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10 ans après l’assassinat de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Shaylemez en plein Paris par un agent des services turcs, le mouvement de libération du Kurdistan est de nouveau frappé par un attentat. Un individu fasciste français a assassiné le 23 décembre trois militants kurdes, et en a blessé trois autres, déclenchant l’émoi et la colère de la communauté kurde, et plus généralement des progressistes et des révolutionnaires d’Europe et du monde.

Arrêtons les circonvolutions, au travers de l’acte perpétré par un individu gavé aux discours d’extrême-droite et s’étant rendu coupable il y a un an d’une attaque sur un camp de migrants, c’est la gauche kurde qui était visée. Avec ou sans l’aide des services Turcs le résultat est le même, il sert leurs intérêts. C’est un acte de terreur typiquement d’extrême-droite, à l’instar de ceux de l’OAS des années 1960 ou du GAL des années 1980.

En Bretagne, deux mobilisations ont eu lieu le lundi 26 décembre à Lorient et à Rennes pour rendre hommage aux trois militants kurdes tombés en martyrs vendredi à Paris.

 

 

Plusieurs centaines de manifestants kurdes et internationalistes ce soir à #Lorient en hommage aux 3 militants #Kurdes assassinés à #Paris10 Sehid Namirin !✌Biji #Kurdistan ! @reseauserhildan @Le_CDKF @war_sav @AmKurBret pic.twitter.com/xoOZKg8LST

La manifestation lorientaise a rassemblé plusieurs centaines de personnes tandis qu’à Rennes ont défilé un millier de personnes sous les mots d’ordres de justice et vérité pour les militants kurdes assassinés. Les militants de la Gauche Indépendantiste étaient bien évidemment présents à ces mobilisations. A Rennes notre camarade Anton Burel a rappelé notre solidarité au mouvement de libération du Kurdistan. 

« La gauche indépendantiste bretonne War-Sav tiens ici à rendre hommage aux 3 militants et militantes kurdes assassinés à Paris Emine Kara, Mîran Perwer et Abdurahman Kizil. 10 ans après l’assassinat de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Shaylemez resté impuni, les fascistes assassinent à nouveau dans les rues de la capitale française. Face à ces attaques, nous devons nous mobiliser pour que ces actes soient jugés pour ce qu’ils sont : des attentats terroristes. L’État français doit lever le voile et notamment le secret défense pour que toute la lumière soit faite, notamment sur les commanditaires de ces assassinats : les services secrets turcs. L’État français laisse les fascistes assassiner impunément les militants du mouvement de libération du Kurdistan, cette impunité doit cesser immédiatement. 

Bezomp niverus d’ar seizh a viz Genver e Pariz evit ma vo justis ha gwirionez evit hor c’hamaladed merzher. Soyons nombreux et nombreuses à Paris le 7 janvier pour exiger justice et vérité pour nos camarades martyrs. Sehid namirin !

Stourmomp asambles evit ma vo trec’h stourmerien ha stourmerezed ar PKK hag evit ma vo Kurdistan dieub unvan ha sokialour ! »

Si lors des prises de paroles à la fin de la manifestation de Lorient, notre camarade Fabris Cadou a lui assuré nos camarades kurdes de la solidarité internationaliste et révolutionnaire de la gauche indépendantiste, nous avons rappelé le droit des peuples à disposer d’eux-même, la revendication partagée que le PKK soit retiré de la liste des organisations terroristes, notre soutien aux combattants des YPG-YPJ avant de conclure en rendant hommage à notre camarade Kendal Breizh assassiné par l’armée turque en février 2018 à Afrin lors de la bataille contre l’Etat Islamique.

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Comme l’ont affirmé nos camarades kurdes lors des prises de paroles à Rennes et Lorient, nous ne croyons pas un instant à la thèse qui accrédite un acte perpétré par un individu isolé. Le lieu choisi ne doit rien au hasard, c’est au centre culturel kurde de Paris qu’allait se tenir une réunion de préparation sur la commémoration du 10e anniversaire des attentats de Paris. Le choix des cibles ne doit rien au hasard lui non plus. Emine Kara était la responsable du Mouvement des femmes kurdes en France et est intervenue lors d’une réunion à Rennes il y a peu, Abdurahman Kizil était réfugié depuis le Kurdistan du Nord et  Mîran Perwer, un chanteur bien connu dans la communauté originaire de Muş-Varto au Bakur (Kurdistan du Nord), s’était produit en concert le 17 décembre à Saint Aubin du Cormier en Bretagne pour l’anniversaire du PKK il y quelques jours.. 

La mobilisation continuera en Bretagne, nous vous tiendrons informer des dates de manifestation à venir. Nous appelons d’ores et déjà nos militant.e.s, nos sympathisant.e.s et l’ensemble des progressistes et révolutionnaires de Bretagne à se rendre le 7 janvier à Paris pour exiger justice et vérité pour les kurdes assassinés dans la capitale française et à participer aux activités de solidarité avec le peuple Kurde qui pourraient émerger en Bretagne .  

 

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Comme vous le savez sans doute l’armée Turque bombarde le nord du Rojava notamment la ville de Kobane depuis samedi 19 novembre. Des bombardements ont eu lieu dans les villes de Kobane, Derik, Tirbespiye et Shehba. Par ailleurs, les avions de chasse turcs ont également pris pour cible les régions de Qandil, Shengal et Sulaymaniyah au Kurdistan irakien (nord de l’Irak). C’est toute la zone ou la Résistance Kurde et ses alliées ont menés la lutte contre l’état islamique mais en impulsant aussi un autre projet de société basé sur le partage des richesses , le droit à l’autodétermination et l’égalité femmes hommes qui subit une offensive majeure d’une des armées composantes de l’OTAN : l’armée Turque. Une armée sous le contrôle d’Erdogan dont la proximité avec DAESH n’est plus à prouver.

Nous nous joignons aux forces syndicales et de gauche, à la communauté Kurde , aux progressistes et communistes Turcs vivant ici en Bretagne pour vous appeler à de participer au vaste mouvement qui en Europe se met en marche pour exiger la fin des bombardements Turcs sur le Kurdistan.

-Arrêt immédiat des bombardements contre le Rojava Démocratique et de l‘offensive Turque contre la résistance Kurde.

-Solidarité avec les femmes Kurdes en lutte en Iran, Irak, Syrie, Turquie et leurs alliées contre l’oppression patriarcale.

-Retrait du Parti des Travailleurs du Kurdistan ( PKK) de la liste des organisations terroristes de l’Union Européenne.

-Libération de Abdullah Ocalan président fondateur du PKK et des milliers de prisonniers politiques Kurdes.

Les prochains rendez-vous auront lieux à :

-Rennes/Roazhon vendredi 2 décembre à 18h30 place de la Mairie

-Saint Brieuc/Sant-Brieg samedi 3 décembre à 15h place Duguesclin

La Gauche Indépendantiste Bretonne War-Sav.

 

 

 

Par ailleurs un de nos militants de la Gauche Indépendantiste , un militant du NPA et de la CGT et un membre de la majorité municipale de Guingamp ont été menacés de poursuites suite au rassemblement de Guingamp de vendredi 19 novembre dans cette même ville contre les bombardements au Kurdistan. En effet les 80 personnes présentes ont décidés de partir en cortege pendant 200 metres jusqu’a la sous-prefecture. Les forces de l’ordre reprochant à nos camarades de ne pas avoir déposé de parcours. Nous vous tiendrons au courant des éventuelles amendes et procédures.

Voici la prise de parole qui a été lue à Guingamp et nous semble ne pas oublier les fondamentaux de la lutte anti-impérialiste.

