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Quelques jours après l’annonce par le gouvernement de l’extension de la possibilité de surtaxer les résidences dans 5000 communes ( dont nous ignorons la liste à ce jour ) le comité pour le logement de Morlaix a battu le pavé pour rappeler l’exigence de l’application de l’intégralité du dispositif Zone tendue dans l’ensemble de la Bretagne.

C’est à dire : la surtaxation des résidences secondaires, l’encadrement des loyers, et la limitation de la location de courte durée. Mais les participants ont aussi rappelé leurs exigences d’une relance du logement public et d’une éradication des 63 000 logement indignes recensés en région Bretagne.

“Des logements pour les gens pas pour se faire de l’argent” ! “Vue sur mer pour les précaires” !

Un peu plus de 300 personnes emmenées par une tête de cortège dynamique, jeune, bruyante ont animés les rues de Morlaix un week-end de vacances. En dessous de certains pronostics mais honorable et intéressant pour l’avenir du mouvement pour le logement en Bretagne. Un nombre très important de syndicalistes notamment de la CFDT et de la CGT ( sans oublier les militants de Solidaires et de la CNT ), des élus ( PCF, UDB, EELV, Gauche Indépendantiste…) étaient de la partie , dont une bonne partie étaient resté sur le bord des précédentes initiatives, sans doute grâce à l’énorme travail de mobilisation locale fait par le comité.

 

L’ensemble des initiatives pour le logement en Bretagne semble s’inscrire dans la durée.

En témoigne le rendez vous du 5 novembre à Lorient sur des bases similaires mais avec en toile de fond la critique d’une projet de logement de standing. Le rendez vous est fixé quai des indes à 14h30. Le même jour à Douarnenez seront dans la rue  devant l’abri du Marin à midi contre un projet immobilier de luxe. 

 

Les organisateurs de la manif de Morlaix donnent rendez vous le 19 novembre à Guingamp avec le comité Tregor Argoat Goelo pour construire avec les comités locaux et assos investis sur le logement un nouveau cadre de mobilisation. Des contacts ont été pris avec les orgas de jeunesses qui font face à la raréfaction du logement pour étudiants à Rennes, Brest, Lorient et Nantes pour faire de journée européenne du logement fin mars une date de mobilisation en Bretagne dont la forme reste à définir. Fin juin la loi de finances rectificative nous permettra de ré-interpeller collectivement les parlementaires. Surtout d’ici là c’est les collectivités locales bretonne qui seront interpellées pour être plus incisives et demander de nouvelles compétences.

 

Nous publions ici l’intégralité de la prise de parole des organisateurs . Nous y soulignons ceci :  l’exigence que la Région Bretagne assume la compétence logement et perçoive une part de la surtaxe sur les résidences secondaires. Un débouché politique spécifiquement breton qui nous semble particulièrement pertinent et est assumé très largement maintenant.

Les militants indépendantiste de gauche investis dans la campagne logement.

 

 

Le comité local pour le logement du pays de Morlaix créée il y a seulement 2 mois se félicite de la réussite de la mobilisation de 29 octobre 2022. Elle vient clôturer un formidable travail unitaire et de terrain de près d’un mois. Nous vous remercions chaleureusement toutes et tous de votre présence. Nous remercions l’ensemble des élus présents : de la municipalité de Morlaix, de communes de Morlaix Communauté, de Haut-Leon Communauté, mais aussi des conseillères et conseillers départementaux, régionaux ou députés. Nous remercions l’ensemble des 26 organisations politiques, syndicales et associatives qui ont répondu favorablement à notre appel : PCF, Génération.s, Gauche Indépendantiste, NPA, France Insoumise, UDB, EELV, PS, Ensemble, Parti de Gauche, UCL, CNT, CGT, CFDT, Solidaires, Morlaix Alternative Citoyenne, Droit à la Ville Douarnenez, St-Malo j’y suis j’y reste, Le Utopistes en action, La Lanterne, Comité des chômeurs et solidaires, Ligue des Droits de l’Homme.

 

La réprésentativité de ce jour est à la hauteur des enjeux. Oui nous avons sû créer une dynamique locale alors continuons à construire la mobilisation populaire et transformons l’essai à plus grande échelle.

 

 

Nous réclamons un meilleur accès au logement  dans le pays de Morlaix comme partout en Bretagne, nous avons souligné l’urgence de la situation et mis sur la place publique une proposition : permettre d’utiliser le dispositif de la Zone Tendue – jusqu’ici inappliqué en Région Bretagne – afin d’encadrer les loyers et les locations de courte durée tout en donnant la possibilité aux conseils municipaux de surtaxer les résidences secondaires.

 

A l’occasion de l’adoption de la loi de finances via le 49.3 on apprend que cette exigence d’égalité fiscale pour que comme au Pays Basque et ailleurs nous puissions surtaxer les résidences secondaires  sera peut-être possible dans certaines zones. Sans doute  prise pour calmer les légitimes revendications populaires suite aux manifestations du mois de septembre dernier !

 

Mais faute de débats et d’amendements en séances on ignore où précisément cela sera possible, quels en seront les critères et qui décidera.

 

On sait seulement que cela sera possible en Zone Touristique littorale …Mais nous savons aussi que c’est toute la Bretagne qui devrait être concernée car l’activité économique est tournée vers le tourisme, directement ou indirectement sur tout le territoire.

 

Et malheureusement nous savons que l’encadrement des loyers et de la location type Air BnB ne sera pas à la disposition des communes de Bretagne

 

Nous ne voulons pas qu’une part du gâteau de la Zone Tendue nous voulons tout le gâteau !

 

Parfois les loyers de maisons situées à l’intérieur du territoire bien loin du littoral et des grands centres urbains qui sont des passoires énergétiques chauffés à l’électricité prennent 250 euros entre deux locations ! Ni les salaires, ni les pensions, ni les minimas sociaux n’augmentent hélas à cette vitesse !

L’amendement gardé par le gouvernement ne calme pas notre colère ! Et nous voyons là une forme de mépris de non prise en compte de la colère populaire !

 

Mais qu’attendre de plus d’un gouvernement qui a baissé les aides à la Pierre pour la construction de logements sociaux et baissé les APL ?

 

Nous voulons dire aussi au gouvernement que les 63 000 logements potentiellement indignes et les 145 000 logement vacants en Région Bretagne doivent être rénovés dans le cadre de la relance du logement public ! Car avec l’obligation du Zero Artificialisation Net pour les intercommunalités nous n’auront pas beaucoup d’autres choix !

Pour cela il faut redonner des moyens à la politique de logement public et social !

Mais ceux qui s’intéressent à la question du logement, lequel représente la part de dépenses la plus importante des foyers bretons, savent aussi que les meilleurs dispositifs législatifs sont inopérants faute de service public pour les mettre en pratique sur le terrain.

 

Or un tel service public est bien ce qui fait défaut à de nombreuses collectivités locales. La plupart des communes bretonnes sont dépourvues de service d’hygiène pour lutter contre l’habitat indigne, pas plus qu’elles ne disposent de police de l’habitat pour endiguer le recours frauduleux aux baux mobilités et étudiants, délivrer des permis de louer ou surveiller le respect des règles limitant le recours aux locations touristiques de courte durée (dont on sait combien elles concurrencent les offres de logement à l’année, notamment dans les zones littorales).

Sur les 1 938 500 logements que compte la Région Bretagne, l’INSEE recense aujourd’hui 257 800 résidences secondaires soit 13 % du parc de logements breton. D’après les services fiscaux le montant moyen de taxe d’habitation dans l’hexagone est de 756 euros pour une maison secondaire et de 915 euros pour un appartement secondaire en 2020.

