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Nous publions avec l’autorisation d’ ACTA  qui  est un média autonome et partisan qui produit depuis Paris, vidéos, interviews et articles d’intervention – de l’intérieur des luttes,  l’entretien de LEA El AZZI. Cette journaliste Libanaise du quotidien Al Akhbar revient sur la genèse du Hirak ( le soulèvement populaire ), le rôle de la gauche libanaise, notamment des communistes. Elle souligne aussi la quête de réelle souveraineté nationale du peuple Libanais  et le rôle néfaste de l’impérialisme dans l’instabilité chronique du pays. C’est bien sur avec un intérêt particulier que les bretons doivent lire ce texte. C’est leur ancien président de Région Jean-Yves Le Drian qui a rejoint la start-up Nation de Macron pour se mettre au service du lobby militaro-industriel et du néo-colonialisme français notamment dans cette partie du monde. L’impact du lobby militaro-industriel est énorme en Bretagne, personne n’ose le remettre en cause ( Arsenaux, cybersécurité ) et il est largement subventionné par de l’argent public. La voix de la France l’étranger , de son impérialisme destructeur c’est Le Drian. 

Bretagne Info.

Nous publions une discussion avec Léa El Azzi, journaliste libanaise à Al Akhbar, quotidien de gauche créé par l’intellectuel militant Joseph Samaha en réaction à l’agression israélienne sur le Liban en 2006. Marqué par son fort positionnement anti-impérialiste, le journal dénonce depuis sa création le colonialisme sioniste en Palestine et au Liban, mais aussi la politique occidentale et américaine dans l’ensemble du Moyen-Orient. Récemment au Liban, le journal a mené un important travail d’analyse et de dénonciation du système bancaire et de l’oligarchie financière.

Dans ce bref entretien, Léa El Azzi revient sur la crise économique, sur la mobilisation populaire au sein du Hirak contre le système bancaire, sur les contradictions qui ont traversé le mouvement ou encore sur la politique française au Liban suite à la crise financière.

ACTA : Pouvez-vous revenir sur les causes profondes qui ont déclenché le soulèvement populaire qui a débuté en 2019 ?

Léa El Azzi : Le soulèvement populaire a été le produit d’une accumulation de facteurs :

À l’été 2019, et pour la première fois depuis 1997, la livre libanaise a commencé à perdre de sa valeur, le dollar s’échange entre 1600 et 1610 livres libanaises (le taux de change était fixé à 1515/dollar). C’était l’un des indices d’indisponibilité du dollar. La Banque du Liban (BDL) continuait d’ignorer ce problème et le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, a annoncé que le taux de change élevé était le résultat d’un problème entre les changeurs de monnaie et certaines entreprises.

La BDL et les banques commerciales ont refusé d’ouvrir les lettres de crédit pour importer le blé, les médicaments, et le pétrole. Après que les distributeurs ont annoncé la grève, on voyait des colonnes de voitures devant les stations-service, devant les fours à la recherche du pain. Le problème était partout le même : la crise du change du dollar.  

Le Parti communiste libanais et différents groupes de gauche ont organisé des manifestations pour le changement du régime, contre les politiques du gouvernement et de la BDL, et pour des politiques sociales équitables.

– À l’aube des 13 et 14 Octobre, des incendies ont éclaté partout au Liban, c’était une vraie catastrophe avec la disparition de vastes zones vertes, de pins, mollusques… le feu a atteint les maisons. Ça a duré plusieurs jours, mais ce qui était stupéfiant, c’est que tous les fonctionnaires, ministres, parlementaires, sont restés endormis la nuit des incendies. Cet incident a montré la fragilité du système, le manque des ressources humaines et technologiques pour faire face à ce genre de problème.

Le cabinet discutait des « réformes économiques » et le premier ministre Saad Hariri a proposé d’augmenter la taxe sur la valeur à 12%, en plus d’augmenter la même taxe sur les produits de luxe. Le ministre des télécommunications Mohammed Choukair a proposé que l’application WhatsApp devienne payante. En réaction à cette dernière proposition, il y a eu des appels à manifester dans le centre-ville. Lors d’un déplacement, le personnel de sécurité du député Akram Chehayeb (membre du parti socialiste progressiste, dirigé par Walid Junblat) a violemment repoussé certains manifestants afin de pouvoir passer, ce qui a redoublé la colère des gens. Et voilà, le soulèvement a éclaté.

Le Hirak semblait avoir une composition sociale multiple, des revendications et des objectifs contradictoires, parfois antagonistes. Pouvez-nous en dire plus ?

C’est vrai, il n’y avait pas « un » Hirak, « un » objectif, « un » slogan, mais une mosaïque. Aux premiers jours, un très grand nombre de gens y ont participé : ceux qui appartiennent à la classe moyenne et qui se sont soudainement vus en train de tout perdre, les classes populaires et pauvres, des jeunes lycéens, et même des partisans des partis politiques pro-système. Les organisations de la société civile, les partis de gauche, et tous les groupes organisés, ont décidé que le « soulèvement » ne devait pas avoir de « tête », pour ne pas échouer. Ils ont essayé de ne pas brandir des slogans politiques qui pourraient diviser l’ensemble des manifestants.

Quelques jours plus tard, les interventions politiques ont commencé. Le Parti des Forces Libanaises (dirigé par Samir Geagea) et le Parti socialiste Progressiste1, qui étaient membres du gouvernement, ont annoncé leur participation aux manifestations, s’attaquant au président de la république et au gouvernement de Saad Hariri, en faisant pression sur ce dernier pour qu’il démissionne.