Dans la nuit du 19 au 20 novembre, les avions de guerre turcs ont commencé à bombarder des hôpitaux, des écoles et d’autres cibles civiles dans la zone frontalière du nord de la Syrie.
Plusieurs villages situés dans la région de Shehba qui abrite de nombreux déplacés d’Afrin, ainsi que dans les régions de Kobanê et de Dêrîk ont été particulièrement ciblés. Les avions de guerre turcs ont également visé un dépôt de blé dans la zone de Dahir al-Arab, près de Zirgan. Parallèlement, l’armée turque a bombardé des zones dans les monts Qandil et Asos au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak).
L’attaque terroriste de Taksim, à Istanbul, le 13 novembre, a été planifiée et exécutée par le régime au pouvoir en Turquie pour fournir un prétexte à ces bombardements meurtriers. Avant même d’ouvrir une enquête, le régime turc a imputé cette attaque aux Unités de protection du peuple et des femmes du Rojava (YPG-YPJ) et au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Bien que les Forces démocratiques syriennes (FDS) et le PKK aient vivement condamné l’attentat et démenti toute implication, le ministre turc de l’Intérieur, Süley-man Soylu, connu pour son hostilité féroce envers le peuple kurde, continue de prêcher ce mensonge au nom de l’État turc.
Ces attaques sont annoncées comme un prélude à une invasion terrestre du Rojava démocratique ou la Resistance Kurde et ses alliés tentent après avoir défait DAESH de construire un espace politique basé sur la démocratie, une société égalitaire entre femmes et hommes, la reconnaissance de l’identité Kurde bref tout le contraire du projet politique d’Erdogan.
Cette offensive Turque armée membre de l’OTAN contre le Rojava s’inscrit dans un contexte local de violente répression du régime Iranien contre les femmes, les opposants, la jeunesse mais aussi contre le peuple Kurde dont cet état nie aussi les droits fondamentaux. Notre solidarité ce soir va bien évidemment ce soir vers les Kurdes et les masses populaires Iraniennes singulièrement les femmes qui en Iran luttent contre un régime brutal et autoritaire.
Nous soulignons le double discours des membres de l’OTAN , a commencer par la France qui condamnent à juste titre l’invasion de l’Ukraine mais ne disent rien ou si peu aux attaques d’Erdogan contre le Rojava et les Kurdes de Turquie.
Erdogan n’oserait rien sans l’accord tacite des puissances de l’OTAN qui le soutiennent par leurs silences, et leurs ventes d’armes.
Nous soulignons le double discours des membres de l’OTAN dont la France qui affirment leurs juste solidarité avec le peuple kurde en Iran en lutte contre le fondamentalisme mais ne disent rien ou si peu à leurs alliés Erdogan pourtant si proche de DAESH.
Savez vous que les bombardements turcs au Rojava ont une fois de plus permis la fuite de prisonniers de DAESH sous surveillance Kurde ?
Nous savons que des dizaines de milliers de volontaires Kurdes des YPJ YPG et leurs alliés , ainsi que des dizaines de volontaires internationalistes Turcs, arabes, anglais, bretons, américains , français ont combattu et perdu la vie à leurs coté dans la lutte contre l’état Islamique que la Turquie a tant ménagé et aidé.
Nous exigeons dans un premier temps l’arret immédiat des bombardements turcs au Rojava , l’arrêt de l’utilisation d’armes chimiques au Kurdistan d’Irak,
Nous réaffirmons notre solidarité aux femmes Kurdes en lutte au Rojhelat c’est-à-dire le Kurdistan occupé par l’Iran.
Nous exigeons que les organisations Kurdes comme le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK ) soient retirer de la liste des organisations terroristes de l’UE.
Nous exigeons la libération d’Abdullah Ocalan fondateur du PKK détenu à vie en Turquie et des milliers des prisonniers politiques en Turquie et en Iran.
Enfin nous exigeons que la France interdisent à des entreprises comme AXA (les assurances ) d’investir des millions dans l’économie Turque notamment dans des entreprises appartenant à l’’armée d’Erdogan et nous exigeons l’interdiction de ventes d’armes à la Turquie.

A l’inititive de militantEs de la Gauche Independantiste Bretonne (War-Sav) du Trégor et du Leon une journée d’échanges sur l’anti-impérialisme aura lieu à Plougonver le 9 juillet.

Alors que l’occupation et la guerre qui ravage l’Ukraine révèle que deux impérialismes s’affrontent seule la condamnation de l’expansionnisme grand-russe est audible dans les médias dominants comme dans la gauche européenne.
Rien ne saurait justifier l’agression impérialiste de la Russie en Ukraine. Si Poutine et sa clique sont bien les agresseurs, nous ne sommes pas dupes de l’intérêt et de la responsabilité des institutions européennes et des états membres de l’OTAN dans cet épisode de tensions entre deux impérialismes.
Mais la critique de l’OTAN et de l’impérialisme Européen et Français sont inaudibles , la Gauche y compris révolutionnaire se tait et ne cherche pas à mobiliser contre l’impérialisme de sa propre bourgeoisie.

Pour en débattre et défricher des axes de mobilisation et de complicité nous organisons une journée d’échanges autour du thème « Ou est passée la lutte anti-impérialiste ? » le samedi 9 juillet au Dibar à Plougonver.( entre Guingamp et Carhaix ).

Elle se déroulera sous forme de 4 ateliers :

Atelier 1 : « La Bretagne dans le dispositif impérialiste , histoire et actualité du poids du lobby militaro-industriel français dans notre pays » Atelier introductif par des militants du collectif War-Sav (Pour l’Organisation de la Gauche Indépendantiste).

Atelier 2 : « L’implication de l’OTAN contre les luttes anticoloniales dans les années 60 et 70 et sa résonance dans la métropole » autour du livre « NE FAITES PAS CROIRE À DES VICTOIRES FACILES – AMILCAR CABRAL » aux éditions Premiers Matins de Novembre sur la lutte indépendantiste au Cap Vert et en Guinée Bissau avec Jann-Marc Rouillan.

Atelier 3 : « Actualité et criminalisation de la solidarité internationaliste avec la Palestine occupée » . Avec des camarades du « Collectif Palestine Vaincra » de Toulouse , après avoir récemment risqué la dissolution à l’initiative de Darmanin ce collectif a gagné cette bataille juridique et continue ses actions.

Atelier 4 : « Le Rojava et la résistance Kurde à l’heure de l’expansion de l’OTAN » par des internationalistes de retour du Kurdistan qui feront le point sur l’offensive de l’armée Turque composante de l’OTAN contre le Rojava démocratique.

Cette journée est ouverte à tous et toutes. Début des ateliers à 10h.
Table de presse, stands d’infos….
En soirée nous organiserons un événement culturel en cours d’élaboration.

Embannet e 2021 gant Syllepse, Skrivañ a reomp deoc’h diwar an dispac’h zo bet savet gant un daouzek maouez bennak bet er Rojava (lodenn ar C’hurdistan e Norzh Siria), lod evit un nebeut deizioù, lod all e-pad meur a vloaz. Reoù zo o doa labouret en aozadurioù sivil, reoù all e-barzh an aozadurioù emzifenn. A-bep seurt oad int, hag a-orin eus Breizh, Okitania, Katalonia, Flandrez ha broioù all dindan ar Stad C’hall evit al lodenn vrasañ anezhe. « Stourmerezed, kazetennerezed, mammoù… » sed aze penaos en em ginnigont o-unan e digoradur al levr. E Breizh e oa deuet teir anezhe e miz genver 2022 da ginnig al levr, da gelaouiñ an dud war stad an traoù er Rojava ha da stummañ maouezed war ar Jîneolojî, peotramant « skiantoù ar maouezed » er C’hurdistan. Tremenet e oant dre Roazhon, Gwengamp, Plougonveur, Brest, Douarnenez, An Oriant, Naoned…

 

 

 

Skrivañ a reomp deoc’h diwar an dispac’h…

Diouzhtu e vezer sachet gant an titl, ha gant ar skeudenn, a zo divoutin a-walc’h. War golo al levr e vez gwelet maouezed war an oad, gwisket gant saeoù hir ha mouchet o fenn. Met n’eo ket aze emañ an dalc’h. E-barzh ar fuzuilhoù etre daouarn lod anezhe, ne lâran ket. Ral eo skeudennaouiñ merc’hed prest da vrezeliñ, pe ‘vefe er Rojava pe e lec’h all, ha raloc’h c’hoazh klevet komz eus Etrebroadelourezed, ken stag eo skeudenn ar stourm etrebroadel ouzh patrom ur paotr yaouank gwenn, en e 20 pe 30 vloaz, deuet eus broioù Europa ar C’hornog. Ha koulskoude zo estroc’h evit paotred hag a glask mont d’ar Rojava da skoazellañ an dispac’h kroget e 2012, muioc’h-mui a vaouezed az a ivez.

An dra gentañ o doa lakaet en o soñj ar skridaozerezed pa ‘oa bet kaoz eus sevel ul levr a oa treuszkas ar pezh o doa gwelet ha bevet du-hont evel just met ivez stardañ al liammoù a genskoazell etre Europa hag an dispac’h. Lakaat war wel ha talvoudekaat ar skiant a c’hallomp prenañ digant ar Gurded hag ar C’hurdezed en o stourm evit ur vro diazezet war an ekologiezh, an demokratelezh, ar benelouriezh, an ingalded hag an doujañs etre ar pobloù, rak ouzhpenn Kurded a zo o chom er Rojava, pe e « Aozadur emren Siria an Norzh hag ar Reter », evel a rankfer lâret bremañ.

E penn-kentañ al levr e vo kavet daou bennad istorel : an eil diwar-benn istor ar C’hurdistan, hag egile diwar-benn istor Siria hag ar Rojava. Gant an daou bennad-mañ e c’haller kompren gwelloc’h istor an dispac’h er Rojava hag ar stourmoù a-enep Daech ha Turkia du-hont.

Un dispac’h maouezed

Unan eus palioù al levr eo kinnig perzh luskad ar C’hurdezed en dispac’h hag er brezel, hag o mod d’en em aozañ o-unan e-keñver an difenn, an deskadurezh, al labour, treuzkas ar c’hurdeg en-dro, an ekologiezh hag an demokratelezh diazez. Dindan 10 vloaz zo bet savet gant maouezed a bep seurt kumuniezhioù aozadurioù emren war gement tachenn zo. Gant ar mod m’ eo aozet ar vuhez politikel e Aozadur Emren Siria an Norzh hag ar Reter e kaver maouezed e pep live divizout. Kemer a reont perzh en emgannoù ivez, pa vez kaoz d’en em difenn ouzh Daech pe ouzh an arme turk. Stummet hag aozet en ur rann distag int, met kas a reont da benn tre ar memes kefridioù hag ar wazed war dachenn ar brezel.