 

Dans un contexte de réduction drastique des marges de manœuvre fiscales des collectivités, le Conseil Régional de Bretagne devrait pouvoir utiliser cette ressource financière substantielle en percevant une part régionale de la taxe sur les résidences secondaires. Et prendre ainsi ses marques pour acquérir la compétence sur le logement, complémentaire de celle sur l’habitat que les intercommunalités exercent déjà.

 

C’est notre proposition !

 

Notre message va en effet aussi en direction des élus de la Région et des collectivités locales de Bretagne ! Soyez plus offensifs , plus exigeant !

 

On ne peut pas se contenter des miettes du dernier amendement ! La loi de finance rectificative sera votée en juillet 2023 nous voulons que vous portiez avec nous cette exigence populaire, cette exigence d’extension de la Zone Tendue à toute la Bretagne ainsi que cette prise de compétences nouvelles !

La loi ouvre désormais la possibilité de développer les expérimentations par les collectivités locales, grâce au principe maintenant reconnu de différenciation territoriale. Communes et agglo doivent étudier les moyens d’expérimenter des dispositifs locaux de plafonnement des loyers le temps que les évolutions législatives nécessaires se produisent et exiger de nouvelles marges de manœuvres !

N’attendez pas pour agir ! Si on additionne les logements vacants et les résidences secondaires de la Bretagne historique on arrive au chiffre vertigineux de 522 800 logements exclus du marché à l’année ! Et encore nous ne sommes pas capables de chiffrer avec nos moyens combien de nuitées Air BNB viennent alourdir ce tableau déjà bien sombre !

 

Il faut répartir les richesses ! il faut agir !

 

Pour notre part nous lançons un appel pour qu’au mois de mars prochain à l’occasion de la journée européenne du droit au logement nous poursuivions notre mobilisation en Bretagne à l’occasion de la fin de la trêve hivernale !

 

 

Nous lançons aussi un appel à créer un outil de mobilisation rénové à l’échelle de la Bretagne donnant toute leur place aux associations et collectifs locaux spécialisés , aux organisations syndicales mais aussi aux structures étudiantes et de la jeunesse. Pour ce fait, nous appelons les comités locaux déjà existant à nous emboîter le pas pour de nouvelles mobilisations et nous proposons une réunion de construction de la lutte pour le logement à Guingamp le 19 novembre.

 

 

Cette contribution sur le drapeau “Kroaz Du” (Croix Noire) émane d’une lecteur de notre site et n’engage que lui. C’est un texte avec beaucoup d’informations historiques et qui prétend ouvrir le débat.

Bonne lecture !

Bretagne info.

Résistants antifascistes du groupe Liberté dans le secteur de St Nazaire membres du PNB
Résistants antifascistes du groupe Liberté, membres du PNB, dans le secteur de Saint-Nazaire

Tout le monde connait le drapeau breton, on le voit partout et depuis des années. Enfin tout du moins, c’est un des drapeaux bretons que tout le monde connait. Puisque la Bretagne n’a pas d’existence officielle – le symbole de la région n’est considéré par personne comme drapeau et à juste titre – il n’y a que l’adhésion populaire massive à un symbole breton qui lui donne sa légitimé. En cela, le Gwenn-ha-Du est indétrônable depuis plusieurs décennies, on le voit dans des manifestations de tous bords politiques, sur certaines mairies, sur les plaques d’immatriculations de quatre départements bretons sur cinq. Néanmoins, ce dernier est concurrencé depuis quelques temps par un nouveau venu : la Kroaz Du, à l’esthétique simpliste d’une croix noire sur fond blanc. Son arrivée tardive n’est au départ pas liée à un milieu particulier, que ce soit politique ou autre. Il a toutefois été très largement approprié depuis les années 2000 par divers tendances de l’extrême droite locale, lui apportant maintenant une connotation bien particulière.

A faire l’historique de ces deux drapeaux, leurs apparitions contemporaines sont d’ailleurs toutes deux situées dans l’Entre-deux-guerres. Certes, les arguments en faveur de la Kroaz Du incitent sur son aspect ancien, il serait LE plus vieux drapeau de Bretagne. Sans trop savoir pourquoi, l’idée logique est qu’il est le plus vieux et donc le plus légitime. Argument somme toute réactionnaire, la légitimé populaire actuelle du Gwenn-ha-Du surpassant largement le critère de l’ancienneté. Le statu quo disant qu’il y a deux drapeaux à la Bretagne, l’ancienne Kroaz Du et le nouveau Gwenn-ha-Du. S’il existe des traces moyenâgeuses de la Kroaz Du en effet, ce n’est que très récemment qu’il a acquis ou réacquis le titre de drapeau breton. Jusqu’au XXe siècle en effet, le seul drapeau à représenter la Bretagne est celui duché, un fond blanc tacheté d’hermines noires.

L’origine de la réapparition de la Kroaz Du est d’ailleurs au départ très proche des milieux qu’elle retrouvera, la droite et l’extrême droite des mouvements bretons. Pour situer le contexte de ce come-back, il faut revenir à l’été 1937 aux fêtes du Bleun Brug – groupement militant breton et catholique – à Plougastel. Des jeunes militants nationalistes du PNB s’y font remarquer en brulant des drapeaux français. En plus de cela, des Gwenn ha Du sont affichés lors de la fête. S’il est à l’époque le drapeau des militant-e-s breton-ne-s, il n’a pas en dehors de ces cercles d’une grande notoriété ou popularité. Léo Le Berre, barde régionaliste connu sous le nom d’Abalor le qualifie de « caleçon américain ».

Et le nom est d’ailleurs à l’époque fortement connoté, Gwenn-ha-Du est aussi le nom d’un groupe clandestin qui depuis 1932 s’est imposé sur le devant de la scène par quelques attentats, non sanglants mais parfois spectaculaires. Le drapeau n’est alors pas très vieux, il a été créé dans les années 1920 par Morvan Marchal et Ronan Clec’h, avec l’idée de se débarrasser du vieux drapeau ducal au profit d’un moderne qui serait symbole d’une Bretagne de la modernité. Son esthétique est empruntée au drapeau américain et grec, deux pays créés à partir d’une guerre d’indépendance, et pour les Etats-Unis du fait de l’attrait des créateurs pour les idées fédéralistes.

Pour en revenir à l’été 1937, la conséquence des démonstrations nationalistes au Bleun Brug ne tarde pas. Arthur de Dieuleveut — ça ne s’invente pas — proche de l’Action Française, donne sa démission de la présidence du Bleun Brug. Raymond Delaporte prend sa place, c’est lui qui dirigera aussi le principal parti breton collaborationniste pendant la deuxième guerre mondiale. L’année suivante aux fêtes du Bleun Brug à Lannion en septembre, des Gwenn-ha-Du sont à nouveau présents.

Le chanoine Joncour écrit alors à l’influent et proche des nationalistes abbé Perrot en octobre pour lui dire que « Monseigneur Duparc [l’évêque de Quimper] n’assistera plus au Bleun Brug à l’ombre du gwenn ha du, qui est une création de Breiz Atao et l’emblème des autonomistes de tout nom ». Des proches de Perrot — Xavier Langlais et Henri Caouissin — préparent alors un nouveau drapeau pour les prochaines fêtes, en changeant par exemple le noir du Gwenn ha Du en violet, couleur du Bleun Brug et de l’évêque. Delaporte propose finalement un drapeau blanc avec une croix noire, présenté comme « drapeau des Bretons de la Cordelière ». Perrot n’est pas fan, « c’est un peu mortuaire » dit-il… Une phrase au sens particulier quand on sait qu’après avoir été exécuté par la résistance communiste en 1943, son nom sera repris par la Bezen Perrot, petite troupe bretonne au service de la SS responsable de nombreuses exactions en Bretagne. Et le drapeau de cette unité Perrot est justement la Kroaz Du…

Autant dire que jusque-là l’histoire ce drapeau n’est donc pas vraiment glorieuse. Dans l’après-guerre on ne le voit bien évidemment pas beaucoup. Il faut attendre au final la fin du XXe siècle pour que son utilisation commence à se diffuser. Dans certains cercles néanmoins, principalement les mondes culturels et politiques bretons, et de toutes les tendances. Avec le mouvement des Bonnets Rouges de 2013, on peut dire qu’il commence à se populariser. Il n’est d’ailleurs pas réservé à l’extrême-droite même si cette dernière l’utilise abondamment et a participé à son implantation.