Petit à petit, chacun a tenté de manipuler le « Hirak », et on ne peut pas oublier les interventions des pays occidentaux, notamment les États-Unis, l’Angleterre, la France, ainsi que certains pays arabes. Il y avait ceux qui voulaient le désarmement du Hezbollah, la démission du Président Michel Aoun, la formation d’un nouveau gouvernement avec des ministres « technocrates », le renversement de tout le système, quand d’autres se dressaient contre la banque centrale et le pouvoir de l’oligarchie libanaise. Cette diversité de la société libanaise, et les profondes divisions entre les composantes communautaires et le poids du sectarisme, ont empêché la formation d’un front uni avec un programme commun pour affronter « l’establishment ». Sans parler des rivalités internes et des guerres d’ego entre les organisations issues de la société civile.

Qui est à l’origine de la mobilisation contre les banques et qu’en est-il aujourd’hui de la lutte pour les revendications sociales, à l’heure où des émeutes de la faim semblent reprendre, notamment à Tripoli ?

Le Parti communiste libanais, le « Mouvement des jeunes pour le changement » (un groupe de gauche fondé en 2015, leur objectif est la justice sociale et la libération nationale) et un certain nombre de forces de gauche ont été les principaux éléments qui se sont déplacés devant la Banque centrale du Liban. Le journal Al-Akhbar a joué aussi un rôle très important pendant des années pour expliquer les problèmes économiques, financiers et monétaires aux masses et leur présenter la vérité sur ce qu’il se passe.

Il y avait des groupes et personnes qui ne voulaient pas participer aux manifestations organisées devant la BDL ou les banques privées, car ils ne considéraient pas le dossier économique comme fondamental, et préféraient plutôt les slogans purement politiques, et il y avait ceux qui ont estimé que le Hezbollah bénéficierait des manifestations devant les banques et la Banque du Liban, et n’ont donc pas participé (il n’en bénéficiait pas, mais certains croyaient cela à cause des sanctions américaines).

Actuellement, le contexte à Tripoli est un peu différent. Il est vrai qu’il y a des conditions socio-économiques très difficiles à Tripoli. Tripoli est l’une des régions libanaises les plus pauvres, alors que ses politiciens sont parmi les plus riches du monde, comme l’ancien Premier ministre Najib Mikati. La colère des gens est très forte. Cependant, des « sources » affirment que des pays du Golfe, par l’intermédiaire de groupes locaux qui leur sont affiliés, ont profité de la misère à Tripoli pour des raisons politiques, et veulent peut-être pousser le premier ministre désigné Saad Hariri à ne plus former son cabinet. Bien sûr, on ne peut nier que beaucoup de manifestants aient participé en toute sincérité, sans avoir d’ « agenda » politique.

En ce qui concerne la lutte pour améliorer la vie des gens, socialement et économiquement, malheureusement, il n’y a actuellement aucune lutte organisée à l’échelle du pays, alors que la situation empire et que l’État n’a pas de programme de protection sociale.

Quelle est l’importance et l’actualité des idées nationalistes arabes, anti-impérialistes mais aussi communistes au sein du Hirak ?

Le problème au Liban n’est pas seulement une question de corruption ou de mauvaise gestion, etc. Le vrai problème est que le pays n’est pas indépendant ni politiquement ni économiquement, les interférences externes empêchent l’établissement d’un État. En outre, il y a le mariage entre le pouvoir politique et le pouvoir du capital, qui au cours des trente dernières années, au moins, a accumulé des profits et des richesses personnelles aux dépens du peuple. Le secteur public a été détruit, les infrastructures des services publics aussi, on n’a pas de système sanitaire public comme à Cuba par exemple, de même pour le système éducatif, les prestations sociales et les transports en commun. On nous a dit que le « système rentier » était la « solution » du « développement » au Liban. La ville, le pays et les plus pauvres étaient détruits, alors que seul le secteur bancaire et immobilier prospérait. L’industrie et la production nationale ont été détruites au profit des importations. Les taux d’intérêt des banques ont été augmentés afin d’attirer les dépôts de l’étranger, car notre système était basé sur la « mendicité » : mendier des dollars et emprunter aux autres pays.

Aujourd’hui, plus de la moitié de la population (selon ESCWA) vit en dessous du seuil de pauvreté. La première cause est interne, venant de la nature du régime, mais il y a aussi les pressions politiques américaines, européennes et du Golfe imposées au Liban. Alors je pense que la base de tout mouvement doit se faire sur des revendications socialistes qui donnent la priorité à la construction d’une véritable économie productive en protégeant les classes populaires, et d’un système politique résistant.

Quelle est la stratégie du Hezbollah par rapport au Hirak et qu’en pensez-vous ? Y’a-t-il eu des divergences de stratégies entre des mouvements communistes et le Hezb ?

Le Parti communiste libanais et le Hezbollah ne se retrouvent que sur la résistance contre « Israël » et la défense de la cause palestinienne. À part ça, il y a un désaccord total entre les deux partis sur toutes les questions internes, dont la plus importante est la vision du système confessionnel libanais. Comme on le sait, les divisions confessionnelles au Liban sont les plus fortes, tous les postes publics sont divisés sectairement. 

Quant au Hezbollah, son secrétaire général, Sayyed Hassan Nasrallah, a averti plusieurs fois des interventions étrangères au sein du Hirak et la mise en œuvre d’un agenda occidental, tout en reconnaissant la souffrance du peuple et ses revendications. Lors de certaines attaques contre les manifestants, le Hezbollah a été accusé, mais il a démenti toutes responsabilités.

