vie professionnelle, culturelle, économique et sociale. Nous défaire de toute forme d’illusion, consacrer nos compétences et notre énergie à la réalisation des taches véritablement déterminantes pour l’avancée de notre lutte de libération, c’est ainsi que nous servirons valablement notre peuple.

Pour le CNCP : Le Président, Jean ABAUL, le Porte-parole, Alain LIMERY, le Secrétaire, Léon SEVEUR, le responsable aux affaires extérieures, Robert SAE.

Beaucoup de gens ont été impressionnés par le saut quantitatif fait par la plateforme DIBAB-Décider la Bretagne pour la troisième vague de votations sur l’avenir institutionnel de la Bretagne le 07 juin prochain: Nozay, Rougé, Chevaigné, Plounévez-Moëdec, Riantec, Commana et Le Cloître-Saint-Thégonnec liste à laquelle il faut ajouter le Petit-Auverné ( qui votera le 14 juin ).

En effet 8 communes listées, 7 simultanément, et ceci pour la première fois en basse-Bretagne comme en haute-Bretagne…En s’attelant à proposer une alternative démocratique au plus grand nombre dans des communes rurales de tailles modestes comme Le Petit-Auverné ou le Cloitre-Saint Thégonnec ou bien en posant pour la première fois le problème dans une commune de Rennes Métropole ( Chevaigné ) les adhérents de Dibab montrent clairement leur volonté de donner la parole au peuple Breton. Un droit à la parole , un droit démocratique à s ‘exprimer sur l’avenir du territoire sur le quel nous vivons et travaillons qui n’était visiblement pas à l’ordre du jour de la dernière réforme territoriale.

Toutes sortes de bretons et de bretonnes s’investissent dans Dibab. Beaucoup de sans parti, des militants associatifs connus pour leur militantisme en faveur de la langue bretonne ou de la réunification de la Bretagne, des adhérents d’EELV , de l’UDB, de la Gauche Indépendantiste….Mais aussi de nombreux élus de petites communes qui en ont marre de la confiscation de la démocratie par les « communautés urbaines », des syndicalistes, des militants d’autres sphères ont fait connaître leur intérêt pour la démarche. La porte est grande ouverte pour peu que l’on adhère à la charte de la plateforme.

Les adhérents de Dibab ont réussi le tour de force de construire un cadre unitaire ouvert évacuant les tensions concurentielles entre forces participantes en se plaçant hors de la compétition électorale.

Pour notre part nous ne le cachons pas, nous privilégions ce front de lutte car il permet de construire la démocratie en Bretagne, par la base, sur la base de notre calendrier et non du calendrier électoral établi à Paris.

Nous souhaitons pour notre part, amener le peuple breton sur le chemin de la rupture démocratique, pour construire nous même une démocratie bretonne afin de choisir librement en tant que peuple un autre modèle économique sociale et environnementale.

Nous pensons que la propagande électorale classique (participation à tel ou tel scrutin ) peut permettre à la marge de diffuser de telles idées mais pas de les imposer au cœur du débat démocratique car c’est Paris qui convoque les élections et en fixe la date. Ce sont les médias parisiens qui donne le ton, déterminent les thèmes de campagne, l’enjeu du scrutin, choisissent les « outsiders ». Rappelez vous comment soudainement les dernières élections départementales sont devenues d’intérêt « national ».

Si nous voulons que le peuple breton brise le carcan idéologique, l’hégémonie culturelle issue du corpus républicain centraliste qui empêche tout expression « autonomiste » ou « indépendantiste » décomplexée il faut déplacer le débat hors du cadre institutionnel classique.

Si l’on regarde les premiers scrutins organisés par Dibab à Saint-Viaud , Langouet, Soudan on se rend compte au premier coup d’oeil que le nombre de voix en faveur de l’unité de la Bretagne et d’une forme de parlementarisme breton est bien plus élevé dans ces communes que le nombre de voix jamais recueillis par l’UDB ou toute autre formation « autonomiste » ou « indépendantiste » s’étant risqué à participer à un scrutin dans ces territoires. CQFD….

