Tag

irlande

Browsing

Depuis 1996, le Festival Euskal Herria Zuzenean existe au pays Basque Nord et tente de lier programmation éclectique et réflexion militante. EHZ est le prolongement de l’association PIZTU créée en 1992 et il peut être défini comme une association militante. L’ambition était de devenir une plateforme d’échange et d’aide à l’évènementiel. Piztu organisa le premier festival EHZ en 1996.

C’est un festival qui au-delà du seul rendez-vous annuel organise des conférences et des concerts sur tous le Pays Basque nord tout au long de l’année. Nous nous permettons d’attirer votre attention sur la présence assumée de Zadistes et expliquée comme suit :

L’an dernier, nous avions accueilli de nouveaux compagnons de route : les zadistes qui habitent les terres bretonnes de Notre-Dame-des-Landes. Ils avaient participé au montage et aux conférences du festival, ainsi qu’à une première tournée de réunions publiques en Pays Basque sud. Dans la lancée, une trentaine de personnes du Pays Basque visitaient la ZAD, afin de mieux connaître ce territoire et prendre part à des chantiers collectifs. Une rencontre fructueuse, propice à l’échange de modèles et de pratiques. Les relations continuent à ce souder. Cette année encore, ils seront présent au château de Garroa. Et en présence de différents mouvements de résistance de collectifs travaillant sur l’écologie, l’agriculture biologique, l’autogestion, la désobéissance ou l’internationalisme, la discussion du dimanche portera sur les façons de promouvoir les cultures populaires et les alternatives plurielles, de réfléchir sur la mise en place d’outils et modes de vie participatifs, et l’enjeu de joindre les résistances diverses ou de mettre en pratique la convergence des luttes.
(RDV dimanche 2 juillet à 11 heures)

Il y aura aussi une grande place accordée aux luttes féministes et à la réflexion anti-masculiniste.

L’équipe éditoriale de Stourmomp sera également de la partie puisque l’auteur républicain et socialiste Irlandais Liam O’ Ruairc sera présent pour animer un débat sur l’importance de l’autodétermination dans le processus de paix  (Samedi 1er juillet à 15h00).

Il évoquera  l’évolution politique des dernières années en Irlande du Nord. Aspirant à son indépendance, le territoire a connu la lutte armée, la répression, “le processus de paix”, et les négociations politiques menées dans son cadre. Quelles ont été ses conséquences ? Quelle est la situation actuelle des prisonniers politiques ? Comment est menée la lutte pour l’émancipation totale du pays aujourd’hui ? L’an dernier, Liam O’Ruairc a publié le livre “Paix ou pacification ? L’Irlande du Nord après la défaite de l’IRA”. Un ouvrage dans lequel il rapporte et analyse le déroulé du processus de paix irlandais et ses conséquences. Et au delà de ces constats, il questionne sur l’importance de l’autodétermination dans le processus de paix irlandais. Selon lui, Le droit à l’autodétermination est ce qui permet de souder “paix” avec “justice” et d’achever le processus de décolonisation. Si le processus n’est pas fondé sur la reconnaissance du droit à l’autodétermination, on peut remettre en question le caractère “juste” et durable de cette paix.

Pour tout savoir sur ce festival pas comme les autres ou la langue basque et les prisonniers politiques ne seront surement pas absents, on passe par là.

 

Radio Paese, l’émission Corse de FPP à Paris, a diffusé un entretien avec Liam Ó Ruairc à propos de son livre “Paix ou pacification : l’Irlande du Nord après la défaite de l’IRA” (édition Stourmomp).

L’interview se trouve vers la 18ème minute environ et Liam Ó Ruairc y évoque plusieurs thèmes durant un quart d’heure : Brexit, accords du Vendredi Saint, situation économique et politique en Irlande du Nord, …

Le blog communiste Occitan “Servir le Peuple” a eu l’excellente idée de traduire un communiqué de l’organisation républicaine et socialiste Irlandaise Eirigi sur l’utilisation la croix Celtique par le GUD. Un communiqué qui tombe à point après la parade puante de 20 nervis du GUD “Bretagne” samedi dernier à Rennes en parallèle d’un rassemblement de solidarité avec des migrants.

