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L’an dernier, la traditionnelle manifestation de Bretagne Réunie avait été l’objet de fortes polémiques suite à la présence en son sein pour la première fois d’un fort groupe d’extrême-droite composé de membres d’Action Française, Adsav, Identitaires, Renouveau Français. Nous écrivions ceci :

La direction de Bretagne Réunie sous couvert d’apolitisme a fait fuir des mobilisations pro réunification de larges secteurs progressistes et démocrates. En réalité c’est cette direction partiellement vendue à la frange la plus extrême de la droite locale, tout en prétendant être non partisane, qui a permis encore une fois à des politiciens professionnels de venir vendre leur soupe électoraliste sans perspective pour faire progresser l’idée du droit à décider en Bretagne et qui a laissé rentrer, en connaissance de cause, des néo-fascistes dans une manifestation pour la démocratie.

Depuis, Bretagne Réunie s’est doté d’une nouvelle direction qui refuse clairement dans son appel à manifester le 30/09 prochain à Nantes la présence de l’extrême -droite. Nous nous en réjouissons.

Par ailleurs, à l’initiative de la Gauche Indépendantiste, deux réunions ont eu lieu en pays Nantais pour initier un regroupement anticapitaliste pour ce 30/09. C’est sur ces bases clairement antifascistes que 4 formations et collectifs appellent à y participer pour également refuser de laisser la rue bretonne au personnel politique parisien libéral qui n’a jamais œuvré pour l’exercice du droit à l’autodétermination, et pour rappeler le lien entre combat breton et luttes sociales et environnementales.

Voici ci-dessous le texte d’appel de cette initiative. D’autres collectifs sont en discussion pour la rejoindre.

La Gauche Indépendantiste.

30 septembre 2017 à Nantes :

Manifestons pour une Bretagne réunie et anticapitaliste !

Le 30 septembre prochain aura lieu une manifestation à Nantes pour la réunification administrative de la Bretagne. Au fil des années, ces rassemblements légitimes ont été marqués par une dépolitisation croissante des mots d’ordre. L’association organisatrice préférant l’agitation de thèmes tournés vers la justification historique et identitaire, plutôt que d’axer le combat sur son caractère démocratique et notre droit à l’autodétermination.

En refusant de condamner préalablement la participation de l’extrême droite, comme cela était traditionnellement le cas, l’association Bretagne Réunie a prêté le flanc à des débordements inacceptables. Militants d’Adsav agressant des passager-e-s du tram avec des saluts nazis, présence au sein de la manifestation d’un cortège fasciste sous l’étiquette « Yaouankiz Breizh », ont amené l’année dernière une partie des participant-e-s habituel-le-s a quitter le défilé.

Alors que les militant-e-s d’extrême droite multiplient ces derniers temps les agressions violentes contre de multiples composantes de la société bretonne, nous réaffirmons avec force que le peuple et les travailleurs-ses de Bretagne n’ont rien à attendre de ces derniers qui véhiculent des conceptions excluantes de l’identité bretonne.

Nous n’avons rien à attendre non plus des politicien-ne-s qui se succèdent chaque année à la tribune de Bretagne Réunie. Elles et ils agitent des symboles qui témoignent plus de leur art à récupérer et trahir nos luttes au profit de leur carrière plutôt que leur volonté et capacité à provoquer un véritable changement institutionnel en Bretagne.

Comme le montrent les luttes bretonnes contre les projets miniers ou l’aéroport, ou les luttes internationales au Kurdistan, au Chiapas, en Catalogne, au Pays Basque, dans les colonies françaises… C’est notre auto-organisation et la pratique de l’auto-détermination qui permettront de mettre en place les alternatives à l’ordre capitaliste et antisocial actuel, qui amèneront à renverser les rapports de domination et la logique sécuritaire et répressive, à protéger notre environnement et nos cadres de vie, à nous défaire du centralisme français et de son caractère uniformisant.

Nous n’avons pas besoin de chef-fe-s pour permettre l’émancipation des personnes vivant en Bretagne. Il nous revient de nous organiser et d’agir nous-même pour une rupture institutionnelle en faveur de l’unité bretonne, engageant la mise en place des alternatives politiques, sociales, économiques et environnementales nécessaires, en Bretagne et partout ailleurs.

Nous vous appelons donc à rejoindre le cortège anticapitaliste unitaire le samedi 30 septembre prochain à Nantes pour ne laisser aucun espace à l’extrême-droite et affirmer la complémentarité de nos luttes.

