Tag

union démocratique bretonne

Browsing

C’est le sentiment qu’on peut avoir à quelques jours du second tour des municipales. Comme nous l’expliquions le premier tour avait été le théâtre de certaines performances, modestes certes, mais notables de partisans d’un pouvoir politique breton.

Nous nous étions longuement étendus sur les performances des indépendantistes de gauche identifiés et élus lors de premier tour, à Cintré, Plounevez-Moedeg, Guingamp… Nous aurions aussi pu parler de l’élection de Lionel Henry à la tête de la mairie de Montreuil-Le-Gast, partisan bien connu d’une Bretagne réunifiée et souveraine et ne cachant pas son engagement à gauche, de Jean-Yves Kallag à Lannion qui entame un troisième mandat d’opposition et sur lequel on peut compter pour défendre notamment la langue bretonne.

Au moment où nous écrivons ces lignes nous ne savons pas quel sera le score de « Saint-Herblain en Commun » mais cette liste de Gauche, Écolo, Bretonne de la sixième ville de Bretagne avait tout de même gagné 30 % des suffrages au premier tour !

L’Union Démocratique Bretonne (autonomiste de gauche) et son allié Christian Troadec (réélu à Carhaix) de « Pour La Bretagne » pourront compter eux aussi leurs élus et faire un bilan plutôt positif de cet exercice électoral.

Mais c’est le deuxième tour des bords de Loire à Nantes qui fait ressurgir la Bretagne comme objet civique et politique.

Comme l’indique Le Télégramme dans son article du 7 juin, l’accord entre EELV et le PS et ses autres alliés stipule : « Dans un volet intitulé « Promouvoir la langue et la culture bretonne » (points 287 à 290 de leur « contrat de mandat »), Johanna Rolland et sa troisième colistière Julie Laernoes proposent, entre autres, d’« adopter un vœu demandant l’organisation d’un référendum sur la réunification de la Bretagne » et de continuer en indiquant que l’accord prévoit aussi que la Ville se dote d’« une instance pour engager une concertation avec l’État sur les modalités d’organisation de ce dernier ». Florian Le Teuf (candidat EELV, figure du milieu des supporters du FCN et opposant au Yellow Park) pourrait être chargé des questions bretonnes (dont le référendum) à la mairie de Nantes une fois élu, alors qu’il figure en 4ème position, même si l’UDB (également présente sur la liste de Johanna Roland mais dés le 1er tour) avait aussi introduit l’idée d’un tel « débat citoyen » dans ses accords.

Beaucoup dans la presse et sur les réseaux sociaux s’interrogent sur cette soudaine conversion et sur les limites de cet accord.

 

Mais ne boudons pas notre plaisir de voir la Bretagne, l’unité territoriale de notre pays devenir un objet de débat citoyen, surtout après des décennies de débretonisation !

Quelques soient nos réserves et interrogations, saluons là le fait que ces rapports de forces électoraux aient fait entrer dans les négociations le terme « référendum » et introduit ainsi l’idée que le droit de décider de l’avenir institutionnel de la Bretagne appartient au peuple breton.

C’est aussi le fruit du travail des adhérent·e·s de Bretagne Réunie, qui avaient marqué les esprits en rassemblant 100.000 signatures afin d’obliger (en vain) le Conseil Départemental de Loire-Atlantique à débattre de l’unité de la Bretagne dans le cadre du droit d’option.

Les votations auto-organisées par Dibab entre 2014 et 2015, assez nombreuses en Loire-Atlantique avaient aussi marquées l’histoire politique bretonne contemporaine et fait progresser l’idée d’un référendum sur l’unité de la Bretagne et la dévolution de pouvoirs à une « assemblée de Bretagne ».

Le sondage de septembre 2019, commandité par “DIBAB — Decidez la Bretagne” et le Breizh Civic Lab, mettait bien en exergue ce désir largement partagé des breton·ne·s de Brest à Clisson de s’exprimer sur l’avenir de la Bretagne.

Quelle méthode référendaire ?

La première crainte qui nous semble importante de rappeler, c’est qu’il est très risqué de laisser le gouvernement central déterminer l’objet de la question soumise au référendum et son périmètre. Et si l’on peux être sur que le Conseil Départemental de Loire-Atlantique ne voudra pas ouvrir la boite de pandore, c’est bien sûr vers la Région administrative Bretagne que l’instance chargée par la ville de Nantes désignera pour mener le débat va devoir se tourner.

Le Conseil Régional de Bretagne avait d’ailleurs pré-budgétisé en février 2020 une somme pour organiser un référendum sur l’unité de la Bretagne, sans en dire plus.

Et puis, si la question posée ne porte que sur le retour de la Loire-Atlantique dans la Région Bretagne — sans évoquer des avancées institutionnelles pour l’ensemble de la Bretagne en termes de souveraineté — tout laisse à croire que ce débat ne sera pas motivant.

Le sondage évoqué plus haut le rappelait déjà : ce sont les habitant·e·s du pays nantais qui sont le plus favorables à la prise de compétences d’état par la « Région Bretagne » ou une « Assemblée de Bretagne », et ce à la hauteur de 68 % des sondé·e·s. Et c’est le même chiffre qui ressort dans ce département sur l’opportunité d’organiser un référendum sur les compétences de la « Région Bretagne » !

Limiter le débat à la question de l’unité territoriale c’est jouer pour perdre et contribuera à confiner les échanges autour de l’histoire, de l’identité, du marketing territorial. Alors que l’enjeu doit se focaliser autour de la question démocratique et sociale et environnementale. En effet, quel serait l’intérêt pour les électeurs et électrices, d’une Bretagne réunifiée qui ne serait qu’une seule addition de conseils départementaux, si cela n’a aucun impact positif sur leur conditions de vie quotidienne ?

Quelle sociologie pour l’organisation du débat ?

On peut se réjouir du début de débat mais aussi faire part de ses craintes avec courtoisie quand on voit comment le débat risque fort d’être cantonné au sein des élus métropolitains. Toujours dans le même article du Télégramme on pouvait lire : « Et le sénateur Ronan Dantec de souligner en parallèle la probable nomination à la métropole d’Aziliz Gouez, anthropologue et ex-plume du charismatique président irlandais : “L’idée est de faire du pôle métropolitain Loire Bretagne un outil de dialogue entre territoires. Aziliz va œuvrer pour que Nantes, Brest et Rennes travaillent différemment”. »

Ainsi donc l’organisation du débat préalable au référendum serait élaboré, initié par les élu·e·s des métropoles ? Si on voulait opposer la Bretagne des petites « communautés de communes », celle des modestes intercommunalités à celle des métropoles où se concentrent équipements culturels de prestiges, transports, universités, emplois du tertiaire, etc… on ne s’y prendrait pas autrement…

Il suffit de jeter un coup d’œil à la liste de Nathalie Appéré pour le second tour des municipales à Rennes pour voir que parmi les noms de la liste (EELV/PS/UDB/Radicaux de Gauche/PCF), 42 d’entre eux sur 61 exercent des professions qualifiées de CSP +. La liste de Johanna Rolland à Nantes reflète le même genre de proportion de cadres, de chefs d’entreprises, de dirigeants, de possédants, de riches…

Cela illustre parfaitement le déséquilibre Est-Ouest en Bretagne. On voit bien où sont les lieux de pouvoirs réels.

Soyons sérieux : est-ce ce genre de sociologie habituée à un certain entre-soi des plus confortables qui va renverser la table si le gouvernement ne veut pas d’un référendum dans les termes choisis par les bretons ? Est-ce ce type de sociologie — celles des catégories socio-professionnelles supérieures — qui va incarner et percevoir le profond désir de justice sociale des classes les plus défavorisées, celles exclues des métropoles, celles exclues de la représentation politique ?