Eirigi

Les néo-nazis n’ont aucun droit à se revendiquer de Pádraig Pearse et du républicanisme irlandais !

Comme il apparaît qu’un groupe français d’extrême droite, le GUD (Groupe Union Défense) a tenu une réunion publique en tentant de récupérer Pádraig Pearse et la liberté de l’Irlande, Éirígí affirme qu’il n’y aucune place pour les néo-nazis, racistes ou fascistes au sein de lutte révolutionnaire irlandaise.

Le républicanisme socialiste irlandais est une idéologie internationaliste, laïque et inclusive, avec une longue et fière histoire d’opposition à la menace fasciste, qu’elle ait montré sa tête affreuses dans les rues de Dublin ou sur les champs de bataille de l’Espagne. Depuis plus de 200 ans, le républicanisme irlandais a eu pour objectif de donner plus de pouvoir aux petites gens, indépendamment de leur religion ou leur nationalité, et a cherché à construire sur cette île un système social qui mettrait fin à toutes les formes d’exploitation. De tels principes reposent sur une totale opposition à l’idéologie d’extrême droite.

En tant que signataire de la Proclamation de 1916, Pádraig Pearse s’est battu pour les libertés civiques et religieuses, des droits égaux et des opportunités égales pour tous, et a finalement donné sa vie dans la tentative d’établir une République irlandaise qui chérirait tous les enfants de la nation de manière égale. L’absurdité de la suprématie raciale prêchée par l’extrême droite ne saurait être plus éloignée des convictions politiques de Pearse.

En tant que républicains socialistes irlandais, Éirígí rejette toute tentative de la part de l’extrême droite de récupérer le combat pour la liberté de l’Irlande. Nous affirmons que la lutte en Irlande est une lutte socialiste de libération nationale.

Nous affirmons, avec les mots de James Connolly, que “le salut de l’Irlande ne peut venir que du socialisme” !

Étant donné que l’extrême droite à travers le monde se sent pousser des ailes depuis la victoire de Donald Trump, nous rappelons aux groupes tels que le GUD que toute tentative néo-nazie de s’organiser en Irlande a été empêchée par le Peuple irlandais, qui a sans cesse démontré qu’il est déterminé à affronter l’idéologie de la haine.

Aucune tribune ne sera donnée aux racistes, fascistes ou néo-nazis et leur soutien n’est pas le bienvenu. No pasarán !

Eirigi.

Patrick Pearse
Patrick Pearse

Rencontre avec Liam Ó Ruairc, écrivain républicain et socialiste Irlandais, à l’occasion du 27ème festival du livre de Carhaix qui avait lieu les 29 et 30 octobre et qui était consacré à l’Irlande.
Liam Ó Ruairc, originaire de Belfast, venait en effet de publier : « Paix ou Pacification ? L’Irlande du Nord après la défaite de l’IRA » aux éditions “Stourmomp”.
Un ouvrage qu’il présente comme ceci :

« Depuis des années, les pouvoirs dominants et leurs médias vantent les mérites du « processus de paix » nord irlandais. La présente étude cherche à montrer que ce processus n’arrive pas à lier “paix” et “justice” et que pour cela il est plus exact de parler de « processus de pacification ».
Contre les discours dominants réduisant ce qu’on appelle la “question irlandaise” à un problème insulaire et à des haines ancestrales, cette étude la place dans le contexte du colonialisme, de l’impérialisme et des luttes de libération. »

A l’occasion de la venue de Liam Ó Ruairc en Bretagne venu pour y présenter son livre « Paix ou Pacification ? L’Irlande du Nord après la défaite de l’IRA » paru aux éditions STOURMOMP, les militants du NPA Finistère ont réalisé cette entrevue avec l’auteur. Nous la republions donc.

Question : Quelles sont les principales thèses défendues par cet ouvrage ?

L’État britannique sort vainqueur du conflit qui l’a opposé à l’IRA durant des années.

Les républicains irlandais acceptent à présent les termes politiques pour la résolution du conflit proposés par leur adversaire depuis 1972.

La souveraineté de l’État britannique (sur les 6 comtés) a été renforcée par les Accords de 1998.