Une kroaz du dans un cortège de la Gauche Indépendantiste
Une kroaz du dans un cortège de la Gauche Indépendantiste !

En 2011, le site néo-nazi Breiz Atao, le choisi car : « esthétique irréprochable, supérieure à celle du GHD. (…), c’est le drapeau du christianisme militaire porté par les Croisés Bretons jusqu’à Jérusalem et hissé sur la mosquée Al Aqsa devenue ensuite le quartier général des Templiers. ». Ce drapeau a en effet été utilisé dans la troisième croisade pour la Bretagne, chaque pays se voyait assigner une croix à ses couleurs, à l’inverse des précédentes croisades où la croix rouge sur fond blanc était la seule utilisée. Et quitte à être sur le thème, cette troisième croisade n’a pas réussi à coloniser l’arrière-pays palestinien, ni à prendre Jérusalem, et la Kroaz Du n’a donc pas été hissée sur la mosquée Al-Aqsa. Cette référence et l’attrait de l’extrême droite bretonne pour la Kroaz Du est logique, elle a comme beaucoup d’extrêmes droites européennes un fantasme sur l’imagerie des croisades. Ce qui est lié à la supposée actuelle guerre religieuse qu’ils imaginent ou qu’ils espèrent mener. D’autant que les gauches bretonnes n’utilisent pas ce drapeau mais toujours le Gwenn ha Du, l’extrême droite cherche donc à s’attribuer un symbole breton spécifique.
Comme dit la plume salasse de Boris Le Lay pour finir en beauté : « Il est un emblème de choix pour les BREIZHOURION. La Croix ne satisfait ni la canaille socialiste, ni les allogènes mahométans non plus que les cosmopolites. On le préférera donc désormais au Gwenn Ha Du. »

Du coté de Yann Vallérie et de son site Breizh Info, qui roule pour le FN mais qui, le cul entre deux chaises, tente de garder une fesse coté breton, les deux drapeaux sont appréciés. Il n’aime pas par contre que l’on attaque la Kroaz Du, il s’insurge par exemple contre Fañch Broudic, de gauche, qui ose la critiquer.  « Ce drapeau, blanc frappé d’une croix noire est pourtant un des plus anciens drapeaux bretons connus, utilisés par les croisés Bretons se rendant aux croisades, puis par les navires sous pavillon Breton ». Mais le grand fan de Marine Le Pen n’a pas dit grand-chose en 2015, quand quelques nazillons bretons pro FN — parti qui veut supprimer la Bretagne au passage — avaient sortis des Kroaz Du au rassemblement du 1er mai à Paris. Et ce non pas aux cris de « BZH libre » mais de « mangeons du cochon», avant de se voir obligés de ranger leurs bannières, de prendre peut être un drapeau français à la place. Allez, couché toutou !
On a aussi aperçu des Kroaz Du en septembre 2016 à la manif de réunification dans le cortège de Yaouankiz Breizh, des militants d‘extrême droite qui se tapent l’incruste depuis que Bretagne Réunie leur laisse la porte ouverte et que 44=BZH n’est plus toujours là pour les savater. Ce collectif mort-né aurait d’ailleurs dû s’appeler Yaouankiz Vreizh, mais on ne va pas non plus espérer que les militants de l’Action Française ou d’Adsav maitrisent les règles des mutations en langue bretonne.

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Un autre élément intéressant sur les rapports entre mouvements politiques et drapeaux bretons est que dans les années 2000-2010, à mesure que l’extrême droite bretonne tente d’imposer la Kroaz Du, d’autres mouvements tentent de décrédibiliser le Gwenn-ha-Du. Et ça brasse large, une belle alliance sacrée du nationalisme français, du Front de gauche à l’UPR, charge contre le Gwenn-ha-Du, car il serait un drapeau fasciste antirépublicain, etc.  Ils reprennent tous les interprétations pleines d’erreurs historiques de chez Françoise Morvan, la parisienne à succès en ce qui concerne la question bretonne, qui a autant d’audience dans l’extrême droite française que chez les mélenchonistes. L’argument étant que les bandes noires et blanches représentent les évêchés, organisation d’avant la Révolution, donc drapeau contre-révolutionnaire et fasciste car utilisé par des militants collabos. Alors que des nationalistes résistant-e-s l’utilisaient aussi, alors que les bandes représentent les pays bretons de langue gallèse ou bretonne, c’est-à-dire les pays aux réalités sociales et historiques comme le Trégor ou le pays Nantais bien plus que des structures cléricales.
En cela, les drapeaux bretons attisent encore bien des passions. D’un côté, l’extrême droite bretonne tente de s’approprier ouvertement la Kroaz Du à cause d’une symbolique qui fleurte bon avec sa nouvelle obsession du moment contre l’islam, et qui a une histoire récente très connotée collaboration et nazisme — ce qui pour des antifascistes n’est bien évidemment pas acceptable. De l’autre, les mouvements nationalistes de droite ou de la gauche coloniale tentent de salir le drapeau qui s’est imposé comme celui de notre peuple par la seule force de la réappropriation populaire. Un phénomène qui donne évidement au Gwenn-ha-Du des entrées dans de multiples milieux, y compris ceux que les indépendantistes de gauche combattent, justement car il est un drapeau populaire qui n’est pas limité à une famille politique. Certains propos vis-à-vis du Gwenn-ha-Du traduisent parfois de réflexes coloniaux, que nous mettons sur le même niveau que les hurlements des franchouillards face à la présence de drapeaux algériens dans les rues après des matchs de foot. Alors qu’au final, c’est la Kroaz Du qui a de quoi faire hurler, sans pour autant tomber dans l’attaque générale contre toute personne qui en arbore une. Certain-e-s ne le font que pour l’aspect historique ancien, et beaucoup ne connaissent pas l’histoire récente qui l’accompagne. En Bretagne, nous ne connaissons pas notre histoire, alors l’histoire des mouvements bretons, tout comme celle de ses symboles, est d’autant plus inconnue.
Et à celles et ceux qui face à un Gwenn-ha-Du disent « brulons tous les drapeaux ! », posez-vous la question, vous bruleriez un drapeau palestinien vous ? Ou un drapeau Kanak, ou un drapeau gay, ou un drapeau rouge et noir ? Réfléchissez, brulez plutôt un drapeau français.

YFP.

Les militants du NPA de Kemper ont traduit du castillan l’article qui suit relatant les positions de PODEMOS Andalousie en faveur de l’indépendance de cette nation.

Nous reproduisons cet article , car nous avons déja consacré des brèves au fait national Andalou et par ce que nous souhaiterions que les laudateurs de Podemos en Bretagne et en France , toujours très hostiles aux revendications indépendantistes ou simplement à celle en faveur du droit à l’autodétermination du peuple breton le lisent…Cela alimentera peut-être leur réflexions sur le caractère plurinational de l’état français et sur l’indissociabilité du combat de classes et de celui pour le droit à l’auto gouvernance des peuples sans état ici aussi.

Cette publication intéressante ne doit pas nous faire oublier non plus combien PODEMOS dans les Pays Catalans et au Pays Basque ou en Galice semble bien moins engagé dans la perspective de rupture avec l’état central.

Par ailleurs d’autres organisations se revendiquent en faveur de l’indépendance de l’Andalousie : Andalucia Communista, Jaleo, Nacion Andaluza

Bretagne Info.