 

Ar stourm etrebroadel

Degas a ra ar skridaozerezed da soñj dimp pegen pouezus eo ar stourm etrebroadel a-benn talañ ouzh « sistem bedel mestroniañ ha korvoiñ an dud hag an natur » emeze. Dave a reont d’ar Brigadennoù etrebroadel e Spagn, d’an FTP-MOI e Frañs ha da skoazelloù etrebroadel all e-kerzh brezelioù. Er Rojava zo bet savet ur « Gumun etrebroadel » a-benn stummañ an dud deuet eus diavaez-bro. Goude ar prantadoù stummañ e c’hallont labourat en aozadurioù lec’hel, er mediaoù, evit aozadurioù ar maouezed, war dachenn ar yec’hed ha kement zo. Gallet a reont kemer perzh ivez e raktresoù ekologel a-seurt gant al luskad « Make Rojava Green Again », a zo e bal lakaat e pleustr ur gevredigezh ekologel, stummañ hag aozañ ar genskoazell etrebroadel. Ha gallet e reont ivez bezañ kaset d’an talbenn ha kemer perzh en emzifenn dindan banniel ar YPG1/YPJ2

Abaoe penn-kentañ an dispac’h zo bet lazhet ouzhpenn 11 000 stourmer ha stourmerez er Rojava. En o zouez Etrebroadelourien hag Etrebroadelourezed. E fin al levr e vo kavet ur roll anezhe. Un doare da derc’hel soñj eus Kendal Breizh (Olivier Le Clainche) marvet e 2018 ha eus an holl re all o deus roet o buhez evit an dispac’h, evel :

Ivana Hoffmann-Avaşin Tekoşin Güneş Bet lazhet e Tell Tamer e 2016 d’an oad a 19 vloaz

 

pe  Anna Campbell-Hêlîn Qereçox, Bet lazhet en Afrin e 2018,  d’an oad a 26 vloaz.

 

Un oberenn gaer

Ar pezh zo plijus-tre ha fromus da lenn eo e vez kavet a-bep-seurt testennoù el levr: skridoù evit magañ ar preder, barzhonegoù, kontadennoù, kanaouennoù, lizheroù, atersadennoù, pennadoù tennet eus un deizlevr bennak… Meur a vouezh, meur a vaouez a vez roet da glevet, ha meur a neudenn az a d’ober gwiadenn ar c’haer a levr-mañ. Personel-tre ha kizidik eo o doare-skrivañ. Ezteurel a reont brav o soñjoù, o santadurioù, penaos int cheñchet e-kerzh o chomadenn du-hont. Ha pegen start eo boazañ en-dro ouzh ar vuhez e Frañs.

Soutil eo sell ar skridaozerezed war ar vro. Klask a reont en em dizober eus raksoñjoù kalz a dud er C’hornog hag a gav dezhe int barrekoc’h ha speredekoc’h evit tud ar Reter, ha techet da genteliañ ar re all en o bro-int. Strivañ a ra ar skridaozerezed evit chom uvel, ha deskiñ digant ar C’hurdezed, ha n’eo ket ober skol dezhe, na tennañ diwar-wel o flas kentañ er stourm, evel e oa bet graet gant Etrebroadelourien zo, a roe da grediñ e oa bet gwarezet an dispac’h er Rojava gras dezhe. Damsantet e vez ar goulennoù niverus a savont oute o-unan, hag ouzh an dud o deus bet tro da genvevañ gante. Tristidigezh a vez a-wechoù ivez, pa glevont komz eus marv unan eus o c’hamaradezed, peotramant pa rankont kuitaat ar vro.

Meur a bennad anvet «etrec’hoari» a zo el levr. Seurt divizoù adsavet a-ratozh evit al levr int met awenet gant gwir gaozeadennoù o doa bet an Etrebroadelourezed gant Kurdezed. Enne e vezont klevet o tabutal diwar-benn o modoù bevañ disheñvel, en Europa hag er Rojava, diwar-benn ar frankiz, an uvelded, ar raksoñjoù, selloù an eil re war ar re all, ar ouennelouriezh. Da lod eus an Etrebroadelourezed e oa ar wech kentañ en em santet estren en ul lec’h bennak, ha gouzañv selloù kurius pe disfizius oute. Dedennus-bras eo ivez ar mod ma keñveriont al luskad benelour en Europa hag ar Jîneolojî. Ne glot ket tre an eil gant egile. Daoust ma anavez mat ar C’hurdezed diazezoù ar stourmoù benelour er C’hornog ha ma « enkorfont » ar mennozhioù-se er Jînelojî, e seblant pinvidikoc’h ha ledanoc’h tachenn « skiantoù ar maouezed » e meur a geñver.

Unan eus ar skridaozerezed he deus savet ur pennad diwar-benn ur vaouez bet o stourm evit Daech, he doa bet tro d’en em gavet ganti en ur c’hamp-bac’h. Klask a ra ar skridaozerez kompren, ha n’eo ket barn. Kompren penaos e c’hall maouezed zo kemer ur perzh bras e-barzh stourmoù hag ideologiezhioù a lako anezhe da vezañ gwasket muioc’h c’hoazh, pe e vefe dindan Daech pe dindan forzh peseurt luskad faskour ha gouennelour.

Danvez preder, boued spered e-leizh a zo el levr-mañ. Tresadennoù brav a zo ivez. Renket eo ar pennadoù dindan temoù : « Degouezh », « Maouezed », « Daech », « Brezel », « Mammoù », « Distro ». Moaien zo da lenn ar pennadoù en urzh a garer avat.

Ur c’heriaoueg hag ul levrlennadur a zo er fin. Klok eo al levr, ha n’eus ket ezhomm da vezañ desket bras war an darvoudoù istorel tremenet du-hont evit bezañ desachet ha fromet. Ha n’eus ket ezhomm kenebeut da vezañ ur mailh war an douarbolitikerezh evit kompren ha bezañ dedennet. Ar c’hontrefed eo, pedagogel-kenañ eo al levr, aes ha plijus da lenn.

Anne Koadig

 

Evit prenañ al levr

1YPG (Yekîneyen Parastina Gel) : Strolladoù Difenn ar Bobl. Degemer a reont tud a bep lec’h.

2YPJ (Yekîneyen Parastina Jin) : Strolladoù Difenn ar Maouezed. Emren, enne nemet maouezed. Perzh eus kenurzierezh ar YPG.

 

Gouez d’ar Skoazell Ruz Etrebroadel e tesker e oa bet kondaonet Andi , hi sekretourez ar framm a genskoazell etrebroadelour, da 14 miz toull-bac’h gant lezvarn Bellinzona er Suis un nebeud deizioù zo.

Rebechet e oa bet dezhi bezañ kemeret perzh en un dagadenn enep da gannadi Turki e Zürich e 2017 e-doug ur c’houlzad evit harpañ ar gurded.

 

 

Kaset e oa bet dirak al lezvarn diwar goulenn Turkia, setu ma oa bet kaset ur c’houlzad a genskoazell ganti tro-dro d’ar ger-stur “ Bec’h da faskouriezh Turk“. Meur a savadur deus embregerezhioù a ra kenwerzh armoù pe dafar milourel gant Turki zo bet taget a-raok ar prosez e Bern hag e Zürich, manifestadegoù zo bet ivez.

Galv zo bet graet gant he breutaer , setu ma chomo hep mont d’an toull-bac’h evit poent.

Note : Nous avons déja évoqué nos liens de camaraderie politique avec plusieurs organisations membres du SRI ( Secours Rouge International ). Nous avions relayé sur le terrain et virtuellement leurs campagne avec les internationalistes combattants au Rojava aux cotés de la résistance Kurde.

Une de leurs porte-paroles est poursuivie. Nous relayons leurs appel et analyse sur le sens de ce procès en Suisse.

Bretagne Info.

Le 18 novembre 2021, notre camarade Andi, secrétaire du Secours Rouge International, doit comparaître devant le tribunal fédéral de Bellinzona, la plus haute juridiction suisse. Le coeur de ce procès est l’attaque militante contre le consulat turc à Zürich en 2017 en solidarité avec le Rojava.

Ce n’est pas la première fois que notre secrétaire, ou nos membres, ou nos structures se retrouvent dans les tribunaux. Mais ce procès a un caractère particulier et nous voudrions que la gauche révolutionnaire et internationaliste en comprenne les enjeux.

Il faut d’abord garder à l’esprit que la solidarité avec le Rojava ne relève pas d’un simple devoir d’internationalistes et d’antifascistes en soutien à un peuple confronté à une oppression brutale.
Le Rojava a une place toute particulière dans la ligne de front mondiale entre la révolution et la contre-révolution. En tant qu’expérience authentique, expérimentant dans la durée de nouvelles voies de résistance et d’auto-organisation populaire, le Rojava doit être défendu bec et ongle.