Bien sur que non… Car ces classes n’ont pas besoin d’un rééquilibrage réel des lieux de décisions, elles veulent surtout continuer à être l’interlocuteur raisonnable du gouvernement central pour négocier à leur profit quelques transferts de compétences.

16 ans de cogestion de la Région Bretagne par le PS et ses alliés (y compris EELV, l’UDB et tous les régionalistes) n’ont pas permis de faire progresser l’idée du droit de décider.

Ce dont nous avons besoin c’est d’un processus constituant pour que tous les breton·ne·s (et pas seulement les grands élus des métropoles !) puissent donner leur avis.

Une partie de l’alternative se trouvera dans la rue… Mais aussi dans les échéances électorales régionales et départementales de mars prochain. Couvrir la Loire-Atlantique de candidatures unitaires ou non concurrentielles pour les départementales pour affirmer la nécessité du droit à décider, de l’exercice d’autodétermination par voie référendaire, en défendant la démocratie directe, le partage des richesses, des mesures radicales en matière environnementale, est facile à mettre en place…

En « Région Bretagne »… certains autour de l’UDB et de Christian Troadec nous reparlent de « Oui la Bretagne », la coalition autonomiste des régionales de 2015… Mais « Oui, décidons la Bretagne en Commun ! » offrirait plus de perspectives pour imposer la tenue d’un référendum d’autodétermination, avec ou sans l’accord de Paris, dans le cadre du mandat 2020-2026…

C’est un scénario bien plus sûr pour mettre à l’agenda électoral la question du pouvoir politique breton, que la simple addition de forces vouées à fusionner avec le PS en négociant des postes de vice-présidence… Voter, décider, s’autogouverner en quelque sorte…

Sinon, bien sûr, la tentation de faire des listes plus ou moins testimoniales trouvera un peu d’écho pour faire entendre un autre discours.

Il suffit de le vouloir et de construire un accord programmatique pour quadriller le territoire de candidatures unitaire (aux départementales et aux régionales), d’un « Frente Amplio » de gauche, écolo, populaire, antilibéral, breton… dont la tenue du référendum sur la taille et les compétences de la Bretagne sera un point incontournable et non négociable.

Ce message subliminal sera-t-il entendu ?

Bretagne Info.

Les échanges polémiques sont une très grande tradition des mouvements bretons. Ils peuvent même être salvateurs quand ils permettent de clarifier des positions, de rebattre les cartes des projets politiques respectifs. C’est par exemple les polémiques contre les régionalistes au début du XXe siècle qui ont fait émerger les premiers textes et mouvements indépendantistes bretons, ou encore les poussées polémiques de la gauche dans les années soixante qui ont expulsé les vieux reliquats conceptuels ou militants de la collaboration.

Ces derniers jours, nous avons vu une série d’attaques en règle contre la gauche indépendantiste bretonne depuis l’Agence Bretagne Presse1. Ces attaques sont à bien y regarder pertinentes, non pas sur leur propos, mais sur leurs fonctions. Elles donnent à voir deux mondes qui se regroupent derrière la même idée d’indépendance bretonne, deux choix pour les bretonnes et les bretons qui veulent construire un pays libre. Nous revenons dessus pour que chacun-e puisse véritablement comprendre les routes différentes qu’ouvrent ce combat.

Le centre introuvable

C’est un article de Philippe Argouarc’h qui a lancé la polémique, « Gael Le Rouge, le boulet du mouvement breton », dont l’auteur ne semble pas assumer le propos puisque l’article a été modifié presque une dizaine de fois, même le titre s’est transformé en « Gael Roblin le boulet rouge du mouvement breton ». L’auteur renseigne néanmoins dès la première version sur son idéal indépendantiste, « un peu plus de langue bretonne », « un peu d’autonomie », et surtout « en gardant une économie libérale ». Une vision du monde qui justifie donc facilement tous les hurlements qui suivent contre le concept de lutte de classe. Un phénomène réel que connaissent toutes les personnes salariées et qui est ici rejeté, non pas du fait d’une position nationaliste bas de plafond d’union nationale aux cotés des patrons, mais surtout à cause d’un ralliement complet à l’idéologie capitaliste libérale. Une soumission intellectuelle à ce point puissante que ce modèle économique est définie comme capable de préserver des emplois et l’environnement.

On peut ici très facilement se faire un avis, regardez l’évolution de la France depuis le tournant néo-libéral de 1983, il est difficile d’avoir le sentiment d’être allé vers toujours plus de préservation des emplois et de l’environnement à force de mettre le pays en ordre néo-libéral. Pour les centristes bretons, l’idéal est pourtant toujours accessible. Néanmoins, ce serait la gauche indépendantiste qui s’illusionne dans les idéologies, si occupés que nous sommes à prendre des positions contre le productivisme agricole ou à défendre les homosexuels comme dit Jean Pierre Le Mat2. Dans la droite lignée des Thatcher, Reagan, Macron et autres, pour qui « there is no alternative », car le capitalisme libéral serait le seul système acceptable sur notre terre, la critique des idéologies en soi cache donc toujours une idéologie autre. En partie cachée et donc en partie non assumée, chez nous au moins, nous n’avons pas peur de nos idées.

Ce centrisme introuvable de l’indépendance bretonne donne finalement à voir un idéal tout à fait comparable à l’idéologie française dominante, capitaliste entrepreneuriale start-up, élitiste, anti-féministe, farouchement hostile à la gauche et très permissive face à l’extrême droite. Ce sont les « vrais insoumis » réfractaires à toute idéologie sauf à celles qui les compressent, et qui veulent tout changer pour ne rien changer. Une vision de dirigeants en puissance sans les moyens de l’être, qui d’ailleurs ne s’imaginent la politique que par des mouvements verticaux, des chefs et des décisions d’en haut. D’où le délire, commun d’ailleurs à l’extrême droite, de ramener un mouvement politique à une personne, d’où le “Gael Roblin = la gauche indépendantiste”.

La fausse critique de la violence

Le vieux relent classique de la droite pour attaquer les mouvements d’émancipation est la critique absolue du droit de révolte, et donc de la violence. Les propos contre un caractère supposé intrinsèquement ultra violent de la gauche indépendantiste prennent moult arguments, notamment celui du discours social-démocrate classique que répètent sans cesse les médias et les autorités françaises. Appliqué à la polémique actuelle cela donne : la violence c’est les extrêmes, les extrêmes c’est pareil, les nazis et les antifascistes sont violents, Gael Roblin = Boris Le Lay. Dans ce niveau zéro de l’analyse politique on a par exemple le droit d’être accusé de faire monter le Front National, car selon ABP, s’il y a des émeutes de gauche le FN monte et c’est donc notre faute. Pourtant, la Bretagne est devenue sans conteste une terre d’émeute, même le mouvement breton s’y est mis avec les Bonnets Rouges, et pourtant, c’est en Bretagne que le FN a le plus de mal à s’imposer. Logique ?

Par ailleurs, ces révoltés-mais-pas-trop de l’indépendance critiquent la violence sans pour autant le faire jusqu’au bout, car leur rejet est toujours à la géométrie variable de l’idéologie. Ainsi, on comprend que la violence de la manifestation des Bonnets Rouges de Quimper est bien, que celle du premier FLB – qui n’est pas encore majoritairement à gauche comme il le sera pour la quasi-totalité de son histoire – est bien. A l’inverse, celle des « casseurs » et des FLB-ARB sur tout le reste de leur existence est mal, surtout quand elle attaque un « quasi service social » comme MacDo3.

La critique de la violence est toujours celle d’un camp politique, ici la gauche. Des violences non marquées à gauche seraient pardonnées, et de la même façon la violence de l’État français qui emprisonne, tue, viole et mutile sur son territoire, ses colonies et à l’étranger à longueur de journée, ne semble pas spécialement choquer l’ABP. Le peuple breton subit pourtant comme tout le monde cette violence.

