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Autour de 50 000 personnes, plus de 500 tracteurs, la mobilisation contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, samedi dernier à Nantes est un véritable succès. La Gauche Indépendantiste Bretonne (BREIZHISTANCE-IS) tient à féliciter les organisateurs de la manifestation et leur apporte son plus fervent soutien dans le véritable procès d’intention politico-médiatique qui lui est fait depuis samedi.

Manifestadeg_Naoned_NDDL_ZAD_22_02_14_2Cette mobilisation historique souligne le caractère extrêmement populaire et croissant de la mobilisation contre la lubie de l’ancien maire de Nantes et actuel premier ministre, Jean-Marc Ayrault. C’est une véritable réussite en terme d’auto-organisation et de démonstration de force.

Manifestadeg_Naoned_NDDL_ZAD_22_02_14_3Malheureusement cette réalité est occultée par les médias et le pouvoir qui dénoncent la violence « inexcusable, inacceptable, … » des manifestants et axent leurs commentaires sur les tensions entre le PS et EELV comme leur a suggéré le premier ministre dans son communiqué de presse du samedi 22 février au soir.

La « violence » dénoncée, consiste en une quantité importante de peintures déversée sur plusieurs murs de la ville, quelques vitrines de banques et d’agences immobilières cassées, les locaux et deux engins de chantiers de Vinci saccagés, ainsi que des locaux représentant les pouvoirs publics, le commissariat Olivier de Clisson, des locaux de la Semitan, des projectiles, principalement pavés et canettes, jetées contre les forces de l’ordre aspergeant le centre-ville de lacrymogènes et d’eau… Si ces modes d’action sont loin d’être partagés par tous, la colère qu’ils sous-entendaient, elle, était dans les cœurs et dans les têtes des manifestants. Cette « violence » n’était pas « aveugle » comme le disent aujourd’hui les médias. Elle est bien sûr dirigée contre le pouvoir, le gouvernement PS-EELV, les collectivités locales, qui s’entêtent et s’obstinent dans la menée du projet alors que tout dénonce l’inutilité et l’erreur qu’il constitue. Projet dont les seuls bénéfices iront à la multinationale Vinci et seront payés par la collectivité. Par ailleurs il est évident que le préfet de Loire-Atlantique a sciemment fait monter la tension en restreignant le droit de manifester de façon drastique dans Nantes, à quelques heures du rassemblement et en déployant un nombre de policiers dignes d’un sommet international de type G8, empêchant ainsi toute fluidité du cortège. Il est tout aussi évident que les forces de police ont laissé faire et attisé les violences pour qu’elles soient instrumentalisées par la suite par l’État. Ce dernier, dans une impasse et à court d’arguments, tentant ainsi d’amadouer l’opinion publique. Sa dernière carte ?

"la violence des casseurs"
“la violence des casseurs”

Peu de médias ou de personnalités politiques ont eu un mot pour les manifestants blessés, voire tabassés, les familles aspergées sans discernement de lacrymogènes. Rien sur les dizaines de manifestants se précipitant aux urgences suites à des blessures par explosions de grenades assourdissantes. Rien sur le dévouement du personnel soignant de  l’hôpital de l’Hôte-Dieu ayant eu réquisitionner des internes pour faire face au travail. Rien sur Quentin, jeune manifestant qui a perdu un œil suite au tir tendu d’une grenade assourdissante.

Patrick Rimbert, maire intérimaire de Nantes, occupé à grossir la réalité des destructions en proposant un avocat à ceux ayant subi des préjudices matériels, n’en fait étonnamment pas de même avec Quentin, qui dans sa ville a subi des tirs non réglementaires de la part des forces de l’ordre.

Quentin, opposant à l'aéroport ayant perdu son oeil suite à tir tendu de grenade"
Quentin, opposant à l’aéroport ayant perdu son œil suite à tir tendu de grenade”

Qu’on le veuille ou non, depuis les tentatives d’évacuation extrêmement violentes de la ZAD à l’automne 2012, en même temps que la mobilisation croissait, une certaine colère s’est installée face à la violence du passage en force du projet. Plutôt que d’analyser ces faits et la montée en force de ses opposants, le premier ministre instrumentalise les violences au profit d’un jeu de pouvoir interne entre PS et EELV, « Violences à Nantes : Vives tensions entre PS et EELV » titre Ouest-France lundi. C’est pitoyable, mais surtout très stratégique. Les discours du préfet, du maire de Nantes et du chef du gouvernement sont parfaitement concordants et cherchent à diviser le mouvement d’opposition, ceci afin de préparer et justifier une prochaine intervention policière sur la ZAD. Il est regrettable que certains leaders d’EELV se prêtent à ce petit jeu ! Rappelons qu’ils participent au gouvernement qui fait la guerre au Sahel pour les intérêts des multinationales AREVA et VINCI.