Ces Accords loin d’être un compromis honorable représentent un changement constitutionnel déséquilibré en faveur de l’unionisme. Pour reprendre les mots de Tony Blair, Premier Ministre britannique : « Ces Accords offrent aux unionistes toutes les exigences-clés qu’ils ont formulées depuis la partition il y a 80 ans. »

Si on traduisait la chose en langage syndical, on devrait dire que la direction républicaine a réussi à obtenir une semaine de six jours et une baisse des salaires. Le Sinn Féin déguise son échec stratégique comme une ‘nouvelle phase de la lutte’. C’est un peu comme ce général qui aurait un jour déclaré ‘nous ne reculons pas, nous manœuvrons’.

Mais comme l’a souligné Bernadette Devlin-McAliskey, d’un point de vue républicain le proces- sus de paix ne pouvait être qu’« idéologiquement mauvais et tactiquement stupide » ; vu que son objectif principal était « la dé-militarisation, la dé-radicalisation et la dé-mobilisation du mouvement de résistance » et cela s’est avéré vrai. Non seulement cela représente une défaite pour le républicanisme, mais le Sinn Féin rejoint le système auquel il était opposé.

Ce à quoi le processus a aboutit est au mieux une espèce de version irlandaise du pacte Hitler-Staline plutôt qu’un modèle pour la paix mondiale.

L’ouvrage montre aussi que le ‘processus de paix’ en Irlande du Nord n’est pas seulement politique, mais comprend également un volet économique basé sur l’idée que le néo-libéralisme favorise la paix et la prospérité. Dans ce village Potemkine de la paix néo-libérale qu’est l’Irlande du Nord, l’ouvrage prouve que ceux qui ont été le plus affectés par le conflit ne sont pas ceux qui bénéficient des supposés ‘dividendes de la paix’ et dans beaucoup de cas leur situation sociale et économique s’est détériorée depuis 1998.

Ce qui existe aujourd’hui en Irlande du Nord est un simulacre de paix et pas une paix véritable, car ce n’est pas une paix fondée sur la vérité (l’idée de vérité est vue comme néfaste), la liberté (vu que la domination de l’État britannique a été renforcée) et l’égalité (étant donné que les inégalités sociales et économiques se sont approfondies). C’est pour cela qu’il est préférable de parler de ‘processus de pacification’ au lieu de ‘processus de paix’. Le ‘processus de paix’ ne peut pas même être qualifié de ‘révolution passive’.

Il faut aussi souligner que cet ouvrage critique non la ‘paix’ mais le ‘processus’. Que l’IRA mette fin à ses actions armées est une chose qui peut se comprendre mais le Sinn Féin rejoindre le camp adverse une autre !

liamorourke

L’ouvrage donne une grande importance au contexte historico-mondial. Pourquoi ?

Il est erroné de voir l’Irlande du Nord comme un problème ‘insulaire’. Il faut voir cette question dans le cadre global de l’impérialisme et des luttes de libération. La résistance irlandaise a été très fortement associée à la montée des mouvements anti-impérialistes et anti-coloniaux. Le ‘processus de paix’ est un symptome de la crise et du déclin de ces mouvements à l’échelle internationale.

Le changement des rapports de force à l’échelle internationale après la chute de ce qu’on appelait le ‘socialisme réellement existant’ a mis les mouvements de libération nationale ‘réellement existants’ et autres forces anti-systémiques dans une position de faiblesse et les force à accepter des termes défavorables. C’est dans ce contexte qu’il faut voir le processus de pacification et ce qui l’a rendu possible. Le ‘processus de paix’ est la version irlandaise de la thèse proclamée par l’idéologue de la Maison Blanche Francis Fukuyama de la ‘fin de l’histoire’.

Comment expliquer que le gros des sympathisants du Sinn Féin et de l’IRA Provisional soient restés loyaux au mouvement et sa direction alors que ceux-ci ont abandonné les principes républicains ?

Le fait d’être loyal au mouvement plutôt qu’à l’idéologie est le facteur décisif. Le vétéran républicain Brendan Hughes rappelait que le mouvement a toujours exploité la loyauté de ses membres. Cela indique la primauté de l’unité organisationnelle sur l’unité autour de principes idéologiques. C’est la version irlandaise de la maxime social-démocrate ‘le mouvement est tout, les principes ne sont rien’.