Le Hezbollah veut, et c’est dans son intérêt, modifier le système existant, améliorer la vie des gens et renforcer l’arène interne face aux pressions extérieures, mais il ne permettra pas qu’aucun genre de Hirak soit déclencheur d’un conflit interne, vu les pressions étrangères. 

Quelles formes prennent aujourd’hui les pressions étrangères exercées sur le Hezbollah et ses représentants ? Et peut-on espérer des récentes élections aux USA un changement de politique à ce sujet ?

La pression exercée sur le Hezbollah par les États-Unis et ses alliés est d’ordre économique, politique et sécuritaire. Le Hezbollah est une très grande puissance régionale, et pour les États-Unis cela met en danger la sécurité d’« Israël ». Cependant, alors que l’Amérique dit qu’elle impose des sanctions sur le Hezbollah, en fait elle détruit toute la société libanaise. Pratiquement, le public du Hezbollah a été peu affecté par les sanctions, parce que le Hezbollah a continué de subvenir à tous leur besoins.

Selon les informations, il n’y aura pas un changement de la politique étrangère américaine envers le Moyen-Orient, et notamment le Liban, surtout que l’administration Biden ne sépare pas la question du Hezbollah du dossier iranien.

Selon vous, à quel jeu joue la France dans le cadre de la crise économique qui frappe le Liban actuellement ?

Pendant qu’Emmanuel Macron a de nombreux problèmes de nature sanitaire, économique et sociale en France, il se donne le droit d’agir en tant que « gouverneur » du Liban, et de diffuser des conseils sur la gestion de la crise. Macron estime que le Liban est toujours sous mandat français, tout comme il se comporte en Afrique et dans le reste du monde avec les pays de l’OTAN. La France ne s’intéresse au Liban que pour son influence et l’extension de son contrôle sur les pays de la Méditerranée orientale. De là, un document français de « réforme » (!) est présenté et des conférences d’aide sont organisées. Mais, par exemple, après l’explosion du port le 4 août, deux conférences ont été organisées pour aider le Liban. L’argent n’est pas parvenu au Liban jusqu’à maintenant. Macron a déclaré aux politiciens libanais que la reconstruction de Beyrouth n’aura pas lieu tant qu’un gouvernement ne sera pas formé avec le consentement des États-Unis et avec un programme d’action prédéterminé.

La France veut achever l’audit légal des comptes de la Banque du Liban, nommer un nouveau gouverneur de banque et s’ingérer dans la nomination des ministres libanais. La France aurait-elle accepté que Washington choisisse ses ministres ou que la Belgique nomme le gouverneur de la Banque centrale française ?

La France ne joue pas actuellement un véritable rôle au niveau de la crise économique, sauf pour tenir le bâton contre les politiciens libanais et les menacer de dossiers de corruption et les contraindre à mettre en œuvre des « réformes » appropriées afin d’étendre le contrôle français politique et d’exploiter les ressources du Liban.

Quelles sont les réactions de la classe politique et d’autre part, de la rue libanaise au « réchauffement » entre Israël et des États arabes tels que les Emirats arabes unis ou Bahreïn ? Pensez-vous que cela changera à l’avenir les rapports entre Israël et le Liban ?

Nombreuses sont les personnes au Liban qui croient en la cause palestinienne et le droit du peuple palestinien à regagner sa souveraineté sur tout son territoire, à libérer tous les pays arabes et à résister à l’ennemi sioniste et à ne jamais accepter ces alliances arabes. La normalisation des relations entre certains régimes arabes avec l’ennemi, et leurs accords stratégiques avec lui (notamment UAE), ne signifie pas que les peuples arabes y consentent.

Au Liban, tant que nous aurons une Résistance, d’une très grande puissance régionale et d’énormes capacités militaires, rien ne changera, et le Liban ne cessera pas d’être dans la ligne de défense de la Palestine, car par cela il défend aussi la souveraineté libanaise et ses ressources naturelles.

Le combat pour Georges Ibrahim Abdallah est toujours d’actualité en France mais au-delà de cette cause importante, sous quelle modalités pourrions-nous selon vous tisser de nouveaux liens entre les forces progressistes au Liban et en France, de façon actuelle et concrète ?

C’est une honte pour un pays comme la France, qui prétend préserver les droits de l’homme, de maintenir la détention du combattant internationaliste Georges Ibrahim Abdallah, alors qu’il fallait le libérer en 1999, selon les conditions requises pour sa libération, spécifiées par le code pénal français.

La France, en refusant de libérer Abdallah, exécute les ordres des américains et des israéliens. Alors tous les progressistes du monde doivent unir leurs efforts pour sa libération, en utilisant d’autres méthodes que la solidarité et des déclarations de soutien. Georges est détenu en France, donc le travail pour obtenir sa libération doit prendre une autre tournure, et le début est le rassemblement des forces des progressistes internationaux, pour exercer une pression maximale sur l’État français et pour le forcer à libérer Georges, peut-être qu’il s’agit d’organiser une conférence internationale pour commencer.

  1. Ces deux formations sont membres de « L’Alliance du 14-Mars », proche des puissances occidentales et de l’Arabie saoudite.

 

Jean-Do Robin, connu pour son engagement de longue date pour l’enseignement public bilingue, la langue bretonne, la justice sociale et la solidarité internationaliste avec notamment la Palestine au sein de l’AFPS et le Pays Basque a écrit cette tribune pour réagir à l’actualité.

Nous la publions avec son autorisation… en toute complicité !