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Le gouvernement suspend l’application de l’écotaxe quand les Bonnets Rouges détruisent les portiques et il recule face aux violences et intimidations de l’extrême-droite qui s’opposent au mariage pour tous. Les élus locaux qui réagissent au quart de tour pour répondre aux injonctions d’Ayrault et condamnent « la violence de la ZAD » tout en s’abstenant de dénoncer les blessés graves parmi les manifestants manquent cruellement de sens des responsabilités et de l’engagement. Le degré de mobilisation et de rapport de force de samedi est historique dans la lutte contre le projet. Il ne doit pas retomber et être entretenu.

La gauche indépendantiste appelle l’ensemble des opposants à ne pas céder aux pressions médiatiques et politiques et à rester mobilisé jusqu’à l’abandon définitif du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes!

Comme à Plogoff et au Carnet, le peuple breton a toujours gagné !

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La Gauche Indépendantiste (Breizhistance-IS)

Environ 150 personnes ont assisté au Forum Citoyen de Bretagne organisé par la plateforme « Libérons les Énergies en Bretagne » samedi 15 juin à Nantes. La journée avait commencé par un pique-nique militant sur les bords de Loire organisé par 44=Breizh et installé devant le forum « Pays de la Loire 2040 ». Quatre fourgons de CRS étaient présents… pour le pique-nique !!

Malgré cette présence policière, cette première présentation de la plateforme à Nantes était donc réussie. Surtout nous avons pu assister à des débats pratiques et très intéressants avec la salle.

Une première partie du forum a été prise par la présentation de la plateforme que l’on peut résumer en deux grands thèmes.

  • D’une part des revendications linguistiques : Charte européenne des langues minoritaires, statut de co-officialité de la langue bretonne, télévision publique bretonne émettant au moins 30h/semaine en breton.
  • D’autre part des revendications institutionnelles : Unité territoriale de la Bretagne dans le cadre d’une collectivité unique, une assemblée bretonne nouvelle avec compétences législatives et réglementaires à l’image des parlements Écossais, Catalans, etc …

Anna Gwegen, Jonathan Guillaume et Fañch Oger, ont pris la parole en français et en breton (l’intervenante catalane a de plus été remerciée de sa participation en catalan) pour présenter la démarche initiée par la plateforme. Si ce type de plateforme n’est pas inédite en Bretagne, c’est sans doute la première fois qu’elle rassemble un éventail aussi large d’organisations. C’est la première fois que des associations comme Divyezh ou Ai’ta, pour ne citer qu’elles, mais aussi certaines organisations politiques, assument clairement la revendication d’un parlement pour la Bretagne et d’un statut officiel pour le breton. Il y a donc ici quelque chose de nouveau qui ne peut s’arrêter là !

Jonathan Guillaume, Fañch Oger, Anna Gwegen et Ana Gabriel à la tribune

Dans un deuxième temps Yann Choucq, Naïg Le Gars (qui remplaçait Jean-Pierre Massias pour nous présenter la plateforme basque Batera) et Ana Gabriel représentante catalane de la CUP ont pris la parole.

Yann Choucq, célèbre avocat nantais connu notamment pour être un des fondateurs de Skoazell Vreizh, nous a présenté la situation juridique actuelle concernant les différentes revendications de la plateforme. Si cet exposé entrouvrait certaines possibilités, les échecs de l’Amendement De Rugy-Le Fur ou du statut de co-officialité de la langue corse voté par l’Assemblée Territoriale Corse, mais invalidé par le ministre de l’Intérieur il y a quelques semaines, ont démontré les incapacités des institutions actuelles à répondre à nos attentes démocratiques.

