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Le Télégramme nous apprenait hier que des parents se sont vu refuser le nom breton — Fañch — qu’ils voulaient donner à leur enfant. La justification qui leur a été faite à l’état civil provient d’une circulaire du 23 juillet 2014 qui interdit apparemment l’utilisation le “n tilde” (“ñ“).

Il est anormal qu’en 2017 on en soit encore à devoir se battre pour simplement donner un prénom breton à nos enfants… Cela démontre bien le mépris de l’état Français qui continue à nous interdire d’utiliser notre propre langue et décide comment nous devrions écrire nos prénoms !

Pour montrer notre mécontentement et demander à changer cette loi ridicule, vous pouvez écrire un petit message sur la page Facebook de votre préfecture, ou bien changer votre photo de profil sur Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux en mettant ce message par exemple :

Changeons la loi ! Langue bretonne officielle !
Poent eo cheñch al lezenn ! YEZH OFISIEL !


http://www.bretagne-info.org/2017/05/15/fanch-face-a-l-interdiction-de-prenoms-bretons-officialisons-la-langue-bretonne/

 

C’est avec une profonde tristesse que nous vous faisons part du décès brutal de Paskal Laizé agé de 50 ans, militant de la Gauche Indépendantiste du pays de Fougères, décès survenu dans la nuit du samedi au dimanche 26 mars.

Pascal était issu d’une famille ouvrière du pays de Fougères. Dans les années 1990, il rejoint le comité Emgann de Fougères et participe à ce titre à de nombreuses campagnes et réunions notamment la marche pour l’indépendance ou encore Gouel Broadel ar Brezhoneg. Il intègre peu après les rangs de l’Armée Révolutionnaire Bretonne. Il est arrêté en mai 2000 et condamné à deux peines, une de 8 ans pour ses actions au sein de cette organisation et une de 4 ans pour complicité dans le vol d’explosifs de Plévin. Ces peines sont confondues en une seule de huit ans, et il bénéficie d’une libération conditionnelle en 2005. Voici ce que nous écrivions au sujet de son retour en Bretagne le 10 juillet 2006 : “Paskal Laizé est en Bretagne depuis aujourd’hui, malgré son contrôle judiciaire encore trop restrictif, qui ne lui permet  d’aller qu’en l’Ille et Vilaine et dans l’hexagone, mais pas dans le reste de la Bretagne. Après cinq ans de détention en raison de son engagement dans l’Armée Révolutionnaire Bretonne et près de deux ans d’interdiction de séjour en Bretagne, Paskal Laizé a enfin pu rentrer dans notre pays. Nous nous en réjouissons. Nous savons que ce traitement inique ne lui a été infligé que par ce qu’il est resté fidèle à son engagement indépendantiste“.

En prison, Paskal s’est attelé à l’étude la langue bretonne, et doit se battre pour avoir accès à des soins corrects en raison de son mauvaise état de santé du à un accident survenu avant sa détention. Il multiplie les refus de plateaux, refus de remontés de promenade et participe à la grève de la faim tournante du collectif des prisonniers politiques bretons.

Pendant ses années de conditionnelle forcée en région parisienne il donne de son temps libre à la mission bretonne (Ti ar Vretoned) dans le 14eme arrondissement et à Radio Pays. Après son retour en Bretagne il continue à militer pour un pays libre et socialiste et après Emgann il intègre Breizhistance. En 2008 sur le canton d’Antrain il réalise la performance (avec un suppléant LCR) de 5,74 % avec 291 voix en défendant sans complexe aucun le droit à l’autodétermination du peuple breton et la justice sociale. En 2015 il figurait sur la liste de la Gauche Indépendantiste Breizh O Stourm.

En plus d’être un ouvrier du bâtiment pour le moins polyvalent, Paskal avait récemment ouvert un estaminet “Ti ma Zi” pour redynamiser le bourg d’Antrain et il donnait de son temps pour l’école Diwan du pays de Fougères dont il préparait le Kig-ha-Farz de soutien il y a encore quelques semaines.

Nous garderons de lui le souvenir d’un être généreux, résolument optimiste même dans les pires moments, épris de liberté et de justice. Ses obsèques devraient avoir lieu le 29/03, nous vous tiendrons informés en publiant des mises à jours.

Nos pensées vont vers ses filles et ses proches.

Bevet Breizh dieub ha sokialour !

Pour la Gauche Indépendantiste : Gael Roblin

Une réunion d’information aura lieu le samedi 25 mars à 17h30 à La Charrue avec Visant Roue, représentant de l’Office public de la langue bretonne en Loire-Atlantique, autour du projet de création d’une école en breton et en français à Châteaubriant. Peuvent être particulièrement intéressés les parents d’enfants du pays de Châteaubriant nés avant 2013.

Les écoles en breton, quelles soient en filière privée catholique (Dihun), publique (Divyezh) ou associative (Diwan), progressent d’années en années. A la rentrée 2016, dans les cinq départements bretons, se sont plus de 17 000 enfants qui ont pu suivre un enseignement en langue bretonne. De nombreux chercheurs ont démontrés l’intérêt d’un bilinguisme précoce dans le développement de l’enfant en général et dans la facilité à maitriser ensuite d’autres langues. Le dynamisme actuel de l’enseignement en breton repose tant sur son intérêt pédagogique que dans la volonté de préserver l’avenir de la langue bretonne.