Bretagne-Info

Dénoncer le sionisme, c’est combattre l’antisémitisme

et le racisme sous toutes ses formes

Le conflit « israélo-palestinien » n’est pas un problème proche-oriental. L’occupation de la Palestine symbolise le discrédit dont souffre le droit international. C’est donc un dossier international. Enfin, le projet sioniste à l’origine de ce fait colonial est né à Rennes en 1899, lorsque Theodore Herzl vint y assister au procès Dreyfus. C’est donc aussi un avatar de “l’histoire de France” (et de Bretagne NDLR).

Le conflit « israélo-palestinien » n’est pas un problème proche-oriental qui s’importerait en Europe.

Il n’y a d’ailleurs pas de « conflit israélo-palestinien », mais une résistance légitime du peuple palestinien à l’occupation militaire et à la colonisation de sa terre par une population d’origine majoritairement européenne, y compris française.

De plus, l’occupation de la Palestine par cette entité coloniale est, depuis 1947, fondée sur une violation du droit international, à commencer par la seconde convention de Genève, de manière si constante, si répétée et si totalement impunie qu’elle symbolise à elle seule le discrédit qui ne cesse d’entraver une mise en œuvre équitable du droit international dans le monde entier. C’est donc bien un dossier de portée éminemment internationale.

Enfin, le projet sioniste qui est à l’origine de ce fait colonial n’est pas né à Jérusalem : il est né ici : d’abord à Rennes en 1899, lorsque Theodore Herzl vint y assister au procès Dreyfus. Herzl en fut tellement écœuré qu’il abandonna son combat pour que les États européens reconnaissent enfin les juifs comme des citoyens à part entière… Il mit alors toute son énergie dans le projet de création d’un foyer national où ceux-ci seraient à l’abri des persécutions dont ils souffraient en Europe. C’est donc aussi un avatar de “l’histoire de France”.

Vint alors l’humiliant traité de Versailles imposé en 1919 par la France et ses alliés à l’Allemagne vaincue, l’occupation de la Ruhr et la surexploitation des ouvriers allemands par les vainqueurs. Cette humiliation et le ressentiment qu’elle généra furent le terreau du nazisme. Les exterminations de masse, dont le massacre des juifs d’Europe, qui résultèrent du triomphe nazi, vint conforter et donner corps au projet sioniste. Et ce d’autant plus qu’après la libération des camps, les USA et la Grande-Bretagne s’empressèrent de renvoyer vers les côtes de Palestine, les milliers de juifs européens qui, eux, demandaient à trouver refuge dans un pays de culture occidentale, comme la leur.

Dès lors, et de plus en plus, l’idéal sioniste originel devint un instrument aux mains des puissances impérialistes pour défendre leurs intérêts au Proche Orient.  Une idéologie colonialiste. Un projet colonial. Bien peu à voir avec le judaïsme et encore moins avec les héritages culturels et linguistiques, yiddish et ladino, des juifs d’Europe, puis ceux des juifs du Maghreb et de la riche tradition judéo-arabo-andalouse… dont l’éradication fut une des pierres d’angle du nouvel État et de son projet nationaliste et raciste : la fabrication d’un être nouveau, total et conquérant. Non pas un citoyen israélien, mais une sorte d’Hébreu moderne complètement mythique.

 Voici ce qu’en disait, le 17 mars 2015, Avraham Burg, ancien président de la Knesset, ancien président de l’Agence Juive Mondiale, et soutien de la liste commune judéo-arabe des élections israéliennes de mars 2015 :

« Le sionisme a été un mouvement national gagnant pour les juifs qui a créé une révolution fantastique dans l’existence juive, a donné naissance à une horrible tragédie pour les Palestiniens et a expiré en 1948. Le but du sionisme a été de transformer le peuple juif d’une structure de diaspora en une structure souveraine. Cela n’a été qu’un échafaudage. À partir de 1948, nous aurions dû n’être que des Israéliens, quelle que soit l’origine. Mais si ce n’est pas suffisant et que vous avez besoin du sionisme pour définir quelque chose, cela signifie que vous discriminez quelqu’un. Oui, aujourd’hui, en Israël, le sionisme est un outil de discrimination ».

Et du même auteur : « Que celui qui refuse de voir et d’entendre ne s’étonne pas de découvrir un jour qu’Israël ressemble déjà à l’Allemagne qui trompa son peuple et permit à nos exterminateurs de faire aboutir leurs projets diaboliques. En effet, notre situation rappelle étrangement l’Allemagne – durant la période qui va de l’humiliation de la défaite de la 1e guerre mondiale à la conquête du pouvoir par Hitler et les nazis » (« Vaincre Hitler », p.108). Burg qui a dit aussi que les Palestiniens d’aujourd’hui sont les juifs d’hier.

 L’État d’Israël n’est pas ce foyer national juif espéré par Herzl et évoqué dans le projet de l’ONU de partition de la Palestine en 1947.

C’est une entité militaro-étatique qui refuse de définir ses frontières une fois pour toutes et qui n’a pour seule constitution qu’une compilation de lois religieuses ; un état d’apartheid qui ne reconnaît de citoyenneté pleine et entière qu’à ceux de ses ressortissants auxquels il attribue la « nationalité juive »… et plus encore, un État qui prétend désormais unilatéralement  être « l’État des Juifs » du monde entier, auxquels il reconnaît le droit d’accéder à la propriété sur les terres qu’il occupe en toute illégalité… tandis qu’il refuse ce même droit à ceux qui y habitent depuis toujours, comme leurs aïeux avant eux.

Pour autant, Israël existe désormais, selon le « principe d’effectivité » invoqué par les instances de l’ONU elles-mêmes.

Nier l’existence d’Israël n’a donc aucun sens.