Un autre point important est que la direction du Sinn Féin et de l’IRA est arrivée à vendre à leur base la dilution de leurs principes en déclarant que ce n’étaient pas des ‘principes’ mais des ‘tactiques’. La confusion délibérée des principes et des tactiques débouche sur une situation ou il n’y a plus aucun principe et tout est juste une ‘tactique’.

En termes de comparaison internationale, le journaliste et politologue Kevin Rafter ne trouve pas d’autre exemple de mouvements politiques qui ont été aussi loin que le Sinn Féin et l’IRA dans la dilution de leurs principes fondamentaux : « Aucun autre parti politique en Europe n’a subi une telle révision radicale de ses principes de base, pas même les anciens partis communistes en Europe centrale et orientale qui se sont transformés en entités sociales démocrates au lendemain de la chute du bloc soviétique » écrit-il dans son livre de 2005 sur le Sinn Féin.

Sur cette base il est possible de déguiser l’opportunisme en ‘pragmatisme’ et ‘réalisme’.

En termes de couverture médiatique ce sont les organisations républicaines voulant poursuivre la lutte armée qui reçoivent le plus d’attention. Que penser de celles-ci ?

Pour utiliser les termes de Gramsci, ces organisations veulent engager une « guerre de mouve- ment » alors que non seulement on n’est pas même capable de se lancer dans une « guerre de position » mais l’heure est à battre en retraite stratégique !

Le dirigeant républicain Brendan Hughes soulignait qu’en Irlande du Nord non seulement les gens en ont marre de la guerre, mais ils en ont marre de la politique tout court. Il n’y a aucun appétit pour la guerre et très peu d’intérêt pour la politique. On vit dans une époque thermidorienne où on assiste à l’atomisation, la dépolitisation, la dé-mobilisation et la dé-radicalisation des acteurs sociaux et politiques. Le capitalisme malheureusement semble l’ horizon indépassable de notre temps.

Ces organisations mènent des actions armées mais n’ont même pas commencé à se lancer dans la bataille des idées. La bataille la plus importante à mener aujourd’hui est la bataille des idées. L’impératif est de forger une « direction intellectuelle et morale » (pour encore emprunter un concept gramscien) et non des actions armées qui ont des effets politiques très réduits.

Cet ouvrage éspère contribuer à cette bataille des idées et offrir un contrepoids à la ‘propa- gande de la paix’ qui domine aujourd’hui le discours sur l’Irlande du Nord. Pour conclure en termes de perspectives: « Pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté »…

Le 27ème festival du livre de Carhaix (29 et 30 octobre) est consacré à l’Irlande. Ce rendez-vous incontournable de l’édition et du livre en Bretagne n’hésite pas à choisir des thèmes à la frontière du culturel et du politique. En consacrant son édition de 2016 à L’Irlande, 100 ans après l’insurrection de 1916 le festival ne déroge pas à cette tradition.

karaez

Le programme et la liste des auteurs et éditeurs présents (de langue bretonne ou de langue française) est consultable ici et . Un certain nombre d’auteurs Irlandais et d’officiels de la république d’Irlande seront présents.

Par ailleurs un colloque aura lieu le vendredi 28 et le samedi 29 octobre coorganisé par le C.R.B.C. de l’Université de Rennes 2 et en partenariat avec l’association Breizh-Eire sur l’histoire des relations britto-irlandaises.

paix_ou_pacification_l_irlande_apres_la_defaite_de_l_ira_liam_o_ruairc_stourmomp
Nous attirons votre attention sur la présence à ce festival incontournable de Liam Ó Ruairc, écrivain républicain et socialiste Irlandais de Belfast qui vient de publier : « Paix ou Pacification ? L’Irlande du Nord après la défaite de l’IRA » aux éditions “Stourmomp”.

Un ouvrage qu’il présente comme ceci :

“Depuis des années, les pouvoirs dominants et leurs médias vantent les mérites du «processus de paix» nord irlandais. La présente étude cherche à montrer que ce processus n’arrive pas à lier «paix» et «justice» et que pour cela il est plus exact de parler de «processus de pacification».
Contre les discours dominants réduisant ce qu’on appelle la «
question irlandaise» à un problème insulaire et à des haines ancestrales, cette étude la place dans le contexte du colonialisme, de l’impérialisme et des luttes de libération.”