Premiers signataires : Action Antifasciste Nantes, NPA, Action Antifasciste Saint-Nazaire, Nantes en Résistances, Gauche Indépendantiste Bretonne, Bro Duig enepfaskour/Pays de l’Aven Duig antifasciste.

La récente ouverture à Guingamp d’un estaminet par un militant d’extrême-droite venu de Quintin continue de susciter un certain émoi dans la sous-préfecture des Côtes d’Armor. Le samedi 10 juin, environ 60 personnes ont défilé dans cette même ville pour rendre hommage à Clément Méric, jeune breton libertaire mort sous les coups de fascistes à Paris il y a quatre ans.

A cette occasion, la presse locale a du rendre compte de la présence en ville de l’établissement “Bro Gozh” situé place St-Michel à Guingamp et évoqué (un peu) les opinions pour le moins radicalement racistes et fascistes de son tenancier Jerome Ecobichon Bannier. En effet la manifestation s’est rendue devant l’établissement. En amont, plusieurs individus identifiés comme faisant partie de la petite mouvance “ultra” locale ont tenté de s’en prendre au cortège antifasciste. Cela donne une idée du fait que la seule présence de cet estaminet nostalgique des années 30 servira de point de fixation à l’extrême-droite  qu’elle soit locale ou de passage en manque de castagne et de victimes.

Le compte rendu complet de la manif est à lire là et il a été écrit par des membres de Nuit Debout Lannion.

Une affaire familiale :

Nous souhaitons pour notre part mettre les choses au point et démasquer définitivement celui que son frère Anthony (co-gérant comme la maman, voir image plus haut) présente comme “un peu plus à droite que lui” mais pas du tout fasciste.

Tout d’abord cet individu n’est connu dans aucune formation indépendantiste ou autonomiste Bretonne, qui rappelons le rejettent catégoriquement la xénophobie et développent une vision inclusive de l’identité bretonne. Et évidement il ne parle pas breton…

Un de ses murs Facebook nous permet d’en savoir plus sur sa vision ethniste de la Bretagne puisqu’il ne semble pas supporter que l’association Bretagne 5/5 qui œuvre pour l’unité territoriale de la Bretagne aie un logo mettant en avant la diversité d’origine de la population bretonne actuelle.

 

Il semble bien que Jérôme Bannier/Ecobichon soit passé dans les rangs du très très à droite groupement ADSAV dont les membres ne cachent pas leur penchant à participer aux meetings et actions violentes de toute l’extrême-droite française en Bretagne. Ce parti  est complètement marginal sur la scène politique bretonne.

Jérôme Bannier développe un rapport compulsif avec Facebook où il anime de nombreux comptes comme celui du Strollad Keltieg Breizh (Parti Celtique de Bretagne) dont il semble être un des rares membres. Ce parti politique virtuel et catho tradi a affirmé sa proximité avec Adsav et l’arrière garde de l’extrême-droite en Bretagne par ce post de soutien à des membres de ce groupe anti-migrants jugés et condamnés pour certains pour avoir pris part à l’occupation d’un centre pour migrants à Arzon dans le Morbihan.

Ces anciens amis d’Adsav — qui ne se pressent pas pour le soutenir — seront contents d’apprendre que Jérôme Bannier a contacté il y a peu via Messenger la Gauche Indépendantiste pour balancer sur ses petits copains d’Adsav et se refaire une virginité. Pour être tranquille à Guingamp ?

Le militantisme de Jérôme Bannier se déploie aussi en soutien à une très mystérieuse branche bretonne du Continuity Sinn Fein, un parti politique Irlandais (?!) qui n’existe qu’a Limerick et dont les membres ont prononcé leur auto-dissolution sur les conseils du clergé et d’autres groupes républicains, hasard du calendrier le 9 juin. Il semble que la seule activité de la branche armée de ce groupe ait été de racketter des dealers…

Soutien à Breiz atao.

Là encore, l’activité du “parti” est bien virtuelle, mais Jérôme aime aussi le petit commerce et ne dédaigne pas arrondir ses fins de mois en vendant des pins aux couleurs des Bagadoù Stourm, milice service d’ordre du Parti National Breton créée en 1941 et ayant des rapports plus ou moins proches avec l’occupant nazi et d’inspiration et d’esthétique globalement fasciste (même si une petite partie du groupe rejoindra la résistance à Saint-Nazaire).