Mais invoquer la menace de « destruction » qui pèserait sur Israël et ses habitants pour tenter de justifier la poursuite de ses exactions contre les droits fondamentaux est tout aussi vain : aucun État, aucune puissance n’a jamais réellement mis Israël en danger, ni ne le menace aujourd’hui : pas même l’Iran où les fulminations apocalyptiques de quelques mollahs n’ont d’autre portée que de faire vibrer la corde nationale pour tenter d’occulter l’urgence démocratique exprimée par la société iranienne.

En revanche, il n’existe pas, en droit international, de « droit à l’existence » d’un État, et ceci vaut pour Israël comme pour tout autre État. La légitimité d’un État n’est pas seulement fragile : elle est aussi relative et ne peut donc se décréter. Elle dépend totalement de la synergie entre ses propres ressortissants et ses voisins dans le niveau de reconnaissance qu’ils lui  accordent.

C’est ainsi que l’État d’apartheid d’Afrique du sud a aujourd’hui disparu.

C’est ainsi que l’État d’apartheid d’Israël doit disparaître afin qu’Israël  – ou quelque autre nom que prendra tout ou partie de l’ancien pays de Canaan – ne soit pas plus « L’État des Juifs » que l’État de toute autre confession religieuse, mais l’État de tous ses citoyens et citoyennes.

Ce qui menace réellement Israël, c’est la fuite en avant de ses institutions : militariste, colonialiste, et de plus en plus ségrégationniste, envers les Palestiniens bien-sûr et envers ses « protégés » druzes aussi, mais même envers les juifs non-européens : falashas, mizrahim et séfarades… ou pauvres, comme ces survivants de la Shoah, abandonnés à la misère dans  les immeubles décrépis des années 50 de Akkà.

Ce qui menace d’abord Israël, c’est l’implosion de sa société : celle à laquelle conduisent inexorablement l’état de guerre permanente, la paranoïa envers l’étranger, ou « l’autre » de manière générale, ainsi que le manque d’empathie envers les plus démunis.

Quant à l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien pour attiser les conflits « intercommunautaires » en France, voici ce qu’en écrivait Rony Brauman – ex-président de MSF – dans Siné Mensuel d’avril 2015 :

« Il (le CRIF), ne cesse d’affirmer le soutien inconditionnel des Juifs français à Israël tout en faisant vibrer la corde antisémite jusqu’à l’extrême. Il a franchi un degré supplémentaire en faisant campagne contre l’appel à la reconnaissance d’un État palestinien voté au Parlement français. Soudainement, la reconnaissance d’un État Palestinien était un acte antisémite. Le CRIF vide de son sens-même la notion d’antisémitisme en l’assimilant à une critique ou à une attitude politique. Ces gens-là mettent les juifs en danger. »

Plus qu’une expression particulière du racisme, le sionisme est donc devenu un des principaux pourvoyeurs de l’antisémitisme dont le CRIF a fait son fond de commerce pour peser sur la politique proche-orientale de la France.

Dénoncer l’idéologie sioniste, c’est combattre le racisme sous toutes ses formes, à commencer par l’antisémitisme.

Plus qu’un délit, l’antisémitisme est un crime. À ce titre, il doit être poursuivi et condamné sans ambiguïté aucune.

L’antisionisme, lui, est une opinion et une composante du combat antiraciste : prétendre en faire un délit revient à mettre en cause la liberté d’expression et constituerait une étape supplémentaire et fort significative dans la régression des droits démocratiques en France.

C’est pourquoi, n’en déplaise aux dirigeants du CRIF et à leurs affidés, Emmanuel Macron en tête, je suis antisioniste et le revendique, tout comme mon grand-père, officier FTPF et mon grand-oncle, combattant FTPF tombé au maquis, étaient antinazis et le revendiquaient… face aux sbires de Pétain… auquel Macron rendait hommage en novembre dernier.

Jean-Do ROBIN

21 février 2019

Alors que la Palestine s’embrase suite aux provocations impérialistes des USA en soutien à Israel nous diffusons le communiqué en français de la fraction la plus révolutionnaire de la résistance Palestinienne. 

Bretagne-Info.

Le Front Populaire pour la Libération de la Palestine a décrit la déclaration Président des États-Unis Donald Trump comme une déclaration de guerre contre les Palestiniens et leurs droits, qui clarifie la position étasunienne comme étant une entité hostile envers notre peuple et un partenaire de l’état sioniste dans ses crimes contre le peuple palestinien et sa terre, et il faut s’adresser à lui sur cette base.
De plus, le Front a considéré que Trump a également porté un « coup de grâce » à la soit disant solution de deux états, au projet de règlement et aux idées délirantes du processus de paix. Il a appelé les dirigeants palestiniens à tirer les enseignements nécessaires de l’expérience dévastatrice faisant confiance à des négociations et à la domination des Etats Unis, et à annoncer le retrait immédiat de l’accord d’Oslo et de toutes les obligations subséquentes et auxiliaires.
Le FPLP a appelé les masses palestiniennes et leurs organisations à unir leurs efforts et à réagir collectivement, pratiquement et avec force à cette décision par l’action et l’escalade de la dynamique du mouvement populaire.
La bataille de Jérusalem est une bataille pour l’ensemble de la Palestine. Pour nous, Jérusalem est Haifa, Safad, Yafa, Gaza, Ramallah et chaque village et ville de Palestine.
En outre, le Front a souligné la nécessité d’affronter le triangle du complot contre Jérusalem et la Palestine et les droits du peuple palestinien et arabe, le triangle de l’impérialisme, des régimes réactionnaires arabes et du sionisme, et la nécessité d’ouvrir la porte à des options appropriées pour résister à ces régimes.
Les masses arabes rejettent également clairement cette décision qui clarifie davantage la nature de l’impérialisme US comme le principal commanditaire du terrorisme sioniste dans la région qui cherche constamment à enflammer la région afin de maintenir son hégémonie.
Jérusalem restera toujours la capitale du peuple palestinien et de l’Etat de Palestine, et l’alliance impérialiste sioniste ne réussira pas dans ses tentatives visant à oblitérer l’identité arabe de la ville et son statut dans le monde arabe et islamique.