Naïg Le Gars, conseillère régionale UDB, s’est rendu il y a quelques semaines au Pays Basque pour assister aux assises de la plateforme Batera, et ainsi pu nous présenter l’exemple basque qui ne manquera pas d’inspirer les membres de la plateforme « Libérons les énergies en Bretagne ». En organisant en 2010 une votation citoyenne dans 124 commune sur les 159 que comporte le pays basque nord ils ont donné un poids sans précédent à leurs revendications (une collectivité basque, une chambre d’agriculture, la co-officialité de la langue basque, la création d’une université) et construit un rapport de force clairement en leur faveur !

Ana Gabriel, coordinatrice du groupe des députés de la gauche indépendantiste au parlement catalan, a quant à elle présenté l’organisation du référendum d’initiative populaire organisé entre 2009 et 2011 en faveur de l’indépendance de la Catalogne. Dans les 531 communes sur 946 que compte la Généralité de Catalogne, la participation a atteint près de 30%, avec un pourcentage nettement en faveur de l’indépendance (93%) ! La mobilisation populaire induite par la participation à ce referendum purement symbolique, lancé à la base dans et par une seule petite commune de la côte Arenys de Munt, a permis selon Ana Gabriel de placer la question de l’indépendance au centre du jeu politique catalan.

Jonathan Guillaume, Naig Le Gars, Yann Choucq et Ana Gabriel à la tribune

En conclusion, les membres de la plateforme ont clairement présenté l’organisation d’une votation citoyenne comme une possibilité nouvelle d’entrainer une mobilisation populaire autour des points de revendication de la plateforme. La plateforme se réjouit aussi de l’organisation des assises de l’Association des Régions de France en Bretagne, à Nantes, les 19 et 20 septembre. « Assises auxquelles la plateforme ne manquera d’apporter sa contribution » 😉

Nantes, aujourd'hui
Nantes, aujourd’hui

Alors que les combats étaient en cours aujourd’hui à Notre-Dame, que plus de 10 000 manifestants assiégeaient la préfecture à Nantes,  le gouvernement lache du lest devant l’importance prise par la mobilisation en faveur de la lutte contre l’aéroport.

Dans un communiqué commun samedi matin, les ministre de l’Agriculture, de l’Ecologie (Delphine Batho) et des Transports (Frédéric Cuvillier) ont annoncés “le renforcement des procédures en faveur du respect de la biodiversité et de la préservation des terres agricoles“.Ces nouvelles procédures, notamment “l’examen par un comité scientifique“, signifient qu’il n’y aura pas de défrichement à Notre-Dame-Des-Landes avant 6 mois.

Forêt de Rohanne, Notre-Dame-des-Landes, aujourd’hui

La forêt de Rohanne ne sera donc pas détruite cette hiver ! Ces manœuvres du gouvernement ne trompe personne, il ne s’agit évidemment pas de problème de “préservation de la biodiversité des terres agricoles”, mais bien de “gagner du temps”. Nous ne devons pas laisser endormir la lutte, partout en Bretagne et ailleurs allons demander des comptes aux élus du PS qui soutiennent l’occupation et la répression à Notre-Dame et votent les subventions à Vinci.

Solidarité avec les inculpés et les bléssés d’aujourd’hui, comme à Plogoff et au Carnet, nous gagnerons à Notre-Dame !

Vendredi 23 novembre, 38e jour depuis le début des grandes opérations d’expulsion, aura été une nouvelle journée de destruction et de violence menée par les forces militaires et policières qui tentent d’occuper une partie des communes de Notre-Dame-des-Landes et Vigneux-de-Bretagne.

6 jours après la manifestation de réoccupation qui aura réunie près de 40 000 personnes, le gouvernement n’a pas hésité à reprendre les opérations. Lui qui a affirmé agir par «force à la loi» dans le dossier de l’aéroport n’a pas hésité à envoyé les gaz lacrymogènes à 6h du matin à l’intérieur des cabanes collectives construites lors de la grande manifestation de samedi dernier. Le matériel, les outils, les groupes électrogènes ont été volés ou saccagés par les forces de l’ordre, les vitres des bâtiments cassées. Pourtant ces maisons étaient construites sur un terrain couvert par l’accord signé avec le PS après les grèves de la faim du printemps dernier. Un arrêté préfectoral a ordonné l’opération sur le terrain privé sans que celui-ci ne soit averti.

Pas de médiateur !