Un discours proche de l’extrême droite

Une proximité maintenant évidente s’est dressée à travers les différents articles de la polémique entre le discours de l’ABP et le discours des extrêmes droites bretonnes, celle d’une lutte à tout prix contre la gauche. Car dans la famille des méchant-e-s gauchistes il y a… Gael Le Rouge bien sûr, mais aussi l’UDB ! Jusqu’à présent il n’y avait pourtant que l’extrême droite pour placer l’UDB dans le camp de l’extrême gauche, car déjà bien trop à gauche pour eux. Comme Boris Le Lay, Breizh Info, Yaouankiz Breizh ou d’autres, l’ABP nous parle maintenant des trotsko-communistes, des marxistes et autres Pol Pot et Staline qui hantent l’Emsav en la personne de l’UDB et de la gauche indépendantiste.

Tous veulent détruire la gauche dans le mouvement breton. Argouarc’h donne d’ailleurs raison aux néo-fascistes de Yaouankiz Breizh sur la manifestation de la réunification de septembre dernier ; pour eux, c’est la faute de l’extrême gauche si elle a été annulée ! D’autres disent pourtant que le cœur du problème n’était pas notre présence, qui est pour le coup traditionnelle dans ce défilé folklorique, mais plutôt l’incruste l’année dernière d’un cortège d’extrême droite qui était une nouveauté historique. Ce que personne ne voulait voir se reproduire, car cette dernière n’est ni la bienvenue en Bretagne, ni la bienvenue dans le mouvement breton. Et cette année encore, c’est la présence annoncée et anticipée de l’extrême droite qui a poussé à l’appel d’un cortège antifasciste. Mais non, pour Argouarc’h et Yaouankiz Breizh, tout cela c’est à cause de l’extrême gauche qui voulait inviter ses copains les casseurs. Il y a clairement maintenant une alliance conceptuelle anti-gauche d’une grande partie des droites et des extrêmes droites bretonnes, peut-être cette alliance deviendra un jour politique !

Comment Argouarc’h ne pourrait-il pas en effet se sentir revigoré auprès des néonazis de Yaouankiz Breizh quand ils s’insurgent contre les « gauchistes de l’Emsav », qu’ils parlent de « l’ultra gauche prétendument bretonne », de « ce marécage de gauchisme», « L’extrême gauche et le terrorisme antifa », « l’hégémonie de l’extrême gauche », et tout ça en un seul communiqué ? Un des derniers articles d’Argouarc’h pourrait d’ailleurs être directement tiré d’un média d’extrême droite bretonne, il fleurte entre la décadence de la civilisation chrétienne, l’islamisation et le danger d’une Bretagne ouverte et solidaire4. A ce rythme là, jusqu’où ira donc monsieur Argouarc’h ?

Une incompréhension catalane et un syndrome français. Cette soudaine poussée de vigueur viriliste de l’ABP contre la gauche indépendantiste se justifie aussi sous l’urgence de l’exemple que devrait nous imposer l’épisode catalan. La vieille rengaine de l’union nationale va de nouveau battre son plein au moment même ou elle devrait se faire pleinement abattre, justement grâce à l’exemple catalan. Il faut dire que ces messieurs ne semblent pas comprendre quelque chose qu’ils n’observent que de loin et dont il est encore bien tôt pour prendre des leçons, si ce n’est celui d’oser transgresser la légalité – mais attention à l’extrémisme… L’union n’est arrivée en Catalogne qu’à un moment décisif d’un long processus, un moment d’union décisif survenu après l’affirmation de multiples forces indépendantistes. Moment décisif qui, de plus, n’est pas tant une simple application politique du droit des peuples à disposer d’eux mêmes par des gouvernants nationalistes en devenir, qu’une « capacité d’une population hétéroclite à s’émanciper des institutions qui la dominent et dont elle ne veut plus »5 comme l’écrivait justement un camarade il y a peu.

Par exemple en Catalogne, sans la puissance de l’extrême gauche tant détestée par l’ABP, les dirigeants nationalistes seraient toujours coincés dans le monde des affaires version Artur Mas et le référendum n’aurait jamais eu lieu, encore moins la déclaration unilatérale d’indépendance. Sans la CUP — gauche indépendantiste qui ose prendre des « positions » sur tout — il n’y aurait pas eu de Puigdemont à la tête de la droite nationaliste et les mobilisations populaires auraient depuis bien longtemps été sacrifiées au profit des négociations avec Madrid sur les questions fiscales. Ce n’est pas seulement la question des impôts qui a radicalisé l’indépendantisme catalan comme le martèlent les médias français et comme le rêvent les breizhous de droite, mais surtout les barrages constitutionnels espagnols aux lois catalanes en général – comme sur la taxation des banques, la spéculation immobilière, l’égalité homme-femme. Dans la vision de l’ABP, la Catalogne n’est donc pas loin d’être extrémiste.

En Catalogne au moins, ils ne rêvent pas de faire un pays libre qui soit à l’image des dirigeants qui les oppriment, car entre l’idéal de la France version Macron et celui de la Bretagne libre version Argouarc’h on se demande bien où est la nuance. C’est ce que la polémique a eu le mérite de nous apprendre. Il y a celles et ceux qui veulent tout changer pour ne rien changer, et il y a la gauche indépendantiste qui ne sépare pas la lutte de libération nationale des combats émancipateurs du genre humain quels qu’ils soient : antifascisme, écologie, féminisme, anticapitalisme sont des luttes pour notre indépendance. A quiconque de choisir ensuite entre une Bretagne libre et une Bretagne des oppressions.

Des militantEs de la Gauche Indépendantiste.


Catégorie faux, sur les approximations récurrentes de Argouarc’h :

La dernière fois que la Gauche indépendantiste bretonne, dont le nom devrait honnêtement être “l’extrême gauche indépendantiste bretonne” a présenté des candidats à des élections, c’était lors des élections européennes de 2014. Aux côtés du Nouveau Parti Anti-capitaliste [NPA] dans la circonscription Ouest, ils n’ont fait que 0,46 % des voix.

Faux, le dernier score – certes pas beaucoup mieux en terme de pourcentages – date des régionales de 2015 et était de 0,62 %. Pour être précis cela faisait donc 7465 voix, donc malgré tout en progression par rapport aux européennes de 2014 ou la liste NPA/Breizhistance avait fait 6461 voix rapportées aux 4 départements de la région administrative. Ce score si faible selon Argouarc’h étant toutefois plus élevé que celui du Parti Breton dont il se réclame et qui avait 0,54 %…

A noter que l’extrême gauche bretonne n’était pas à Quimper ce 2 novembre 2013 pour la grande manifestation des Bonnets rouges qui attira la presse internationale y compris CNN, avec des reportages en Russie et jusqu’en Australie. Elle défilait à Carhaix avec le NPA et la CGT, Europe écologie-Les Verts, le Front de Gauche, le PC dans le cadre d’une contre manifestation appelée par les centrales syndicales parisiennes et dépourvue de toute revendication bretonne.

Faux, le NPA et Breizhistance étaient à la manif de Quimper et de Carhaix, Philippe Poutou était d’ailleurs la seule figure médiatique à défendre face caméra en direct de Quimper la violence légitime de la manifestation. Breizhistance n’a jamais appelé à se rendre à la manifestation de Carhaix en question, mais était présente aux deux manifestations des Bonnets Rouges de Quimper et Carhaix.

« La première fois que la Bretagne fut sous les projecteurs internationaux ce fut suite à l’attentat de Quévert », extrait de la première version de l’article sur Gael Roblin, phrase disparue depuis.

Faux, d’autres attentats ont fait bien plus de bruit à l’international, celui du château de Versailles notamment, sur les installation d’eau à Paris, le Roc’h Tredudon, la centrale de Brennilis, etc.