Front Populaire pour la Libération de la Palestine

6 décembre 2017

Vivian Petit est un militant anti-capitaliste et anti-impérialiste, originaire du Havre que nous côtoyons depuis de nombreuses années dans les mobilisations sociales à Rennes. Il est également investi dans la solidarité avec le peuple Palestinien.

Il vient de signer un ouvrage, préfacé par Julien Salingue, sur son expérience internationaliste : “Retour sur une saison à Gaza” chez Scribest. Il viendra présenter cet ouvrage le samedi 23 septembre à l’université de la Gauche Indépendantiste (vente et signature sur place). Nous lui avons posé quelques questions.

Bonjour Vivian. Ton livre est en partie un témoignage de ton séjour à Gaza, en 2013. Peux-tu nous dire dans quel cadre tu t’y es rendu ?

Bonjour. C’était en effet en 2013, je me suis décidé à y aller assez rapidement. Je n’imaginais pas pouvoir aller à Gaza un an ou deux avant mon voyage… Depuis 2006, Gaza est sous blocus terrestre et maritime, un siège mis en place par Israël mais aussi par l’Egypte. Mais la situation s’est un temps améliorée à partir de 2012, avec l’élection des Frères musulmans en Egypte faisant suite à la chute de Moubarak. En 2013, après avoir travaillé à Paris pour l’Agence Media Palestine et à Londres auprès de la représentation du Boycott National Committee, j’avais envie de retourner en Palestine (j’étais allé quelques années plus tôt en Cisjordanie et à Jérusalem, avec des membres de SUD-Etudiant). Puisque le passage de Rafah, où se situe la frontière entre Gaza et l’Egypte, n’était plus infranchissable à ce moment, j’ai décidé de saisir l’occasion.

Pour passer la frontière et obtenir un visa de la part des autorités gazaouies, il me fallait un emploi à Gaza et une organisation se portant garante du fait que je n’étais pas un espion (et dont le membre me « sponsorisant » risquait d’être inquiété si j’étais accusé d’avoir enfreint la loi). J’ai pu trouver un poste de chargé de cours en Français Langue Etrangère à l’université Al-Aqsa de Gaza, et un étudiant, membre de l’association Baraka City, s’est occupé de toutes les démarches vis-a-vis des autorités. Je suis arrivé à Gaza en février 2013. J’ai pu me lier aux militants de l’ISM, l’International Solidarity Movement, organisation de militants venus de différents pays, tentant comme ils le peuvent de soutenir la résistance des Palestiniens, par exemple en se rendant avec les paysans sur leurs terres lorsqu’ils risquent d’être attaqués.

Deux mois et demi après mon arrivée à Gaza, je suis allé passer une semaine en Egypte. Une semaine plus tard, lorsque j’ai voulu comme prévu retourner à Gaza, la carte de séjour d’un an qui m’avait été délivrée à Gaza par les autorités ne suffisait plus à ce que les garde-frontières me laissent passer. Après avoir fait des pieds et des mains pour tenter de passer la frontière les jours suivants, je suis finalement rentré en France au mois de mai 2013. Moins de deux mois plus tard, la frontière était finalement totalement fermée suite au coup d’Etat de l’armée en Egypte. Depuis, la situation n’a fait qu’empirer. De janvier à août 2017, le passage de Rafah (qu’un ami palestinien appelle maintenant le « barrage de Rafah ») est resté totalement fermée, à l’exception de 13 jours durant lesquels des Gazaouis ont pu passer au compte goutte pour se rendre en pèlerinage à la Mecque. Ces dernières années, pour couper tout contact entre le Sinaï et Gaza et éviter la reconstruction des tunnels, qui permettaient tout de même de passer cette frontière dans le dos de l’armée égyptienne, l’Etat égyptien est allé jusqu’à faire raser les habitations de la partie égyptienne de la ville de Rafah et à transférer les habitants à plusieurs dizaines de kilomètres de là…

La littérature sur la lutte de libération nationale du peuple palestinien est riche, en quoi d’après toi ton livre peut apporter un autre point de vue ?

Je ne suis probablement pas le mieux placé pour dire ce que mon livre aurait de plus ou de moins que les autres. Je peux par contre expliquer pourquoi il existe, et ce que j’ai tenté de faire en l’écrivant. Ce bouquin est centré sur Gaza, où rentrent peu d’étrangers en raison du blocus, et il se situe à mi chemin entre le témoignage et l’essai. J’essaie à la fois de faire un récit de ce que j’y ai vécu, de décrire la vie quotidienne à Gaza, et de mettre politiquement en perspective les évènements, sur le moyen terme. On ne compte plus les chroniques de la vie à Gaza tentant de nous surprendre en nous expliquant que Gaza est peuplée d’êtres humains comme les autres, avant d’insister sur le fait qu’il y a en dehors des massacres des jours très tranquilles… Pour ce qui est de la couverture de ce qu’il se passe à Gaza par les grands médias, celle-ci se borne le plus souvent à faire le récit des bombardements. Je tente de me détacher de cette temporalité médiatique, pour expliquer en quoi les bombardements sont le prolongement direct du siège et de l’étouffement de toute forme de vie.  Je tente d’expliquer en quoi ce qui est peu couvert (le siège, l’organisation de pénuries, les tentatives menées par Israël pour faire de certaines parties de la Bande de Gaza des zones désertiques, etc) peut au contraire permettre d’expliquer ce qu’il se passe lors des massacres en Palestine, dont les médias parlent beaucoup mais pour ne pas dire grand chose.