 

Le successeur de Diego Cañamero (Podemos) à la direction du SAT demande l’indépendance de l’Andalousie.

Pour Oscar Reina cela «facilitera le développement économique et social » de l’Andalousie et il considère les nationalismes de  Catalogne et du Pays Basque comme « frères  »

Le porte-parole su Syndicat andalous des Travailleurs (SAT), Oscar Reina, qui a remplacé à ce poste par Diego Cañamero de Podemos, a déclaré que « l’indépendance de l’Andalousie facilitera le développement des processus économiques et sociaux » et considère comme des frères les catalans et basques.

« Nous devons de aller ver plus de souveraineté, plus d’indépendance et de ressources propres », a déclaré Reina, qui a souligné que la SAT comme un syndicat organisé en assemblées, républicain, de gauche et souverainiste andalou.  Bien que le séparatiste ne soit qu’un courant au sein de l’organisation, il y est majoritaire selon les statuts du syndicat lui-même.

« Etre radical c’est aller à la racine du problème, et le problème de l’Andalousie est le même qu’il il y a cent ans, ne pas avoir la capacité de décider de ses propres ressources», a réitéré Reina. Sur les processus catalans et basques, le chef du SAT a dit que « bientôt l’Andalousie sera libre aussi, le vrai souverainisme andalou doit libérer et transformer l’Andalousie, nous sommes nationalistes pour être internationalistes, parce qu’un travailleur est le même partout » a-t-il ajouté.

« Les processus basques et catalans sont simplement plus avancés, » Reina également considérés comme des «frères de processus» parce que «ce qui est en cause c’est de s’org-aniser par le bas afin que la voix des peuples dans les parlements soit entendue,  nous croyons profondément que plus de détermination donnera lieu à plus de démocratie ».

Il a également dit que «le SAT n’est pas identifié à un parti», mais de son prédécesseur, Diego Cañamero, a dit que « là où est Cañamero est la voix du syndicat », car c’est « un exemple de cohérence des politique » .

Un fils d’ouvriers et ancien conseiller municipal

Oscar Reina a 26 ans, a  travaillé dans l’agriculture et la construction, a eu le bac,  a deux frères, est le fils de journaliers à qui il doit sa conscience politique, a été conseiller municipal de de Gilena ( Sevilla), qu’il a quitté pour à la tête de la SAT dont il est secrétaire général.

Bien que pas condamné, plusieurs procédures judiciaires pèsent sur lui pour les occupations de domaines à Somonte (Córdoba) et Las Turquillas (Sevilla)  et l’attaque de deux super- marchés, dont dit: «J’espère que cela ne veut pas avoir des conséquences criminelles parce que je n’en ai pas profité ni fait de mal à personne, j’ai défendu le bien social de l’Andalousie, comme Blas Infante le voulait.  »

Le SAT revendique environ 5.000 militants qui paient des cotisations, mais en comptant  ceux qui ne peuvent pas payer on peut atteindre près de 25.000.

Créé en 2007 à l’Université de Séville, le syndicat a eu aussi dans ses rangs des professeurs d’université.

http://www.publico.es/politica/lider-del-sindicato-andaluz-trabajadores

Plus d’info :

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El SAT denuncia la detención de otro sindicalista por las « expropiaciones » en supermercados
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Sindicatos alternativos de todo el Estado se citan en Madrid para apoyar al SAT
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El SAT vuelve a ocupar la finca pública Somonte en Córdoba

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On entend beaucoup parler de Houria Bouteldja ces derniers temps suite à la sortie de son livre “Les blancs, les juifs et nous” (que nous n’avons pas lu). Comme à l’accoutumé on entend moults accusations des médias et commentateurs autorisés visant à démontrer qu’elle et son parti le Parti des Indigènes de la République seraient racistes et antisémites. Nous ne sommes pas sur de partager toutes les idées du PIR.

Mais nous sommes surs d’une chose, ce sont les mêmes commentateurs, portes-plumes de la Gauche Coloniale française et autres Mélenchonistes qui jettent systématiquement l’opprobre sur les revendications bretonnes (pour ne citer qu’elles) en les assimilant à des remugles fascisants.

La même Gauche Coloniale Française décrépie dont le superdupont Mélenchon est toujours prête à excuser les propos racistes et néocolonialistes des “élites” françaises.

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Dans le texte qui suit, publié début mars sur le site du PIR, Houria Bouteldja explique en quelques exemples parlants le caractère plurinational de l’État français. Mais surtout elle trace des pistes de convergences avec ceux et celles qui revendiquent des droits nationaux spécifiques pour les bretons, les corses, les basques et ce tout en tordant le cou à l’extrême-droite identitaire.

Bretagne-info.

OLYMPICS BLACK POWER SALUTE

Cette intervention a d’abord été faite lors de la conférence : « Une histoire de l’Europe décoloniale et des peuples sans États », 19 et 20 février 2016, université de la Corogne / Espagne, puis le 5 mars 2016, à Barcelone dans le cadre des conférences : « La frontière comme centre. Zones d’être et de non être »

Merci aux organisateurs pour cette invitation qui m’honore. J’adresse un salut fraternel à la lutte des peuples sans États dont il sera question dans ce colloque.

Je vais vous parler à partir de mon expérience française et plus précisément de mon expérience de militante politique post-coloniale en France. J’appartiens à une organisation décoloniale dont l‘objectif est de construire ce que nous appelons une « majorité décoloniale ». Le PIR a pour ambition de défendre les intérêts d’une communauté de destin qui est issue de l’empire colonial et qui est constituée majoritairement de Maghrébins, de Musulmans, d’Africains sub-sahariens et d’Antillais. Comme l’a dit récemment un politologue connu, Emmanuel Brenner, pseudo de Georges Benssoussan, et auteur d’un livre réactionnaire qui a fait couler beaucoup d’encre, « Les territoires perdus de la république » : ces communautés qui vivent majoritairement dans les banlieues pauvres de France sont un peuple parallèle[1]. Dans la bouche de ce politologue, lorsqu’il dit « émergence d’un nouveau peuple », bien entendu, il sous-entend qu’il y a un là un danger qui menace la nation, qui met en péril la cohésion nationale.

Je voudrais commencer mon propos avec trois anecdotes footballistiques :

1/ La première anecdote, c’est celle du match France/Brésil de 1998. Comme vous vous en souvenez sûrement, la France a gagné la coupe du monde avec Zinédine Zidane à la tête d’une équipe de France très basanée. La France entière a soutenu avec ferveur son «équipe nationale ». Que ce soit les français dits de souche ou les Français d’origine coloniale. Les uns soutenaient la France, les autres soutenaient des joueurs issus des quartiers populaires. C’est-à-dire, des gens qui leur ressemblaient.

2/ La deuxième, c’est le Match France/Algérie de 2002 qui a eu lieu à Paris. L’Algérie perdait ce match. Ce qui s’est passé est inoubliable. Les supporters, en grande partie Français d’origine algérienne, ont envahi le stade et l’ont empêché de se terminer. Pour les jeunes d’origine algérienne qui pourtant sont français, cela constituait une très grande humiliation. Ils ont préféré saboter le match plutôt que de subir l’affront et le déshonneur. Je vous fais remarquer que bien que Français, ils n’étaient pas là pour soutenir l’équipe nationale mais l’équipe algérienne. A l’époque, le gouvernement français s’en est fortement ému, lui qui organisait cette rencontre dans un but de « réconciliation ». Vous connaissez tous le traumatisme de la guerre d’Algérie côté algérien pour le sacrifice humain qu’elle a représentée et côté français pour la perte de ce territoire, qui valait perte de prestige et d’hégémonie. Vous comprendrez comme moi que ce n’est pas un simple match qui allait résoudre un tel contentieux historique, mais les politiques adorent la cosmétique.