La journée du vendredi 23 novembre nous montre encore une fois l’entêtement aveugle et dangereux du gouvernement. Jean-Marc Ayrault ne peut plus espérer «sortir par le haut» de cette affaire et il ne renoncera pas sans être acculé. Le mal a été fait à Notre-Dame et les «médiateur» et «médiations» réclamés encore aujourd’hui par Europe Ecologie et le Parti Gauche ne les effaceront. De même cette stratégie peut aujourd’hui apparaître comme celle qui pourrait d’une certaine manière endormir la lutte.

La résistance s’amplifie

Malgré la diabolisation et les intimidations, la résistance s’amplifie avec les expulsions sur le terrain. Des centaines de personnes arrivent sur la ZAD ce week end pour reconstruire encore. Aujourd’hui, des centaines de rassemblements ou actions de soutien ont eu lieu dans tout l’Hexagone pour dénoncer les opérations militaires sur la ZAD. Celles-ci ont été particulièrement importantes en Bretagne. Les ponts de Saint-Nazaire et de Cheviré ont été bloqués par des manifestations spontanées dans la journée ainsi que les bacs d’Indre et de Couëron. Dès le matin à Lorient une centaine de personnes ont perturbées la conférence de presse de Manuel Valls et J.-Y. Le Drian (ancien maire de la ville). A Rennes la préfecture a été encerclée par 250 personnes qui ont jetés de la terre sur les gardes mobiles et sur le bâtiment où devait remettre le ministre des armées une médaille à un industriel. Les gardes mobiles ont sortis les lacrymos et le jet d’eau. A Brest, 200 personnes ont occupées la mairie !

François Cuillandre maire PS de Brest entouré de manifestants

Mettre la pression sur le parti socialiste

Les ministres bretons du gouvernement sont contestés dans leur propre ville comme il n’est pas coutume. Des militants de la fédération PS d’Ille et Vilaine demandent l’ouverture d’un débat en interne sur la réalité de ce projet d’aéroport. Le 5 novembre dernier des dizaines d’opposants avaient investis la permanence du député Yves Daniel à Derval pour lui demander des comptes. Les comités de soutien de Bretagne et des départements limitrophes seraient sans doute inspirés d’eux aussi pour aller demander des comptes à ces élus. FAISONS SENTIR DE PRES LA COLÈRE DU PEUPLE !

Abandonner le projet,

Comme lors de la lutte du Carnet, la seule issue possible pour le gouvernement face à cette résistance sans-égal a l’heure actuelle est bien une décision politique d’arrêt du projet. La lutte s’amplifie et ne s’affaiblira pas malgré la répression et les violences, le tout est de savoir à quel moment le gouvernement se rendra compte qu’il organise lui même un «kyste» de révolte social qui ne demande qu’à prendre l’ampleur des révoltes des peuples d’Athènes ou de Barcelone. Nous devons réclamer l’abrogation de la DUP et l’annulation des arrêtés préfectoraux, l’arrêt des poursuites et la restitution des terres !

BREIZHISTANCE-IS

Le 5 novembre dernier, une délégation de quelques dizaines d’opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes étaient venus interpeller à sa permanence de Derval, le nouveau député de la circonscription, Yves Daniel. Résidents des environs de Notre-Dame-des-Landes, la délégation était venue dans le but de réclamer le retrait du dispositif militaire sur-dimensionné mis en place dans la commune. « Le député de la circonscription n’a pas encore constaté la situation sur le terrain, avec 1 200 policiers en permanence, c’est inadmissible. Nous sommes là pour faire cesser ces violences, imposer le retrait des forces de l’ordre et amorcer un dialogue de fond qui n’a jamais eu lieu entre les opposants et les porteurs du projet » avait alors déclaré Michel Tarin.

Le 5 novembre à Derval

Parfois décrit comme « Peu de chose, multipliant les lapsus et les malentendus, s’exprimant peu, maladroit dans l’usage de la langue bois » concernant le dossier de l’aéroport, le député s’était quand même engagé à faire remonter la demande de ses concitoyens en interpellant le groupe socialiste pour une intervention à l’assemblée nationale , il se positionnait alors « pour un retour à la vie normale » et déclarait « On n’a pas besoin d’une « armée » pour sécuriser le site. »

Aujourd’hui, bien calée avec les déclarations péremptoires du premier ministre dans la presse «l’aéroport se fera», Yves Daniel est intervenu à l’assemblée.