Il viendra pour présenter son livre le vendredi 28 octobre à Guingamp au Centre Culturel Breton à 18H30 (vente et signature sur place). Ce sera un moment privilégié pour discuter avec ce partisan de l’Irlande réunifiée et néanmoins universitaire stimulant, qui jette un regard critique sur la pacification.

Pendant le festival du livre de Carhaix vous pourrez le rencontrer le samedi de 14h00 à 16h00 et le dimanche de 10h00 à 12h00 sur le stand des éditions Coop Breizh qui distribue l’ouvrage.

Le livre est disponible en pré-vente pour 14 €, frais de port inclus pour l’hexagone sur le blog de Stourmomp qui est un collectif militant pour l’édition et la diffusion de matériel (en français ou en breton) de réflexion au service de la construction d’une république bretonne, libre, réunifiée, brittophone, socialiste et féministe dans une perspective internationaliste.

Le texte qui suit a été publié en 2015 dans “Le Peuple Breton“, nous le republions en raison de son intérêt dans le cadre du centenaire de l’insurrection de Pâques en Irlande. Il intéressera tous ceux et celles qui sont préoccupés par l’influence du républicanisme Irlandais sur ceux qui défendent le fait national breton. Signalons enfin l’existence du sympathique blog Irlande 2016 qui recense et promeut en Bretagne les célébrations de l’insurrection de Pâques.

Bretagne Info

par Alan Le Cloarec, doctorant en sciences politiques, à l’Université de Rennes I.

Des militants bretons de la première moitié du XXème siècle il n’est pas le plus connu, et pourtant il est peut être celui au parcours le plus hors du commun. Ce bretonnant de naissance, fils d’un meunier de Pleudaniel dans une famille de huit enfants, a été un activiste breton et international. Il agissait le plus souvent en coulisse, sans trop se mettre en avant, mais a côtoyé de près certains des grands évènements et certaines grandes figures du monde politique de son temps.

L’engagement séparatiste

Né en 1890, Le Roux est issu du milieu paysan trégorois très modeste et absolument rien ne le prédestinait à mener la vie qui fut la sienne. En 1909 à se faire engager comme secrétaire de François Jaffrenou – Taldir de son nom druidique- au journal régionaliste Ar Bobl ( Le Peuple). Seulement deux ans plus tard néanmoins, il sera vite en confrontation avec son premier parrain régionaliste au nom de l’expression de ses propres idées bretonnes qui se veulent autrement plus radicales, en revendiquant la volonté de séparer la Bretagne de la France pour en faire un Etat souverain. Nous sommes en 1911 et Le Roux commence à faire véritablement naitre l’idée séparatiste contemporaine. Au départ, ce terme est souvent employé par l’intelligentsia française comme un procès d’intention aux régionalistes de l’URB —Union régionaliste bretonne— qui est pourtant très éloignée, voire très hostile à ce genre de revendications. De ce terme qui est utilisé comme une critique et un tabou, Le Roux en fait un courant de pensée politique novateur. Il trouve pour se faire un allié et ami avec qui il restera toujours en contact : Camille Le Mercier d’Erm. Avec lui, il lance un premier Manifeste séparatiste ainsi qu’une brochure : Pour le séparatisme. En 1912 vient ensuite un journal, Breiz Dishual (Bretagne Libre) qui perdurera péniblement jusqu’à 1914. De ces quelques années d’activisme séparatiste, Le Roux fera une rencontre qui aura une grande influence sur sa propre pensée politique, celle d’Emile Masson. Avec ce dernier il traduit en breton A mon frère le paysan en 1912, une brochure de l’anarchiste français Elisée Reclus. A cette période, il participe aussi activement au journal Brug lancé par Masson, en y écrivant plusieurs articles en langue bretonne. Néanmoins ce premier élan de militantisme breton se trouve stoppé net par les débuts du premier conflit mondial. Plutôt que de partir au front, Le Roux choisit l’exil. Il s’explique quelques années plus tard en disant qu’il ne souhaitait prendre les armes et mourir que pour son pays et pas pour les « militaristes », «  ces pauvres êtres qui n’ont rien tenté pour éviter la catastrophe, mais qui, au contraire, ont tout fait pour la rendre inévitable »1.