Le militant communiste Sarde Antonio Gramsci décrivait ainsi l’hégémonie culturelle pour expliquer l’échec des révolutions en Europe malgré les prédictions de Marx et d’Engels « L’hégémonie culturelle de la classe dominante agit par le biais de l’État et de ses outils culturels hégémoniques (écoles, médias, etc.) pour produire une adoption par la classe dominée des intérêts de la classe dominante. L’hégémonie culturelle décrit donc l’ensemble des processus de production du consensus en faveur des classes dominantes. ». Nous y ajoutons comme outil de domination le calendrier électoral imposé.

Construire le pouvoir populaire breton, l’unité populaire à travers Dibab nous semble la priorité bien plus que la participation aux élections présidentielles françaises. Quand aux territoriales de décembre prochain, quel intérêt d’y participer si ce n’est pour y porter l’exigence de l’organisation d’un référendum sur l’ensemble de la Bretagne portant sur son évolution institutionnel avec ou sans l’autorisation de Paris ?

C’est pourquoi nous invitons à organiser des votations dans vos communes en prenant contact avec Dibab pour que nous imposions nos thématiques dans le débat démocratique.

En attendant vous pouvez financer Dibab par un don…l’auto-organisation populaire , l’indépendance vis à vis des institutions à un prix ! A vous de jouer !

Des militants de la gauche indépendantiste….

 NB : Pour rappel voici les deux questions auxquelles les habitants des 8 communes précitées pourront répondre en juin :

          Êtes-vous pour la création d’une nouvelle région Bretagne intégrant la Loire-Atlantique et les quatre autres départements bretons ?

          Êtes-vous pour la fusion des conseils départementaux et du conseil régional dans une seule et même Assemblée de Bretagne ?

Dans un an auront lieu les élections municipales. Les militants de la Gauche Indépendantiste regroupés dans le comité Breizhistance de Rennes souhaitent par la présente faire connaître leur position et leurs disponibilités.

Si nous pensons que l’amélioration des conditions de vie du peuple passe nécessairement par la lutte dans le cadre de mouvements sociaux, nous ne sommes pas étranger à l’exercice électoral comme en témoigne notre présence depuis plusieurs années à des scrutins municipaux, cantonaux, ou législatifs dans le pays de Rennes et le département.

Ces élections interviendront dans un contexte spécifique :

-Une crise financière majeure au nom de la quelle on dégrade les conditions de vie des plus démunis, notamment les chômeurs, les ouvriers,  les femmes, les jeunes, les retraités.

-L’arrivée au gouvernement central d’une majorité PS/EELV depuis plusieurs mois.

-La perspective d’une nouvelle étape de la décentralisation qui n’apportera visiblement rien de bon en termes de démocratie locale et de contrôle populaire sur les politiques des institutions locales.

Nous  pensons que ceux et celles qui à Rennes luttent pour l’égalité sociale, le partage des richesses, la défense de l’environnement, l’émancipation féministe, l’auto-organisation des masses populaires, la diversité linguistique  bretonne et la démocratie de proximité se doivent de se donner les moyens de participer au scrutin pour faire entrer dans l’institution municipale des voix qui seront le cheval de Troie de ces mouvements revendicatifs.

Cet appel à l’unité populaire pour construire une liste  de gauche farouchement indépendante du Parti Socialiste et de ses alliés se doit de prendre en compte la réalité locale de la gauche anticapitaliste sans perdre de temps avec des accords d’appareils conclus  à Paris ne recouvrant aucune réalité ici en Bretagne.

Quatre axes revendicatifs articulent notre appel :

-Rennes ville populaire ou la recherche de la justice sociale, la défense des emplois socialement utiles vers la transition écologique , le partage des richesses, le droit au logement, la gratuité des transports en commun, l’accès au services publics, l’accès à la culture pour tous, l’arrêt de la télé-surveillance… doivent primer sur le politique de gentrification (phénomème urbain  d’embourgeoisement)  incarnée par la construction d’hôtels de luxe, de centre des congrès d’affaires et d ‘opérations de prestige résultant d’une politique bling-bling.