Voir la vidéo

Pour Yves Daniel comme pour la préfecture il y avait «13 500 manifestants» le 17 novembre dernier à Notre-Dame, alors que tous les médias soulignent la réussite d’une manifestation qui a réunie entre 30 à 40 000 personnes. Après le jeu classique d’opposition entre acteurs de la lutte, où les uns «combattent le système» et les autres «souhaitent remettre en cause tout modèle de développement au non de la démocratie»; celui-ci déclare : «nous avons toujours dialogué». Il avait pourtant refusé tout débat citoyen sur le sujet durant la campagne législative et il n’a consenti à rencontrer des membres de l’ACIPA seulement à deux reprises, après la grève de la faim du printemps dernier et le 5 novembre 2012 contraint par le nombre.

Yves Daniel, entouré de deux promoteur de l’aéroport Jean-Marc Ayrault et Jacques Auxiette.

Au final une intervention où les vagues questions sur les compensations et la préservation de terre agricoles ne se soucient guère de trouver une réponse du ministre des transports. Rien d’étonnant en fait dans ces mensonges et contradictions, car l’important n’était-il pas de conforter la position du premier ministre et du gouvernement ?

Yves Daniel est loin d’être Bernard Lambert*, et PS d’être socialiste. Les déclarations de fermeté stéréotypées du gouvernement fonçant tête baissée ne font que renforcer la détermination du mouvement historique de résistance qui se répand partout en Bretagne et au-delà face au grand projet inutile d’Aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

* l’équipe de campagne de Y. Daniel avait comparé son élection à celle de Bernard Lambert célèbre syndicaliste paysan du pays nantais. (cf “Les Paysans dans la lutte des classes”)

La mobilisation pour la réoccupation des terres à Notre-Dame-des-Landes le samedi 17 novembre est annoncée comme cruciale par beaucoup d’observateurs de la lutte contre le projet d’Aéroport du Grand Ouest.

Contre toute attente la rentrée sociale en Bretagne ne se sera pas faite là où on l’attendait. Ce ne sont pas les manifestations de la rentrée sur l’emploi industriel (9 octobre) ou les plans de licenciements estivaux en cascade à Doux ou PSA qui auront permis de faire émerger une contestation sociale du gouvernement PS-EELV, encore mois les rendez-vous centralisés contre le Traité Budgétaire Européen ou la politique d’austérité annoncée par le rapport Gallois. Malgré certains silences médiatiques, c’est une lutte pour la terre et contre la logique mortifère du productivisme, qui aura marqué cette rentrée, la lutte de Notre-Dame-des-Landes contre «l’Ayrault-port».

Le PS, aura mis ces dernières semaines toutes ses forces, d’une part pour légitimer la répression contre ceux et celles qui s’opposaient aux expulsions et d’autre part pour criminaliser un mouvement de résistance qui ne cesse de croitre et de rappeler ceux historiques de Plogoff ou du Larzac. Ce projet est bien celui imaginé par l’actuel premier ministre alors qu’il était maire de Nantes, et ce sont ceux qui lui sont le plus redevables, les élus PS de la métropole, du département et de la région, qui sont aujourd’hui ses plus virulents partisans.

Rappelons le, ce projet d’aéroport est inutile. Contrairement à ce qu’ils tentent d’affirmer l’aéroport de Nantes-Atlantique n’est pas dangereux, c’est l’avis de la DGAC. Il ne pourra pas plus accueillir l’airbus A 380 que l’actuel aéroport. Nantes-Atlantique n’est pas saturé, de l’aveu du président de Vinci Airports «Ce transfert n’est pas une réponse à des problèmes aéronautiques, mais un choix politique». C’est en milliard d’euros d’argent public qu’il faut compter le prix de cet aéroport privé et de ses infrastructures (routes, ponts, …), dont les pertes seront financées par les citoyens et les gains éventuels accaparés par Vinci. Ce projet d’aéroport n’existe aujourd’hui que par la volonté de marquer de manière indélibile notre territoire de l’emprise politique de Jean-Marc Ayrault. Il n’est justifié que par la course en avant du modèle productiviste qui veut que «grands projets infrastructuraux» soient forcément synonyme de croissance et d’emplois. Alors que les mesures d’austérité visant la population s’empilent les unes après les autres, les ressources publiques, notamment sur ce type de projet, doivent être utiles et placées sous un contrôle réellement démocratique. Les collectivités ne peuvent voter de tels financements sans consulter la population.

