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Une réflexion d’actualité sur la question agricole d’un contributeur de la publication Harz-Labour, qui permet d’aborder l’histoire de la lutte paysanne en Bretagne depuis la Gauche.

Depuis la guerre froide, la figure de la pénurie est régulièrement brandi par les médias et les dirigeants occidentaux pour démontrer la supériorité de l’économie de marché, sur les régimes dits socialistes. Que se soit pour l’URSS d’hier, ou le Venezuela d’aujourd’hui, les images de magasins aux rayons désespérément vides semblent être un argument de propagande aussi recevable que la dénonciation de l’absence de démocratie, ou l’assassinat de manifestants par la police, lorsqu’il s’agit de réaffirmer la prédominance du modèle démocratique capitaliste occidentale sur touts les autres. Dans le même temps, ont continuera bien sur à présenter la misère la plus sombre dans laquelle la mondialisation libérale, et l’héritage coloniale, plongent des millions de personnes en Afrique, en Asie et en Amérique latine comme une fatalité.

Dans une société, ou consommation, liberté, et démocratie, sont aussi étroitement associées que la notre, on peut donc s’étonner du peu de remous que suscite aujourd’hui la pénurie d’un bien de base tel que le beurre. Alors bien sur, notre pénurie de beurre n’est en rien comparable avec les pénuries massives, connues dans le passé par les républiques soviétiques, ou par le Venezuela aujourd’hui. Mais ont s’attendait quand même à des réactions outrées et bruyantes du gouvernement, promettant de tout faire pour que tout revienne rapidement à la normale, et à une intense polémique, qui aurait occupées les médias pendant quelques jours.

De fait, il y a quelque chose de profondément répugnant à entendre les médias nous parler de la responsabilité de la hausse de la demande mondial, ou de celle de la guerre que ce livre industriels et distributeurs, lorsque l’on sait qu’un agriculteur se suicide tout les trois jours, que les fermes continues de disparaître à un rythme aberrant, et que les prix d’achat du lait fixés par les industriels revient à se passer la corde au cou pour le producteur.

En réalité, cette pénurie, ainsi que l’indifférence qui l’accompagne, apparaissent comme les derniers aboutissement de plusieurs siècles de destruction systématique du monde paysan, en vu de sont intégration à la République et à l’économie capitaliste. Si l’on omet les régions de grande production céréalière, depuis longtemps tenues par une poignée de grands propriétaires terriens, et destinées à l’approvisionnement du marché mondial, le temps n’est pas encore si lointain ou les campagnes échangeaient majoritairement selon des logiques économiques pré-capitaliste (par exemple de dons-contre-don, ou de charité, et non de profit), ou le référent d’appartenance y était la communauté locale et non la nation, et ou la perception du monde des individus y était façonnée par la culture orale (qui la plupart du temps était dans une autre langue que le français), le rapport à la nature, et les solidarités collectives.

Ainsi, au cours des siècles précédents, alors que la France se constituait en tant qu’état-nation à partir des villes, les campagnes demeuraient dans un monde à-part. Pour les masses rurales, l’appartenance à la France se résumait alors surtout au fait d’être gouverner par des administrateurs français, et par les contraintes que cela représentait pour elles (impôts et taxes nouveaux, conscriptions, impositions par la force de normes et pratiques étrangères aux valeurs et aux intérêts communautaires ….). Il faudra attendre la boucherie de 1914 pour que les campagnes de l’hexagone s’agrègent complètement à la République, les rescapés rentrant aux pays étant enfin définitivement acculturés, et devant bien trouver un sens à tout ce sang versé. Il suffit de se rendre compte qu’en Bretagne, les derniers enfants de paysans ayant appris le français à l’école n’ont, aujourd’hui encore, que la cinquantaine, pour mesurer la violences des changements que les sociétés paysannes ont dues traverser en très peu de temps.