-Démocratie directe : Les rennais doivent être associés de manière plus démocratique à la gestion de la cité par la mise en place d’un budget participatif élaboré et voté dans des conseils de quartiers au plus prés de la réalité comme cela se pratique dans de très nombreuses villes .

-Autodétermination pour la Bretagne : Si on sait de choses du projet de loi de  sur la décentralisation du gouvernement central il semble bien qu’il s’agira d’une coquille vide qui ne garantira pas du tout une juste répartition des équipements et services entre Paris et la Bretagne, ou entre zones rurales et urbaines. Pire elle créera un échelon supplémentaire au mille-feuille institutionnel français, (commune, communauté de communes, pays, département, Région, Etat…) en créant la métropolisation qui assoira définitivement la mainmise des grandes villes sur les finances publiques. Face à cela, Rennes, une des capitales de la Bretagne, doit voir sa vie municipale animée par des élus affirmant le droit du peuple et des travailleurs de Bretagne à librement déterminer leur projet institutionnel de Brest à Clisson,  pour garantir une juste répartition territoriale de l’emploi, des richesses, des biens culturels, des services publics de santé ou d’éducation.

-Défense de l’environnement : Pour en finir avec la pseudo gauche Veolia/Vinci à la tête de la municipalité depuis plusieurs mandats , construisons une opposition de gauche indépendante  n’ayant rien à voir avec les caciques du PS local  (Nathalie Appéré députée de la 2e circonscription et secrétaire nationale adjointe à la décentralisation en tête) qui décidemment semblent bien frileux à la municipalisation du service de collecte de distribution de l’eau, qui ont tous justifié la répression violente qui s’est abattue sur les résistants au projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes et défendu la prétendue nécessité de ce projet néfaste à l’agriculture , à l’environnement et à l’équilibre territorial  de la Bretagne (Nathalie Appéré en tête lors d’une conférence de presse d’élus socialistes de « l’Ouest » au Palais Bourbon le 28 novembre 2012). Pour le défendre, malgré l’opposition populaire rappelons que ce sont les  mêmes qui à la Région Bretagne, à Rennes Métropole , au Conseil général d’Ille et Vilaine ont donné de l’argent public par millions pour aider la multinationale Vinci à saccager la planète.

Pour construire cette alternative démocratique nous proposons aux rennais et rennaises partageant entièrement ou en partie notre point de vue à venir échanger avec nous à  la maison de quartier de Villejean le 19 mars à 20h salle Auguste. De même nous adressons cette invitation aux sensibilités organisées et présentes dans les luttes sociales ou aillant participé à nos côtés lors de précédentes échéances électorales afin de  venir débattre de notre proposition.

La gauche indépendantiste rennaise, Breizhistance-IS.

Article publié dans le Mensuel de Rennes le vendredi 15 mars 2013rennes-la-gauche-independante-prepare-les-municipales-14009.html

Alors que le texte de de loi sur le “mariage pour tous” passera devant le parlement français le 29 janvier prochain, en Bretagne comme en France plusieurs manifestations se sont déroulées pour empêcher l’accès au mariage aux homosexuel-le-s, ou au contraire pour le soutenir et dénoncer l’homophobie ambiante. Breizhistance-IS vous propose ici la contribution d’un sympathisant nantais qui rappelle que la lutte contre les discriminations commence d’abord par le revendication de l’égalité des droits.

“J’ouvrirai le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels.” *François Hollande lors de la campagne pour les présidentielles

13 ans après l’adoption du Pacs que même la droite trouve maintenant légitime alors qu‘il devait entraîner le monde dans les abîmes du péché, le parti socialiste français va t’il avoir le courage politique de ses idéaux?

L’inégalité entre couples hétérosexuels et homosexuels va t’elle enfin être abolie totalement ou n’allons nous avoir que des bribes égalitaires comme ce fut le cas il y a 13 ans? Le « sous » mariage était une avancée, un symbole diront les plus optimistes. Il nous a pourtant montré à l’époque que la droite n’avait pas le monopole de l’homophobie et que la gauche française dans sa majorité considérait que « la famille » ne pouvait être gérée encore et toujours que sur le modèle patriarcal et hétéro-sexiste(1).