Bretagne_Info_Reunion_Breton_Ecole_Chateaubriant

Samedi 11 mars c’est une centaine de personnes qui ont répondu à l’appel de Plouaret pour soutenir quatre militants qui comparaitront le 12 mai prochain au tribunal de Guingamp pour avoir prétendument bloqués des trains dans cette commune lors du mouvement contre la loi travail.

Cent personnes pour une conférence de presse c’est pas mal du tout, un signe sans doute que beaucoup de trégorrois ont compris que les 4 de Plouaret seront jugés en raison de leur investissement militant global au sein de la Gauche Indépendantiste ou Nuit Debout Lannion et pas du tout pour l’ensemble des blocages qu’ont leur imputent sans beaucoup d’éléments de preuves, ni témoignage.

Plus de 2000 personnes ont été poursuivis par la justice dans l’ensemble de l’État français pour leur participation au mouvement contre la loi travail.

#MoiAussiJaiBloqué !

Les organisateurs du rassemblement ont remercié avec un peu de  malice le parquet de Saint-Brieuc qui a eu la bonne idée d’audiencer ce procès politique entre le deuxième tour de la présidentielle et le premier tour des élections législatives. Les inculpés de Plouaret et leurs soutiens comptent bien en profiter pour marteler leur opposition à la loi travail et au capitalisme.

De nombreux participants à ce premier rassemblement ont arboré une affichette indiquant “Moi aussi j’ai bloqué” pour bien faire comprendre leur refus que seules quatre personnes soient poursuivis pour ces actions collectives. La défense s’organisera sans doute autour de cet axe, d’un point de vue politique et dans la perspective d’obtenir la relaxe. C’est une plainte de la SNCF qui suscite cette procédure.

De nombreux syndicats impliqués dans le mouvement contre la loi travail ont réaffirmer leur soutien samedi 11 mars au 4 de Plouaret :
L’UL CGT Guingamp, SUD Rail Bretagne, L’UL Solidaires Trégor, la FSU Guingamp, la CNT 22 ainsi que Nuit Debout Lannion et la Gauche Indépendantiste (Bretagne en Luttes).

Le représentant de Solidaires.
Le représentant de Solidaires.

La langue bretonne dans les luttes sociales et au tribunal…

Nous soutenons la volonté des quatre convoqués d’utiliser leur langue privilégiée, la langue bretonne, au tribunal à Guingamp” ont indiqués les militants présents. En effet les quatre personnes poursuivies sont brittophones et comptent s’exprimer en langue bretonne devant le tribunal et ce en accord avec leur avocat. Il existe au moins un cas de jurisprudence dans cette même juridiction qui avait permis en 1985 à un militant de Stourm Ar Brezhoneg de s’exprimer avec l’aide d’un interprète à Guingamp lors d’un procès pour recel de panneau. Peu importe l’attitude du tribunal disent les inculpés, il est fort à parier que vu la date du procès leur attitude permettra de poser sur la place publique et dans les débats la revendication de l’usage de notre langue dans tous les aspects de la vie publique.

Mobilisations à venir

Outre différents concerts de soutien c’est deux dates qu’il faut noter sur votre agenda :

  • samedi 6 mai pour une manifestation de soutien à Guingamp
  • vendredi 12 mai dans cette même ville dés 8h devant le tribunal

Les chèques et virements de soutien sont à faire parvenir à Skoazell Vreizh, le secours breton qui prend en charge les frais d’avocat de Guillaume, Kaou, Gael et Yoann.

CNT_plouaret_breizhistance

E fin miz Gwengolo tremenet o deus an dermenidi eus lise Diwan Karaez lakaet ar gaoz diwar-benn ar mod da dremen arnodennoù ar bachelouriezh : en galleg a-hed o deskadurezh e studi al liseidi e brezhoneg. Poellek o deus kavet e vije tremenet ar bachelouriezh e brezhoneg neuze. “C’hoant hon eus kaout ar gwir da dremen hon arnodennou e brezhoneg” eme Eflamm Floc’h ul lisead. Rak betek bremañ e vez kinniget dezhe tremen nemet un dañvez e brezhoneg : an istor-geo an hini eo. Da vare an distro-skol eo bet dibabet gante reiñ lañs d’ur stourm evit ma vefe tu tremen an holl dañvezioù e brezhoneg. “Ma ne vez ket graet [ar stourm] ganeomp ne vo ket kaset da benn gant den ebet” eme Eflamm. Lañset ez eus bet e miz Here eta ur c’houlzad stourm gant ur sinadeg war internet. Dastumet zo bet evit poent muioc’h eget 3500 sinatur (tu zo mont da sinañ c’hoazh war al lec’hien “change.org” bak e brezhoneg). War-lec’h ez eus bet kaset ul lizher lakaet splann o arc’hadurioù d’ar rektordi ha d’ar ministrerezh an deskadurezh. O welet ne teue respont ebet eus perzh an aozadurioù gall o deus al liseidi aozet ur vanifestadeg e miz Genver.

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Un taol-kaer eo bet gant 400 o sevel a-du gant o arc’hadurioù. Kaset en deus ar ministrerezh ur respont nac’h e penn kentañ e penn-kentañ ar miz. “Dipitet omp avat met mennet omp evit kenderc’hel ar stourm” eme Eflamm. N’eo ket bet klevet azgoulennoù al liseidi evit poent met memestra eo dedennus ha frealzus gwelet ur rummad tud yaouank o kregiñ e-barzh ar stourm evit kas ar brezhoneg war-raok. Ur gwir eo d’ar vretoned yaouank bezañ skoliataet e brezhoneg, ur gwir e rankfe mont betek penn o deskadurezh el lise e brezhoneg. Ra vint trec’h !