Dans l’étude que le SRI a publié sur la stratégie de guerre de basse intensité menée par la Turquie pour anéantir le Rojava et le mouvement de libération kurde, il a été relevé qu’un élément de cette stratégie était l’attaque contre les soutiens politiques et organisationnels du mouvement.

Nous assistons en Europe au déploiement de cette offensive spécifique allant des escadrons de la mort à des campagnes concertées des trolls pour influencer les débats sur les chats internet. Entre ces deux extrêmes, entre les assassinats ciblés et les manifestations les plus insidieuses du softpower, il y a un large spectre d’actions, visant à “mettre au pas” les communautés turques ou turco-descendantes en Europe et à paralyser tout soutien à la cause kurde.

Les forces en oeuvres sont diverses et toutes jouent un rôle précis: représentations diplomatiques, prédicateurs dans les mosquées, structures locales de l’AKP, réseaux services secrets/mafias/fascistes, businessmen impliqués dans le commerce avec la Turquie, etc.

Un des objectifs particuliers de cette offensive est d’obtenir la criminalisation totale du mouvement de libération kurde en Europe, autrement dit la répression de la solidarité par les polices et justices des pays européens. Le procès contre notre camarade est un cas d’espèce car il n’a lieu qu’en raison des pressions diplomatique de la Turquie. Ces pressions s’expliquent par le rôle que joue la camarade dans la solidarité internationale avec le Rojava. Il est remarquable que le procureur fédéral suisse ai tenté, à plusieurs reprises, de mettre fin à cette procédure: soit en raison de la faiblesse du dossier (absence de preuve), soit parce qu’ils ont d’autres enquêtes en cours. L’État turc s’y est toujours opposé et a exigé, et finalement obtenu ce procès.

La police zurichoise a profité de l’occasion pour chercher à obtenir une nouvelle condamnation de notre camarade. Cette police aussi, pendant le Covid, a fait un saut de qualité en procédant systématiquement, lors des mobilisations, à son arrestation préventive. C’est ainsi que les autorités cantonales ont profité du “procès turc” pour ajouter des incriminations telles que le non-respect des règlements Covid.

Mais, pour la solidarité internationale, il importe de garder le focus sur le fait que ce procès est une partie d’une offensive générale et multiforme turque contre les soutiens du mouvement de libération kurde, un élément de leur stratégie de guerre de basse intensité.

De ce point de vue, il n’y a pas lieu de distinguer ici le “plus grave” et le “moins grave”. Le procès de Bellinzona, comme les retenues d’eau par les barrages turcs sur l’Euphrate pour assoiffer le Rojava, comme l’usage de gaz de combat par les commandos turcs au Kurdistan irakien, comme la fusillade contre des sympathisants du HDP en Grèce au début du mois, sont les éléments complémentaires d’une stratégie globale.

La riposte de la gauche révolutionnaire européenne doit aussi avoir ce caractère global, stratégique. C’est pourquoi, à la mi-novembre, en réponse à la comparution de notre secrétaire devant la justice suisse, le Secours Rouge International appelle à des actions contre le fascisme turc.

Secours Rouge International
18 octobre 2021

Piv a yelo da brezidant ar Stadoù-Unanet e deroù miz Du ? Trump pe Biden ? Gouez d’ar mediaoù bras ne vije nemet ar strolladoù Demokrat pe Republikan o kabaliñ evit ar votadeg. Dilennadegoù all a vo evit ar c’hendalc’h.

Christopher Helali zo o chom er Vermont, ul lodenn e reter ar Stadoù-Unanet stag ouzh Kanada. Derc’hel a ra ur menaj gant e wreg, er vro abaoe m’eo distro deus ar Rojava e-lec’h ma oa bet o vrezeliñ a-gevret gant bolonterien etrebroadel ar YPG/YPJ.

Gant e rochedoù karrezennek , e varv hag e vousc’hoarzh e kreder e c’hellfe Christopher Helali bezañ o chom er Menezioù Are pe e Tremargad, daoust da se ez eus soñjoù komunour digemplez gant ar paotr.

E vamm a oa a orin deus ar c’hanada met e dad a oa Kurd, tapet hent an harlu gantañ da vare an dispac’h islamour en Iran.

Divoutin a-walc’h eo koulzad Christopher Helali kar emañ war ar renk evit mont da gannad evit ar Vermont e kendalc’h ar Stadoù-Unanet ha kement-se e anv Strollad Komunourien ar Stadoù-Unanet (PCUSA). 

 

Enep ar c’hevala

Evel-just e fell dreist-holl da gChristopher Helali kemer digarez ar c’houlzad evit skignañ mennozhioù dreist-ordinal ha dianav da vouezherien ar Vermont. “Ar gomunouriezh a c’hell bezañ ken amerikan hag an tartezennoù avaloù” emezañ, ar Vermont zo brudet evit bezañ bro an tartezennoù avaloù, kement a wez-avaloù zo er c’horn-se.

Arguzennoù sirius tre zo gantañ ouzhpenn d’ar c’hinnigoù klasel evel : ” Distruj ar c’hevala, broadelaat an industrierezhioù bras, hag adperc’hennañ dindan kontrol ar vicherourien an doareoù produiñ“.

Sachañ a ra evezh ar voterien war an dispignoù divent graet gant ar c’hendalc’h evit ar brezel hag an arme, dre zaou da nebeutañ e fell dezhañ rannañ budjet ar Pentagon (712 miliard) ha kreskiñ hini ar yec’hed evit brasañ mat ar re vunud. Didruez eo gant an daou challenger a zo e servij ar vouc’hizelezh hag an impalaerezh hervezañ.

Nullañ dleoù ar studierien a rank ober amprestoù a adpaeiont o buhez-pad zo unan deus e balioù, evel m’eo azgoulenn ar servij yec’hed digoust.

M’emañ war ar renk evit mont da gannad ar Vermont en deus graet e strollad un emglev gant ar PSL (Strollad evit ar Sokialouriezh hag an Dieubidigezh) a ginnig Gloria Lariva evel dañvez prezidantez ar Stadoù-Unanet.

 

 

Hag Antifa….

Gouez da servijoù an departamant amerikan evit ar surentezh diabarzh  emañ e anv war ul listennad ruz kar en doa kemeret perzh e stourmoù kalet da zieubiñ Raqqa enep DAESH asambles gant ar YPG/YPJ, nerzhioù politikel armet Kurded Syria. Bet e oa er Rojava evel Kendal Breizh da harpañ ar gurded. Ha dalc’het en deus soñj deus poltred Kendal Breizh ouzh moger an akademiezh e-lec’h ma veze graet skol d’ar stourmerien ha stourmerezed etrebroadel. Eno en defe graet e soñj emezeliñ d’ur strollad komunour. Embann a ra divezh e skoazell da Balestin hag ar gwir d’en em dermeniñ evit an holl bobloù.  Anat eo e implij e brantadoù a gabalerezh ofisiel evit brudañ ar c’houlzad ” Black Lives Matter” ha kondaoniñ ar ouennelouriezh ha feuslter ar polis.

Meur a gabaladenn zo bet a-raok gant komunourien SUA

 

N’eo ket ar wezh kentañ da strolladoù komunour bezañ war ar renk evit dilennadegoù er Stadoù-Unanet. E 1984 e oa aet ar stourmerez benelour du Anjela Davies asambles gant Gus Hall dindan livioù ur strollad komunour all (CPUSA) evit enebiñ ouzh Walter Mondale (Demokrat) ha Ronald Reagan (Republikan) , 36 386 keodedour o devoa votet evite.

Abretoc’h c’hoazh e istor ar vro ez eas ar gomunourien war ar renk er Stadoù-Unanet, da skouer gant Foster ha Ford e 1932 evit difenn e-mesk kinnigoù all ar gwir evit ar re du da grouiñ ur stad dizalc’h e kreisteiz an unvaniezh.

Lénine naissait sous le nom de Vladimir Ilitch Oulianov en avril 1870. Le fondateur de l’URSS était un théoricien brillant et un bretteur redoutable au sein du mouvement socialiste internationale. Les 150 ans de sa naissance sont célébrés dans le monde entier. Pour marquer cette date nous proposons ci-après un article de 1916 sur la question des nationalités. Bien sur, ceux et celles impliqué.es dans une lutte de libération nationale en Bretagne ou ailleurs y trouveront un intérêt particulier. Mais c’est surtout aux lecteurs et lectrices de  la gauche française , dans toutes ses composantes même les plus radicales, que nous conseillons malicieusement de relire ce classique….en toute camaraderie….Bretagne-info.