13 ans ont passés, les homosexuels sont mieux acceptés, plus visibles. Tout le monde a maintenant un « ami pédé » , pourtant seulement deux députés gays à l’assemblée sur 577, pas un sénateur. A croire qu’il ne fait pas toujours bon sortir du placard dans les grandes instances françaises. Devant une telle assemblée hétérosexuelle et sûr de sa supériorité le texte de loi sur le « mariage pour tous » a donc créé la situation actuelle.

Il y a 13 ans les manifestations de Christine Boutin et de l‘aile « respectable » de la droite française se mêlaient déjà aux rassemblements des catholiques intégristes qui scandaient « les pédés au bûcher! », aujourd’hui nous vivons exactement la même situation avec Frigide Barjot(2) qui passe ses journées à se justifier de ne pas être homophobe mais qui manifestera main dans la main avec Civitas(3) dont les membres crient « les pédés on va vous crever! » dans leur cortège. Les prochaines manifestations contre le « mariage pour tous » ne pourront donc plus nous leurrer puisque l’extrême droite française est convié ouvertement à grossir les rangs des réactionnaires.

Pour la Bretagne les cortèges homophobes n’ont pas été très impressionnants malgré des organisations catholiques très présentes, qui ont sans doute préféré aller à la manif parisienne. Leur plus gros rassemblement en Bretagne a été celui de Nantes où 3000 personnes ont applaudi un flash mob d’enfants (qui parle d’instrumentalisation?) le tout dans une ambiance plutôt calme. Les manifs pour l’égalité ont eu lieu à Brest, Lorient, Rennes et là encore Nantes a eu la plus forte mobilisation.

Malgré une ambiance colorée et festive dans les rassemblements des « manifs pour tous » (terme flou récupéré par Frigide Barjot et ses comparses pour créer une confusion politique nuisible) leur revendication est tout simplement de ne pas accorder aux homosexuels les droits qu’ils trouvent légitiment pour les hétérosexuels.

Vouloir faire une hiérarchie entre les couples hétérosexuels et les couples homosexuels c’est être homophobe! Penser que les homosexuels ne sauront pas éduquer des enfants alors que c’est déjà le cas dans des milliers de familles c’est être homophobe ! Vouloir laisser perdurer la situation juridique précaire des familles homoparentales et de leurs enfants c’est être homophobe ! Le problème pour les enfants qui vivent dans des familles homoparentales c’est l’homophobie ambiante, pas les homosexuels!

Le débat tant réclamé par la droite n’est en fait que de la poudre aux yeux (vu qu‘il y a eu 50 auditions à l‘assemblée nationale où très peu de députés de la droite française ont daignés se déplacer), les seules questions que l’on soit en droit de se poser sont:
-Est on oui ou non d’accord avec la situation inégalitaire actuelle?
-Le fait que les homosexuels doivent avoir les mêmes droits que les autres doit il vraiment faire débat?

Etre contre le projet de « mariage pour tous » et dire ne pas être homophobe est donc un non sens. C’est d’ailleurs là que la gauche française a encore du mal à se positionner. Le couac de la PMA(4) (retiré du projet mais qui aura un amendement par le groupe PSF de l’assemblée), la phrase malheureuse de Hollande sur la liberté de conscience des maires, les non dits de Ayrault sont autant de signes d’encouragement donnés aux homophobes de tous bords. Tant que le PSF tergiversera en se demandant si les homosexuels doivent avoir les mêmes droits que les hétérosexuels alors ce projet ne sera pas complet.

La Bretagne terre de liberté et de tolérance ne peut que se battre avec les progressistes qui défendent ce projet. A Nantes le collectif des Dures à Queer(5) a montré que la fierté était de notre côté et de celui des hétéros qui sont pour l’égalité lors de la manifestation du 15 décembre où près de 4000 personnes ont défilées.