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Voici un texte diffusé initialement sur le site Expansive.info et qui explique le pourquoi d’une campagne d’abstention active en Bretagne pour les élections présidentielles 2017.

La rédaction de Bretagne Info.

 

Selon les pronostics, l’abstention sera comme toujours la grande gagnante des élections du printemps 2017. Néanmoins, il semble qu’une fois encore les politiques ne vont pas la prendre au sérieux. Une infime minorité aura donc à nouveau le droit de faire la loi, quelqu’un sera reconduit à la tête de l’État, l’assemblée des vieux blancs corrompus se remplira à nouveau. Pour remédier à ce problème, c’est à dire pour que la France ne vienne plus nous déranger avec ses élections et ce qu’il en résulte, des militantEs de la gauche indépendantiste bretonne ont décidé de répondre favorablement aux appels internationaux à une piraterie de classe contre les présidentielles.

Notre participation au cirque électoral par une campagne d’abstention active s’est imposée comme une évidence. Qu’importe qui fera reculer les droits sociaux, nous refusera toujours le droit de décider collectivement du sort de nos territoires, passera en force sur les projets inutiles et imposés, niera fidèlement le droit du peuple breton à se gouverner lui-même de Ouessant à Clisson. S’il faudra lutter contre l’une ou l’autre de ces personnes après l’élection, autant commencer dès le début de la campagne. Nos voix seront dans les rues et sur les murs, pas dans les urnes. Il est d’autant plus impensable en Bretagne, d’accepter passivement cette énième injonction à aller choisir qui va continuer à ne pas nous représenter ; pas après avoir expérimenté sur la ZAD le fait se représenter soi-même, pas après avoir montré pendant le mouvement contre la loi travail notre capacité à s’organiser contre ce monde, et pas à un seul instant tant que notre peuple est privé de son droit à s’autogérer.

Comme beaucoup nous ne nous déplaçons pas pour aller voter car nous ne ressentons rien pour les mascarades présidentielles. Choisir entre le pire et le différemment pire ne fait pas vibrer grand monde. Que cela s’exprime par un discours militant ou non, les beaux succès permanent de l’abstention et la disparition du vote de conviction au profit du vote de dépit sont plus que des aveux d’échec. Ils sont aussi des frontières qui existent entre un monde politique coupé du réel, et les classes populaires qui subissent sa loi sans rien pouvoir obtenir autrement que par la lutte. Ce monde clos est à ce point loin des réalités qu’il fait même une élection sous un état d’urgence devenu semi-permanent.

Nous savons déjà de quoi sera fait le débat : concours de casse sociale, nationalisme tricolore outrancier et va en guerre, racisme, sexisme, course au renoncement écologique. A l’inverse, pour construire une Bretagne indépendante, réunifiée, anticapitaliste, féministe, écologiste, brittophone et solidaire, notre programme passe donc par la perturbation des élections présidentielles françaises. Puisque nous n’avons pas notre place dans les médias pro-élections, nos propositions s’écriront sur les murs et dans la nature. Nous invitons les volontaires à répandre cette dynamique à travers tout le pays. Exprimez-vous dans cet espace électoral conçu pour être verrouillé, portez y l’affrontement, tournez-le en ridicule, sabotez-le, à vous de trouver vos méthodes. Organisons-nous pour lancer dès à présent la riposte. Pour une fois nous prendrons la parole, en tant que partisanes et partisans du boycott de 2017, en tant que bretonnes et bretons.

Sabordons les élections, à l’abordage !

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Quelques modestes réflexions sur le voile , l’islam , la religion, la lutte des classes et les bretonNEs dans l’état français….

Le texte suivant n’engage que moi-même , c’est une sorte de tribune. Mais le produit d’échanges plus ou moins formels entre camarades de la Gauche Indépendantiste  et des militantEs anticapitalistes d’autres secteurs depuis de longs mois. Merci infiniment à la militante féministe bretonne Mélanie Giotto pour sa réactivité, ses conseils avisés tant sur la forme que sur le fond et ce titre qui claque comme un drapeau.

G.R

 

Le psychodrame national français autour du Burkini et l’ensemble des lois et prises de position autour du “voile” ou du “foulard” islamique ont révélé à la face du monde combien perverse est la définition de la laicité à la française.

 

Ainsi Joann Wallach Scott rappelle : “Le mot «  laïcité  » est polémique depuis sa création en 1871 par les militants anticléricaux. À l’époque, il servait à contrer le pouvoir de l’Église catholique  ; à présent, il est utilisé pour définir une identité française qui exclut les musulmans. Dans les deux cas, les femmes sont considérées comme un danger potentiel pour la République. Au XIXe et au début du XXe siècle, on soupçonnait les Françaises d’être sous l’influence des prêtres  ; au XXIe siècle, ce sont les femmes musulmanes dont les foulards sont le signe d’un «  défaut d’assimilation  » inacceptable, et d’un refus agressif de l’égalité soi-disant caractéristique de la République. Finkielkraut l’a dit sans détour dans un entretien au New York Times : «  la laïcité l’a emporté. Et nous ne pouvons faire aucun compromis sur le statut des femmes. (…) Tout vient de là. » (1)

Et dans le même article Cette étrange obsession française pour le voile » l’auteure souligne combien le « débat » autour du voile révèle la volonté assimilationniste de la république française en la comparant avec les pays de tradition anglo-saxonne où « Le gommage de toute différence ethnique, raciale et religieuse n’est pas une condition nécessaire pour l’intégration dans la nation. »