L’impérialisme, le socialisme et la libération des nations opprimées

L’impérialisme est le stade suprême de développement du capitalisme. Dans les pays avancés, le capital a débordé le cadre des Etats nationaux et substitué le monopole à la concurrence, en créant toutes les prémisses objectives pour la réalisation du socialisme. Voilà pourquoi, en Europe occidentale et aux Etats-Unis, s’inscrit à l’ordre du jour la lutte révolutionnaire du prolétariat pour le renversement des gouvernements capitalistes, pour l’expropriation de la bourgeoisie. L’impérialisme pousse les masses à cette lutte, en exacerbant dans de vastes proportions les contradictions de classes, en aggravant la situation de ces masses aussi bien sous le rapport économique – trusts, vie chère – que sous le rapport politique : développement du militarisme, multiplication des guerres, renforcement de la réaction, affermissement et extension du joug national et du pillage des colonies. Le socialisme victorieux doit nécessairement instaurer une démocratie intégrale et, par conséquent, non seulement instaurer une égalité totale en droits des nations, mais aussi mettre en application le droit des nations opprimées à disposer d’elles-mêmes, c’est-à-dire le droit à la libre séparation politique. Les partis socialistes qui ne prouveraient pas par toute leur activité maintenant, pendant la révolution et après sa victoire, qu’ils affranchiront les nations asservies et établiront leurs rapports avec elles sur la base d’une alliance libre – et l’alliance libre est une formule mensongère si elle n’implique pas la liberté de séparation – ces partis trahiraient le socialisme.
Certes, la démocratie est aussi une forme d’Etat, qui devra disparaître quand celui-ci disparaîtra lui-même, mais cela n’arrivera que lors du passage du socialisme définitivement victorieux et affermi au communisme intégral.

II. La révolution socialiste et la lutte pour la démocratie

La révolution socialiste, ce n’est pas un acte unique, une bataille unique sur un seul front, c’est toute une époque de conflits de classes aigus, une longue succession de batailles sur tous les fronts, c’est-à-dire sur toutes les questions d’économie et de politique, batailles qui ne peuvent finir que par l’expropriation de la bourgeoisie. Ce serait une erreur capitale de croire que la lutte pour la démocratie est susceptible de détourner le prolétariat de la révolution socialiste ou d’éclipser celle-ci, de l’estomper, etc. Au contraire, de même qu’il est impossible de concevoir un socialisme victorieux qui ne réaliserait pas la démocratie intégrale, de même le prolétariat ne peut se préparer à la victoire sur la bourgeoisie s’il ne mène pas une lutte générale, systématique et révolutionnaire pour la démocratie.

Une erreur non moins grave serait de supprimer un des paragraphes du programme démocratique, par exemple celui concernant le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, sous prétexte que ce droit serait “irréalisable” ou “illusoire” à l’époque de l’impérialisme. L’affirmation selon laquelle le droit des nations à disposer d’elles-mêmes est irréalisable dans le cadre du capitalisme peut être prise soit dans un sens absolu, économique, soit dans un sens relatif, politique.

Dans le premier cas, cette affirmation est foncièrement erronée au point de vue théorique. Premièrement, sont irréalisables dans ce sens, en régime capitaliste, par exemple la monnaie de travail ou la suppression des crises, etc. Mais il est absolument faux que le droit des nations à disposer d’elles-mêmes soit également irréalisable. Deuxièmement, l’exemple de la séparation de la Norvège d’avec la Suède, en 1905, suffit à lui seul pour réfuter ce “caractère irréalisable” compris dans ce sens. Troisièmement, il serait ridicule de nier qu’un petit changement du rapport des forces politiques et stratégiques, par exemple entre l’Allemagne et l’Angleterre, rendrait parfaitement “réalisable” aujourd’hui ou demain la formation de nouveaux Etats : polonais, indien, etc. Quatrièmement, le capital financier, dans sa tendance à l’expansion, achètera et soudoiera “librement” le gouvernement démocratique et républicain le plus libre et les fonctionnaires élus de n’importe quel pays, fût-il “indépendant”. La domination du capital financier, comme celle du capital en général, ne saurait être éliminée par quelque transformation que ce soit dans le domaine de la démocratie politique; or, l’autodétermination se rapporte entièrement et exclusivement à ce domaine. Mais cette domination du capital financier n’abolit nullement l’importance de la démocratie politique en tant que forme plus libre, plus large et plus claire de l’oppression de classe et de la lutte des classes. C’est pourquoi tous les raisonnements présentant comme “irréalisable”, du point de vue économique, l’une des revendications de la démocratie politique en régime capitaliste procèdent d’une définition théoriquement fausse des rapports généraux et fondamentaux du capitalisme et de la démocratie politique en général.

Dans le second cas, cette affirmation est incomplète et inexacte. Car ce n’est pas seulement le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, mais toutes les revendications fondamentales de la démocratie politique qui, à l’époque de l’impérialisme, ne sont “réalisables” qu’incomplètement, sous un aspect tronqué et à titre tout à fait exceptionnel (par exemple, la séparation de la Norvège d’avec la Suède, en 1905). La revendication de l’affranchissement immédiat des colonies, formulée par tous les social-démocrates révolutionnaires, est elle aussi “irréalisable” en régime capitaliste sans toute une série de révolutions. Cependant, cela n’entraîne nullement la renonciation de la social-démocratie à la lutte immédiate et la plus résolue pour toutes ces revendications – cette renonciation ferait tout simplement le jeu de la bourgeoisie et de la réaction – tout au contraire, il en découle la nécessité de formuler toutes ces revendications et de les faire aboutir non pas en réformistes, mais en révolutionnaires; non pas en restant dans le cadre de la légalité bourgeoise, mais en le brisant; non pas en se contentant d’interventions parlementaires et de protestations verbales, mais en entraînant les masses à l’action, en élargissant et en attisant la lutte autour de chaque revendication démocratique, fondamentale jusqu’à l’assaut direct du prolétariat contre la bourgeoisie, c’est-à-dire jusqu’à la révolution socialiste qui exproprie la bourgeoisie. La révolution socialiste peut éclater non seulement à la suite d’une grande grève ou d’une manifestation de rue, ou d’une émeute de la faim, ou d’une mutinerie des troupes, ou d’une révolte coloniale, mais aussi à la suite d’une quelconque crise politique du genre de l’affaire Dreyfus ou de l’incident de Saverne [1] ou à la faveur d’un référendum à propos de la séparation d’une nation opprimée, etc.

Le renforcement de l’oppression nationale à l’époque de l’impérialisme commande à la social-démocratie, non pas de renoncer à la lutte “utopique”, comme le prétend la bourgeoisie, pour la liberté de séparation des nations, mais, au contraire, d’utiliser au mieux les conflits qui surgissent également sur ce terrain, comme prétexte à une action de masse et à des manifestations révolutionnaires contre la bourgeoisie.

III. La signification du droit des nations à disposer d’elles-mêmes et son rapport avec la fédération

Le droit des nations à disposer d’elles-mêmes signifie exclusivement leur droit à l’indépendance politique, à la libre séparation politique d’avec la nation qui les opprime. Concrètement, cette revendication de la démocratie politique signifie l’entière liberté de propagande en faveur de la séparation et la solution de ce problème par la voie d’un référendum au sein de la nation qui se sépare. Ainsi, cette revendication n’a pas du tout le même sens que celle de la séparation, du morcellement, de la formation de petits Etats. Elle n’est que l’expression conséquente de la lutte contre toute oppression nationale. Plus le régime démocratique d’un Etat est proche de l’entière liberté de séparation, plus seront rares et faibles, en pratique, les tendances à la séparation, car les avantages des grands Etats, au point de vue aussi bien du progrès économique que des intérêts de la masse, sont indubitables, et ils augmentent sans cesse avec le développement du capitalisme. Reconnaître le droit d’autodétermination n’équivaut pas à reconnaître le principe de la fédération. On peut être un adversaire résolu de ce principe et être partisan du centralisme démocratique, mais préférer la fédération à l’inégalité nationale, comme la seule voie menant au centralisme démocratique intégral. C’est précisément de ce point de vue que Marx, tout en étant centraliste, préférait même la fédération de l’Irlande avec l’Angleterre à l’assujettissement forcé de l’Irlande par les Anglais.

Le socialisme a pour but, non seulement de mettre fin au morcellement de l’humanité en petits Etats et à tout particularisme des nations, non seulement de rapprocher les nations, mais aussi de réaliser leur fusion. Et, précisément pour atteindre ce but, nous devons, d’une part, expliquer aux masses le caractère réactionnaire de l’idée de Renner et de O. Bauer sur ce qu’ils appellent l'”autonomie nationale culturelle [2]” et, d’autre part, revendiquer la libération des nations opprimées, non pas en alignant des phrases vagues et générales, des déclamations vides de sens, non pas en “ajournant” la question jusqu’à l’avènement du socialisme, mais en proposant un programme politique clairement et exactement formulé, qui tienne tout particulièrement compte de l’hypocrisie et de la lâcheté des socialistes des nations oppressives. De même que l’humanité ne peut aboutir à l’abolition des classes qu’en passant par la période de transition de la dictature de la classe opprimée, de même elle ne peut aboutir à la fusion inévitable des nations qu’en passant par la période de transition de la libération complète de toutes les nations opprimées, c’est-à-dire de la liberté pour elles de se séparer.

Une affiche indépendantiste et communiste dans un quartier populaire (Otxargoaga) de Bilbao au Pays Basque.

IV. Comment le prolétariat révolutionnaire doit poser le problème du droit des nations à disposer d’elles-mêmes

Ce n’est pas seulement la revendication du droit des nations à disposer d’elles-mêmes, mais tous les points de notre programme-minimum démocratique qui ont été autrefois, dès le XVII° et le XVIII° siècle, formulés par la petite bourgeoisie. Et la petite bourgeoisie continue à les formuler tous d’une façon utopique, sans voir la lutte des classes et son aggravation à l’époque de la démocratie, et en croyant au capitalisme “pacifique”.