En parallèle, la modernisation des techniques et des outils agricoles à permis, des l’après-guerre, une incroyable amélioration des conditions de vie et de travail du monde rural. Mais très rapidement, ces améliorations ont été confisquées par le développement d’un système agro-industriel qui est venu totalement déposséder les paysans des avancées qu’ils venaient d’obtenir. A partir des années cinquante, progrès technique et augmentation de la production sont les arguments utilisés pour intégrer à l’économie de marché une nouvelle génération qui cherche à se débarrasser de l’image de plouc accolée au monde paysan. Bernard Lambert, militant des paysans travailleurs résume ainsi la situation de l’époque :

Nous rejetions nos parents, nos anciens parce qu’ils étaient rétrogrades: ils continuaient à travailler avec des chevaux ou des bœufs et refusaient de s’endetter pour ne pas être déconsidérés. Les jeunes estimaient que, pour bien mener son métier, il fallait s’équiper, donc s’endetter (…). Mais dans le même temps, nous commencions à voir les industries agro-alimentaires déferler sur la Bretagne. Elles se sont mises à installer des ateliers intégrés. Nous, les jeunes paysans de l’époque, on a foncé sur les ateliers de veaux, de porcs (…) et puis après sur la fabrication du lait matière brute destiné à être vendu à une laiterie et non plus sous forme de beurre au marché (…). Progressivement, nous sommes devenus des producteurs de matières premières pour un certains nombre de firmes. C’est alors qu’on a commencé à entrevoir, mais péniblement, qu’on s’acheminait vers un rôle de travailleurs à domicile.

Et de poursuivre dans son ouvrage “Les paysans dans la lutte des classes” :

En tout temps et en tout lieu, le capitalisme, dès que les conditions techniques et économiques le lui permettaient, a détruit les modes de productions artisanaux, précapitalistes qu’il trouvait devant lui. En ce qui concerne l’agriculture, il agit de même, tout en lui laissant supporter certains investissements de production qui, au-delà des apparences, sont sous le contrôle effectif des industriel.

Puisque l’agriculture consiste en des modes de productions très difficilement adaptable de manière industrielle, il suffisait de rendre les paysans totalement dépendant des industriels, pour leurs fournitures comme pour leurs débouchés, ainsi que par l’endettement.

Les politiques publiques, poussant vers toujours plus d’agrandissement des exploitations, et de dérégulation des prix, achèveront le travail pour aboutir à la situation que l’on connaît aujourd’hui.

Il ne s’agit pas ici de défendre une civilisation rurale traditionnelle disparue et idéalisée. Celle-ci était profondément injuste et hiérarchisé. Les notables et les propriétaires locaux y régnaient en maître, exerçant leur arbitraire sur des populations très souvent plongées dans la misères. Mais face à la dureté de l’existence et des maîtres, ses mêmes populations avaient aussi développées des formes d’organisations, d’entraides, et de travail en commun, ainsi que de rapport au monde, qu’aucune entreprise civilisatrice ne justifiait de faire disparaître. Dans l’hexagone, et particulièrement en Bretagne, il est marquant de constater que c’est durant les années soixante et soixante-dix, époque à la fois des derniers soubresauts de la civilisation rurale traditionnelle, et des débuts du triomphe du modèle agro-industriel, que l’ont a connu les dernières luttes paysannes massives, et porteuses d’un véritable projet commun pour les campagnes. De nombreux champs de cumulards, et autres accapareurs de terre furent saccagés. Des paysans furent maintenus, ou installés, de force sur leur exploitations, contre les décisions de justices et l’avis des propriétaires. Des affrontements eurent lieu contre les excès du remembrement. Des grèves massives se firent contre les prix d’achat trop bas pratiqués par les industriels, avec blocage des camions de lait sur les tournés de collectes. Au Dresny, en Loire-Atlantique, le ministre de l’agriculture en visite dans une ferme sera même séquestré par 300 paysans. C’est aussi à cette époque que les alliances entre paysans et ouvriers, les premiers ravitaillant les seconds sur les piquets de grève, s’intensifièrent, comme lors de la grève du Joint français à Saint-Brieuc, ou lors de l’éphémère commune de Nantes au printemps 68. C’est enfin sur ce terreau que la lutte contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes pris racine.

Aujourd’hui, la destruction du monde paysan atteint un stade tel qu’on peine à lui imaginer une issue. De temps à autres, une nouvelle crise voie les routes et parking de grandes surfaces se couvrir à nouveau de barricades de pneus enflammés, mais sans réelle remise en question du système. Aux marges, de nouveaux mouvements d’occupations, unissent toutefois à nouveau paysans du cru et nouvelle génération militante, et tout près d’ici, sur la ZAD, les terres agricoles permettent à niveau de nourrir les luttes.