3/ La troisième, ce sont les huitièmes de finale de la coupe du monde 2014 qui a opposé l’Algérie à la Russie. Lorsque l’Algérie s’est qualifiée, les rues de Paris ont été envahies par des dizaines de milliers de jeunes et moins jeunes d’origine maghrébine qui ont déferlé de leurs banlieues pour manifester leur joie et leur fierté. Je ne suis pas fan de foot mais je peux vous dire que j’ai participé à la fête. A la suite de cette gigantesque manifestation de soutien explicite à un pays anciennement colonisé, j’ai publié un post facebook dans lequel j’ai écrit : « une nation dans la nation »[2].

Un post que nous pouvons mettre en parallèle avec les mots de Brenner qui a parlé de « l’émergence de deux peuples ». Les deux expressions se ressemblent et pourtant elles ne disent pas la même chose. Les constats sont sensiblement les mêmes mais sont exprimés par deux personnes appartenant à deux sensibilités politiques antagoniques et irréconciliables. Car le premier exprime l’idée que la ségrégation sociale, spatiale, raciale et politique est le produit de la volonté des habitants des quartiers eux-mêmes. Ils auraient des velléités séparatistes. Alors que dans ma bouche, cela signifie bien autre chose : que le tiers-peuple, ségrégué et méprisé, résiste. A la relégation coloniale, il répond par la fierté identitaire.

Vous n’ignorez pas que la France subit depuis quelques années et en particulier depuis 2015, une vague d’attentats criminels qui ont visé les communautés juives, Charlie Hebdo mais aussi des citoyens lambdas comme ce fut le cas le 13 novembre 2015. Les criminels sont pour la plupart issus des quartiers dont je viens de parler. Manuel Valls, ministre de l’intérieur a alors fait une déclaration surprenante : il a dénoncé l’apartheid social dont sont victimes les habitants des quartiers validant ainsi l’idée que le terreau des actes terroristes se trouve dans la détresse sociale. Pour la première fois, au sommet de l’Etat, un ministre en fonction a avoué ce que des générations de militants issus de l’immigration disent depuis des décennies sans jamais se faire entendre.

En effet, cette ségrégation sociale et raciale est inhérente aux choix économiques et politiques de l’Etat français depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et l’avènement des indépendances africaines. « Indépendances » comme vous le savez n’a jamais signifié fin de la colonisation. La France, soutenue par le grand parrain américain, tout comme l’Europe, n’a jamais renoncé à son pré carré africain. Le processus de décolonisation n’est donc pas achevé car toute révolution est suivie d’une contre-révolution. Ainsi les révolutions décoloniales ont toutes été suivies d’une contre révolution coloniale. Au PIR, nous pensons que nous vivons ce moment de la contre-révolution coloniale. Je ne vais pas m’étendre là-dessus. Vous savez aussi bien que moi la recolonisation du monde, les deux guerres en Irak, la Lybie, le Mali, le Congo ou la Syrie…

S’il y a un monde colonisé de l’extérieur, il y a un monde colonisé de l’intérieur. C’est ce groupe social et historique que nous appelons, nous, « les indigènes de la république ». Nous existons comme sujets politiques spécifiques, c’est-à-dire à la fois comme français de statut mais aussi comme sujets coloniaux à cause de ce que nous appelons le « pacte racial » de la république, et cela est devenu patent depuis la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. Depuis cette marche qui a été déclenchée à cause des crimes policiers, nous n’avons jamais quitté la scène politique. Soit comme acteurs transformant les rapports politiques par nos luttes et nos résistances, soit comme obsessions et enjeux politiques entre les mains des grandes formations au pouvoir. Nous sommes clairement un problème. La France républicaine est certes réputée être une grande lessiveuse. Elle intègre depuis des centaines d’années des vagues d’immigrés qui effectivement ont pris souche et qui sont considérés comme parfaitement français. Avec les populations issues de l’ex-empire colonial, la digestion est très difficile, pour ne pas dire impossible. La république française a même plutôt tendance à nous vomir comme si nous étions un corps inintégrable, définitivement étranger. Effectivement, nous sommes les objets d’une politique paradoxale : la France nous somme de devenir français, c’est-à-dire Blancs, mais en même temps, elle nous le refuse par un tas de dispositifs économiques, politiques et idéologiques. Sur le terrain des luttes, aucune des revendications des quartiers n’est prise au sérieux : les crimes policiers, le racisme d’Etat sous sa forme islamophobe, négrophobe ou romophobe qui a pour conséquence plus de chômage, plus de discriminations au logement et j’en passe. J’ajoute que si parfois ces questions sont en partie prises en compte dans une partie de la gauche radicale, elles ne sont jamais centrales, voire parfois méprisées par celle-ci. Les conséquences politiques de cet aveuglement sont extrêmement graves. Vous vous souvenez tous des émeutes de 2005. Pour ma part, je me souviens avoir été frappée par des jeunes émeutiers brandissant leur carte d’identité et affirmant qu’elle ne leur servait à rien. L’abandon des populations fragiles crée ce que Sadri Khiari appelle un « tiers-peuple » qui progressivement commence à constituer un corps social spécifique avec ses propres intérêts à défendre, intérêts qui souvent entrent en conflits avec un autre corps social qui est celui des prolétaires blancs. Le racisme n’est pas une idée abstraite. C’est un système. Le pacte national français est aussi un pacte racial qui défend les privilèges même relatifs du prolétariat blanc. Sauf que les intérêts de ce prolétariat blanc sont aussi menacés non pas par les immigrés et leurs enfants mais par le libéralisme. Hier, la ministre du travail, Myriam El Khomri, a fait une proposition extrêmement dangereuse qui détricote les acquis sociaux de l’après-guerre. C’est sûrement le plus grand coup donné au monde du travail. Inutile aussi de vous rappeler l’épisode grec dans lequel le peuple a tout simplement été sacrifié.

Il n’y a pas de solutions miracles à cette offensive. Pour autant, soyons gramsciens et parions sur l’optimisme de la volonté. Les alternatives existent.

Cela passera nécessairement par un combat radical et sans concession contre l’impérialisme. Un mouvement anti-guerre est en train de naître en France. Le PIR en fait partie. Mais cela passera aussi par une remise en cause radicale des instruments de l’impérialisme : les Etats-Nations qui toujours choisissent une partie du peuple sur laquelle ils fondent leur légitimité contre les autres composantes de ce même peuple. En France, cela passera d’abord par l’émergence d’une force politique autonome des quartiers et des immigrations post-coloniales. Ensuite, par une politique d’alliance. Non seulement avec les plus pauvres et déclassés du prolétariat blanc si, à l’attrait d’un nationalisme de droite, ils préfèrent la lutte contre le libéralisme, mais aussi avec les autres peuples de France, les autres groupes culturels écrasés par plusieurs siècles de jacobinisme forcené et qui résistent. Je pense aux Basques, aux Corses, aux Bretons, aux Alsaciens… Je n’ignore pas bien sûr les contradictions qui structurent les mouvements autonomistes. Je sais qu’ils sont traversés à des degrés divers par deux lignes de fracture indépendantes l’une de l’autre : indépendantisme/régionalisme, extrême-droite/gauche. Nous ne pouvons pas oublier les récentes ratonades qui ont eu lieu en Corse. Il est évident que dans une perspective de convergence, un mouvement décolonial ne pourra jamais s’allier avec des nationalistes/régionalistes de droite ou d’extrême droite. En revanche, des convergences avec des nationalistes de gauche sont tout à fait envisageables, bien que je préfèrerais parler de « nationalismes décoloniaux », tant ils n’ont rien de commun avec la gauche jacobine et coloniale.