Plus loin elle souligne avec justesse combien les élites françaises politiques, culturelles et médiatique de la nation française intègrent dans leurs expressions pleines de pulsions islamophobes et puisent dans la période coloniale et sa «  mission civilisatrice  ». C’est bien connu, et c’est ce que l’on apprend dans les écoles de la république, la France a inventé les droits de l’homme….avant de les exporter en Kanaky, en Algérie , à Madagascar…

Et une féministe bretonne de mes fréquentations de me faire remarquer également cette évidence : « Il faut dans ce débat un démontage propre et concis de la posture pseudoféministe d’Etat, alors que l’énorme scandale est que l’Europe vient de donner 6 milliards (3 et 3 autres dernièrement) à l’Etat turc, dont les kurdes témoignent qu’il est infiltré au plus haut niveau de l’administration et de la police par des cadres de Daesh). (2)

Subventionner Daesh via l’Europe, démonter les planning familiaux dans l’Etat français et persécuter des baigneuses tout en posant aux féministes est une marque d’incohérence de l’Etat français que les médias gagneraient à souligner.” 

Cette étrange obsession française pour le voile“ est de loin un des meilleurs articles que j’ai pu lire sur le sujet polémique du burkini mais il ne va pas assez loin. Car ce nouveau rebondissement autour des signes extérieurs d’islamité révèlent aussi une volonté farouche de ces mêmes élites de nier le caractère plurinational de l’état français et interroge notre rapport à l’altérité, à l’identité, aux identités.

 

Tenter d’y apporter une contribution est risqué, qui suis-je pour oser prendre la parole sur un tel sujet en tant qu’homme blanc ? Je suis aussi indépendantiste breton, révolutionnaire marxiste, athée….élevé dans une famille partagée entre un anticléricalisme soft et la religion catholique ( soft aussi ). Je ne suis pas un spécialiste des religions, de l’islam et de ses multiples variantes, ni très réputé pour la cohérence de mon engagement pro-féministe…mais comme Finkelkraut et Valls et la grande bourgeoise Badinter donnent leur avis tous les jours sur le danger du « voile » et les « musulmans » je me permet de modestement donner le mien.

En tant que marxiste j’ai appris à replacer les signes d’appartenance à une religion dans leurs contextes socio-politique et historique.

Et on pourrait peut être commencer par là en rappelant que l’ « invitation » autoritaire faite par les hommes aux femmes à se couvrir la tête n’est pas spécifique à l’Islam et à son clergé.

Et elle révèle un rapport de domination patriarcale évident des hommes sur les femmes dans beaucoup de textes religieux.

Cette « invitation » aux femmes  (j’emploie ce mot car ce n’est pas toujours une obligation) s’est traduite par de cette façon:

 

-Pour le judaïsme. : Dans la Bible, la Genèse (24, 65; 29, 23-25; 38,14.19) et le Cantique des Cantiques mentionnent le voile des femmes. Ainsi, Rébecca, voyant Isaac, se couvre la tête de son voile. Et le fiancé du Cantique des Cantiques affirme : « Tes yeux sont des colombes à travers ton voile » (Ct 4, 1). La femme non voilée est en revanche comparée à la prostituée : « Découvre tes cheveux, retrousse ta robe, découvre tes cuisses », dit le prophète Isaïe (47, 2) » (3)

 

-Pour le christianisme : « Dans son Épitre aux Corinthiens7, Saint Paul fait peut-être plus étalage de la tradition romaine dont il est issu que de la tradition hébraïque quand il affirme qu’à la prière : « si une femme n’est pas voilée, qu’elle se coupe aussi les cheveux. S’il est honteux pour une femme d’avoir les cheveux coupés ou d’être rasée, qu’elle se voile. L’homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme ; et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme. C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend»

 

-Pour l’islam toujours d’après Martine de Sauto « dans le Coran, plusieurs versets, difficiles à traduire et à interpréter, prescrivent aux femmes de porter le voile par pudeur, pour se distinguer des autres femmes et se protéger des regards indélicats. « Ô Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles : c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées… » (sourate 33, v. 59) » (4). D’autres estiment comme Thierry Magot breton et musulman “que le Coran (seule base de l’islam) ne prescrit en aucun cas le voile pour les femmes dans la vie courante. Ce serait la société patriarcale de l’époque (qui a d’ailleurs perduré, et qu’on peut observer aussi dans la Sunna du Prophète) qui l’a interprété ainsi.”  (5)

Ce bref rappel est là pour démontrer si besoin en était que la volonté de couvrir les cheveux des femmes est communes à ces trois religions et à leurs variantes et était théorisé par des…hommes.

Mais le débat actuel, le brouhaha médiatique autour du « burkini » sous entend clairement que celles qui continuent à porter (souvent volontairement, mais pas que ..) un « voile » lié à la religion musulmane sont des arriérées, des rétrogrades incapables de participer à des mouvements d’émancipations collectives…..

Et c’est là que mon identité de breton me permet d’anticiper le débat sous un autre angle. Mais avant d’aller plus loin un petit rappel sur la religion catholique et le voile s’avère encore nécessaire (puisque c’est bien connue la Bretagne est « catholique »! ) .

L’article de wikipédia français sur le voile dans la religion catholique dit aussi ceci « Encore de nos jours beaucoup de mariées portent un voile lors du mariage religieux D’après l’interprétation que Rosine Lambin, docteur en Sciences des Religions à la Sorbonne, fait des textes de Saint-Paul le voile de la mariée est, comme celui des religieuses, un voile de sacrifice impliquant aussi la soumission de la femme à son époux”.