Telle est précisément l’utopie d’une union pacifique de nations égales en droit à l’époque de l’impérialisme, utopie qui trompe le peuple et que prônent les partisans de Kautsky. A l’opposé de cette utopie petite bourgeoise et opportuniste, le programme de la social-démocratie doit mettre au premier plan, comme un fait fondamental, essentiel et inévitable à l’époque de l’impérialisme, la division des nations en nations oppressives et nations opprimées. Le prolétariat des nations oppressives ne peut se contenter de phrases générales, stéréotypées, rabâchées par tous les bourgeois pacifistes, contre les annexions et pour l’égalité en droits des nations en général. Il ne peut passer sous silence le problème, particulièrement “désagréable” pour la bourgeoisie impérialiste, des frontières des Etats fondés sur l’oppression nationale. Il ne peut pas ne pas lutter contre le maintien par la force des nations opprimées dans les frontières de ces Etats; autrement dit, il doit lutter pour le droit d’autodétermination. Il doit revendiquer la liberté de séparation politique pour les colonies et les nations opprimées par “sa” nation. Sinon, l’internationalisme du prolétariat demeure vide de sens et verbal ; ni la confiance, ni la solidarité de classe entre les ouvriers de la nation opprimée et de celle qui opprime ne sont possibles; et l’hypocrisie des défenseurs réformistes et kautskistes de l’autodétermination, qui ne disent rien des nations opprimées par “leur propre” nation et maintenues de force au sein de “leur propre” Etat, n’est pas démasquée.

D’autre part, les socialistes des nations opprimées doivent s’attacher à promouvoir et à réaliser l’unité complète et absolue, y compris sur le plan de l’organisation, des ouvriers de la nation opprimée avec ceux de la nation oppressive. Sans cela, il est impossible de sauvegarder une politique indépendante du prolétariat et sa solidarité de classe avec le prolétariat des autres pays, devant les manœuvres de toutes sortes, les trahisons et les tripotages de la bourgeoisie. Car la bourgeoisie des nations opprimées convertit constamment les mots d’ordre de libération nationale en une mystification des ouvriers : en politique intérieure, elle exploite ces mots d’ordre pour conclure des accords réactionnaires avec la bourgeoisie des nations dominantes (voir l’exemple des Polonais en Autriche et en Russie, qui concluent des marchés avec la réaction pour opprimer les Juifs et les Ukrainiens); en politique extérieure, elle cherche à pactiser avec une des puissances impérialistes rivales pour réaliser ses buts de rapine (politique des petits Etats dans les Balkans, etc.).

Le fait que la lutte contre une puissance impérialiste pour la liberté nationale peut, dans certaines conditions, être exploitée par une autre “grande” puissance dans ses propres buts également impérialistes, ne peut pas plus obliger la social-démocratie à renoncer au droit des nations à disposer d’elles-mêmes, que les nombreux exemples d’utilisation par la bourgeoisie des mots d’ordre républicains dans un but de duperie politique et de pillage financier, par exemple dans les pays latins, ne peuvent obliger les social-démocrates à renier leur républicanisme   [3].

V. Le marxisme et le proudhonisme dans la question nationale

A l’opposé des démocrates petits-bourgeois, Marx voyait dans toutes les revendications démocratiques sans exception non pas un absolu, mais l’expression historique de la lutte des masses populaires, dirigées par la bourgeoisie, contre le régime féodal. Il n’est pas une seule de ces revendications qui, dans certaines circonstances, ne puisse servir et n’ait servi à la bourgeoisie à tromper les ouvriers. Il est radicalement faux, du point de vue théorique, de monter en épingle, à cet égard, l’une des revendications de la démocratie politique, à savoir le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, et de l’opposer à toutes les autres. Dans la pratique, le prolétariat ne peut conserver son indépendance qu’en subordonnant sa lutte pour toutes les revendications démocratiques, sans en excepter la république, à sa lutte révolutionnaire pour le renversement de la bourgeoisie.

D’autre part, à l’opposé des proudhoniens, qui “niaient” la question nationale “au nom de la révolution sociale”, Marx mettait au premier plan, en considérant par-dessus tout les intérêts de la lutte de classe du prolétariat des pays avancés, le principe fondamental de l’internationalisme et du socialisme : un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre. C’est du point de vue des intérêts du mouvement révolutionnaire des ouvriers allemands que Marx réclamait en 1848 que la démocratie victorieuse d’Allemagne proclamât et accordât la liberté aux peuples opprimés par les Allemands. C’est du point de vue de la lutte révolutionnaire des ouvriers anglais que Marx réclamait, en 1869, la séparation de l’Irlande d’avec l’Angleterre. Et il ajoutait : “Dût-on, après la séparation, aboutir à la fédération”. Ce n’est qu’en formulant cette revendication que Marx éduquait véritablement les ouvriers anglais dans un esprit internationaliste. C’est ainsi seulement qu’il pouvait opposer une solution révolutionnaire de ce problème historique aux opportunistes et au réformisme bourgeois, qui, jusqu’à présent, après un demi-siècle, n’a toujours pas réalisé la “réforme” irlandaise. C’est ainsi seulement qu’il pouvait, à l’encontre des apologistes du capital qui criaient à l’utopisme et à l’impossibilité de réaliser pour les petites nations le droit à la séparation, et proclamaient le caractère progressiste de la concentration non seulement économique, mais aussi politique, défendre le caractère progressiste de cette concentration opérée d’une manière non impérialiste, et défendre le rapprochement des nations basé non pas sur la violence, mais sur la libre union des prolétaires de tous les pays. C’est ainsi seulement qu’il pouvait opposer à la reconnaissance verbale, et souvent hypocrite, de l’égalité des nations et de leur droit à disposer d’elles-mêmes l’action révolutionnaire des masses également en ce qui concerne la solution des problèmes nationaux. La guerre impérialiste de 1914-1916 et les écuries d’Augias de l’hypocrisie opportuniste et kautskiste qu’elle a révélé ont nettement confirmé la justesse de cette politique de Marx, qui doit servir de modèle à tous les pays avancés, puisque chacun d’eux opprime actuellement des nations étrangères [4].

Affiche l’Union du Peuple Galicien , organisation membre du BNG ” Le prolétariat doit revendiquer la liberté de séparation politique pour les colonies et les nations opprimées par “sa” nation. Sinon, l’internationalisme du prolétariat demeure vide de sens et verbal”

VI. Trois types de pays par rapport au droit des nations à disposer d’elles-mêmes

Il faut, sous ce rapport, distinguer trois principaux types de pays.

Premièrement, les pays capitalistes avancés de l’Europe occidentale et les Etats-Unis. Les mouvements nationaux progressistes bourgeois y ont depuis longtemps pris fin. Chacune de ces “grandes” nations opprime d’autres nations dans les colonies et à l’intérieur de ses frontières. Les tâches du prolétariat des nations dominantes y sont précisément celles du prolétariat de l’Angleterre, au XIX° siècle, à l’égard de l’Irlande [5].

Deuxièmement, l’Est de l’Europe : l’Autriche, les Balkans et surtout la Russie. C’est au XX° siècle que s’y sont particulièrement développés les mouvements nationaux démocratiques bourgeois et que la lutte nationale y a pris un caractère particulièrement aigu. Dans ces pays, les tâches du prolétariat, tant pour achever la transformation démocratique bourgeoise que pour aider la révolution socialiste dans les autres pays, ne peuvent pas être menées à bien s’il n’y défend pas le droit des nations à disposer d’elles-mêmes. Particulièrement difficile et particulièrement importante y est la tâche consistant à fusionner la lutte de classe des ouvriers des nations oppressives et des ouvriers des nations opprimées.

Troisièmement, les pays semi-coloniaux comme la Chine, la Perse, la Turquie, et toutes les colonies totalisent environ 1000 millions d’habitants. Là, les mouvements démocratiques bourgeois ou bien commencent à peine, ou bien sont loin d’être à leur terme. Les socialistes ne doivent pas seulement revendiquer la libération immédiate, sans condition et sans rachat, des colonies (et cette revendication, dans son expression politique, n’est pas autre chose que la reconnaissance du droit des nations à disposer d’elles-mêmes; les socialistes doivent soutenir de la façon la plus résolue les éléments les plus révolutionnaires des mouvements démocratiques bourgeois de libération nationale de ces pays et aider à leur insurrection (ou, le cas échéant, à leur guerre révolutionnaire) contre les puissances impérialistes qui les oppriment.

VII. Le social-chauvinisme et le droit des nations à disposer d’elles-mêmes

L’époque impérialiste et la guerre de 1914-1916 ont mis particulièrement en relief la nécessité de lutter contre le chauvinisme et le nationalisme dans les pays avancés. En ce qui concerne le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, il existe deux nuances principales parmi les social-chauvins, c’est-à-dire les opportunistes et les kautskistes, qui maquillent et idéalisent la guerre impérialiste, réactionnaire, en lui appliquant la notion de “défense de la patrie”.