3. Extrait de la première version supprimée de l’article. On invite monsieur Argouarc’h a aller travailler à Macdo pour prendre la mesure du service social.

 

Militer, ce n’est pas faire le pitre ou faire de l’ironie devant ses détracteurs quand on a cherché la condamnation à force de provocations orales et virtuelles.

Militer, ce n’est pas faire croire que l’on est chef d’une agence de presse en carton sur internet.

Militer, ce n’est pas s’approprier les luttes des autres auxquelles on ne participe pas sans payer soi-même de sa personne.

Militer, ce n’est pas recevoir un collier de breloque, fut-il herminé

Mais militer, ça peut être aussi être au service d’une classe, d’un ordre social et colonial, comme toute sa famille… en l’ayant caché, passé sous silence…

Militer, c’est faire des choix politiques et les assumer. In real life…

Nous verrons comment Argouarc’h Philippe, autoproclamé « rédacteur en chef » de l’Agence Bretagne Presse, assume dans la vraie vie la mise en perspective à laquelle nous allons nous livrer, de son investissement fidèle au service du colonialisme français, de l’impérialisme et du capitalisme.

Nous verrons aussi par la suite comment assument ceux et celles qui prétendent porter dans leurs actions culturelles, politiques, associatives ou syndicales un projet émancipateur en Bretagne, le fait d’avoir été bernés pendant des années par un individu qui a tu son passé, ses véritables opinions, son entourage politique immédiat.

Nous leur demandons de se poser la question suivante :

« Est-ce que des républicains Irlandais auraient confiés leurs communication virtuelle à un serviteur de la couronne royale dont la famille serait liée au complexe militaro-industriel Britannique ? »

ou alors celle ci :

« Est-ce que des indépendantistes Catalans auraient mis leur médias entre les mains d’une famille liée à la Garde Civile Espagnole et nostalgique de la Grande Espagne et du Franquisme ? ».

C’est pourtant ce que ceux et celles qui ont publié sur l’ABP et défendu son unique rédacteur en chef ont fait ici en Bretagne.

***

A l’origine de l’ABP et sur la biographie de son fondateur.

D’après Wikipédia, « lAgence Bretagne Presse (ABP) a été créée en octobre 2003 par Philippe Argouarch et Ronan Le Flécher. L’idée originale et la réalisation technique reviennent à Philippe Argouarch. ABP est devenu un projet collectif à la fois un agrégateur de communiqués émanant de la société civile et un média de presse dans lequel écrivent plusieurs chroniqueurs aux points de vue variés et qui analysent la politique un peu comme un hebdomadaire. À l’occasion, des reportages sont publiés, principalement sur des manifestations publiques concernant la Bretagne » .

Ce point ne nous paraît pas contestable. Mais cet article ne dit pas que Argouarc’h était un parfait inconnu en Bretagne, dans les milieux autonomistes ou indépendantistes, avant le début des années 2000. Et pour cause, il vivait et travaillait aux États-Unis (il a gardé la nationalité étasunienne) au service notamment de la Wells Fargo Bank, troisième banque de cet état.

Certains prétendent que Argouarc’h a fui aux États-Unis pour échapper au service militaire. Il faut dire que son père était militaire de carrière et gradé dans l’armée française et a servi en Indochine et en Algérie…

C’est à cet environnement familial qu’il faut s’intéresser.

Son père sera arrêté car proche des officiers putschistes pro-Algérie française. Pour comprendre combien le Philippe Argouarc’h adulte a du mal avec la vérité historique sur la présence française en Algérie et trouve des excuses à l’inexcusable, laissons lui la parole :

J’ai vécu cette guerre de 1959 à l’été 1961, de 10 à 12 ans. Mon père commandait un camp qui faisait partie d’un vaste programme de pacification qui comportait entre autres des “opérations psychologiques”. Il s’agissait de transformer les Algériens ramassés dans des zones rurales, et d’en faire de bons citoyens français. Les stages duraient je crois six mois, nourris logés, et je ne me souviens plus s’ils étaient forcés ou pas mais c’était de toute évidence dur de s’en échapper car le camp était au beau milieu du camp de plusieurs régiments de la Légion étrangère à Zéralda.

Vous avez bien lu « Je ne me souviens plus si ils étaient forcés ou pas »… Donc l’internement n’était pas forcé et les sinistres opérations psychologiques deviennent des « stages de 6 mois nourris, logés »… Que l’enfant n’ait pas perçu la cruauté de l’œuvre coloniale est plausible, mais c’est Philippe Argouarc’h adulte qui a écrit ces lignes. Voila comment ce directeur d’« agence de presse » présente les faits (source).

Un des frères de Philippe s’appelle Jean-Paul Argouarc’h et c’est lui le frère ainé dont parle Philippe dans sa chronique. Ce n’est pas lui faire injure de dire qu’il est resté jusqu’à nos jours pro-Algérie Française. C’est à lui de parler :

Je revois ma famille sur les hauteurs de Birmandreis, je suis l’aîné d’une famille de neuf enfants. Et puis nos espérances, les barricades, le putsch. Tous les soirs c’était la prière en famille pour que l’Algérie reste française, c’était la prière de l’Algérie chrétienne et aussi celle de nombreux musulmans. Nous étions dans l’espérance, on attendait un miracle ! (source)

C’est ce que l’on appelle une famille « catho tradi » d’extrême-droite colonialiste.

Manifestation anti “Mariage pour tous” de Jean-Paul Argouarc’h, frère de Philippe… (Paris, 1er avril 2013, source)

Ce frère qui est ecclésiastique revendique haut et fort cette identité politique et nous vous invitons à lire ses désopilantes aventures par ici. Car pour nous il ne s’agit pas de prouver que Philippe est un « fasciste » (nous ne le pensons pas) par l’engagement de ses frères ou sœur, nous souhaitons simplement souligner combien sa lecture de l’histoire coloniale est indulgente avec la France et l’on comprend mieux, au regard du parcours de ses frères et de sa sœur (Adélaïde — active dans la librairie virtuelle d’extrême-droite de Chiré — et ses autres frères hauts-gradés ou gestionnaires de contrats et de marchés publics auprès du Ministère de la Défense), pourquoi Philippe n’attaquera jamais l’extrême-droite avec la même vigueur qu’il cassera (verbalement) du gauchiste.

Les deux “œuvres” du Révérend Père Jean-Paul Argouarc’h…

Redonnons la parole à Philippe Argouarc’h sur ses années de petit colon en Algérie :

La mixité des communautés n’existait qu’à l’école et j’y ai vécu des bagarres qui vous restent toute votre vie et en particulier un coup de têtes (au pluriel car le coup fut mutuel) qui m’a quasi assommé. La violence était partout et oui, j’ai joui quand, quelques jours plus tard, l’instituteur a jeté cet Algérien au sol devant toute la classe pour avoir apporté à l’école un jeu de cartes porno.

Donc Philippe Argouarc’h avoue avoir « joui » devant une scène de violence sur mineur. C’est troublant. Et contrairement à lui, nous n’avons pas eu recours à des méthodes calomniantes ou à des ragots invérifiables pour souligner son rapport à la violence.

Philippe Argouarc’h au temps (béni ?) de l’Algérie “française”… (source)

Et, décidément, de ses années Algériennes, Argouarc’h n’arrive pas à s’en défaire et il en tire les conclusions suivantes, très clairement hostiles à la présence d’immigrants nord-africains dans l’Hexagone :

Ce que je pense aujourd’hui ? La France n’aurait jamais du débarquer en Afrique. Les Africains n’auraient dû venir travailler chez nous que sous des contrats à durées déterminées. Le prix des voitures et le prix des repas au restaurant auraient été un peu plus chers et on aurait perdu encore plus de marchés industriels mais on n’aurait pas d’attentats terroristes aujourd’hui qui, de toutes façons, vont encore coûter plus cher à l’économie. Personne n’investit dans un pays où les gens peuvent se faire égorger chez eux ou se faire descendre comme des lapins à la terrasse des cafés ou à un concert.