Les zones d’ombre de la Première guerre mondiale.

Avec cet exil commence une période de la vie de Le Roux dont nous n’avons pas encore réussi à retrouver toutes les informations. On sait par ailleurs aujourd’hui que Le Roux part pour l’Angleterre dès les débuts de l’année 1914, et qu’il y séjourne durant une grande partie du conflit. S’il a échappé aux combats sur le sol français, il s’est néanmoins retrouvé sous les drapeaux britanniques, en Irlande entre juin 1916 et septembre 1917 – c’est-à-dire juste après l’Easter Week, l’insurrection irlandaise de Pâques 1916- avant d’être démobilisé pour raison de santé. Mais Le Roux connaissait déjà l’Irlande, il y avait voyagé durant l’année 1914 sans que l’on ne sache exactement pour quelles raisons. C’est peut-être à ce moment qu’il commence tisser des liens avec les mouvements républicains irlandais. Durant les années 1930, il raconte dans War Zao, un journal nationaliste breton du Trégor proche du communisme, avoir été un agent du Sinn Fein2, le parti républicain irlandais. Il explique même avoir été arrêté par la police britannique et être passé près du peloton d’exécution. La thèse selon laquelle il renseignait les militants irlandais quand il était sous uniforme britannique n’est donc pas à exclure. En 1919, alors que l’agitation séparatiste irlandaise se fait grandissante, Le Roux est invité à Dublin pour intervenir dans un meeting de la Irish Literary Society. Cela marque le début d’une période bien connue de sa vie, celle d’intellectuel militant dans l’Irlande en plein conflit indépendantiste, puis dans le nouveau pays qui voit le jour à partir de 1921. C’est Le Roux qui va écrire la première biographie de Patrick Pearse, de Tom Clark, publier un livre sur la Ligue gaélique, avec en toile de fond de précieux travaux sur l’histoire de l’indépendance irlandaise auquel il a assisté de près. Pour le remercier de ces travaux, le nouvel Etat Libre accorde d’ailleurs à Le Roux la nationalité irlandaise en 1932. Et les liens avec ce pays se font même jusque dans l’intime, en 1936 c’est à une irlandaise, Marion Murphy, qu’il passe la bague au doigt.

bpt6k5777334m

L’éphémère ancrage très à gauche de l’après-guerre.

Si les évènements irlandais des années 1910-1920 marquent la vie de Le Roux, un autre soulèvement historique de ce siècle qui se déroule en Russie va aussi influencer sa pensée. Après la Révolution russe de 1917, on retrouve en effet un très éphémère et radical ancrage à gauche des idées de Le Roux – tout comme chez Camille Le Mercier. C’est l’époque où dans La Bretagne Libertaire ils se disent tous deux plus que jamais redevable de la pensée révolutionnaire de l’anarchiste breton Emile Masson, et partisan d’une Bretagne libre dans « l’étroite conjonction du fédéralisme et du socialisme, qui réalisera l’ « Internationale » des peuples »3. Le Roux nous dit même dans un article avoir été un agent secret de la Russie soviétique4 ! Les inclinaisons de Le Roux vers les idées de la gauche radicale ne sont néanmoins pas nouvelles même si ces dernières ne peuvent tout de même pas faire figure de matrice principale pour sa pensée politique. On retrouve pourtant toujours des idées et des militants de gauche sur les chemins de son activisme. Il a par exemple été le secrétaire de Ramsay MacDonald, un travailliste écossais qui sera Premier ministre britannique, dont Le Roux traduit d’ailleurs en français son ouvrage Le Socialisme et la Société5. En 1932, quand Le Roux fait traduire et publier en Irlande sa biographie de Pearse, c’est un militant de gauche bien connu qu’il engage pour ce travail : Franck Ryan. La correspondance entre les deux hommes montre d’ailleurs qu’ils se connaissent déjà bien quand Ryan est embauché par Le Roux. Quelques années plus tard, c’est Ryan qui deviendra le symbole de l’antifascisme des militants de l’IRA partis combattre en Espagne dans les Brigades Internationales. Que Le Roux entretienne de bons rapports avec des militants de gauche n’a rien d’étonnant, dès 1911 en effet quand il écrit ses textes séparatistes il dit appeler à la révolution de tous ses vœux. C’est une attitude qui restera en toile de fond tout au long de sa vie, mais qui pourtant ne représente pas l’ensemble de son originale pensée politique.