D’une part, nous voyons les serviteurs déclarés de la bourgeoisie, qui défendent les annexions sous prétexte que l’impérialisme et la concentration politique sont progressistes, et qui nient le droit d’autodétermination en le déclarant utopique, illusoire, petit-bourgeois, etc. Ce groupe comprend : Cunow, Parvus et les ultra-opportunistes en Allemagne, une partie des fabiens et des chefs des trade-unions en Angleterre, les opportunistes en Russie : Semkovski, Liebmann, Iourkévitch, etc.

D’autre part, nous voyons les kautskistes, auxquels se rattachent également Vandervelde, Renaudel et beaucoup de pacifistes d’Angleterre et de France, etc. Ils sont pour l’unité avec les premiers et, en fait, ils les rejoignent pleinement en défendant d’une façon purement verbale et hypocrite le droit d’autodétermination : ils estiment “exagérée” (“zu viel verlangt”: Kautsky dans la Neue Zeit du 21 mai 1915) la revendication du droit de séparation politique; ils n’affirment pas la nécessité d’une tactique révolutionnaire des socialistes des nations oppressives, mais estompent au contraire leurs obligations révolutionnaires, justifient leur opportunisme, les aident à mystifier le peuple, éludent comme par hasard la question des frontières des Etats qui maintiennent de force dans leur sein des nations lésées dans leurs droits, etc.

Les uns comme les autres sont des opportunistes qui prostituent le marxisme parce qu’ils ont perdu toute faculté de comprendre la portée théorique et l’importance pratique capitale de la tactique de Marx, explicitée par lui-même à propos de l’Irlande.

En ce qui concerne plus particulièrement les annexions, ce problème a acquis une actualité toute spéciale du fait de la guerre. Mais qu’est-ce qu’une annexion ? Il est aisé de se convaincre que l’opposition aux annexions se ramène à la reconnaissance du droit des nations à disposer d’elles-mêmes, ou bien elle repose sur une phraséologie pacifiste qui défend le statu quo et est hostile à toute violence, même révolutionnaire. Une telle position est foncièrement fausse et inconciliable avec le marxisme.

Lenine sur un mur de Derry en Irlande du Nord

VIII. Les tâches concrètes du prolétariat dans le proche avenir

La révolution socialiste peut débuter dans le plus proche avenir. Dès lors, le prolétariat se trouvera placé devant les tâches immédiates que voici : conquête du pouvoir, expropriation des banques et réalisation d’autres mesures dictatoriales. La bourgeoisie – et surtout les intellectuels du type des fabiens et des kautskistes – s’efforcera à ce moment de morceler et de freiner la révolution en lui imposant des buts limités, démocratiques. Si toutes les revendications purement démocratiques sont susceptibles, dans le cas où l’assaut des prolétaires a déjà commencé contre les fondements du pouvoir de la bourgeoisie, de constituer en un sens un obstacle pour la révolution, la nécessité de proclamer et de réaliser la liberté de tous les peuples opprimés (c’est-à-dire leur droit à l’autodétermination) sera tout aussi essentielle pour la révolution socialiste qu’elle l’a été pour la victoire de la révolution démocratique bourgeoise, par exemple dans l’Allemagne de 1848 ou dans la Russie de 1905.

Il est possible, toutefois, qu’il s’écoule cinq ans, dix ans, voire davantage, avant le début de la révolution socialiste. A l’ordre du jour s’inscrira l’éducation révolutionnaire des masses dans un esprit qui rendrait impossibles l’appartenance des socialistes chauvins et opportunistes au parti ouvrier, ainsi que la répétition de leur victoire de 1914-1916. Les socialistes devront expliquer aux masses que les socialistes anglais qui ne revendiquent pas la liberté de séparation pour les colonies et l’Irlande, – que les socialistes allemands qui ne revendiquent pas la liberté de séparation pour les, colonies, les alsaciens, les danois et les polonais, et qui n’étendent pas la propagande révolutionnaire et l’action de masse révolutionnaire jusque dans le domaine de la lutte contre le joug national, qui n’utilisent pas les incidents comme celui de Saverne pour développer une très large propagande illégale parmi le prolétariat de la nation oppressive, pour organiser des manifestations de rue et des actions révolutionnaires de masse, – que les socialistes russes qui ne revendiquent pas la liberté de séparation pour la Finlande, la Pologne, l’Ukraine, etc., etc., – que ces socialistes agissent en chauvins, en laquais des monarchies impérialistes et de la bourgeoisie impérialiste qui se sont couvertes de sang et de boue.

IX. L’attitude de la social-démocratie russe et polonaise et de la II° Internationale envers le droit des nations à disposer d’elles-mêmes

Les divergences de vue qui existent entre les social-démocrates révolutionnaires de Russie et les social-démocrates polonais en ce qui concerne l’autodétermination se sont manifestées dès 1903, au congrès qui a adopté le programme du Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie, et qui, malgré la protestation de la délégation des social-démocrates polonais, y a inclus le §9, qui reconnaît le droit des nations à disposer d’elles-mêmes. Depuis cette date, les social-démocrates polonais n’ont jamais repris, au nom de leur parti, leur proposition d’éliminer ce §9 du programme de notre parti ou de lui substituer une autre formule quelconque.

En Russie, où 57 pour cent au moins de la population, plus de 100 millions d’habitants, appartiennent aux nations opprimées, – où ces nations peuplent principalement les régions périphériques, – où une partie de ces nations est plus cultivée que les Grands-Russes, où le régime politique est particulièrement barbare et médiéval, – où la révolution démocratique bourgeoise n’est pas encore achevée, – en Russie donc, la reconnaissance du droit de libre séparation d’avec la Russie des nations opprimées par le tsarisme est absolument obligatoire pour les social-démocrates, au nom de leurs objectifs démocratiques et socialistes. Notre parti, reconstitué en janvier 1912, a adopté en 1913 une résolution [6]qui confirme le droit d’autodétermination et l’explique précisément dans le sens concret indiqué plus haut. Le déchaînement du chauvinisme grand-russe en 1914-1916, tant au sein de la bourgeoisie que parmi les socialistes opportunistes (Roubanovitch, Plekhanov, Naché Diélo, etc.) nous donne une raison supplémentaire d’insister sur cette revendication et de considérer que ceux qui la rejettent soutiennent pratiquement le chauvinisme grand-russe et le tsarisme. Notre parti déclare qu’il décline de la façon la plus résolue toute responsabilité pour cette levée de boucliers contre le droit d’autodétermination.

Telle qu’elle a été récemment formulée, la position de la social-démocratie polonaise dans la question nationale (déclaration de la social-démocratie polonaise à la conférence de Zimmerwald) renferme les idées suivantes:

Cette déclaration stigmatise les gouvernements allemands et autres qui considèrent les “régions polonaises” comme un gage dans le futur jeu des compensations, “en privant le peuple polonais de la possibilité de décider lui-même de son sort”. “La social-démocratie polonaise proteste résolument et solennellement contre le découpage et le démembrement de tout un pays”… Elle flétrit les socialistes qui s’en rapportent aux Hohenzollern… pour “la libération des peuples opprimés”. Elle exprime sa conviction que seule la participation à la lutte imminente du prolétariat révolutionnaire international, à la lutte pour le socialisme, “brisera les chaînes de l’oppression nationale, anéantira toutes les formes de domination étrangère, et garantira au peuple polonais la possibilité d’un libre et ample développement en qualité de membre égal de l’union des peuples”. La déclaration indique que la guerre est “doublement fratricides pour les polonais”. (Bulletin de la Commission socialiste internationale N°2, 27. IX. 1915,  p. 15 ; traduction russe dans le recueil L’Internationale et la guerre, p. 97.)

Ces thèses ne se différencient en rien, pour l’essentiel, de la reconnaissance du droit des nations à disposer d’elles-mêmes, mais leurs formules politiques sont encore plus imprécises et plus vagues que la plupart des programmes et résolutions de la II° Internationale. Toute tentative d’exprimer ces idées dans des formules politiques nettement définies et de préciser dans quelle mesure elles sont applicables au régime capitaliste ou seulement au régime socialiste ne pourra que faire ressortir l’erreur que commettent les social-démocrates polonais en niant le droit des nations à disposer d’elles-mêmes.

La décision du Congrès socialiste international de Londres de 1896, qui reconnaissait le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, doit être complétée sur la base des thèses exposées ci-dessus, par des indications soulignant :

  1. l’urgence particulière de cette revendication à l’époque de l’impérialisme;
  2. la nature politique conditionnelle et le contenu de classe de toutes les revendications de la démocratie politique, y compris celle-ci;
  3. la nécessité de distinguer entre les tâches concrètes des social-démocrates des nations oppressives et celles des social-démocrates des nations opprimées;
  4. la reconnaissance inconséquente, purement verbale et, par cela même, hypocrite quant à sa signification politique, du droit d’autodétermination par les opportunistes et les kautskistes;
  5. le fait que la position des social-démocrates, particulièrement ceux des nations dominatrices (grands-russes, anglo-américains, allemands, français, italiens, japonais, etc.), qui ne défendent pas la liberté de séparation pour les colonies et les nations opprimées par “leurs” nations, est pratiquement identique à celle des chauvins;
  6. la nécessité de subordonner la lutte pour cette revendication, comme pour toutes les revendications fondamentales de la démocratie politique, à la lutte révolutionnaire de masse directement orientée vers le renversement des gouvernements bourgeois et la réalisation du socialisme.