C’est ce type de perspective qu’au PIR nous appelons : « internationalisme domestique »

Houria Bouteldja

[1] http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/08/14/31003-20150814ARTFIG00248-georges-bensoussan-nous-assistons-a-l-emergence-de-deux-peuples.php?redirect_premium

[2] A ce propos, lire l’excellente analyse de Malik Tahar-Chaouch : http://indigenes-republique.fr/la-coupe-du-monde-football-race-et-politique-2/

Le Front de Gauche (FdG) et une de ses principales composantes le Parti de Gauche (PG) se sont souvent illustrés par une frilosité certaine à l’endroit des revendications linguistiques ou territoriales, et ce, singulièrement en Bretagne.

Tout étant justifié par le bréviaire républicain qui interdirait d’affirmer, de penser que la France est un état plurinational. Le sujet politique c’est le peuple français, un point c’est tout. La république a tout de même inventé les droits de l’homme et les a exportées notamment lors des guerres coloniales ! Impossible pour beaucoup d’adhérents de ces deux formations de penser dans un autre cadre. Le peuple Breton ça n’existe pas ! Surtout ne lui donnons pas la parole par ce qu’il n’existe pas… Les langues de l’hexagone sont mal en point mais continuent d’exister alors n’accordons aucun droit à leurs locuteurs… et combattons main dans la main avec le Front National l’éventuelle et très symbolique ratification de la Charte Européenne des langues minoritaires.

C’est ce que l’on peut comprendre de la dernière déclaration du brittophobe obsessionel Jean-Luc Mélenchon porte parole du Front de Gauche et secrétaire du PG à lire ici et à comparer avec celle du militant d’extrème-droite Florian Phillipot.

Jusque là le FdG et le PG en Bretagne , déjà bien isolés et ayant bien du mal à faire croire que leur attelage fonctionne, le PCF (principale composante du FdG) collaborant avec le PS dans tous les exécutifs en Bretagne, se faisait plutôt taiseux sur tous ces sujets, histoire de ne pas se mettre tous le monde à dos.

Il y a quelques mois la section Finistérienne du PG s’était lancée dans une épique et aussi ridicule qu’inefficace campagne pour débarrasser les mairies du Finistère des Gwenn-ha-du au prétexte que ce drapeau serait un drapeau « fasciste »… Ils n’ont pas dû voir ce magnifique film du PCF datant du Front Populaire intitulé « Breiz Nevez » ( Bretagne Nouvelle ) où l’on entend le « bro gozh ma zadoù » ( l’hymne national breton ) joué à une fête du PCF à Pont-Labbé et ils ne doivent pas savoir que que le Gwenn-ha-du fût adopté par le PCF dés 1925 via son association «  Les Bretons émancipés » qui regroupait les communistes bretons en région parisienne.

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Puis le FdG avait organisé un « Tro Breizh de Podemos » , la nouvelle formation politique Espagnole dont les médias raffolent. J’avoue avoir souris en voyant les bouffeurs de curés du FdG utiliser le terme « Tro Breizh » (Tour de Bretagne) qui est un terme désignant un pèlerinage célébrant les 7 saints fondateurs de la Bretagne… J’avais souris deux fois en remarquant que « Breizh » était orthographié comme ça avec un « H » c’est à dire avec la norme orthographique bretonne moderne que Jean-Luc Mélenchon conchie  (Oui, il a un avis là dessus….). Et, une troisième fois, en me rendant compte que le FdG excluait de ce « Tro Breizh » le pays nantais restant fidèle en cela à l’esprit du pèlerinage… qui n’ a pas d’étape obligatoire en « Loire-Atlantique » ( mais peut y passer ).

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Car décidément au FdG on est tellement respectueux du cadre administratif français que l’on ne peut imaginer passer outre, ou même, contester les découpages administratifs comme en témoigne la Bretagne moignon que le FdG « Bretagne » impose en visuel à ses adhérents pour promouvoir sa campagne « citoyenne » d’élaboration de liste pour les régionales de décembre. (C’est l’horreur qui sert d’illustration à cette article).

Au FdG on est citoyen et pour la démocratie mais pas trop… quand même… car ce matin le FdG de « Auray-Port Louis » s’est fendu d’un texte invitant les habitants de Riantec à ne pas participer à la votation organisé par DIBAB sur l’avenir institutionnel de la Bretagne et le retour de la Loire-Atlantique dans le giron breton. Je vous laisse prendre vous même connaissance de degré de nullité crasse de ce texte.

“Dans un communiqué, le collectif du Front de Gauche des pays d’Auray et Port-Louis exprime son opposition à cette consultation. Pour lui, « la question de la réunification, déjà ancienne, a été tranchée l’année passée avec l’adoption de la réforme territoriale qui a redessiné la carte des régions », même si cela s’est fait, regrette le collectif, « sans consultation des citoyens ». Il dénonce par ailleurs que ce « projet éminemment politique » soit présenté par « une association qui annonce ” une initiative sans enjeux politiciens “. Quel intérêt pour les citoyens d’aller voter dimanche (NDLR : aujourd’hui) sur un projet déjà rejeté dans les urnes en 2012 – la réforme territoriale a été pensée par l’ancien président de la république Nicolas Sarkozy – si ce n’est d’apporter un soutien indirect à cette réforme ? Les électeurs qui se déplaceront dimanche de toute bonne foi ne doivent pas se laisser abuser par cette manoeuvre qui ne vise, une fois de plus, qu’à brouiller davantage les pistes de réflexion et les repères ».

© Le Télégramme – Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/morbihan/riantec/le-front-de-gauche-contre-cette-votation-07-06-2015-10656759.php

Bah oui quoi ! Donner la parole au peuple breton… Pardon, aux citoyens de Bretagne, y compris aux étrangers résidants dans la commune issus de la l’union européenne ou non , c’est suspect ! C’est pas « citoyen » ! S’auto-organiser pour mettre en pratique le droit à l’autodétermination c’est mal pour le FdG d’Auray-Port Louis. Penser , réfléchir, s’organiser, critiquer le gouvernement, donner la parole au peuple alors qu’il ne l’a jamais… Ca va trop loin !

Le FdG c’est la gauche coloniale…

Ce que je sais, c’est qu’a Riantec comme dans les 6 autres communes de Bretagne (Loire-Atlantique incluse) où auront lieu les votations aujourd’hui (07 juin ), il y aura plus de participants à prendre part au vote qu’aux rassemblement citoyens du FdG pour les régionales qui a pour ambition (défense d’hurler de rire  ! ) : d’élaborer avec tous : “demain, une autre politique citoyenne, écologique, sociale et solidaire est possible dans notre région Bretagne.”

C’est une certitude.

Allez, bon dimanche….

Salutations Communistes et Indépendantistes.

Gael Roblin.

PS : en écrivant ces lignes j’ai eu une pensée émue pour les adhérents d’Ensemble (ex LCR ou Alternatifs) que je connais et qui ont rejoint le FdG  et qui fût un temps défendaient sincèrement le droit des peuples à disposer d’eux même avant d’aller patauger dans ce brouet nationaliste jacobin tricolore infâme qu’est le FdG.

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Nantes, aujourd'hui
Nantes, aujourd’hui

Alors que les combats étaient en cours aujourd’hui à Notre-Dame, que plus de 10 000 manifestants assiégeaient la préfecture à Nantes,  le gouvernement lache du lest devant l’importance prise par la mobilisation en faveur de la lutte contre l’aéroport.

Dans un communiqué commun samedi matin, les ministre de l’Agriculture, de l’Ecologie (Delphine Batho) et des Transports (Frédéric Cuvillier) ont annoncés “le renforcement des procédures en faveur du respect de la biodiversité et de la préservation des terres agricoles“.Ces nouvelles procédures, notamment “l’examen par un comité scientifique“, signifient qu’il n’y aura pas de défrichement à Notre-Dame-Des-Landes avant 6 mois.

