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Parti Républicain Socialiste Irlandais

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Le blog “Histoire en Lutte” animé par des militants antifascistes parisiens a traduit un article du groupe indépendantiste et socialiste Irlandais Eirigi sur le 106eme anniversaire de l’organisation féminine Irlandaise : Cumman na mBan. ( Conseil des femmes Irlandaises ). 

Nous le publions avec leur aimable autorisation. Bretagne-Info.

L’article publié hier sur l’ICA  ( Armée des Citoyens d’Irlande/Irish Citizen Army) abordait le parcours de Constance Markievicz, et donc son engagement dans les rangs de Cumman na mBan. Histoire en lutte en profite donc pour publier ici une traduction du parti Eirigi, à propos du 106ème anniversaire de cette organisation:

Le lancement officiel de Cumman na mBan, a eu lieu il y a 106 ans à l’hôtel Wynn’s de Dublin le 2 Avril 1914. Le lancement était présidé par Agnes O’Farrelly qui à présentée les objectifs de cette nouvelle organisation à la foule rassemblée. A l’origine le mouvement de Cumman na mBan était dominé par les femmes, les sœurs et les familles des leaders les plus connus des Irish Volunteers.

Cumman na mBan a été créé comme une organisation auxiliaire féminine de la nouvelle organisation des Irish Volunteers. Des organisations féministes bien plus radicales existaient alors déjà en Irlande comme, The Irish women’s franchise league et des militantes aux revendications féministes plus radicales étaient présentes dans les rangs de l’Irish Citizen Army.

Deux mois plus tard, John Redmond, membre du Irish Parliamentary Party, exerça son influence sur Cumman na mBan en imposant son choix de 25 personnes à la direction des Irish Volunteers. Peu de temps après le début de la Première Guerre Mondiale, Redmond créa un schisme dans le mouvement des volontaires. Il emmena la majorité de ses partisans dans un nouvelle organisation, les National Volunteers. Redmond prit alors une décision lourde de conséquences pour la vie de milliers d’Irlandais, dans l’espoir que les Britanniques respectent leur promesse d’une relative autonomie de l’Irlande au travers du Home Rule. Ces volontaires ont été envoyé rejoindre les rangs de l’armée britannique et ont versé leurs sangs pour l’empire.

A la différence de l’organisation masculine, la majorité des membres de Cumman na mBan, choisirent de rester aux côtés de l’organisation des Irish volunteers et elles militèrent énergiquement pour décourager et empêcher les engagements dans l’armée britannique. L’organisation ne cessa de grossir et ses membres étaient de plus en plus convaincues de la nécessité d’une rébellion armée contre la présence britannique. Mis à part les combattantes de l’Irish Citizen Army, toutes les autres combattantes présentes dans l’insurrection de Pâques étaient des membres de Cumman na mBan. Après le soulèvement, la proclamation de 1916 fut adoptée par l’organisation et ses militantes jouèrent un rôle vital dans la popularisation des idées républicaines. Les membres de Cumman n mBan seront très actives dans la guerre contre les Blacks and Tans et ensuite dans l’opposition à la contre-révolution.

Pour en savoir plus on passe par ici.

Il y a quelques jours, Michelle O’Neill — dirigeante du Sinn Fein depuis quelques semaines suite à la démission de Martin Mac Guiness, lui même décédé ce 21 mars — avait appelé à un référendum « pour que l’Irlande du Nord quitte “le plus rapidement possible” la Grande-Bretagne et se joigne à la République d’Irlande ». Les commentaires ont été nombreux. Voici la réaction de la féministe et socialiste républicaine Bernadette Devlin-McAliskey. Elle fut au début des années 1970 élue au parlement de Westminster et fondatrice du Parti Républicain Socialiste Irlandais (IRSP), qu’elle quitta par la suite. Sa position nous a semblé intéressante car elle souligne combien l’exercice référendaire ne saurait être laissé entre les mains des états existants tant quand sa formulation qu’a son périmètre. Nous remercions une fois de plus vivement Liam O’ Ruairc pour son travail de compilation et de traduction.

Bretagne-info.

La semaine dernière Bernadette Devlin-McAliskey a réagit dans les médias aux appels faits par le Sinn Féin pour qu’un référendum sur la frontière soit organisé en Irlande du Nord. (1) L’ancienne députée au parlement de Westminster à Londres, Bernadette McAliskey, qui a plus tôt cette semaine qualifié les dirigeants politiques des deux parties de l’Irlande d’ “idiots” et a avoué qu’elle ne voudrait pas faire partie d’une Irlande unie géré par eux, a affirmé qu’un référendum sur la frontière n’est pas sur les cartes, et que le Sinn Féin sait que c’est le cas. McAliskey ajoute aussi que le Sinn Féin ne voulait pas une Irlande unie que le parti ne pouvait pas contrôler.