Toute organisation progressiste devrait logiquement défendre ce projet de loi, mais nous ne signons pas un chèque en blanc aux socialistes français. La parole de Ayrault résonne autant dans les bureaux de Mittal, sur les chantiers de Vinci, sous les casques de la flicaille qui quadrille la ZAD que dans la geôle espagnole où est détenue Aurore Martin. Le parti socialiste français qui a abandonné le droit de vote des étrangers aux élections locales par manque de courage politique ne doit pas encore s’écraser face à cette France qui se droitise sans complexe. C’est d’ailleurs ce qu’était venu rappeler les Dures à queer et une centaine de personnes devant le local nantais du PSF le 20 novembre dernier suite au propos de Hollande sur la liberté de conscience.

En Bretagne comme ailleurs il est temps d’arrêter cette homophobie latente qui ronge nos vies. Ce projet de loi s’il est adopté sera un signe fort pour les autres états qui envisagent de telles lois, il ne faut pas oublier que 88 états pénalisent l’homosexualité (par de la prison, des travaux forcés, de la torture) et que dans 9 états elle est même passible de la peine de mort. Les bretons qui ont été les bougnoules de la France restent du côté des discriminés, les luttes sont liées et non pas concurrentes, une victoire ici ne peut que nous amener vers d’autres avancées sociales & politiques.

Les prochaines manifs pour l’égalité auront lieu à Nantes le 19 janvier 2013 et le 27 janvier à Paris.

Stéphane Bidge

1: l’hétéro-sexisme est le système de pensée qui considère l’hétérosexualité comme la seule norme valable: http://www.internationalcamp.org/spip.php?article299

2: Frigide Barjot, pathétique personnage des nuits parisiennes qui s’est reconvertie dans la défense des valeurs catholiques conservatrices sûrement dans le but de sauver son âme: http://adieufrigidebarjot.blogspot.fr/

3: Civitas, organisation d’extrême droite proche des milieux intégristes et des mouvements de jeunesse réactionnaires, proche idéologiquement du Renouveau Français, de l’Action Française et des sectes intégristes comme la Fraternité St Pie X très présente à Nantes.

4: Procréation Médicalement Assistée, un des points du projet où le gouvernement socialiste est très frileux. Il permettrait pourtant aux couples de lesbiennes d’avoir un enfant sans devoir aller se faire inséminer en Belgique ou dans l’état espagnol comme c’est le cas actuellement.

5: les Dures à Queer sont un collectif de transpédégouines visibles et fières, actif sur Nantes depuis 3 ans, anti racistes, anti fascistes et féministes, ils représentent un nouveau militantisme décomplexé et radical: http://dures-a-queer.tumblr.com/

Primael Petit, militant de Breizhistance vient de prendre la fonction de conseiller municipal à Saint-Herblain commune limitrophe de Nantes. Il a 32 ans et a grandit dans le quartier de Bellevue-Bernardière à Saint Herblain, depuis plus de dix ans c’est un militant de la Gauche Indépendantiste Bretonne. Le 27 octobre il participera à son premier conseil en tant qu’élu. A cette occasion nous lui avons posé quelques questions.

Primael a-hed ar redadeg evit ar brezhoneg

Peux-tu nous présenter brièvement ta commune ?

Saint Herblain c’est la 3e commune du département, avec ses 43 000 habitants c’est aussi la 10e plus grande ville de Bretagne. C’est une commune assez jeune et populaire, composée pour plus de la moitié d’employés et d’ouvriers. Nous avons la particularité d’être coupé en 2 par le periphérique Nantais, ce qui explique ce développement à 2 vitesses. D’un coté de grands ensembles de logements (Bellevue et le Sillon) et de l’autre l’ancien «Bourg» avec ses petits pavillons et même encore ses «villages». Autre particularité la présence de l’énorme centre commercial Atlantis. Hormis son côté commercial, cette zone reçoit de nombreuses activités proposées par la mairie, et même depuis quelques temps le forum de l’emploi ! Imaginez, faire la queue avec votre CV à la main au milieu d’une foule de badauds  qui poussent des caddies ! C’est une situation que l’on dénonce depuis longtemps..