Un extrait de texte éclairant encore une fois car il s’y positionne comme bon français (cf : « chez nous ») et surtout on notera le subtil raccourcit digne d’un militant du FN : attentats islamistes = musulmans = immigration.

Car Philippe Argouarc’h, qui combat l’influence des rouges dans le mouvement culturel et politique breton, comme son papa jadis en Algérie (mais lui, uniquement sur internet…), ne se positionne jamais en faveur de l’indépendance de la Bretagne, son projet régionaliste se trouve résumé ainsi sous sa propre plume :

Le Breton lambda, qui, les sondages le montrent, aimerait bien un peu d’autonomie, un peu plus de langue bretonne et la réunification de la Bretagne historique tout en gardant une économie libérale génératrice d’emplois loin de toute aventure.

C’est du régionalisme clairement pro-libéral et anti-indépendantiste.

En 2009 déjà, la Gauche Indépendantiste soulignait la double langage et la proximité de Philippe Argouarc’h avec l’extrême-droite, ce qui amenait logiquement un certains nombres de contributeurs à prendre leur distance avec lui et son site. Il ne nous l’a jamais pardonné. C’est une motivation importante à sa hargne contre nous.

Nous remarquons aussi que sa dernière attaque visant nommément un de nos militants intervient comme par hasard après que le groupuscule islamophobe Adsav ait également appelé à mettre à l’index ce militant. Convergence d’initiatives délatrices pour le moins éloquentes. Les deux rageant de n’avoir pu défiler dans Nantes le 30 septembre dernier.

Argouarc’h utilise la même rhétorique anti-casseurs que l’extrême-droite (jamais contre la FNSEA…) en écrivant :

Si la Bretagne veut avancer, il faudra que le mouvement soit unitaire, pacifiste et démocratique, à l’image des mouvements nationaux catalan, écossais et aujourd’hui corse. Il devra écarter vigoureusement tous les boulets, tous les saboteurs, les provocateurs, les casseurs de distributeurs de billets et de vitrines qui surgissent de nulle part lors de manifestations à Rennes ou à Nantes et écarter tous ceux qui voient des fascistes partout. Il nous faut être intolérant avec les intolérants et les extrémistes car il n’y a que comme cela que nous ferons l’unité et il n’y a que comme cela que nous pourrons avancer.

Cet appel pathétique dirigé contre Gael Roblin, à qui se résume d’après Argouarc’h la Gauche Indépendantiste Bretonne, en dit long sur ses raccourcis intellectuels. Ceux qui « voient des fascistes partout » selon lui seraient à écarter… Peut-être pour tenter de les empêcher de faire émerger une certaine réalité, celle de sa collusion avec la droite la plus extrême qui a toujours toutes les excuses à ses yeux. Mais surtout parce que Philippe Argouarc’h — qui n’a jamais milité dans un cadre collectif — se fait ainsi théoricien et porte-parole sans mandat aucun de toute une mouvance qui a publié sur son site en y trouvant une alternative à l’hostilité des médias traditionnels souvent hostiles au fait politique et culturel breton.

Philippe Argouarc’h s’est servi de ce relatif monopole d’être le lieu de publication de toute une mouvance pour y banaliser des idées et des points de vues réactionnaires, y libérer la parole de la droite décomplexée. II l’écrit d’ailleurs pour justifier son choix de ne publier que certains commentaires :

Vous ne pensez quand même pas qu’il existe une presse qui ne soit pas d’opinion ? Tous les médias sont des médias d’opinion y compris Le Monde et même l’AFP et bien sûr la PQR. Tout d’abord dans la sélection des actualités et ensuite dans leur interprétation et le choix des interviewvés (sic) pour AFP par exemple. Toute communication humaine est subjective sauf les papiers scientifiques. Oui ABP est un média d’opinion, on a nullement la fausse prétention d’être généraliste.

Sa proximité avec les idées de haine de ceux qui, comme lui, regrettent la présence massive d’Africains et Arabes en Europe nous amène à souligner combien l’émergence d’Adsav (qui n’a jamais pu se développer comme parti) et l’émergence de l’ABP sont concomitantes entre 2000 et 2004, au moment où la Gauche Indépendantiste subissait une répression féroce et jetait ses forces dans la défense des détenus politiques bretons. Comme cette formation raciste il plaide pour l’union autour du drapeau breton. Rien n’est dû au hasard.

Ce n’est pas par hasard si vous ne trouverez jamais sur l’ABP d’articles relatifs aux mouvements de défense du « Mariage pour tous » en Bretagne ou à la mort de Clément Méric, jeune breton libertaire et antifasciste tué par des militants d’extrême-droite.

Ce n’est pas par hasard que vous n’y lirez pas la moindre évocation des exactions ultra-violentes du « GUD Bretagne » et de son entourage direct à Nantes, qui ont ensanglanté les rues de cette ville ces derniers mois. Exactions commises par un groupe de gens bien identifié et que Philippe Argouarc’h ne voit aucun inconvénient à accueillir dans les manifestations du mouvement pro-réunification.

Ce n’est pas par hasard non plus que Philippe Argouarc’h a assisté à un congrès d’Adsav, le groupuscule nostalgique des années 40, et qu’il a interviewé son porte-parole en 2009, et écrit sans jamais le renier qu’Olier Mordrel (théoricien national-socialiste breton) était un auteur digne d’intérêt.

Ce n’est pas par hasard que tout ce que la Bretagne compte de pseudo-journalistes d’ultra-droite a d’abord commencé à publier sur son site ABP  :

  • Boris Le Lay dans sa période pro-Sioniste pour l’association « Breizh-Israël » sous les pseudonymes de Hervé Bohan et Kevin Ar Meur (source) ;

  • Louis-Benoit Greffe écrivaillon intégriste « pro-life » pour le faux-nez du FN « Breizh Info » sous son propre nom mais aussi celui de Louis Bouveron pour 150 articles sur ABP (source 1 et source 2) ;

  • Marie Duvell signant à l’époque en tant que « chargée de communication » d’Adsav (aujourd’hui plus connue sous le pseudonyme de Melize Danet/Meliz Erre, de son vrai nom Laurence D.).

Ce n’est pas par hasard non plus qu’un militant d’extrême-droite surpris à Nantes l’an dernier à ficher des militants anticapitalistes a pu être présenté complaisamment par Argouarc’h comme « journaliste » en taisant son engagement anti-migrants.

***

Il faut relativiser les forces du média d’Argouarc’h qui semble isolé et démasqué. De son propre aveu ils ne seraient que deux à alimenter le site, et l’attaque nominale contre Gael Roblin ne servirait pour beaucoup qu’à buzzer comme semble s’en réjouir Argouarc’h :

Pratiquement on est que deux à alimenter ABP avec autre chose que l’agenda ou des communiqués. Vous trouvez ça normal ?

Sa violente charge, dont la Gauche Indépendantiste et les militants ostracisés se remettront tant ils en ont vu d’autres, pourrait même se retourner contre lui… les masques sont tombés. Ses outrances verbales dues a son anti-communisme halluciné le font qualifier la placide Union Démocratique Bretonne de groupe d’extrême-gauche, ce qui en fait sourire plus d’un. Sa présence sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, est nulle.

Le temps est aux idées réactionnaires, à l’affirmation décomplexée d’une pensée ultra-libérale et raciste… Beaucoup de médias y concourent, Argouarc’h à son niveau y est un peu parvenu dans une mouvance sociale et culturelle pourtant plutôt hostile à ces postures, l’attribution du collier de l’Hermine, vieille breloque qu’affectionnent les régionalistes, a fini de lui conférer une certaine légitimité militante “bretonne” qui lui fait en réalité cruellement défaut, en tout cas pour ceux qui veulent bien fermer les yeux sur son entregent troublant avec l’appareil politico-militaire français, le complexe militaro-industriel et les caniveaux de l’extrême-droite pétainiste et pro-OAS.