Retrouvons nous tous dès 10h30 au parking de la salle du chêne, près de la mairie. Ce projet d’aéroport se voulait international, mais c’est la lutte contre la destruction des terres de Notre-Dame qui lui aura donné cette renommée internationale. De partout en Bretagne et d’ailleurs, venons reconstruire les maisons détruite par Vinci et le PS, nous serons des milliers et comme à Plogoff, comme au Carnet, nous gagnerons !

Depuis un certain temps, nous avons l’habitude de subir les tentatives de criminalisation et de division du mouvement d’opposition au projet d’Aéroport du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes de la part des porteurs du projet. Mais ces dernières semaines, avec la vague de solidarité qui est née contre les expulsions, certains comme Jacques Auxiette se surpassent, dernièrement il a parlé de «dérive criminel des opposants», dans quel but ?

vinci et le parti socialiste
JM Ayrault et J. Auxiette en compagnie de Bernard Hagelsteen, préfet de Loire-Atlantique de 2007 à 2009, qui aujourd’hui “travaille” chez … VINCI, en temps que responsable des péages ASF.

Celui-ci s’est exprimé dernièrement sur la présumé agression d’un vigile à Fay-de-Bretagne dans la nuit de lundi à mardi et dont le communiqué de presse de la préfecture ne cesse d’être relayé, allant parfois jusqu’à à dire qu’il avait été «brulé vif». Selon la préfecture il se serait fait «attaqué par une vingtaine d’individus encagoulés, certains parlant anglais» alors qu’il gardait une maison évacuée hors de la ZAD. Sa voiture aurait été brûlée et lui molesté et «blessé aux mains et aux bras». Dans les minutes qui ont suivi le communiqué de presse de la préfecture, Jacques Auxiette s’est empressé de dénoncer «la dérive criminelle des opposants à l’aéroport» ! A ce jour, aucun lien n’a cependant été établi avec des opposants à l’aéroport. L’ensemble des opposants a d’ailleurs nié toute participation à cette action, l’ACIPA n’écartant pas une tentative de manipulation.

Rappelons que la violence a Notre-Dame vient d’abord des forces d’occupation qui sont venu ici détruire des habitations et des cultures, qui blessent régulièrement les opposants à coups de tirs de flashball, de tirs tendus de lacrymogène, de grenades assourdissantes, … Les principaux blessés que la préfecture déplore parmi les forces de l’ordre sont dus à des tirs de grenades lacrymo ou des chutes, et non à des opposants, qui eux ne se sont de toute façon pas armés. Étrangement tout ceci n’est pas relayé à la même mesure que l’évacuation, peut-être trop brutale, d’un vigile embauché par Vinci. Et pourtant même au sein du PS, n’en déplaise à Jacques Auxiette, plusieurs maires ont condamnés les violences des expulsions.

un camarade de breizhistance-IS blessé par un jet de grenade offensive à Notre-Dame-des-Landes

Les propos agressifs et intimidants de Jacques Auxiette et de ses collègues sont orchestrés de manière récurrentes. Lorsqu’il commente les propos millimétrés d’une Cécile Duflot déplorant la «répression et le manque de dialogue”, il dénonce des «propos irresponsables». Lorsqu’il parle d’occupants qui depuis trois ans ont cultivé la terre, construit des habitations, fait du pain, de l’artisanat, etc … il parle de «professionnels de la guérilla» ou «d’activistes professionnels», oubliant que son salaire de professionnel de la politique qui pourrait faire vivre les dizaines d’occupants de la ZAD. M. Auxiette se gausse d’un processus «démocratique» qui amène «88% des terrains a avoir été acquis à l’amiable», oubliant la détresse de bon nombre de petits propriétaires, les pressions morales de Vinci, et tout simplement la peur imposée par les déploiements militaires dans la zone qui ont commencé dès les premières enquêtes publiques. Philippe Grosvalet s’insurge contre deux tranchés creusées dans une départementale, omettant de dire qu’ils les cède à Vinci pour construire un aéroport.

A force de vouloir convaincre qu’il «ne faut pas confondre minorité violent venue d’ailleurs» et «riverains et agriculteurs», ils se convaincs eux-mêmes, négligeant de voir qu’il y a face à eux une vraie résistance populaire. Cet incident survient alors même qu’un dossier publié le mardi 13 novembre dans Ouest-France consacrait la solidarité entre les différents acteurs du mouvement, bien loin de l’image que tente d’imposer la préfecture et le PS.