Sa fascination pour les années 40 ne s’arrête pas la puisqu’il clame sur les réseaux sociaux qu’il souhaite organiser une soirée “Breiz Atao” dans son établissement. Ce titre (Bretagne toujours) a été le nom de différents organes de presse de la mouvance nationaliste bretonne entre 1918 et 1944 mais c’est surtout le nom du blog suprémaciste blanc, antisémite et islamophobe animé par Boris Le Lay.

Ce blogueur, fan de la Russie de Poutine est recherché (pas trop quand même)  par la justice française pour purger de nombreuses condamnations à la haine raciale  et d’« apologie de crime contre l’Humanité, provocation à la haine et contestation de crime contre l’Humanité » suite à la publication d’articles depuis le Japon d’où réfugié un moment il animait le site “Breiz Atao” maintenant déréférencé par Google. Le casier judiciaire de l’intéressé est trop long pour que l’évoquions en détail ici, toutefois on notera que Mona Bras (adjointe à la ville de Guingamp, militante autonomiste) l’avait fait condamner pour notamment diffamation en 2013.

Cela n’a pas empêché Jérôme Bannier, gérant du “Bro Gozh” dans cette même ville, d’afficher son soutien sans faille la veille de la manifestation antifasciste en publiant encore sur une de ses pages Facebook une video de Boris Lelay après une nouvelle condamnation.

 

Son frère Anthony (Anton sur Facebook) rediffuse souvent la littérature des deux “partis” animés par son frère, précision importante puisque pour se dédouaner suite à la polémique née de la salutaire manifestation antifasciste, Jérôme indique vouloir quitter la Bretagne pour laisser à son seul frère la gestion de l’établissement. Information à vérifier…

La manifestation du 10 juin a permis de montrer le vrai visage des gérants de l’établissement, puisque on se rend compte maintenant que celui d’entre eux qui se met le plus en avant n’a pas hésité pas à faire des saluts nazis au passage du cortège, publié des posts de soutien à un blogueur condamné pour incitation à la haine raciale et pour injure à une conseillère municipale de Guingamp et que, fait notable, ce qui ressemble bien à des nervis d’extrême-droite rameutés par le patron qui prétend pouvoir démultiplier ce chiffre ont tenté d’attaquer la manifestation antifasciste (une première locale).

Le tissu culturel breton local, très riche , ne cache pas sa peur de l’amalgame tant ses préoccupations et sa vision de l’identité bretonne sont éloignés de celles affichés par Jérôme Bannier qui jette le discrédit sur les défenseurs de la langue et de la culture bretonne très actifs à Guingamp.
Enfin, la ville est surtout connue pour son club de football et le fair-play de ses supporters et tout le monde peut comprendre ce que peut représenter en terme de sécurité pour tous l’existence d’un point de fixation les soirs de matchs pour les militants d’extrême-droite prenant prétexte de déplacements de supporters pour se regrouper et commettre des exactions comme récemment à Rennes.

Autant d’éléments qui devraient alimenter les réflexions des autorités préfectorales pour prendre une décision de fermeture administrative de l’établissement comme la loi le lui permet en cas de troubles récurrents.

En tout état de cause, si comme pour son ami Boris Le Lay l’État devait faire preuve de laxisme et tarder à prendre les mesures qui s’imposent, le tissu associatif local tout comme les réseaux syndicaux et politiques sont désormais prêts à continuer à informer la population sur la nature réelle de l’engagement politique des animateurs de ce débit de boisson.

Pas sur du tout que dans la ville de Georges Voisin — joueur et animateur d’En Avant de Guingamp, instituteur, syndiqué CGT mort en déportation pour fait de résistance antinazie — Jérôme Bannier et ses amis trouvent beaucoup de soutien.

Des militants de la Gauche Indépendantiste Bretonne Guingampais, résolument antifascistes.

Un salut nazi en toute impunité

 

 

 

 

 

Nous reproduisons ici un texte de Jean-Do Robin, syndicaliste, défenseur de la langue bretonne et militant engagé pour la Palestine avec qui nous partageons une vision inclusive et radicalement antiraciste de l’identité bretonne. Il revient sur  les défilé fasciste de Pontivy.

Bretagne-info.

A propos des violences fascistes à Pontivy le 14 novembre 2015

Les média ont largement diffusé les images du rassemblement fasciste contre l’accueil de migrants, à Pontivy le 14 novembre dernier, et des violences qui l’ont accompagné.