Forêt de Rohanne, Notre-Dame-des-Landes, aujourd’hui

La forêt de Rohanne ne sera donc pas détruite cette hiver ! Ces manœuvres du gouvernement ne trompe personne, il ne s’agit évidemment pas de problème de “préservation de la biodiversité des terres agricoles”, mais bien de “gagner du temps”. Nous ne devons pas laisser endormir la lutte, partout en Bretagne et ailleurs allons demander des comptes aux élus du PS qui soutiennent l’occupation et la répression à Notre-Dame et votent les subventions à Vinci.

Solidarité avec les inculpés et les bléssés d’aujourd’hui, comme à Plogoff et au Carnet, nous gagnerons à Notre-Dame !

Vendredi 23 novembre, 38e jour depuis le début des grandes opérations d’expulsion, aura été une nouvelle journée de destruction et de violence menée par les forces militaires et policières qui tentent d’occuper une partie des communes de Notre-Dame-des-Landes et Vigneux-de-Bretagne.

6 jours après la manifestation de réoccupation qui aura réunie près de 40 000 personnes, le gouvernement n’a pas hésité à reprendre les opérations. Lui qui a affirmé agir par «force à la loi» dans le dossier de l’aéroport n’a pas hésité à envoyé les gaz lacrymogènes à 6h du matin à l’intérieur des cabanes collectives construites lors de la grande manifestation de samedi dernier. Le matériel, les outils, les groupes électrogènes ont été volés ou saccagés par les forces de l’ordre, les vitres des bâtiments cassées. Pourtant ces maisons étaient construites sur un terrain couvert par l’accord signé avec le PS après les grèves de la faim du printemps dernier. Un arrêté préfectoral a ordonné l’opération sur le terrain privé sans que celui-ci ne soit averti.

Pas de médiateur !

La journée du vendredi 23 novembre nous montre encore une fois l’entêtement aveugle et dangereux du gouvernement. Jean-Marc Ayrault ne peut plus espérer «sortir par le haut» de cette affaire et il ne renoncera pas sans être acculé. Le mal a été fait à Notre-Dame et les «médiateur» et «médiations» réclamés encore aujourd’hui par Europe Ecologie et le Parti Gauche ne les effaceront. De même cette stratégie peut aujourd’hui apparaître comme celle qui pourrait d’une certaine manière endormir la lutte.

La résistance s’amplifie

Malgré la diabolisation et les intimidations, la résistance s’amplifie avec les expulsions sur le terrain. Des centaines de personnes arrivent sur la ZAD ce week end pour reconstruire encore. Aujourd’hui, des centaines de rassemblements ou actions de soutien ont eu lieu dans tout l’Hexagone pour dénoncer les opérations militaires sur la ZAD. Celles-ci ont été particulièrement importantes en Bretagne. Les ponts de Saint-Nazaire et de Cheviré ont été bloqués par des manifestations spontanées dans la journée ainsi que les bacs d’Indre et de Couëron. Dès le matin à Lorient une centaine de personnes ont perturbées la conférence de presse de Manuel Valls et J.-Y. Le Drian (ancien maire de la ville). A Rennes la préfecture a été encerclée par 250 personnes qui ont jetés de la terre sur les gardes mobiles et sur le bâtiment où devait remettre le ministre des armées une médaille à un industriel. Les gardes mobiles ont sortis les lacrymos et le jet d’eau. A Brest, 200 personnes ont occupées la mairie !

François Cuillandre maire PS de Brest entouré de manifestants

Mettre la pression sur le parti socialiste

Les ministres bretons du gouvernement sont contestés dans leur propre ville comme il n’est pas coutume. Des militants de la fédération PS d’Ille et Vilaine demandent l’ouverture d’un débat en interne sur la réalité de ce projet d’aéroport. Le 5 novembre dernier des dizaines d’opposants avaient investis la permanence du député Yves Daniel à Derval pour lui demander des comptes. Les comités de soutien de Bretagne et des départements limitrophes seraient sans doute inspirés d’eux aussi pour aller demander des comptes à ces élus. FAISONS SENTIR DE PRES LA COLÈRE DU PEUPLE !

Abandonner le projet,

Comme lors de la lutte du Carnet, la seule issue possible pour le gouvernement face à cette résistance sans-égal a l’heure actuelle est bien une décision politique d’arrêt du projet. La lutte s’amplifie et ne s’affaiblira pas malgré la répression et les violences, le tout est de savoir à quel moment le gouvernement se rendra compte qu’il organise lui même un «kyste» de révolte social qui ne demande qu’à prendre l’ampleur des révoltes des peuples d’Athènes ou de Barcelone. Nous devons réclamer l’abrogation de la DUP et l’annulation des arrêtés préfectoraux, l’arrêt des poursuites et la restitution des terres !

BREIZHISTANCE-IS

Le 5 novembre dernier, une délégation de quelques dizaines d’opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes étaient venus interpeller à sa permanence de Derval, le nouveau député de la circonscription, Yves Daniel. Résidents des environs de Notre-Dame-des-Landes, la délégation était venue dans le but de réclamer le retrait du dispositif militaire sur-dimensionné mis en place dans la commune. « Le député de la circonscription n’a pas encore constaté la situation sur le terrain, avec 1 200 policiers en permanence, c’est inadmissible. Nous sommes là pour faire cesser ces violences, imposer le retrait des forces de l’ordre et amorcer un dialogue de fond qui n’a jamais eu lieu entre les opposants et les porteurs du projet » avait alors déclaré Michel Tarin.

Le 5 novembre à Derval

Parfois décrit comme « Peu de chose, multipliant les lapsus et les malentendus, s’exprimant peu, maladroit dans l’usage de la langue bois » concernant le dossier de l’aéroport, le député s’était quand même engagé à faire remonter la demande de ses concitoyens en interpellant le groupe socialiste pour une intervention à l’assemblée nationale , il se positionnait alors « pour un retour à la vie normale » et déclarait « On n’a pas besoin d’une « armée » pour sécuriser le site. »

Aujourd’hui, bien calée avec les déclarations péremptoires du premier ministre dans la presse «l’aéroport se fera», Yves Daniel est intervenu à l’assemblée.

Voir la vidéo

Pour Yves Daniel comme pour la préfecture il y avait «13 500 manifestants» le 17 novembre dernier à Notre-Dame, alors que tous les médias soulignent la réussite d’une manifestation qui a réunie entre 30 à 40 000 personnes. Après le jeu classique d’opposition entre acteurs de la lutte, où les uns «combattent le système» et les autres «souhaitent remettre en cause tout modèle de développement au non de la démocratie»; celui-ci déclare : «nous avons toujours dialogué». Il avait pourtant refusé tout débat citoyen sur le sujet durant la campagne législative et il n’a consenti à rencontrer des membres de l’ACIPA seulement à deux reprises, après la grève de la faim du printemps dernier et le 5 novembre 2012 contraint par le nombre.

Yves Daniel, entouré de deux promoteur de l’aéroport Jean-Marc Ayrault et Jacques Auxiette.

Au final une intervention où les vagues questions sur les compensations et la préservation de terre agricoles ne se soucient guère de trouver une réponse du ministre des transports. Rien d’étonnant en fait dans ces mensonges et contradictions, car l’important n’était-il pas de conforter la position du premier ministre et du gouvernement ?

Yves Daniel est loin d’être Bernard Lambert*, et PS d’être socialiste. Les déclarations de fermeté stéréotypées du gouvernement fonçant tête baissée ne font que renforcer la détermination du mouvement historique de résistance qui se répand partout en Bretagne et au-delà face au grand projet inutile d’Aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

* l’équipe de campagne de Y. Daniel avait comparé son élection à celle de Bernard Lambert célèbre syndicaliste paysan du pays nantais. (cf “Les Paysans dans la lutte des classes”)

La mobilisation pour la réoccupation des terres à Notre-Dame-des-Landes le samedi 17 novembre est annoncée comme cruciale par beaucoup d’observateurs de la lutte contre le projet d’Aéroport du Grand Ouest.