D’ailleurs sur le trés catholique et réactionnaire blog “La femme catholique” on peut lire ceci dans un post intitulé “Femmes , couvrez vous les cheveux ! “ : “Le vieux Code de droit canon de 1917 prescrivait que les femmes à l’église se couvrent la tête, surtout au moment de la communion. Au contraire, le Code actuel en vigueur ne prescrit rien de tel, les femmes n’étant plus obligées à cette coutume.Toutefois cet antique et vénérable usage reste une pratique “qui convient”, surtout quand une femme participe à la Messe traditionnelle.

Cet usage dérivait de ce qui est disposé par l’Apôtre Saint Paul, où plutôt de l’Esprit Saint par le biais de Saint Paul. Plusieurs motifs inclinent à le rétablir. Parmi ceux-ci, rappelons-nous que la tête couverte est un signe d’humilité. Aujourd’hui, bien des femmes se vêtent de manière indécente, avec des mini-jupes et autres habits provocants et scandaleux, qui génèrent bien des péchés mortels.

Au contraire, voir à l’église une femme vêtue d’habits modestes et tête couverte est édifiant autant qu’un prêche sur l’habillement chrétien.” (4)

 

D’ailleurs ce blog se sert de cette image sur laquelle on voit des bretonnes pour illustrer l’article :

chale-mariage

 

Je pourrais en tant que Breton me dire que fort heureusement les femmes catholiques de mon pays la Bretagne n’obéissent plus à ce genre d’ordres et ce depuis fort longtemps et sinon elles n’auraient pas mener autant de combats émancipateurs que ceux que je vais évoquer plus loin.

 

Mais aussitôt mon cerveau me réplique avec cette simple image qui est une veille affiche de la CGT évoquant les luttes des sardinières en 1923 en pays bidouden et à Douarnenez :

 

cgt pays bigoudens

 

Et oui des femmes qui se couvraient les cheveux dans un pays de tradition catholique ont menée une grande lutte sociale victorieuse dans des conserveries . Elles lutteront 50 jours en faisant grève pour obtenir le paiement des heures supplémentaires; A l’époque certaines ouvrières avaient 12 ans et la semaine durait 72h….(6)

Combien d’entre elles étaient encore croyantes et pratiquantes ? Je ne sais pas , un nombre certain sans doute. D’autres au contraire devenaient méfiantes ( c’est peu dire ! ) envers la hiérarchie catholique. Beaucoup parlaient breton , quelques unes français….

Issue du même secteur j’aimerais vous présenter Joséphine Pencalet, une des cinq premières femmes élue dans une municipalité dans l’Hexagone ( sur une liste du PCF dont elle s’éloignera ) à Douarnenez en 1924….Election invalidée plus tard par le conseil d’état. Voici un cliché d’elle à l’époque…Mais tiens donc elle porte une coiffe ! ( elle l’abandonnera par la suite)

pennacalet

 

 

Porter une coiffe ne l’a pas empêchée d’être à la pointe du combat pour l’égalité des droits entre femmes et hommes et de désobéir et de faire grève elle aussi comme sardinière. (7)

D’ailleurs de nos jours tous le monde en Bretagne convient que costumes traditionnels et coiffes sont des marqueurs culturels importants de l’identité bretonne. Les femmes qui les portent sont d’horizons diverses, ont sans doute des rapports différents à la religion et au clergé. Et les images du passé que nous venons d’évoquer sont bien la preuve que le fait d’être ( volontairement ou non ) sous l’influence culturelle d’une religion est révélateur d’une identité locale ( nationale ? ) mais potentiellement compatible avec des combats sociaux collectifs .

Ainsi on est passé d’une pratique vestimentaire “suggérée” par le poids du patriarcat et du catholicisme à une pratique culturelle pour marquer sa différence en tant que groupe humain distinct. Mon point de vue est que ce glissement existe aussi pour d’autres religions.

Oui, mais c’était hier me rétorquerez vous, et personne ou presque ne porte encore la coiffe en Bretagne au quotidien. Et encore aujourd’hui lors de manifestation sur des thématique spécifiquement bretonne comme l’affirmation de la bretonnité du pays Nantais il n’est pas rare de voir des femmes manifester en costume dit traditionnel.

Mais personne, après ce bref survol historique Breton, ne peut contester que croyances religieuses (quelque soit le niveau de piété et de visibilité de l’engagement de chacunE) soient compatibles avec l’engagement en faveur de la lutte d’émancipation sociale et de celle du droit des femmes.

Ou alors faudrait il faire preuve d’une ehtno-centrisme européen des plus raciste. Et il me semble bien qu’une partie de la “gauche” française même sa prétendue très franchouillarde “gauche de la gauche mélenchoniste “ (8) est dans cette posture en refusant de parler et de dénoncer l’islamophobie.

Restons en Europe et passons les Pyrénées et observons ce magnifique sourire des militants et militantes de la COS (Coordinadora Obrera Sindical/ ) Coordination Ouvrière Syndicale) qui se définit comme “ Syndicat pour la libération de classe, de genre et nationale dans les pays Catalans” depuis 1987.

 

COS

Elles et ils ont l’air très contentes d’avoir gagné des éluEs au nom de la Coordination Ouvrière Syndicale, organisation syndicale de la gauche indépendantiste catalane qui se revendique indépendantiste, anticapitaliste et féministe. (9)

Bref, le port du voile ne conditionne pas celles qui en font le choix à rester sous l’influence du clergé le plus rétrograde pas plus que ne l’ont été hier des catholiques et bretonnes ou aujourd’hui des catalanes et musulmanes.