Ce lamentable évènement appelle quelques observations

L’extrême droite en Bretagne

L’utilisation par Adsav de symboles qui se rattachent à la Bretagne, ainsi que l’inscription de son discours dans une prétendue revendication bretonne sont totalement factices : Adsav est une déclinaison du Bloc Identitaire, variante française de la nébuleuse néo-nazie européenne qui s’emploie à attiser la haine xénophobe en jouant sur les frustrations liées à l’exclusion sociale et culturelle générées par le capitalisme débridé.

Ces frustrations, conjuguées au discrédit du pouvoir politique (corruption, évasion fiscale, carriérisme, népotisme, dénis éhontés de démocratie et de justice sociale, incohérence et aventurisme géo-politique…) sont aussi bien le terreau des discours ultra-nationalistes que du recrutement salafiste : Adsav-Bloc Identitaire et Daesh ne sont que deux visages de la même théorie du chaos, idéologie nourrie du mythe apocalyptique d’Armageddon et mue par l’instinct de mort.

Le premier est aussi étranger à l’héritage culturel et politique du peuple breton que le second l’est au Coran.

Adsav, si on fait abstraction des oripeaux dont il se pare, n’est que le clône du Bloc Identitaire en France, de la Lega Nort en Italie, de la phalange espagnole, du Vlaams Belang en Flandres ou de Pegida en Allemagne… (liste non exhaustive, mais suffisamment nauséabonde).

Les responsables d’Adsav n’hésitent d’ailleurs pas à organiser des manifestations communes avec le “Parti de la France” et des anciens d’OAS tels que Claudine Dupont-Tingaud, comme à Brest, le 10 octobre dernier.

C’est dire si l’expression “extrême droite en Bretagne” est certainement plus appropriée que le terme d’ « extrême droite bretonne ».

L’expression politique bretonne est une composante de la refondation démocratique

 

L’expression bretonne contemporaine, dans sa large majorité, qu’elle soit strictement culturelle, ou qu’elle soit politique, des “régionalistes” aux indépendantistes, n’a rien à voir avec ces néo-nazis.

Elle s’inscrit dans une revendication mondiale de reconnaissance de la diversité culturelle, comme source d’enrichissement des sociétés modernes, comme outil de résistance à la pensée unique, et donc comme rempart aux totalitarismes.

Mais il faut bien reconnaître que les efforts pour construire en Bretagne un projet de société, capable de répondre aux nouveaux défis de la démocratie (démocratie participative, principe de subsidiarité, droit à l’expérimentation, reconnaissance des projets d’initiative citoyenne…), un projet qui repose sur une économie au service de solidarités sociales élargies ; un projet qui associe étroitement la promotion de la diversité culturelle à la préservation de la diversité du vivant ; un projet construit sur un territoire identifié et voulu par ses habitants, et identifiable par ses partenaires internationaux ; un projet constitutif d’une Union Européenne politique, démocratique et donc souveraine… ont bien du mal à se frayer un chemin entre les divers obstacles qui lui sont opposés.

A ce titre, Adsav n’est qu’une pustule parmi les récupérations et les dérives de toutes sortes qui nuisent à l’émergence d’un projet politique breton crédible et novateur.

Bien plus lourd est le poids des mythes productivistes et des intérêts privés issus d’un « modèle agricole breton » destructeur d’emplois et complètement obsolète, qui a permis la manipulation et le détournement à leur seul profit, de cette explosion de colère du peuple breton, confronté aux licenciements et au chômage, que fut le mouvement des Bonnets Rouges… avant d’être coiffé par Xavier Beulin (3 milliards d’€ pour continuer à envoyer les paysans dans le mur et à empoisonner le monde, Merci M. Valls), puis renvoyés à la chaîne d’abattage ou de conditionnement pour le plus grand profit des Glon, Merret et autres affidés d’Avril-Sofiprotéol en Bretagne… Jusqu’à la prochaine vague de licenciements dans les abattoirs, et de suicides dans les salles de traite.

Et comme si la coupe n’était pas pleine, propos méprisants et insultants de la gentry gouvernementale envers les ouvriers bretons (« les illettrés de Gad », E. Macron, 17.09.2014). Là encore, du gâteau pour les fascistes en embuscade, qui n’ont pas manqué, nous avons pu le constater, de canaliser la rancœur et la confusion de quelques « soldats perdus » du mouvement des Bonnets Rouges.