Que les militantes et militants œuvrant à l’émancipation sociale et nationale en Bretagne en tirent les conclusions qui tombent sous le sens en renforçant les médias offensifs, indépendantistes, féministes et anticapitalistes. Un terrain qui, comme on le constate, a trop longtemps été négligé.

Bretagne info.

Mise à jour du 29/10/2017 :

Nous publions comme la loi nous y contraint le droit de réponse de Argouarc’h Philippe.

Nous constatons à sa lecture qu’il ne conteste en rien les proximités dont nous parlons. Nous ne manquerons pas de réagir plus tard sur ce droit de réponse.

Texte du droit de réponse ci-dessous :
————————————–


La biographie publiée par Bretagne-info et non signée est un tissu de mensonges  s’en prenant en particulier à ma famille qui n’a rien àvoir avec mes opinions et mon militantisme en faveur de l’indépendance de la Bretagne.

Je suis indépendantiste depuis l’âge de 12 ans. Mon père m’avait alors donné à lire une histoire de Bretagne que j’avais trouvée passionnante. Je savais déjà à 12 ans que j’étais différent des autres Français de ma classe mais en lisant cette histoire et écoutant les explications de mon père, j’ai commencé à m’intéresser au pays de mes
origines même si une partie de ma famille est vendéenne. Dans les différentes écoles que j’ai fréquentées, j’ai commencé à dévorer tout ce que je trouvais sur la Bretagne et les Bretons, bien sûr les classiques de la littérature française de Marie de France à Chateaubriand et à Renan mais aussi tous les poètes bretons de Brizeux à Corbières. Quand j’avais épuisé la bibliothèque du lycée j’allais à celle de la ville.

Fils de militaire, nous n’habitions pas en Bretagne mais dans des villes de garnisons. La Bretagne devint alors pour moi un pays mythique, une sorte d’eldorado jardin d’Eden objet de fantasmes. Mon premier contact réel avec ce pays imaginé fut un stage de voile aux Glénans que je me suis payé à 18 ans après mon premier boulot comme
aide-cuisinier dans un restaurant.  Après une brève période gauchiste juste après mai 68, en particulier à la Gauche prolétarienne de Nancy où j’étais étudiant, période où j’ai vendu la Cause du Peuple à la porte des restau U, je suis arrivé à Rennes où j’ai commencé à militer dans le mouvement breton mouvance extrême gauche. J’ai commencé à m’intéresser au journalisme et j’ai participé au lancement du journal Gwirionez qui n’a du avoir que deux ou trois numéros tout au plus.
Adepte du terrain, je suis parti à Jersey ramasser les pommes de terre dans le but  de faire un reportage sur les centaines de travailleurs saisonniers bretons qui partaient tous les étés y faire les récoltes.

En tant que Breton j’ai refusé le service militaire mais le certificat fait par le brave docteur GC recommandant qu’on me dispense et basé sur ma personnalité n’y fit pas. Appelé sous les drapeaux en septembre 1972, j’ai déserté trois mois plus tard (1) le 13e régiment d’infanterie de Marine. Dans mon armoire de soldat, j’y avais laissé
une grammaire de Roparz Hémon et un cours de Breton. J’avais en effet commencé les cours par correspondance de Marc’harid Gourlaouenn.

C’est alors qu’a commencé un long exil qui dura de novembre 1972 à août 2001 soit au total quasiment 29 ans, en passant par la Belgique, le Cornwall, l’Irlande, le Canada et finalement les États-unis où je suis resté 24 ans. Mon arrivée aux Etats-Unis sans-papiers en traversant la frontière avec le Canada clandestinement, ainsi que mon
aventure américaine, pourra faire l’objet d’une chronique régulière sur ABP si les lecteurs y trouvent un intérêt. Pour le moment il est important de dire que c’est lors de mon séjour dans la Silicon Valley que je suis vite passé d’un gauchisme puéril et romantique franco-breton au libéralisme entrepreneurial californien qui construisait le monde du futur devant mes yeux et générait des millions d’emplois à travers le monde. Oui Steve Jobs, Sergueï Brin, Larry Page ou même Zuckerberg ont fait plus pour l’humanité que tous les politiques français et américains réunis. Je reviendrai sur la philosophie californienne un autre jour ou dans un autre contexte.

J’ai eu aussi la chance d’être au bon endroit au bon moment car j’ai travaillé sur le premier site web aux Etats-Unis et en fait le deuxième ou troisième au monde, celui du SLAC, du Stanford Linear Accelerator Center, ou j’ai travaillé pendant plus de 7 ans.  Si j’avais été plus commercial ou plus intéressé pour devenir riche,j’aurais pu persister dans les start-ups californiennes dont plusieurs sont devenues des google mais non, je ne suis rentré en France par passion pour la Bretagne et ajouter ma pierre à cette nouvelle Bretagne que nous construisons sur la route d’une indépendance dans une Europe des peuples.

Mon militantisme breton n’a pu reprendre qu’à mon retour en France. J’ai alors rejoint le tout nouveau Parti Breton, un parti indépendantiste de centre droit, devenant un moment secrétaire de la section Ile-de-France et membre du Conseil National.

A mon travail, comme directeur technique du site web de l’International Herald Tribune, et en lisant la PQR, le Ouest France que l’on trouve dans les kiosques parisiens, je suis consterné par le vide des pages régionales consacrées, le plus souvent consacrées aux accidents de la route. J’ai alors réalisé qu’il fallait lancer au plus vite un web-média breton. L’internet, cette invention du “grand satan ou du grand capitalist pig américain”, selon les obédiences islamistes ou gauchistes, offrait des possibilités inattendues.

En octobre 2003, j’ai lancé avec l’aide de Ronan Le Flécher, le webmedia Agence Bretagne presse ou ABP, devenu 14 ans plus tard abp.bzh. Un site consacré uniquement à la Bretagne. A l’époque les blogs et wordpress n’existaient pas. Cela a représenté un sacré boulot, et plusieurs nuits blanches, de mettre tout ça en place.  J’y ai écrit bénévolement 2191 articles presque tous en défense des iintérêts bretons :

https://abp.bzh/monmur-abp.php?name=Philippe%20Argouarch

Pour cause d’incompatibilité avec mes activités dans la presse, j’ai quitté le Parti Breton quelques années plus tard. Je me positionne aujourd’hui comme un indépendantiste breton du centre droit, en fait très proche politiquement d’un Carles Puigdemont en Catalogne.

Philippe Argouarch

(1) Condamné à 15 mois de prison avec sursis pour désertion en 1981 mais dispensé du service militaire pour “soutien de famille”.

            Les élections départementales ont cette année remplacé les élections dîtes « cantonales ». C’était donc un nouveau scrutin, avec l’obligation de présenter deux candidats et deux suppléants à parité sur des cantons redessinés et réduits en nombre. Pour la première fois, l’ensemble des électeurs de tous les cantons était invités à voter le même jour (auparavant les conseillers généraux étaient renouvelés par moitié tous les 3 ans).

            Celà a sans doute permis de limiter l’abstention, qui est cependant restée haute (près de 50 % en Bretagne), surtout si on replace cette élection dans le contexte d’union nationale lié aux attentats terroristes contre Charlie Hebdo. Les médias, le pouvoir central, le gouvernement nous ont littéralement exhorté à aller voter pour sauver la République en agitant le danger FN. Malgré un un certain civisme en Bretagne, c’est une majorité de personnes qui n’est pas allé voter. C’est la principale leçon de ce scrutin.