D’ailleurs je ne prétend pas par cette humble exposé faire découvrir que l’islam est compatible avec le féminisme (comme d’autres religions) . D’autres plus légitimes que moi pour le faire tentent de se faire entendre depuis longtemps pour casser le stéréotype colonial « islam = oppression rétrograde de la femme” en évoquant le combat de militantes qui sont engagées dans une démarche féministe à l’intérieur du cadre religieux musulman. (10 ). Mais le faire ici en tant que breton pourra peut-être interpeller des consciences pleines de préjugés, alimenter le débat en se servant de notre histoire sociale et se des liens avec notre identité.

Ce qui est rétrograde c’est la volonté profondément négationniste des gouvernants français et de leur relais médiatiques à ne pas vouloir assumer le passé colonial français, à reconnaître que cet état est de facto plurinational, car avant d’avoir tenté d’assimiler de force avec des lois et des arrêtés stupides les populations de ses ex colonies il a tenté de détruire méthodiquement les marqueurs culturels des peuples Breton, Basque, Corse, Martiniquais,etc….

« Cachez ce voile que je ne saurais voir ! » résonne étrangement à mes oreilles de brittophone ( ça veut dire que je parle breton ) comme un écho à « gardez chez vous ces langues que nous ne saurions ni voir , ni lire ni entendre dans la vie publique ».

Les voiles et les burkinis des musulmans lieraient de façon intrinsèque celles qui les portent à l’obscurantisme le plus crasseux et violent, c’est le message prétentieux et néo-colonial et ethnocentriste de Valls et des ses congénères des Républicains et du FN comme d’une partie du Front de Gauche. (11) C’est le même raisonnement qui amenait Barrère à déclarer dans son rappport du comité du salut public en janvier 1794 « Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton ; l’émigration et la haine de la République parlent allemand ; la contre-révolution parle l’italien, et le fanatisme parle le basque. Cassons ces instruments de dommage et d’erreur. » qui allait inaugurer un cycle de répression linguistique violent contre ces groupes de locuteurs, cycle toujours en cours.

 

De 1794 à 2016 on essaye de nier la diversité culturelle de l’Etat français et son caractère plurinational en légiférant de manière grotesque et répressive sur les langues comme sur le voile ou le burkini. On invoque sans cesse cette constitution pour justifier ces humiliations qui visent à exclure de la sphère publique tout signe de non francité.

 

Voici ce que j’écrivais l’an dernier dans le petit lexique politique radical de Bretagne à son sujet :

 

“Il est intéressant de s’attarder sur cette constitution qui régit le fonctionnement de la Vème république depuis 1958. Un rapide coup d’œil sur la pyramide des âges de la population française au 1er janvier 2015 nous apprend que les gens en âge de voter en 1958 et toujours vivants ont au minimum 78 ans, et sont environ 4,7 millions, pour un État contenant près de 70 millions d’habitants. Moins de 10 % des citoyens français ont pu donner leur avis sur cette constitution qui rappelle que la France est une et indivisible et que le français et la seule et unique langue de la république.

Rappelons aussi qu’elle fut adoptée pas longtemps avant une tentative de coup d’État de généraux putschistes refusant les armes à la main la perspective de l’indépendance algérienne et sur pro- position d’un autre militaire, le général de Gaulle.

Ce petit rappel statistique permet de regarder d’une autre façon le phénomène de l’abstention, notamment dans la jeunesse et singulièrement dans celle issue de l’immigration. Pourtant tous les syndicats et partis politiques y compris régionalistes, hormis la gauche extra-parlementaire et les partis indépendantistes des possessions françaises, continuent d’affirmer leur attachement aux valeurs de la république. Une république dont le texte fondateur était écrit alors que les guerres de libération nationale battaient leur plein, une république dont il semble bien difficile de faire croire qu’elle garantisse un minimum d’équité sociale, une république qui nie le caractère plurinational de la France, qui refuse de dissocier les concepts de nationalité et de citoyenneté parce que le dogme républicain fait de nous de braves Français de Brest à Papeete, de Cayenne à Ajaccio…” ( 12)

 

Celles qui portent le voile ou le burkini ou mangent hallal le font en fonction de leur croyance religieuse, c’est elles que l’état persécute en envoyant la police sur les plages Occitanes….Mais les signes extérieurs d’islamité sont aussi l’affirmation , insuportables pour les défenseurs de l’Europe blanche et catholique et de la France une et indivisible, de l’appartenance à des groupes humains déterminés par des facteurs et des marqueurs culturels, linguistiques, religieux et/où géographiques . C’est en ça que comme certains de nos marqueurs à nous Bretons ou autres non allogènes de cette république, ils démontrent le caractère plurinational de l’état français.

C’est pour ça qu’il faut contruire entre nous peuples de l’Etat français des liens et des complicités basés comme le suggère Houria Bouteldja (13) sur un internationalisme domestique , et bien sur le rejet de l’islamophobie comme de l’antisémitisme , du racisme dans un large front multiforme anticapitaliste, féministe et anti-impérialiste.

 

Gael Roblin ( Aout 2016 )

Militant de la Gauche Indépendantiste Bretonne et Communiste Révolutionnaire.