Nous étions bien deux cents

Une nuit à Saint-Donlay

Armés de nos faucilles

A couper ton maïs.

Jaco et tes semblables

Vous nous volez la terre

Vous ne ferez rien pousser

Qui ne sera coupé.

Préparons nos fourches et nos fusils ! …

M.

Notre camarade Guillaume Bricaud, membre de la direction de notre organisation, interviendra au meeting du NPA Rennais consacré à la crise écologique et climatique. Il interviendra sur les projets miniers et le mouvement d’opposition notamment dans le pays de Guingamp.

Une présence qui s’explique par notre volonté commune de constituer une liste anticapitaliste aux élections régionales défendant le droit à l’autodétermination et se faisant l’écho des luttes populaires de défense de l’environnement.

Ce sera aussi l’occasion de rappeler combien est importante la présence du plus grand nombre le samedi 24 octobre à 10h00 à Guingamp à l’appel du collectif Douar-Didoull pour protester contre l’obtention du PERM/ de Permis Exclusif de Recherches de Mines dit de « Loc Envel » au profit de la multinationale Variscan.

La Gauche indépendantiste.

Changeons le système, pas le climat !

Le comité rennais du Nouveau Parti Anticapitaliste vous invite à une réunion publique sur la crise climatique et écologique avec Christine Poupin, porte-parole nationale du NPA.

D’ici 2100, la température moyenne de la Terre aura augmenté de presque 5°, entraînant des bouleversements de nos cadres de vie en touchant 10% de la population mondiale. Si la Terre se réchauffe, c’est parce que les modes de production actuels (consommation massive d’énergie fossile, modèle agricole non soutenable, destruction de la nature et de ses ressources…) sont structurellement polluants et non adaptés aux limites écologiques.

Le responsable, c’est le capitalisme !
Pour enrayer le réchauffement climatique, il faudrait cesser d’exploiter la grande majorité des réserves de combustibles fossiles, ces mêmes réserves qui profitent aux grands groupes plus intéressés par la rentabilité de court terme que par le respect de la planète. C’est donc le système qu’il faut changer.
Or, ce ne sont pas les réunions au sommet entre chefs d’États qui apporteront une réponse à l’urgence écologique. On ne peut rien attendre de la COP21, qui se déroulera du 30/11 au 11/12 décembre prochain à Paris et ne fera qu’entériner des décisions prises auparavant de manière bilatérale et non – démocratique. Alors que le gouvernement français espère verdir son image en affichant des préoccupations écologistes, il s’obstine à vouloir construire un aéroport à Notre-Dame-Des-Landes, soutient le nucléaire et étend ses forces policières pour réprimer les mouvements écologistes.

Les choses ne changeront donc que si celles et ceux d’en bas s’en mêlent !
La véritable écologie se situe bel et bien au sein des luttes, dans les mouvements sociaux, du côté des premières et premiers concerné-e-s par la crise climatique. Seul un mouvement massif de résistance populaire sera à la hauteur pour imposer des solutions pérennes au réchauffement de la planète. Pour préserver le climat, il faut rompre avec le capitalisme, le productivisme agricole et la course aux grands projets inutiles et imposés.
D’ores et déjà, ici et maintenant, des points de résistance s’organisent : ce sont les luttes menées par les zadistes (habitant-e-s des zones à défendre), à Notre-Dame-Des-Landes ou à Sivens, les groupes d’opposant-e-s au nucléaire ou aux
projets miniers, et les paysan-ne-s soucieu-x-ses de développer un modèle agricole alternatif.

C’est de cela que nous parlerons le jeudi 08 octobre à la maison des Associations à Rennes avec Christine Poupin, après des interventions sur l’écologie à l’échelle locale. En débattant ensemble, nous parlerons des alternatives à notre portée dès aujourd’hui et de comment organiser une mobilisation massive pour un contre-sommet COP21 en décembre que nous espérons plus chaud que le climat !

RDV le jeudi 08 octobre à 20h à la maison des associations (6, cours des Alliés – métro Charles De Gaulle) à Rennes !