            BREIZHISTANCE sans candidat à ce scrutin ne donne aucune consigne.

            La Gauche Indépendantiste n’a pas présenté de candidat en raison du constat suivant, dont nous avions fait part à l’UDB suite à son invitation à participer à des candidatures communes : “nous pensons que les élections départementales seront marquées par une très forte abstention particulièrement dans la jeunesse, la classe ouvrière, les zones urbaines…Les partis conservateurs, réactionnaires, néo-fascistes et favorables à l’unité nationale vont donc se tailler la part du lion. Nos forces sont modestes, nous en avons conscience et beaucoup d’entre nous sont dubitatifs quand à l’utilité de dépenser de l’énergie dans des élections qui ne suscitent presque aucun intérêt au sein des masses.

            Nous ne regrettons pas cette analyse. Nous affirmons que le profond détachement des bretonnes et des bretons pour cette institution appelée à disparaitre, s’est traduit par une abstention massive et un nombre important de bulletins nuls et blancs (plus de 5% dans de très nombreuses communes, et jusqu’à 15% à Anetz (44)). Il y a donc, malgré tout, une forte capacité de résistance aux discours “républicains”.

            Quelles leçons pour les forces politiques bretonnes ?

            Bien sur le PS perd du terrain au profit de la droite UMPiste, et le FN poursuit son implantation y compris en Bretagne malgré le caractère folklorique ou polémique de certains de ses candidats. L’absence de remise en cause des principales organisation politiques par rapport à l’abstention et à sa signification leur permet dans l’ensemble de se satisfaire des résultats.

            Nous notons que les candidats UDB ont obtenus des scores en progression, notamment lorsqu’ils sont seuls (11,24% à Rostrenen 6,08% à Vannes-2, 5,28% à Hennebont, 5,25% à Blain). Pour la première fois certains de leurs candidats se refusent à appeller à voter PS au 2eme tour, quand d’autres comme par exemple Mona Bras à Guingamp, ou Yann Syz à Lorient, souhaitent un report de leurs suffrages vers le PS. La contradiction est encore plus grande quand on voit que l’UDB a mené 4 candidatures communes avec le PS dans les Côtes d’Armor. Trois d’entres elles seront présentes au 2nd tour, avec l’opportunité pour l’UDB d’obtenir un ou deux conseillers départementaux. Mais pour quoi faire ? Cette situation inédite va être bien délicate à gérer pour l’UDB candidate avec le PS sur plusieurs cantons des Côtes d’Armor et indépendante jusque dans le second tour à Rennes ou Rostrenen. Pas sûr que celles et ceux ayant prit goût à la cogestion des institutions avec le PS jouent le jeu d’une liste autonome aux territoriales, comme semble le vouloir nombre de ses adhérents

            Les candidats estampillés “Nous Te Ferons Bretagne “ de la mouvance de Christian Troadec, ont quant à eux réalisé des scores très disparates de 3,64% (Guipavas) à 35,56% (Carhaix). Ils ont multiplié les candidatures en Finistère et conforté leur capacité à renforcer leur visibilité dans ce département. On remarque leur absence en IIle-et-Vilaine et une seule candidature en Loire-Atlantique. Comme aux européennes les candidatures NTFB en Centre-Bretagne ont sans doute détourné beaucoup d’électeurs du FN.

            D’anciens membres et sympathisants de la Gauche Indépendantiste étaient aussi candidats à Melesse (35), Lionel Henry 16,66%, et Saint-Herblain 1 (44), Primael Petit, 11,32%, sur des listes de gauche alternatives au PS.

            Le Parti Breton, a priori sans NTFB cette fois, présentait 3 candidats en Morbihan qui réalisent entre 2 et 5% des voix exprimées, pendant que leur président Yves Pelle était candidat avec l’UMP à Rennes (22,76%). Le grand écart est extrême entre le programme présenté par ce dernier et la candidature Deléon à Vannes (2,09%). La stratégie à long terme et vis à vis des territoriales semble rester nébuleuse pour le PB.

            Le constat est qu’aucune des forces politiques , l’UDB mis à part et dans une moindre mesure, se réclamant d’un combat en faveur d’une forme de pouvoir politique breton n’a pu présenter des candidats en nombre suffisant et équilibré sur le territoire breton.

Du coté de l’extreme-gauche … française.

            Le NPA présentait peu de candidats. Notons qu’il atteint tout de même 9% des voix dans le canton de Bégard dans le Trégor avec une tête de liste bien connue dans les luttes sociales : Thierry Perenes, ex- militant du PCML et ex-secrétaire de l’UL CGT de Guingamp que nous avons souvent cotoyé dans les mobilisations pour les prisonniers politiques bretons Le NPA de Carhaix allié avec le Front de Gauche, obtient 16,77% avec la candidature de son conseiller municipal Matthieu Guillemot, à qui nous adressons nos voeux de prompt rétablissement. Les candidatures de militants favorables à l’autodétermination en commun avec le Parti de Gauche (de Carhaix à Saint-Herblain), seront toujours sujettes à doute et caution tant que celui-ci n’éclaircira pas sa position sur les droits politiques du peuple breton. Alors que le candidat nantais du PG, Guy Croupy milite pour l’unité territoriale de la Bretagne, les adhérents du parti de Mélenchon ne trouvent rien d’autres à faire que de mener campagne contre le Gwenn-ha-Du sur les mairies.

            A notre connaissance ces candidats n’ont pas abordé les questions d’évolution institionnelle et d’autodétermination de la Bretagne, si ce n’est celle de la réunification en pays nantais. Les militants du NPA abordent ces questions essentiellement quand nous faisons campagne à leurs côtés.

                        La question institutionnelle n’a pas trouvé d’écho

            Malgré l’actualité de la réforme territoriale et des départements à l’avenir incertain, la question des futures collectivités territoriales a été très peu débattue. L’organisation politique et médiatique française, malgré le déni des principales forces politiques, a d’emblée placé le scrutin en terme d’enjeu national. Cette absence de propositions et de débats sur les enjeux institutionnels et démocratiques locaux s’est retrouvée dans la plupart des propositions de foi. Notamment sur les professions de certains candidats reconnus comme autonomiste ou indépendantiste.

            Les termes d’autonomie régionale, d’Assemblée de Bretagne, de collectivité unique, ne se retrouvent pas forcément dans les programmes des candidats sensés les défendre. Une erreur alors que les formations politiques bretonnes auront la nécessité d’en faire un enjeu lors des éléctions territoriales de la fin d’année. C’est le cas des candidatures de Christian Troadec, de l’UDB ou des candidats de gauche indépendantiste lorsqu’elle est associée au PS ou à EELV, de quasiment toutes les profession de foi EELV, ou du président du Parti Breton Yves Pelle, où ces notions ne sont pas ou peu évoquées, pas plus que l’avenir de la structure départementale.

            Les forces associatives et civiles bretonnes, à l’image de la population, étaient peu investies elles-aussi et ont sans doute contribué à ce que l’enjeu institutionnel soit absent du débat électoral.

            Les militants de la plateforme DIBAB n’ont pas jusqu’à présent organisé suffisamment de votations qui aurait pu localement placer le débat sur l’avenir institutionnel de la Bretagne. 44=Breizh ou Bretagne Réunie se sont limités localement à envoyer un questionnaire aux candidats.

            Bretagne Réunie confirme ses errances intellectuelles et idéologiques en appelant à voter au premier tour pour des candidats FN en Loire-Atlantique présentés comme « vraiment démocrates » sous prétexte d’une réponse positive à leur questionnaire. Alors que les militants d’une Bretagne unie et émancipée se débattent sans cesse contre l’image identitaire et réactionnaire accolée par leurs adversaires, Bretagne réunie met les pieds dans le plat et s’en mord les orteils. Tout aussi étonnant et révélateur est leur errement stratégique. Cette fois, la revendication d’une consultation des électeurs sur la question territoriale est désormais porté par l’association. Ils n’ont pourtant cessé de la combattre lors de la réforme territoriale de 2014, écartant 44=breizh et ses revendications démocratiques de la manifestation du 30 septembre dernier en affirmant que « ce qu’un décret a fait, un décret peu le défaire ».