Contre toute attente la rentrée sociale en Bretagne ne se sera pas faite là où on l’attendait. Ce ne sont pas les manifestations de la rentrée sur l’emploi industriel (9 octobre) ou les plans de licenciements estivaux en cascade à Doux ou PSA qui auront permis de faire émerger une contestation sociale du gouvernement PS-EELV, encore mois les rendez-vous centralisés contre le Traité Budgétaire Européen ou la politique d’austérité annoncée par le rapport Gallois. Malgré certains silences médiatiques, c’est une lutte pour la terre et contre la logique mortifère du productivisme, qui aura marqué cette rentrée, la lutte de Notre-Dame-des-Landes contre «l’Ayrault-port».

Le PS, aura mis ces dernières semaines toutes ses forces, d’une part pour légitimer la répression contre ceux et celles qui s’opposaient aux expulsions et d’autre part pour criminaliser un mouvement de résistance qui ne cesse de croitre et de rappeler ceux historiques de Plogoff ou du Larzac. Ce projet est bien celui imaginé par l’actuel premier ministre alors qu’il était maire de Nantes, et ce sont ceux qui lui sont le plus redevables, les élus PS de la métropole, du département et de la région, qui sont aujourd’hui ses plus virulents partisans.

Rappelons le, ce projet d’aéroport est inutile. Contrairement à ce qu’ils tentent d’affirmer l’aéroport de Nantes-Atlantique n’est pas dangereux, c’est l’avis de la DGAC. Il ne pourra pas plus accueillir l’airbus A 380 que l’actuel aéroport. Nantes-Atlantique n’est pas saturé, de l’aveu du président de Vinci Airports «Ce transfert n’est pas une réponse à des problèmes aéronautiques, mais un choix politique». C’est en milliard d’euros d’argent public qu’il faut compter le prix de cet aéroport privé et de ses infrastructures (routes, ponts, …), dont les pertes seront financées par les citoyens et les gains éventuels accaparés par Vinci. Ce projet d’aéroport n’existe aujourd’hui que par la volonté de marquer de manière indélibile notre territoire de l’emprise politique de Jean-Marc Ayrault. Il n’est justifié que par la course en avant du modèle productiviste qui veut que «grands projets infrastructuraux» soient forcément synonyme de croissance et d’emplois. Alors que les mesures d’austérité visant la population s’empilent les unes après les autres, les ressources publiques, notamment sur ce type de projet, doivent être utiles et placées sous un contrôle réellement démocratique. Les collectivités ne peuvent voter de tels financements sans consulter la population.

Retrouvons nous tous dès 10h30 au parking de la salle du chêne, près de la mairie. Ce projet d’aéroport se voulait international, mais c’est la lutte contre la destruction des terres de Notre-Dame qui lui aura donné cette renommée internationale. De partout en Bretagne et d’ailleurs, venons reconstruire les maisons détruite par Vinci et le PS, nous serons des milliers et comme à Plogoff, comme au Carnet, nous gagnerons !

Depuis un certain temps, nous avons l’habitude de subir les tentatives de criminalisation et de division du mouvement d’opposition au projet d’Aéroport du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes de la part des porteurs du projet. Mais ces dernières semaines, avec la vague de solidarité qui est née contre les expulsions, certains comme Jacques Auxiette se surpassent, dernièrement il a parlé de «dérive criminel des opposants», dans quel but ?

vinci et le parti socialiste
JM Ayrault et J. Auxiette en compagnie de Bernard Hagelsteen, préfet de Loire-Atlantique de 2007 à 2009, qui aujourd’hui “travaille” chez … VINCI, en temps que responsable des péages ASF.

Celui-ci s’est exprimé dernièrement sur la présumé agression d’un vigile à Fay-de-Bretagne dans la nuit de lundi à mardi et dont le communiqué de presse de la préfecture ne cesse d’être relayé, allant parfois jusqu’à à dire qu’il avait été «brulé vif». Selon la préfecture il se serait fait «attaqué par une vingtaine d’individus encagoulés, certains parlant anglais» alors qu’il gardait une maison évacuée hors de la ZAD. Sa voiture aurait été brûlée et lui molesté et «blessé aux mains et aux bras». Dans les minutes qui ont suivi le communiqué de presse de la préfecture, Jacques Auxiette s’est empressé de dénoncer «la dérive criminelle des opposants à l’aéroport» ! A ce jour, aucun lien n’a cependant été établi avec des opposants à l’aéroport. L’ensemble des opposants a d’ailleurs nié toute participation à cette action, l’ACIPA n’écartant pas une tentative de manipulation.

Rappelons que la violence a Notre-Dame vient d’abord des forces d’occupation qui sont venu ici détruire des habitations et des cultures, qui blessent régulièrement les opposants à coups de tirs de flashball, de tirs tendus de lacrymogène, de grenades assourdissantes, … Les principaux blessés que la préfecture déplore parmi les forces de l’ordre sont dus à des tirs de grenades lacrymo ou des chutes, et non à des opposants, qui eux ne se sont de toute façon pas armés. Étrangement tout ceci n’est pas relayé à la même mesure que l’évacuation, peut-être trop brutale, d’un vigile embauché par Vinci. Et pourtant même au sein du PS, n’en déplaise à Jacques Auxiette, plusieurs maires ont condamnés les violences des expulsions.

un camarade de breizhistance-IS blessé par un jet de grenade offensive à Notre-Dame-des-Landes

Les propos agressifs et intimidants de Jacques Auxiette et de ses collègues sont orchestrés de manière récurrentes. Lorsqu’il commente les propos millimétrés d’une Cécile Duflot déplorant la «répression et le manque de dialogue”, il dénonce des «propos irresponsables». Lorsqu’il parle d’occupants qui depuis trois ans ont cultivé la terre, construit des habitations, fait du pain, de l’artisanat, etc … il parle de «professionnels de la guérilla» ou «d’activistes professionnels», oubliant que son salaire de professionnel de la politique qui pourrait faire vivre les dizaines d’occupants de la ZAD. M. Auxiette se gausse d’un processus «démocratique» qui amène «88% des terrains a avoir été acquis à l’amiable», oubliant la détresse de bon nombre de petits propriétaires, les pressions morales de Vinci, et tout simplement la peur imposée par les déploiements militaires dans la zone qui ont commencé dès les premières enquêtes publiques. Philippe Grosvalet s’insurge contre deux tranchés creusées dans une départementale, omettant de dire qu’ils les cède à Vinci pour construire un aéroport.

A force de vouloir convaincre qu’il «ne faut pas confondre minorité violent venue d’ailleurs» et «riverains et agriculteurs», ils se convaincs eux-mêmes, négligeant de voir qu’il y a face à eux une vraie résistance populaire. Cet incident survient alors même qu’un dossier publié le mardi 13 novembre dans Ouest-France consacrait la solidarité entre les différents acteurs du mouvement, bien loin de l’image que tente d’imposer la préfecture et le PS.

Ce projet est inutile et scandaleux, sa construction se fait contre les intérêts de la population et sans réel processus démocratique. Comme cela l’a été depuis des semaines où occupants et habitants de Notre-Dame et des environs, et parmi eux des pères et mères de familles se retrouvaient derrière les barricades, où ouvriers, précaires, chômeurs, étudiants, enseignants, paysans… s’aidaient pour reconstruire des habitations, l’opposition restera soudée, nous serons des milliers à défiler à partir de Notre-Dame des Landes le samedi 17 novembre à 11h et comme à Plogoff, comme au Carnet, nous gagnerons !