La concurrence nationaliste des années 1930.

Car il ne faut pas s’y tromper, Le Roux se définit lui-même politiquement comme nationaliste, bien que l’aspect polysémique de ce terme et le sens que peut lui en donner son auteur à l’époque où il l’emploie varie considérablement de nos acceptations contemporaines. En un sens, l’étude approfondie de l’ensemble des textes de Le Roux renvoie à un nationalisme de posture bien plus que d’idéologie. C’est-à-dire que dès l’époque séparatiste, le nom du parti créé par ses jeunes militants est bien « Parti nationaliste breton ». Le choix de ce terme s’explique principalement dans la difficulté à recruter des individus autour de l’idée séparatiste, tout en souhaitant s’afficher d’un engagement breton plus radical que le régionalisme – le terme d’autonomisme ne sera utilisé que plus tard dans l’Entre-deux-guerres avec une logique assez comparable. Le cœur des idées exprimées sur cette période reste tout de même le séparatisme, dans la mesure où l’idée de nation est une toile de fond très présente mais très peu développé. Cela change quelque peu après la Première guerre mondiale. Dans les années 1930 en effet, Le Roux se rapproche des nouvelles générations de militants formés à l’école de Breiz Atao, et ce particulièrement après l’explosion du PAB qui fait naitre plusieurs partis bretons en concurrences, voire en conflit, les uns avec les autres. De ces différents partis, c’est le nouveau PNB – Parti national breton cette fois- qui va le plus retenir son attention. Néanmoins, ses relations avec ce parti ne vont pas manquer d’être conflictuelles. Dans les débuts des années 1930, le PNB est accablé de dettes, il ne compte qu’une poignée de militants – 25 à sa création-, jusqu’à ce que les attentats du groupe Gwenn ha Du réussissent à lui donner une tribune exceptionnelle pour se développer. Au départ c’est d’ailleurs surtout avec Gwenn ha Du que Le Roux est en contact, notamment avec sa porte-parole Meavenn qu’il rencontre en Irlande et à qui il présente des membres de l’IRA comme Franck Ryan. Au milieu de cette décennie, Mordrel et Debauvais du PNB vont demander à Le Roux de venir en Bretagne pour prendre la tête du parti afin de redresser sa situation politique et financière. Ce dernier accepte avant de se rendre compte que les dirigeants veulent qu’il prenne les dettes à son nom sans n’avoir aucun rôle politique, ni au journal ni au parti… Le Roux fait alors bande à part, il créé une Association nationale bretonne, avec un nouveau journal intitulé une fois encore Breiz Dishual, qui milite pour l’enseignement de la langue et de l’histoire bretonne à l’école publique. Cette expérience se limite au Trégor avec les anciens membres de War Zao et du PNBR – Parti nationaliste breton révolutionnaire- et ne se manifeste véritablement qu’autour des années 1933 et 1934. En 1939, Le Roux et sa femme sont de retour à Londres, il y trouvera la mort quelques années plus tard. Il décède le 5 août 1944 à l’hôpital de Middlesex, après 54 ans d’une vie plus que bien remplie dont il resterait beaucoup à dire.