 

 

 

1)     “Cette étrange obsession française pour le voile “ http://orientxxi.info/magazine/cette-etrange-obsession-francaise-pour-le-voile,1309
2)    CF : http://www.niet-editions.fr/livre-kurdistan.html
3)    D’aprés Martine De Sauto journaliste au quotidien “La Croix”.
4)    https://fr.wikipedia.org/wiki/Voile_(v%C3%AAtement)

5) Auteur sous le pseudo J.M. Seiget de “Comment peut-on être breton (indigné) et musulman (critique). Humanisme, diversité et libération en islam” ed. Coëtquen 2015).

6)    Le blog “Femmes Catholiques” https://lafemmecatholique.wordpress.com/2011/01/21/femmes-couvrez-vous-les-cheveux/
7)    JL Mélenchon : “Mélenchon : “C’est clairement une provocation politique. Le burkini n’est pas une tenue religieuse et je doute que le prophète ait jamais donné la moindre consigne concernant les bains de mer. L’instrumentalisation communautariste du corps des femmes est odieuse. C’est un affichage militant.” À lire dans “Burkini: Jean-Luc Mélenchon partage l’affront fait aux musulmanes” par MICHELLE GUERCI : https://blogs.mediapart.fr/michelle-guerci/blog/240816/burkini-jean-luc-melenchon-partage-laffront-fait-aux-musulmanes et d’autres phrases du même topo sur le blog “Servir le Peuple http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/republique-bleu-blanc-rouge-6-0-non-merci-a117718778
8)    Sur le site de la CGT http://www.nvo.fr/0-0-2627-la-greve-des-sardinieres-de-douarnenez
9)    Sur le site “En Envor” http://enenvor.fr/eeo_actu/mer/josephine_pencalet_la_penn_sardin_premiere_elue_municipale_bretonne.html et un article de Fanny Bugnon http://www.academia.edu/8368179/_Jos%C3%A9phine_Pencalet_une_Penn_sardin_%C3%A0_la_Mairie_dans_Arlette_Gautier_et_Yvonne_Guichard-Claudic_dir._Bretonnes_Presses_universitaires_de_Rennes_%C3%A0_para%C3%AEtre
10)   Cf ce podcast de France Culture “Sur les Docks” et le féminisme islamique http://www.franceculture.fr/emissions/sur-les-docks-14-15/les-feministes-islamiques Cf le livre de Zahra Ali “ Féminismes Islamiques “ chez la Fabrique éditions http://www.lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=707
11) Syndicat COS : http://www.sindicatcos.cat/
12) Chez Goater Editions http://www.papier-timbre.org/post/2015/10/15/ZHB%C3%A9c%C3%A9daire,-lexique-politique-radical-de-Bretagne-de-Gael-Roblin,-un-nouveau-livre-des-%C3%A9ditions-Goater
13) Sur le site du Parti des Indigènes de la République: http://indigenes-republique.fr/pour-un-internationalisme-domestique/

 

 

 

 

Le refus du Sénat de ratifier la Charte Européenne des Langues Minoritaires est un coup dur surtout pour Marc Le Fur et ses alliés régionalistes, mais aussi pour tous ceux qui pensent que l’avenir de la langue bretonne se jouera à Paris. Encore une fois, le très conservateur Sénat français nous prouve que la lutte pour que la langue bretonne ait un statut co-officiel en Bretagne est indissociable de la lutte pour la construction d’un pouvoir politique breton indépendant.

Il faut aussi que le mouvement culturel breton rompe avec ses pratiques de lobbying auprès des partis de Paris, qu’il soit du PS ou des Républicains, et retrouve le chemin de la lutte.

A court terme, seule la lutte collective et radicale nous permettra d’obtenir les outils nécessaires pour que la langue bretonne s’épanouisse dans la vie publique, dans l’éducation, la formation, les médias, les actes de la vie administratives, tout en prenant en compte la diversité linguistique (gallo et langues issues de l’immigration). La construction d’un tel rapport de force aboutira à la renégociation de la convention spécifique sur les langues de Bretagne entre l’État et la région Bretagne qui vient d’être signée et ne contient rien ou presque en raison de du manque de cohérence de la majorité régionale PS-PC-UDB et de la dépolitisation des revendications linguistiques par le mouvement culturel breton.

Pour la Liste Bretagne en Luttes / Breizh o Stourm,
Gael Roblin

Le calendrier de rendez-vous revendicatifs était particulièrement chargé en Bretagne ces 23, 24 et 25 octobre.

Le vendredi, les partisans du désarmement de la police s’étaient rassemblés à Pont-de-Buis à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Rémi Fraisse pour exiger la fermeture de l’usine Nobel Sport.

pontdebuis

Malgré un dispositif policier impressionnant c’est plusieurs centaines de personnes qui ont participé tout au long du week-end aux marches et débats questionnant sur la répression policière et judiciaire. Les initiateurs du rendez-vous peuvent se féliciter de la fréquentation de ces journées revendicatives. En donnant la parole à ceux et celles qui ont été éborgnés par les armes de la police ils ont réussi à créer un débat public sur la violence des forces de répression et l’inutilité sociale de cette usine d’armement.

Là, comme dans les autres rendez-vous du week-end, nous nous sommes efforcés de venir renforcer cette initiative militante par notre présence. Une façon pour nous de dire que cette manifestation était pour le moins salutaire à nos yeux et complémentaire des revendications en faveur de la démilitarisation de la Bretagne.