Peux tu en quelques mots expliquer en quoi il est incorrect de parler de « regain de tension » lorsque Israël utilise la force militaire en Palestine ?

Je crois avoir eu l’idée de ce livre à l’été 2014, au cours duquel 2 310 habitants de Gaza ont été tués par l’armée israélienne. Un peu plus d’un an après mon retour de Gaza, je reconnaissais certains des lieux bombardés sur les images diffusées par les chaînes d’information, tout en trouvant consternant le discours qui l’accompagnait, avec toute la série de poncifs sur un « regain de tension » ou un « cycle de la violence entre Israël et le Hamas ». Une partie du mouvement de solidarité en France reprenait en partie ce discours, s’en distinguant seulement en insistant sur l’asymétrie des forces en présence. Je pense au contraire qu’il n’y a pas de « cycle de la violence » ni de « regain de tension », tout au plus une routine du blocus, et une volonté israélienne d’étouffer Gaza, avec simplement des variations d’intensité dans les moyens employés selon les périodes.


Je peux citer quelques exemples. Les territoires les plus bombardés à l’été 2014 sont soit les infrastructures construites sur les terrains des anciennes colonies, que le blocus, les restrictions sur les importations ou les coupures d’électricité ont (entre autres) pour but d’empêcher de fonctionner, soit des territoires situés près des « frontières », dont Israël souhaiterait faire un 
no man’s land, prétextant des questions de sécuritéEn 2013, au sud est de la Bande de Gaza, à Kuza’a, j’avais vu des jeeps et des chars israéliens faire des aller-retour pour effrayer les habitants. L’un des paysans qui, malgré les menaces, continuait à se rendre sur ses terres (parfois en compagnie de militants internationaux), m’avait appris que seule la culture du blé était autorisée par Israël, qui menaçait d’attaquer Kuza’a si des arbres étaient plantés, car des « terroristes » pourraient se cacher derrière… Une française membre de l’ISM qui se rendait plus fréquemment que moi aux côtés de ces paysans de Kuza’a m’avait raconté les tirs des snipers qui se positionnaient près de Kuza’a, visaient régulièrement des animaux, ou tiraient près des paysans et de leurs familles pour les faire fuir… Ils avaient aussi menacé un jour de tirer sur une délégation internationale plus nombreuse qu’à l’accoutumée. Voilà donc ce à quoi ressemble une période de paix à Gaza. A l’été 2014, Israël a donné ordre aux habitants de Kuza’a, qu’ils souhaitent expulser depuis longtemps, de quitter leurs terres. 30% d’entre eux sont tout de même restés, sans qu’on sache combien l’ont fait pour résister, et combien n’avaient simplement aucun autre endroit où aller, ou étaient dans l’impossibilité physique de marcher plusieurs kilomètres. Suite à cela, en une nuit, plusieurs dizaines des habitants de Kuza’a restés dans leurs habitations sont morts sous les bombardements. Je pense qu’on comprend mieux ce qu’il s’est passé à l’été 2014 en sachant ce qu’il se passait un an avant, plutôt qu’en imaginant une période de paix qui aurait été rompue et dont ce massacre serait l’exact opposé…


On pourrait multiplier les exemples… En 2015, près de Kuza’a, à Al-Qarra, mais aussi à 
Wadi as-Salqa, au centre de la Bande, Israël a décidé de bombarder les terres agricoles en y déversant des pesticides… Certes, personne n’est directement mort de ces épandages le jour où ils ont eu lieu, mais connaître ces évènements pousse à mépriser d’avance toute personne qui, lors de la prochaine « opération » qu’Israël ne manquera pas de déclencher contre les habitants de la Bande de Gaza, affirmera que « le Hamas a rompu la trêve qui courait depuis 2014 »…


Quelles doivent être d’après toi les tâches prioritaires de ceux et celles qui s’affirment solidaires du peuple palestinien en Europe ?

Passées l’émotion et les grandes manifestations qui ont lieu lors des périodes de bombardements, il n’est pas toujours évident de faire perdurer le soutien concret à la résistance palestinienne. Ca me paraît cependant important, ne serait-ce qu’en raison de la continuité coloniale et policière des régimes. A ceux qui parlent d’« importation » de cette question en France, je rappelle que Vincent Auriol, président de la République française en 1948, raconte dans son journal que la raison principale du soutien de la France à la création d’Israël est qu’une victoire des Palestiniens aurait risqué de renforcer la lutte du FLN en Algérie … Je rappelle aussi qu’Israël est un modèle pour tous les pays occidentaux en ce qui concerne les interventions militaires, l’antiterrorisme et le maintien de l’ordre… Comme le dit un ministre israélien, « si Israël vend des armes, c’est parce que les acheteurs savent qu’elles ont été testées »…

Puisqu’il ne faut pas se contenter d’incantations sur la révolution mondiale, se rendre en Palestine est parfois utile, pas seulement parce que cela permet de percevoir plus finement les enjeux et de témoigner à son retour, mais aussi parce que certaines actions sur place peuvent produire des effets. Par exemple celles consistant à assurer une présence sur des terres ou dans des maisons dont les habitants sont menacés d’être expulsés pour être remplacés par des colons.