Ce projet est inutile et scandaleux, sa construction se fait contre les intérêts de la population et sans réel processus démocratique. Comme cela l’a été depuis des semaines où occupants et habitants de Notre-Dame et des environs, et parmi eux des pères et mères de familles se retrouvaient derrière les barricades, où ouvriers, précaires, chômeurs, étudiants, enseignants, paysans… s’aidaient pour reconstruire des habitations, l’opposition restera soudée, nous serons des milliers à défiler à partir de Notre-Dame des Landes le samedi 17 novembre à 11h et comme à Plogoff, comme au Carnet, nous gagnerons !

En moins de 48h, l’appel lancé par l’ensemble des opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes aura réussi à rassembler près de 2000 personnes (1300 selon la police) contre les expulsions d’occupants sur la ZAD (Zone A Défendre, correspondant au projet d’aéroport). L’occupation militaire lancée le mardi 16 ocotobre en vue des expulsions a lancé une vague de solidarité partout en Bretagne et ailleurs. Malgré les annonces du préfet de «pacification de la zone», les militaires sont toujours présents et la résistance est toujours active, elle devrait même s’amplifier les jours suivant au vue du nombre d’appel à la rejoindre. Breizhistance-IS relaie d’ailleurs l’ensemble de ces appels à rejoindre la lutte sur le terrain et à acheminer vivres (fruits secs, barre de céréales, …) et matériel de réoccupation et de défense face aux expulsions. La journée de samedi aura notamment permis d’annoncer au plus grand nombre la réoccupation de trois lieux sur les douze expulsés depuis mardi, dont un lieu en dur. Malheureusement, deux maisons sont d’ores et déjà détruite par les forces de l’ordre, Les Planchettes et le Tertre.

Des maisons et des cultures détruites juste avant la trêve hivernale

Des voix s’élèvent de plus en plus pour dénoncer cette occupation militaire et ces expulsions qui interviennent juste avant la trêve hivernale (la loi interdit les expulsions entre le 1er novembre et le 15 mars). Rappelons que des dizaines de personnes, dont des familles, ont depuis 3 ans réinvestis les lieux abandonnés à cause du projet d’aéroport. Tout en participant à l’opposition au projet ils ont cultivés la terre, remis en état des habitations. Si une forme de solidarité a pu se mettre en place entre la plupart des habitants, des opposants, et certains élus, face au déferlement militaire contre les occupants les plus pauvres de la ZAD, beaucoup attendent encore des soutiens qui ne cessent de se faire attendre. A commencer par celui du maire de la commune, J.-P. Naud, dont le double jeu agace de plus en plus, mais aussi des députés de gauche et écologistes qui se sont prononcés contre l’aéroport. Cette attente est encore plus grande vis à vis de la ministre d’Europe-Ecologie, Cécile Duflot, qui en 2011, promettait aux opposants qu’aucun accord de gouvernement ne serait signé avec le PS sans retrait du projet d’aéroport.

Des députés verts discrets mais présents aux manifestations dénonçant les expulsions

Le vendredi soir, on a pu apercevoir lors de la manifestation de soutien à Rennes, qui a réuni plus de 200 personnes, la député Nicole Kiil-Nielsenn, ainsi que François de Rugy à Nantes le samedi matin. Ceci est-il le signe d’une contradiction de plus en plus difficile à tenir pour la direction d’EELV, opposée au projet mais membre du gouvernement qui envoit les forces de l’ordre déloger les occupants ?
Le samedi 27 octobre trois autres lieux occupés sur la ZAD seront expulsables. La veille, Cécile Duflot sera à Rennes pour le salon de l’habitat Artibat. La ministre ne pourra s’y abstenir d’une prise de position sur les expulsions en cours à Notre-Dame-des Landes. Attend-elle sa venue en Bretagne pour entériner une stratégie de collaboration silencieuse avec la politique de J.-M. Ayrault ou fera-t-elle un geste, que tout le monde attend, vers l’abandon du projet d’aéroport par ce gouvernement ?

Pour Breizhistance-IS, Jonathan Guillaume

Breizhistance, avec la coordination des opposants au Projet d’Aéroport à Notre-Dame-des-Landes, se félicite du succès du 2ème Forum Européen contre les Grands Projets Inutiles Imposés qui s’est tenu à La Paquelais-Vigneux de Bretagne (44), auquel nous avons activement participé.