Le samedi 25/10, le collectif Douar Didoull a réussi un petit tour de force en rassemblant plus de 1000 personnes dans les rues de Guingamp, pour redire son opposition aux projets miniers au Trégor ou ailleurs. C’est une manifestation qui fera date dans la mobilisation contre les 7 projets miniers en cours sur la Bretagne historique, une mobilisation qui comme nous l’avions souhaité s’est élargie à de très larges secteurs de la population. Alors que le ministre Macron a autorisé par décret le débuts des recherches au profit de la multinationale Variscan, les habitants de la zone dite de Loc Envel ne veulent pas plier et on ne peut que souhaiter que leur indignation contamine d’autres secteurs de Bretagne et qu’au delà du simple refus de ce projet néfaste sur le plan écologique se pose la question de l’absence de pouvoir décisionnel populaire en Bretagne.

A Karaez.
A Karaez.

En début d’après midi, plusieurs milliers de personnes ont répondus à l’appel des associations linguistiques pour réclamer un statut pour la langue bretonne dans une Bretagne réunifiée. On retiendra de cette journée la faiblesse de la mobilisation et le flou des mots des mots d’ordre et bien sur les sempiternels numéros de clowns électoralistes du PS ou des républicains venus vendre du vent et des promesses électorales.

Pour notre part, nous avons bien mobilisés à travers un cortège jeune et dynamique réclamant sans aucun complexe l’officialisation de la langue bretonne de Brest à Clisson et, rappelant que seule la lutte revendicative radicale sur cette question nous permettra d’arracher des avancées autres que celle de la convention État-Région sur la politique linguistique. Un rendez vous est d’ors et déjà fixé pour le 21 novembre à Rennes pour une action en faveur de la langue bretonne dans l’éducation.

Un week-end bien rempli pour nos militants et sympathisants, une fin de semaine avec des mobilisations ayant connu des fortunes diverses mais qui avait comme en parfum de Bretagne en luttes !

Le blog “U Cumunu” est un blog de débat se situant sur la gauche de l’échiquier politique nationaliste Corse. Ce n’est pas une organisation politique , plutôt un outil de réflexion qui se définit ainsi : “La Lutte de Libération Nationale corse doit aussi être une Lutte de Libération Sociale. Pourtant, la parole des patriotes de gauche n’est pas assez présente dans le débat public en Corse. La création de « U Cumunu » se veut un début de réponse. Le but n’est pas de préparer une organisation supplémentaire, mais de porter un discours nouveau dans la politique corse. « U Cumunu » sera donc un site d’opinion sur l’actualité nationale et internationale, à partir d’un point de vue patriote et révolutionnaire.

Nous reproduisons ci-dessous une de leurs réflexions sur l’éventuelle ratification de la Charte Europénne des Langue Minoritaires par la France, sujet dont on reparle dans l’actualité suite à la grève de la faim de David Grosclaude en Occitanie et aux promesses de F. Hollande ces dernières semaines. Même si le texte date de 2013 il reste à bien des égards d’actualité.

Vous pourrez constater que ,comme nos amis de Libertat en Occitanie dont avons publié le point de vue sur ce sujet récemment, les animateurs de “U Cumunu” pensent plutôt la revendication linguistique en termes de rapport de force, de mouvement de désobéissance qu’en terme d’éventuelle constitutionnalité et de promesses électorales.

La semaine dernière prés de 5000 corses ont défilés dans Ajaccio pour notamment exiger la co-officialité de leur langue.

Le débat continuera….

Bretagne-Info

Coofficialité, charte européenne des langues : n’attendons rien de la France !

Au printemps dernier, nous publiions un article saluant le vote du statut de coofficialité de la langue corse par l’Assemblée. Ce vote restera dans les mémoires et dans l’histoire de la Corse car en plus d’une déclaration d’intentions symboliquement forte, un véritable plan de développement adossé à cette indispensable officialisation du corse était proposé. Ainsi, l’Assemblée de Corse sortait là des incantations pieuses pour traduire les idées en actes et prouver par là même l’utilité de cette mesure.

Mais cela ne devait pas nous faire oublier que la République française, profondément jacobine, n’accepterait pas aussi facilement de déroger à ses principes centralisateurs et impérialistes. La récente réaction de Marylise Lebranchu lors de l’émission Cuntrastu, après les multiples déclarations allant dans le même sens de Manuel Valls, a clos le débat pour Paris : la coofficialité est anticonstitutionnelle.

Dans le même temps, le premier ministre de la France, Jean-Marc Ayrault, a annoncé sa volonté d’accélérer la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, que la France a en partie signée sans jamais la ratifier. Si François Alfonsi, et probablement d’autres avec lui, note qu’il s’agit là d’une « évolution », il faut tout de même rappeler que l’État français n’est pour l’instant signataire que d’une partie de cette Charte, les points les plus « problématiques » ayant été laissés de côté.

La concomitance de ces deux déclarations ne peut être un hasard : le gouvernement français espère ainsi calmer les demandes des peuples de l’État français, notamment de leurs franges les plus « modérées » (en Corse, la majorité territoriale), en présentant une ratification attendue depuis au moins vingt ans comme un important pas fait pour la sauvegarde et la promotion des langues « régionales ».

Or, cette manœuvre doit être l’occasion de rappeler deux choses :

  • La première est que seul un statut d’officialité à part entière peut avoir une incidence au niveau institutionnel quant au développement de notre langue.
  • La seconde, la plus importante, est qu’il ne faut jamais rien attendre d’un État impérialiste. Tout ce qu’il concédera lui sera arraché par la mise en place d’un rapport de forces favorable. Pour cela, le mouvement populaire est indispensable, qu’il soit organisé ou non.

La langue est l’un des domaines dans lesquels la mise en place d’un système parallèle à la société coloniale est possible. N’attendons pas de l’État français son accord pour le faire !