Rappelle nous les circonstances qui t’ont amené à prendre la fonction de conseiller municipal ?

En 2008, Emgann avait initié une plate-forme électorale BREIZHISTANCE, avant que celle-ci ne devienne une formation politique à part entière l’année suivante. Dans ce cadre des candidats avaient été présentées dans divers cantons ainsi que sur des listes municipales. Le mouvement de la Gauche Indépendantiste était présent dans trois communes du pays nantais pour les élections municipales, Nantes, Rouans (une petite commune du pays de Retz) et donc Saint-Herblain avec la liste Saint-Herblain à Gauche Toute/Sant Ervlan a-gleiz penn da benn. Cette liste, outre des militants de BREIZHISTANCE étaient composées de quelques anciens adhérents d’Ensemble Saint-Herblain Autrement, de militants de la LCR, de syndicalistes et de personnes non encartées.
Nous avons réalisé le score de 7,76 % (1 292 voix), permettant ainsi à la liste d’obtenir un conseiller municipal. Nous avions fait le choix de mettre en place une rotation sur le poste d’élu, afin de conserver une vison et un travail collectifs de notre engagement, et de dénoncer l’accaparement du pouvoir et le cumul des mandats par certains élus de la métropole nantaise et de Saint-Herblain notamment. Jakez Caillaud, tête de liste, a été notre premier conseiller municipal, avant que Gaele Bertaud ne prenne la fonction avant moi, troisième sur la liste.

En tant que conseiller municipal, tu touches combien ?

Avoir un poste de conseiller municipal donne droit à 115€ brut je crois. Avec cette indemnité nous faisons vivre l’association que nous avons crée dans le but de poursuivre collectivement le travail autour de l’élu. Cela nous permet aussi de faire d’aider à certaines actions, nous avons ainsi acheté un kilomètre de la redadeg sur St Herblain par exemple. C’est clair, on est loin des indemnités de certains élus qui cumulent les mandats et nous ne voyons pas notre rôle de cette manière.

Contribution de Primael au magazine municipal, cliquez pour agrandir

Sur quelles bases s’est présentée SHAGT (Sain-Herblain à Gauche Toute) ?

Jusqu’alors, Ensemble Saint-Herblain Autrement (ESHA) représentait une opposition de Gauche à la majorité municipale PS, et pesait 15 à 20 % des voix. Après avoir rejoint Les Verts pour la plupart, ma majorité des adhérents d’ESHA ont choisit en 2008 de se présenter dès le premier tour avec la liste PS. Certains herblinois et herblinoises qui avaient pris part ou suivit ESHA jusqu’à présent ne se sont pas retrouvés dans ce choix et ont exprimé la nécessité de présenter une liste d’opposition de gauche à Charles Gauthier. Les militants Herblinois de la gauche indépendantiste se sont donc retrouvés avec ceux-ci et la LCR locale.
Face à un PS qui concentre les pouvoirs et qui s’est écarté depuis longtemps des intérêts des travailleurs et des travailleuses il nous semblait, et il nous semble toujours important de construire et de porter une alternative politique sociale et écologique qui ne se satisfasse pas du système économique actuel.
Le projet que nous avons présenté aux électrices et électeurs met l’accent sur la justice sociale, en terme de fiscalité locale, de logement et de transport notamment, mais aussi à propos de certains marches publics ou délégations trop souvent laissés dans les mains du marché privé, avec des sociétés comme Véolia et Vinci omniprésentes dans la métropole. De même nous ne manquons pas une occasion de dénoncer le système communautaire actuel qui prive les élus municipaux d’un véritable pouvoir d’action sur ces sujets, au profit des conseillers non élus de la communauté urbaine de Nantes Métropole. Nous ne sommes pas contre le regroupement entre les communes dans certains domaines, mais celui-ci doit se faire dans un cadre démocratique. Enfin nous sommes clairement engagés pour une action de la municipalité en faveur de l’unité administrative de la Bretagne et de la langue bretonne avec la signature de la charte “Ya d’ar Brezhoneg” et de la démocratie locale en générale.