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Plus de 8000 personnes ont participé aux 5 jours d’ateliers, d’échanges et de conférences et à la fresque humaine contre les grands projets inutiles. Ce forum, où se sont retrouvés opposants aux grands projets nuisibles et ruineux de toute l’Europe, aura donc précédé la déclaration du gouvernement sur l’abandon de 11 projets de lignes LGV dans l’Etat français. Il semble que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, fasse à la crise économique, ait dénié tendre l’oreille à ce que disaient les opposants depuis plusieurs années «les lignes LGV sont des projets ruineux qui ne servent que d’une petite partie de la population». En effet, l’Etat français et ses collectivités avait jusqu’à présent prévu de construire 2000 km de LGV pour un coût de … 190 Mds d’euros en argent public !

Malheureusement, il ne semble pas que l’ancien maire de Nantes soit prêt à revenir sur “son” projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (ni sur la ligne LGV Le Mans-Rennes), alors que ce forum aura pourtant permit de mettre en avant ce point commun, le gaspillage économique, existant entre ces multiples projets de grandes infrastructures sur notre continent.

Cependant la lutte continue, comme nous la montrée ce forum. La qualité des interventions et le travail remarquable des interprètes et de l’équipe d’organisation ont concouru à faire de celui-ci un moment extrêmement fort, qui fera date dans la convergence des luttes en Europe. Comme l’ensemble des participants, nous repartons motivés et déterminés, fort d’une déclaration commune à l’ensemble des opposants aux Grands Projets Inutiles et Imposés d’Europe.

Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour le Forum Social Européen de Florence du 8 au 11 novembre 2012, une journée d’actions décentralisées et coordonnées le 8 décembre 2012 (3ème journée européenne contre les Grands Projets Inutiles et Imposés), le Forum Social Mondial de Tunis en mars 2013 et le 3ème Forum contre les GPII à Stuttgart à l’été 2013.

Après l’échec de inefficace sommet de Rio +  20, le combat pour la solidarités internationale contre les projets du capitalisme destructeurs pour la planète est bien présent en Bretagne et passe notamment par Notre-Dame-des-Landes !

Pour Breizhistance, Jonathan Guillaume.

Hier matin, Jonathan Guillaume et Nathalie Roynard ont annoncé leur candidature à l’élection législative dans la sixième circonscription de Loire-Atlantique. Ils ont tenu à faire cette annonce à Notre-Dame-des-Landes, au local la Vache Rit, lieu symbolique de la lutte contre le projet d’aéroport.

crédit photo A. Rouet-Réby, L'Eclaireur
crédit photo A. Rouet-Réby, L’Eclaireur

Jonathan Guillaume, 29 ans, habite Nozay depuis un an, il est maître auxiliaire. Nathalie Roynard, 49 ans, est assistante de vie et habite le Petit-Auverné.

Ils ont présenté les trois axes principaux de leur programme, et appelé à la manifestation du 24 mars contre le projet d’aéroport à Nantes. Alors que notre département est déjà le plus touché de l’hexagone en terme de perte de terres agricoles, les deux militants de Breizhistance en ont profité pour interpeller les deux candidats du PS et de l’UMP, Yves Daniel et Michel Hunault, sur le projet d’aéroport. A Yves Daniel, il demande si “en tant qu’agriculteur bio, défendra-t-il encore l’artificialisation de plus de 2000 ha de terres à Notre-Dame-des-Landes ? “Qu’aurait il fait si le projet s’était monté dans sa commune ?”, quant à M. Hunault les candidats se demandent ironiquement si “son soutien au projet ,n’est pas en lien avec son ’emploi’ de tour operator pour ministres”

Pour Jonathan et Nathalie, la question de l’aéroport est une question essentielle en terme économique et sociale, d’aménagement et d’équilibre territorial. Le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes nous concerne tous. Sacrifier l’argent public au nom des profits des multinationales, renoncer à l’équilibre et à la solidarité entre les territoires en encourageant les phénomènes de métropolisation, croire à la croissance de la consommation en énergie et parier sur la stabilité du cours du pétrole, ce sont des choix que font les partisans du projet et contre lesquels Jonathan et Nathalie appellent à manifester Samedi 24 mars à Nantes.