1 Texte de Louis Napoléon Le Roux dans La Bretagne Libertaire de Camille Le Mercier d’Erm de 1921.

2 Louis Napoléon Le Roux, « Ar gwir enep d’ar gaou » [Le vrai contre le faux], War Zao, décembre 1931-janvier 1932.

3 Camille Le Mercier d’Erm, La Bretagne Libertaire, page 17.

4 Louis Napoléon Le Roux, « Hier – Aujourd’hui – Demain », Breiz Dishual, décembre 1933.

5 Publié dans sa version française en 1922.

Un vote breton et 7636 voix (0,52%), c’est le nombre de suffrage qui se sont portés sur la liste NPA/Breizhistance en Bretagne :

  • Côtes D’Armor (22) : 1 097 voix (0,53%)
  •  Finistère (29) : 1639 voix (0,55%)
  •  Ille-et-Vilaine (35) : 1382 voix (0,46%)
  •  Loire-Atlantique (44) : 1951 voix (0,47%)
  •  Morbihan (56) : 1567 voix (0,63%)

C’est en dessous de l’objectif de 10 000 suffrages que nous nous étions fixés. Le manque d’intérêt flagrant des médias officiels pour cette campagne et notamment pour notre liste ne nous aurons pas permis d’avoir un meilleur résultat. D’un autre côté, la brièveté de cette campagne aura contrarié la mobilisation de nos militants et militantes, pris le plus souvent par leurs obligations professionnelles, et pour beaucoup déjà fatigués par la campagne des élections municipales. Enfin, notre incapacité financière à imprimer des professions de foi livrées à domicile, nous aura empêcher de faire connaître nos propositions au plus grand nombre. Nous devrons être mieux préparés pour les prochaines échéances.

A ces résultats en Bretagne doivent s’ajouter les résultats obtenus en région Poitou Charente (2 315 voix et 0,42%) et dans les autres départements des « Pays de la Loire » (2682 voix et 0,38%).

Pour autant nous ne regrettons pas d’avoir afficher sans nous cacher notre identité politique et nos combats communs avec nos camarades du NPA : pour les prisonniers politiques, contre l’austérité et les licenciements, contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, pour le droit à l’autodétermination, pour la langue bretonne, pour l’internationalisme et la solidarité avec les réfugiés.

Le vote Front National progresse en Bretagne (de 3% en 2009 à 16,91% aujourd’hui), même si cette dernière permet de contenir son importance dans la circonscription électorale. En effet, celui-ci est en tête dans la région Poitou-Charente (23,18%), mais aussi dans les autres départements des Pays de la Loire (21,32%).

Ce fait politique est notamment à prendre en compte avec d’autres faits spécifiques à la Bretagne. Ainsi la présence et les scores de plusieurs listes réclamant une forme de pouvoir politique décisionnel en Bretagne. La liste de l’autonomiste Christian Troadec avec plus de 80 000 voix et 5,55% est au-dessus du Front de Gauche et réalise une bonne performance pour une liste ne disposant pourtant pas du même accès aux médias. Il améliore son score des élections régionales où il avait récolté autour de 58 000 voix. Malgré nos divergences politiques, l’offre électorale proposée par Christian Troadec a sans doute permis de détourner pas mal d’électrices et d’électeurs du vote FN. Pour la seconde fois en 60 ans, l’UDB concourait seule et récolte 27 118 voix et 1,85%.

Ailleurs en Europe, de nombreuses formations défendant le droit à l’autodétermination et/ou l’indépendance de nations sans États ont su séduire un nombre important d’électeurs et d’électrices. C’est d’ailleurs dans ces territoires d’Europe de l’Ouest qu’on observe une percée moins importante qu’ailleurs de l’extrême droite où la vague frontiste observée ici n’a pas forcément d’équivalent. C’est vrai dans l’état Espagnol, en Irlande, en Écosse. La gauche « radicale » dans toutes ses composantes a aussi fait de très bon score en Belgique, en Grèce, dans l’État Espagnol et en Irlande. Dans tous ces cas de figures, la crise financière et sociale y a sans doute eu des conséquences plus cruelles et plus perceptibles par les masses populaires que dans l’État français.

Le gouvernement français défend aujourd’hui une politique d’austérité qui va impacter les conditions de vie des plus défavorisés et accentuer la mise en concurrence des territoires et des travailleurs. Par conséquent, nul doute que demain les forces défendant une perspective anticapitaliste et le droit des peuples à disposer d’eux même trouveront un autre écho en Bretagne. Avec nos camarades du NPA et d’autres, travaillons dés aujourd’hui dans cette perspective et défendons dans la rue, au quotidien, ce qui nous tient à cœur. Amplifions les mobilisations populaires de masses et radicales seules à même de changer le cour des choses.