Car le tableau serait très incomplet sans le mépris et l’autisme de l’État, inféodé aux intérêts du capital financier (Total, Vivendi, Areva, Veolia, Avril, CIC…), sourd à l’opposition de la population, agriculteurs et pêcheurs y compris (et des élus locaux, parfois) aux projets inutiles, voire destructeurs de NDDL, de la centrale au gaz de Landivizio, des forages miniers en centre-Bretagne ou de la destruction de la dune sous-marine de la baie de Lannion (Macron encore et toujours…).

Pourtant l’alternative énergétique et économique bretonne existe : au-delà d’une nécessaire actualisation, les grandes lignes du Projet Alter Breton proposé en 1978 par le PSU sont toujours à l’ordre du jour.

Mais les projets issus de l’initiative citoyenne se heurtent, en Bretagne comme ailleurs, à un centralisme d’autant plus étouffant et répressif que l’État est chaque jour plus incapable d’assumer le rôle que les citoyens lui ont confié et pour lequel ils lui faisaient encore plus ou moins confiance : les protéger du rouleau compresseur et des violences du capitalisme sauvage.

Dans ce contexte de perte presque totale de crédit démocratique, l’État français caractérisé par une hyper-concentration des pouvoirs (régime présidentiel envié par R.T. Erdogan, centralisation des institutions et des sièges sociaux, des recettes fiscales et des administrations) ne peut que considérer comme du pain bénit tout prétexte à établir un état d’urgence permanent, c’est-à-dire l’État de siège, prélude à la dictature. Erdogan en blêmit déjà de jalousie.

À quoi joue le ministre de l’Intérieur ?

Le 14 novembre 2015, lendemain des attentats de Daesh à Paris, l’état d’urgence est proclamé. Les préfets prennent des arrêtés interdisant toute manifestation publique.

Pourtant, le préfet du Morbihan autorise la manifestation à Pontivy du groupuscule néo-nazi «Adsav» contre l’accueil de migrants en Bretagne. (Bilan : 3 blessés, dont une personne sauvagement tabassée par des manifestants).

Dans son communiqué du 16 novembre, le MRAP s’interroge fort opportunément :

“Comment la bande fasciste a-t-elle pu ainsi terroriser et frapper dans les rues d’une ville bretonne ?

Comment cette manifestation a-t-elle pu se dérouler sans interdiction ?

Comment 150 nervis ont-ils pu manifester en toute impunité dans une ville de 15 000 habitants à l’appel d’un groupuscule régional, bien connu des services de police ? De surcroît, sans qu’aucune interpellation n’ait été réalisée ?”

Adsav est un groupuscule qui, lorsqu’il rameute tout ce que la Bretagne compte d’activistes d’extrême droite, peinait jusqu’à présent à rassembler plus de 80 individus, 100 au grand maximum.

En maintenant son autorisation à ce rassemblement, dans le contexte émotionnel de la tuerie du 13 novembre, le préfet du Morbihan offrait un véritable tremplin aux nervis… Il est donc plutôt rassurant que malgré ce coup de pouce, Adsav n’ait pas réussi à rassembler plus que les 150 abrutis présents.

Mais les violences d’Adsav, aussi graves et inquiétantes soient-elles, ne sont qu’un épiphénomène au regard de la montée en force des idéologies totalitaires dans la représentation politique française.

Le FN de Marine Le Pen en est une composante bien plus inquiétante.

Plus encore, au-delà du FN désormais installé dans le paysage politique (par qui ?), c’est la normalisation de son discours et la reprise des mesures qu’il réclame, sécuritaires, xénophobes et liberticides, par la droite traditionnelle et par le gouvernement Hollande-Valls, qui doivent d’abord être dénoncées pour ce qu’elles sont : une dérive fascisante des dirigeants politiques français.

Or l’écho donné sur les chaînes de télévision aux évènements de Pontivy aura indiscutablement contribué à deux choses :

– Justifier le prolongement d’un état d’urgence et le renforcement des dispositifs policiers,

– Salir, une fois encore, aux yeux d’une opinion publique française peu avertie, l’image de la revendication culturelle et politique bretonne, en l’assimilant toute entière aux délires et aux violences d’une bande de fascistes.

Adsav, dans ce contexte, n’est qu’une marionnette, une carte parmi d’autres aux mains du pouvoir, dans le grand jeu des manipulations de l’opinion publique.

Comment comprendre autrement qu’une telle manifestation ait été autorisée et que les violences qu’elle a générées n’aient fait l’objet d’aucune interpellation par les forces de police pourtant présentes, ni depuis – jusqu’à plus ample information – d’aucune poursuite du parquet ?

Jean-Do Robin, 19 novembre 2015