Mme McAliskey, qui fut l’une des premières personnalités à prévoir — longtemps avant l’accord du Vendredi Saint — que le Sinn Fein accepterait un règlement partitioniste en Irlande du Nord, a déclaré que le parti avait réclamé un référendum sur l’unité irlandaise « confiant qu’il n’aura pas lieu ». La socialiste de 69 ans, qui en 1969 est devenue la plus jeune député de Westminster à l’époque, à l’âge de 21 ans, a déclaré que le Sinn Féin ne voulait pas un référendum qu’il est certain de perdre. « C’est une distraction délibérée loin des réalités auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui»  dit-elle. Mme McAliskey, qui a été témoin de la fusillade du dimanche sanglant par le régiment de parachutistes dans le Bogside en 1972, a déclaré que les dirigeants du parti avaient demandé un référendum sachant qu’il n’y a aucune chance que ce dernier ai lieu.

Bernadette Devlin MacAliskey dans les années 70
Bernadette Devlin MacAliskey dans les années 70

McAliskey dit que non seulement un référendum sur la frontière n’a aucune chance, mais que certains des républicains de la vieille école, non-alignés au Sinn Féin, pourraient boycotter le plébiscite plutôt que voter pour l’unité. « Je ne demanderais pas à un chien de vivre dans la République irlandaise existante », dit-elle. « Alors, pourquoi irais-je voter pour y vivre ? Il n’y a aucune menace pour l’Union », affirme le vétéran des droits civiques. « Il y a plus de chance que l’État libre (ie sud de l’Irlande) revienne dans le Commonwealth avec une note d’excuse ».

McAliskey a dit qu’elle souhaitait voir l’unité irlandaise, mais pas avec les administrations actuelles en charge. « Est-ce que je pense que tous les habitants de cette petite île seraient en meilleure position si nous avions un plan stratégique cohérent, unitaire et unique pour l’avantage économique et social de tout le monde sur l’ensemble de l’île ? Je le pense. » Mais elle indique que cet objectif ne peut être réalisé en incorporant le nord dans le sud tels qu’ils existent actuellement. « Est-ce que je pense que les gens qui souscrivent à l’idéologie politique dominante — allant de Fine Gael et Fianna Fail, jusqu’à Sinn Féin, le SDLP et les Unionistes et le DUP – doivent gérer le pays ? Non. » Rappelant une célèbre citation d’un autre républicain, Brendan Behan (« Je ne peux penser à aucun état de misère humaine qui ne puisse être aggravé par l’arrivée sur les lieux d’un policier »), Mme McAliskey déclare : « Je ne peux penser à aucun état de misère humaine, que soit au nord ou au sud de la frontière, à ce stade, qui ne serait pas énormément empiré en mettant les idiots qui gèrent les administration des deux côtés de la frontière ensemble dans un même état. »

Hier, Mme McAliskey a dit : « Voudrais-je voir les gens faire une décision démocratique sur la nature de leur gouvernement indépendamment du gouvernement britannique ? Oui, je le souhaiterais. Mais est-ce la même chose que d’avoir un référendum sur ‘Voulez-vous rejoindre la République?’ – ce n’est pas le cas. Est-ce que je souhaite démanteler la République d’Irlande ? Oui. Est-ce que je souhaite démanteler l’état dans le Nord ? Je répond affirmativement. » Mme McAliskey déclare : « Je voudrais recommencer et avoir une conférence constitutionnelle, une série de discussions et de débats clairs et un processus démocratique pour construire une nouvelle république indépendante à laquelle tout le monde pourrait avoir un sentiment d’appartenance ». Mais elle a insisté sur le fait qu’elle ne croyait pas que la façon de le réaliser était aussi simple que de voter dans un référendum sur la frontière avec une question qui ne concernait pas les vrais problèmes.

(1) Voir : Gerry Moriarty, A united Ireland – is there something in the air? Irish Times 13 March 2017 et Ivan Little, Bernadette McAliskey: ‘Sinn Fein’s talk of border poll is game-play, it doesn’t want united Ireland it can’t control’, Belfast Telegraph 15 March 2017