Reprendre le point de vue de certaines petites nations et surtout des social-démocrates polonais, que leur lutte avec la bourgeoisie polonaise dont les mots d’ordre nationalistes trompent le peuple a conduit jusqu’au rejet erroné du droit d’autodétermination, serait, pour l’Internationale, commettre une faute théorique, substituer le proudhonisme au marxisme et, en pratique, soutenir involontairement le chauvinisme et l’opportunisme hautement dangereux des nations impérialistes.

La Rédaction du “Social-Démocrate”, organe central du P.O.S.D.R.

Post-scriptum. Dans la Neue Zeit du 3 mars 1916, qui vient de paraître, Kautsky tend ouvertement une main chrétienne de réconciliation à Austerlitz, le représentant du plus sordide chauvinisme allemand, en refusant pour l’Autriche des Habsbourg la liberté de séparation des nations opprimées, mais en la reconnaissant pour la Pologne russe, afin de rendre un service de larbin à Hindenburg et à Guillaume II. Il serait difficile de souhaiter une meilleure auto-dénonciation du kautskisme !

Ecrit en janvier-février 1916


Notes

[1] L’incident de Saverne se produisit dans cette ville alsacienne en novembre 1913, à la suite des vexations infligées par un officier prussien aux alsaciens. Ellesi soulevèrent l’indignation de la population locale, en majorité française, contre le joug de la clique militaire prussienne. A ce propos,  voir l’article de Lénine “Saverne” (Oeuvres, tome 19).

[2] Voir la critique des idées de Renner et Bauer sur l'”autonomie nationale culturelle” dans les textes de Lénine “A propos de l’autonomie nationale culturelle”, “notes critiques sur la question nationale”.

[3] Inutile de dire que repousser le droit d’autodétermination pour la raison qu’il en découlerait la nécessité de “défendre la patrie” serait tout à fait ridicule. C’est pour la même raison – c’est-à-dire aussi peu sérieusement – que les social-chauvins se réfèrent en 1914-I916 à n’importe quelle revendication de la démocratie (par exemple, à son républicanisme) et à n’importe quelle formule de lutte contre l’oppression nationale pour justifier la “défense de la patrie”. Lorsque le marxisme déclare que la défense de la patrie se justifiait dans les guerres, par exemple, de la grande Révolution française, ou celles de Garibaldi, en Europe, et qu’elle ne se justifie pas dans la guerre impérialiste de 1914-1916, il procède de l’analyse des particularités historiques concrètes de chaque guerre en tant que telle, et nullement d’un “principe général”, ni d’un paragraphe de programme. (Note de l’auteur)

[4] On dit souvent – par exemple, ces derniers temps, le chauvin allemand Lensch, dans les numéros 8 et 9 de Die Glocke (“Dies Glocke” (la cloche), revue éditée à Munich, puis à Berlin entre 1915 et 1925, par un membre du parti social-démocrate allemand, le social-chauvin Parvus  – NdE), – que l’attitude négative de Marx envers le mouvement national de certains peuples, par exemple les Tchèques en 1848, réfute du point de vue du marxisme la nécessité de reconnaître le droit des nations à disposer d’elles-mêmes. Mais cela est faux, car, en 1848, il y avait des raisons historiques et politiques d’établir une distinction entre les nations “réactionnaires” et les nations démocratiques révolutionnaires. Marx avait raison de condamner les premières et de défendre les secondes. Le droit d’autodétermination est une des revendications de la démocratie, qui doit naturellement être subordonnée aux intérêts généraux de la démocratie. En 1848 et dans les années suivantes, ces intérêts généraux consistaient, au premier chef, à combattre le tsarisme. (Note de l’auteur)

[5] Dans certains petits Etats restés à l’écart de la guerre de 1914-1916, par exemple en Hollande et en Suisse, la bourgeoisie exploite énergiquement le mot d’ordre d'”autodétermination des nations” pour justifier la participation à la guerre impérialiste. C’est une des raisons qui poussent les social-démocrates de ces pays à nier le droit d’autodétermination. On défend par des arguments faux la juste politique du prolétariat, à savoir : la négation de la “défense de la patrie” dans la guerre impérialiste. Le résultat, c’est, en théorie, une altération du marxisme, et, dans la pratique, une sorte d’étroitesse de petite nation, l’oubli des centaines de millions d’hommes des nations asservies par les nations “impérialistes”. Le camarade Gorter, dans son excellente brochure : L’impérialisme, la guerre et la social-démocratie, a tort de nier le principe de l’autodétermination des nations, mais j’applique de façon juste quand il revendique immédiatement I'”indépendance politique et nationale” des Indes néerlandaises et démasque les opportunistes hollandais qui refusent de formuler cette revendication et de lutter pour elle (Note de l’auteur).

[6] Lénine fait allusion à la résolution qu’il avait rédigé sur la question nationale et qui fut adoptée par la conférence du C.C du P.O.S.D.R élargie aux militants responsables du parti qui eu lieu en octobre 1913. Pour des raisons de sécurité, la conférence fut appelé d'”été” ou d'”août”.

Les autres oeuvres de Lenine en français ici.

La Gauche Indépendantiste invite ses militants et tous les démocrates, féministes, révolutionnaires de Bretagne à prendre part au mouvement de solidarité avec le peuple Kurde et le Rojava démocratique qui subissent une brutale attaque des forces militaires Turques.

En tant que défenseurs du droit à l’autogouvernement pour tous les peuples, et en tant que compagnons de Kendal Breizh, volontaire internationaliste breton mort sous les bombes turques à Afrin, nous faisons notre la déclaration de la commune internationaliste du Rojavac’est une révolution internationaliste, parce que beaucoup d’internationalistes ont rejoint cette révolution, en première ligne contre l’État islamique et le fascisme turc, nous avons aidé dans les hôpitaux, planté des arbres et travaillé pour construire une société démocratique et écologique, basée sur la libération des femmes.

De notre mobilisation à tous et toutes dépend la vie de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants au Rojava mais aussi la survivance de ce projet révolutionnaire née au sein de la résistance Kurde, ce qui le rend insupportable pour le régime d’Erdogan, en guerre avec les Kurdes du Rojava, mais aussi dans les territoires Kurdes d’Irak et de Turquie.

N’oublions pas dans nos mobilisations de dénoncer l’implication du lobby militaro-industriel français très présent en Bretagne et impliqué dans le commerce de mort avec la Turquie à qui il fournit armes et bombes. En effet, parmi les grandes entreprises françaises qui fournissent des systèmes d’armements, de la formation ou du maintien en condition opérationnelle à la Turquie figureraient notamment : Thales, Airbus Group (ex-EADS), MBDA, DCI, Dassault Systems.

Rassemblements à venir dans les jours qui viennent en Bretagne pour protester contre l’agression Turque au Rojava :

  • Jeudi 10 octobre à 17h30, devant le magasin Fnac du centre-ville de Lorient
  • Vendredi 11 octobre à Rennes à 17h place de la République
  • Samedi 12 octobre à Morlaix au kiosque à 12h
  • Samedi 12 octobre à 16h à Nantes place du commerce (Regroupement des composantes de la Gauche Indépendantiste derrière la banderole “Biji berxwedana Rojava, bevet Stourm Rojava”) 
  • Mercredi 16 Octobre à Guingamp à 18h place de l’échiquier/Champ au Roy.

La Gauche Indépendantiste Bretonne. 

Le collectif Kengred organise le samedi 15 juin une journée de solidarité avec les réfugié.e.s. à la salle des fêtes de Plouaret.

A partir de 15h, projection de 2 films :

  • « Colis Suspect » Documentaire de Sofia Català Vidal et Rosa Pérez Masdeu. « Colis Suspect » est un projet initié par des jeunes journalistes et cinéastes de Barcelone. Il a été récompensé par le Prix de la Première Réalisation au Festival International de Cinéma Méditerranéen de Tétouan (Maroc) et explore les politiques migratoires de l’Union Européenne, qui se nourrissent du discours xénophobe et alimentent le business de la sécurité.
  • « L’intime rencontre, l’inconnu », documentaire présenté par la CAJMA 22 sur le quotidien de familles hébergeant dans la région de Saint-Brieuc.

A partir de 19h : FEST-NOZ de solidarité avec les réfugié·e·s. avec de nombreux chanteurs, sonneurs et groupes de renom.

Possibilité de se restaurer sur place. Le prix est libre.

L’objectif du collectif est de développer le réseau d’aide aux réfugié.e.s dans le pays de Belle-Isle – Bourbriac – Plouaret, de rendre plus visible la lutte pour les réfugié.e.s en Bretagne et d’aider les familles hébergeantes (que ce soit au niveau financier, dans les démarches administratives, juridiques…).

Rejoignez-nous le 15 juin à Plouaret !

Merci de faire passer l’info autour de vous.