Comment vois tu-ton rôle de conseiller municipal ?

Tout d’abord, n’avoir qu’un poste d’élu ne permet pas de mettre en place les politiques que nous voudrions. Mais l’intérêt est aussi de pouvoir s’en servir pour se faire l’écho des luttes à l’intérieur d’un conseil municipal parfois refermé sur lui même. En ce sens nous sommes intervenu en conseil pour dénoncer la situation répressive à Notre-Dame des Landes et le projet d’aéroport, nous avons aussi pu apporter notre soutien à des salariés en lutte. Mais nous prenons bien sûr aussi part à plusieurs commissions. Sans permette d’influencer considérablement les propositions politiques qui y sont faites nous pouvons cependant y donner notre avis, et surtout nous informer, c’est un travail de vigilance permanent, mais aussi de formation régulier pour nous qui ne sommes pas des professionnels de la politique. A travers les mobilisations sociales, la construction de projet alternatifs, notre rôle est donc aussi d’amener la population à prendre ses affaires politiques en main. Nous souhaitons aussi avoir une vision, et si possible une démarche politique cohérente à l’échelle de la métropole. C’est en ce sens que nous proposons des réunions publiques comme celle que nous organiserons Mardi 16 Octobre*

* Quelle place pour les habitants, les associations, la municipalité dans l’organisation d’activités socio-culturelles et éducatives dans la ville ?

Un service performant d’accueil des enfants, hors périodes scolaires, est un des besoins premiers de la population. Les activités à destination du jeune public, adolescents et jeunes adultes, constituent également un enjeu social majeur, comme lieux d’ouverture voire d’insertion pour les jeunes, en dehors des temps scolaires et hors du cadre familial. La participation des habitants, associations, salariés, à l’élaboration du projet social de l’animation jeunesse peut conduire à des choix ne répondant pas aux attentes des institutions. Les villes choisissent et expérimentent différentes réponses à ces questions. Nous vous invitons à venir échanger sur ces sujets

Mardi 16 octobre, 20h00, Salle Jean Jaurès, 40 rue Jean Jaurès Rez-de-Chaussée à Rezé, à l’initiative de Rezé à Gauche Toute et Saint-Herblain à Gauche Toute

Avec un total de 2161 voix, soit 4,46 % des suffrages, nous avons obtenu un score plus qu’ honorable portant les voix dans les urnes d’un discours assumant clairement la nécessité de la défense de l’environnement, du maintien de l’activité agricole et de l’accès à la terre pour les jeunes comme axes centraux de l’action politique, préoccupations indissociables de l’engagement anticapitaliste et de la lutte pour le droit du peuple breton à décider lui même de son avenir dans le cadre d’institutions locales spécifiques.

Il est évident que Dominique Julaud (candidat Alliance Centriste soutenu par l’UMP ) ne peut même pas essayer de nous faire croire qu’il partage ces préoccupations.

Pour autant à quelques heures du deuxième tour il ne saurait être question d’appeler servilement à voter pour le candidat du PS. C’est à Jean-René Marsac de s’engager clairement en faveur de l’arrêt du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes dans la circonscription voisine de Chateaubriant-Ancenis et contre les tentatives d’expulsions qui viennent d’y reprendre contrairement à l’accord signé entre les opposants et le PS le 8 mai dernier. Jean-René Marsac ne pourra se réclamer du projet pour lequel on voté ceux et celles dont les nombreux suffrages se sont portés sur mon nom et celui de mon suppléant, qu’en se positionnant sans ambiguïté sur le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, ainsi qu’en faveur d’une institution démocratique de proximité au service de tous les bretons, dans une Bretagne réunifiée nous permettant de décider ici et non à Paris ou à Bruxelles ce qui est bon pour nous et notre terre.

Eloise Cordier, candidate pour Breizhistance-IS dans 4e circonscription d’Ille et Vilaine