Pour ce qui est des actions menées en Europe, si je suis favorable au boycott des produits israéliens, ce n’est pas parce que je croirais dans la possibilité d’une moralisation du capitalisme, mais parce que cela s’inscrit dans une campagne politique, Boycott, Désinvestissements, Sanctions, appellant à faire preuve d’une solidarité internationale en tentant de faire payer le prix de l’occupation à Israël comme à ses complices. Pour ce qui est des manières dont des militants tentent de s’en prendre concrètement aux responsables de l’occupation de la Palestine, des sabotages menés contre des usines d’armements en Grande-Bretagne lors de l’opération « Plomb durci » sont un exemple (les militants du collectif Smash EDO et de l’International Solidarity Movement interpellés après cette action avaient d’ailleurs été relaxés lors de leur procès, le tribunal reconnaissant que leur action avait pour but d’empêcher des crimes de guerre). Le blocage de cargos israéliens en Amérique du nord à l’été 2014 en est un autre.

Dans les entreprises françaises complices de l’occupation et de la colonisation, on peut prendre l’exemple de Véolia. De 2005 à 2015 (date de la fin de ses activités en Palestine occupée), pendant que des Palestiniens sabotaient parfois les infrastructures du tramway (reliant Jerusalem ouest aux colonies israéliennes en territoires occupés) pendant des manifestations, les pressions populaires sur les élus ont fait perdre à Véolia près de 15 milliards de dollars de contrats signés avec des municipalités du monde entier. Il y a aussi Orange, qui a alimenté en Cisjordanie les antennes et les relais implantés sur des terres confisquées aux Palestiniens pour les communications de l’armée israélienne et des colons, et qui a même parrainé deux unités de l’armée israélienne lors du massacre à Gaza en 2014… En 2015, Orange a perdu de gros contrats en Égypte, a été boycotté au Maroc, et des rassemblements répétés devant ses boutiques en France ont parfois contraint les gérants à baisser momentanément le rideau. A la suite de cela, Orange n’a pas renouvelé son contrat avec Partner Communications, leur entreprise israélienne partenaire. Il y a aussi une campagne contre AXA, qui est actionnaire de trois banques israéliennes ainsi que d’Elbit Systems, l’une des principales sociétés d’armement israéliennes (celle là même qui est accusée d’avoir fabriqué les bombes au phosphore blanc qui ont servi à bombarder Gaza…). Il y a aussi les actions contre le salon de l’armement à Paris, la critique de la manière dont la Palestine sert de laboratoire à l’évolution des techniques de contre-insurrection … A Rennes, des étudiants de Sciences-Po mènent une campagne contre le partenariat de leur école avec l’Université de Tel Aviv, qui, comme toutes les universités israéliennes, est engagée dans des programmes de recherche militaire.


Enfin, les campagnes pour la libération des 7 000 Palestiniens emprisonnés par Israël me paraissent elles aussi importantes, même s’il est difficile d’en mesurer les effets. Il y a d’ailleurs un rassemblement ce 20 septembre à Rennes, pour la libération de Salah Hamouri, militant franco-palestinien emprisonné par Israël sous le régime de la détention administrative… Et des manifestations régulières à Lannemezan, dans le sud de la France, où est incarcéré Georges Ibrahim Abdallah, militant libanais emprisonné depuis 33 ans par la France, pour 
complicité dans des actes de lutte armée revendiqués par un groupe d’extrême-gauche libanais, des actes qui répondaient à l’invasion israélienne du Liban en 1982.

Libérez Georges Ibrahim Abdallah !
@Crédit Bretagne-Info

Nous reproduisons ici un appel émanant de camarades de divers horizons souhaitant offrir des perspectives à la solidarité avec le peuple palestinien, qui en Bretagne comme ailleurs s’est maintenue dans la rue tout au long de l’été.

Bretagne Info

Depuis plus d’un mois, nous sommes témoins d’un nouveau massacre en Palestine occupée. Après avoir raflé et emprisonné 1 600 personne en Cisjordanie occupée et réprimé violemment celles et ceux qui manifestaient pour défendre leur doit à l’autodétermination, l’armée sioniste bombarde maintenant nuit et jour toutes les localités de la bande de Gaza. A ce jour, plus de 2 000 Palestiniens y ont été tués, plus de 10 000 blessés et 365 000 ont dû fuir leurs maisons.

Les demandes de toutes les factions de la résistance palestinienne (Hamas, Djihad Islamique, Fatah, Front Populaire de Libération de la Palestine, etc) sont pourtant claires et simples : la fin des attaques sous toutes leurs formes, la levée du siège et la création d’un port à Gaza, ainsi que la libération des prisonniers palestiniens.

Pour l’heure, malgré les tentatives de négociations, la situation reste inchangée et les gazaouïs étouffent toujours sous le blocus. La discussion qui aura lieu le samedi 30 août avec Amir Hassan, auteur gazaoui résidant à Paris depuis un an, sera l’occasion de répondre à la propagande sioniste, et d’avoir une idée des conditions de vie à Gaza pendant les massacres. Mais il s’agira aussi de comprendre les mécaniques d’étouffement du peuple palestinien mise en place par l’occupant sioniste (occupation, siège, pénuries …) dont le massacre en cours est le prolongement directe.

La discussion pourra aussi permettre de revenir sur les différentes mobilisations qui ont eu lieu durant tout l’été en soutien au peuple palestinien, et d’envisager les suites possibles à donner à ces élans de solidarité.

Samedi 30 août à 18:00 au 1675 44 rue Legraverend RENNES/ROAZHON