 

            Multiplier les votations DIBAB d’ici les élections régionales de décembre 2015…

            … sera le seul moyen de porter la revendication institutionnelle. C’est bien celle-ci qui favorisera l’émergence des forces politiques bretonnes et renforcera les capacités d’auto-organisation populaire. A elles d’en prendre la mesure.

            Renforcer les luttes et mobilisations populaires contre les projets d’aéroports ou d’extraction de minerai, contre la répression, contre l’ austérité et la banalisation des idées d’extrême-droite, participer sur le terrain à l’initiative de la plateforme Dibab-Décidez la Bretagne reste pour nous la priorité en termes d’investissement militants et ce sans rien cacher de notre identité politique d’indépendantistes de gauche. Car c’est bien par l’action de masse et la création de ses conditions au quotidien que l’on change le cours de l’histoire, non pas par la seule participation à des scrutins n’ayant de démocratique que le nom.

La gauche Indépendantiste bretonne ( Breizhistance )

80 personnes se sont déplacées le mardi 6 mai à Carhaix pour le premier meeting de la liste “Pour une Europe des peuples et des travailleurs”, soutenue par le NPA et la Gauche Indépendantiste. Nous les en remercions.

Une première marquée par le vibrant hommage de Matthieu à Virginie Prigent subitement disparue.

Gael Roblin, pour la Gauche Indépendantiste, s’est prononcé pour une Europe de l’égalité des droits au sein de laquelle le droit à l’autodétermination et l’intégrité territoriale doivent être respectés, au sein de laquelle la Bretagne doit voir ses institutions se transformer. Il a affirmé avec force la nécessité pour les travailleurs de Bretagne de s’auto-organiser afin de pouvoir enfin décider pour nous mêmes ici en Bretagne.

Sandra Cormier (NPA 44), n°2, a quant à elle présenté la candidature sur notre liste du prisonnier politique Enguerrand Delanous, incarcéré suite à la manifestion du 22 février contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, rappelant notre opposition à ce projet destructeur et notre volonté d’une transition écologique pour l’Europe.

Notre tête de liste, Pierre le Ménahès, a conclu le meeting en pourfendant le modèle économique libéral européen. En rappelant les combats des travailleurs de Florenge, de la Seita,de Gad, de Marine- Harvest et de Doux, il a exorté les travailleurs à construire leurs luttes. Taclant au passage le danger du vote FN, les spéculations bancaires et la politique d’austérité du gouvernement français.

La rédaction de Bretagne-Info publie ci-dessous le discours de Gael Roblin.

           gael roblin

Je suis extrêmement heureux d’être là ce soir aux Halles de Carhaix en votre compagnie, puisque j’y étais déjà venu en 2005 à l’invitation de la LCR locale pour expliquer nos convergences de point de vue pour faire campagne pour le NON au TCE… NON qui fut victorieux mais vous connaissez la suite malheureuse de cette victoire.

Ceci étant déjà rappelé, il est plus facile de commencer à expliquer pourquoi nous nous retrouvons côte à côte aujourd’hui pour cette campagne commune aux élections européennes.

Puisque l’on parle d’élections je rappellerais également que nous avons fait campagne ensemble aux municipales et cantonales de 2008 et 2010 en Loire-Atlantique et en Ille-et-Vilaine.

Mais nous nous sommes surtout côtoyés dans les luttes et dans la rue contre le CPE, contre le projet d’aéroport de Notre-Dame des-Landes, contre l’homophobie, contre le mandat d’arrêt européen et pour les prisonniers politiques, contre la réforme du régime des retraites, contre les licenciements dans l’agroalimentaire en novembre et décembre dernier ici même à Karaez et à Kemper. Et sans doute demain pour la défense des intermittents, des précaires, des réfugiés économiques, pour la défense des droits de femmes… et contre l’austérité comme ce fut déjà le cas à l’occasion du 1er mai dernier.

Quand entre deux courants politiques existent autant de points de convergences, et surtout quand il est clair pour les uns et pour les autres que l’on ne change pas le cours de choses par les élections mais par la construction de vastes mouvement populaires à travers lesquelles les peuples et les travailleurs imposeront par l’action collective un modèle de société anticapitaliste et bien il est clair qu’il faut travailler ensemble pour cette élection.

Voilà pour l’explication, si besoin en était, de notre présence commune sur cette liste dans la circonscription Ouest dans laquelle se retrouve noyée la Bretagne.

Si la Bretagne est noyée dans la circonscription « ouest », le matériel de campagne unitaire défend clairement le droit à l’autodétermination des peuples d’Europe donc le peuple breton et à l’unité territoriale de notre pays. Tout comme il prône clairement le droit à la co-officialité pour la langue bretonne. Des revendications plus que nécessaires au moment où le gouvernement envisage de redécouper les régions sans donner la parole au peuple.

Cela se traduit notamment par la phrase suivante : Nous affirmons que le peuple et les travailleurs de Bretagne (Pays Nantais inclus) doivent pouvoir choisir, en se déterminant librement, un autre modèle institutionnel.

Voilà qui tranche singulièrement avec la posture des autres listes qui se réclament des droits du peuple breton.

En effet nous n’attendons pas du gouvernement central de Manuel Valls qui prépare dans le plus grand secret un bigbang territorial sans consulter les premiers concernés que soudain il satisfasse nos revendications de démocratie locale.

Le fait que plusieurs listes se réclament d’une forme de démocratie locale pour la Bretagne avec un débouché institutionnel que certains nommeront assemblée ou d’autres parlement et veuillent traduire électoralement le slogan de cet automne « Vivre, travailler et décider en Bretagne » témoigne sans aucun doute d’une problématique spécifique à cette partie de la circonscription.

Mais il existe aussi plusieurs façons de se réclamer de ce slogan.

Il y en a qui, comme Christian Guyonvarc’h tête de liste UDB et rapporteur du budget de la majorité PS/PC/UDB au conseil régional de Bretagne, ne trouve rien à redire au fait que le budget de cette institution soit amputée de 22 millions pour financer un projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

A propos de cette formation rappelons qu’à Rennes son élue dans la majorité PS/PC/PRG a lors du premier conseil municipal de cette nouvelle mandature voté (comme certains élus FdG) comme maire pour Nathalie Appéré, également députée et qui a choisi de faire parti des 20 députés qui ont signé l’appel « Courage, avançons ! Souveraineté, crédibilité, responsabilité : pourquoi nous soutenons le gouvernement », initié par Philippe Doucet et qui fait ainsi parti du premier cercle des soutiens du Premier ministre et de son plan d’austérité de 50 milliards d’euros.

Puisque l’on parle de la liste de l’UDB (qui a fait campagne pour le OUI au TCE et qui prétend se battre pour une Europe sociale) rappelons que c’est sur cette liste que l’on trouve Paul Molac député de la circonscription de Ploermel, qui siège dans le groupe écologiste et qui a voté pas une mais deux fois la confiance à Manuel Valls ! La première suite au discours de politique générale du 1er ministre il y a un mois, la deuxième il y a 10 jours lors du vote sur le pacte de responsabilité et ses 50 milliards d’économies. Oui, M. Molac, candidat sur la liste menée par M. Guyonvarc’h soutient le plan d’austérité du gouvernement français, oui M. Molac croit à la nécessité du gel des minimas sociaux pour faire des économies, oui M. Molac préfère par son soutien au 1er ministre s’attaquer à la France d’en bas et non au grand capital ! Ce choix a un nom camarades, c’est le modèle que nous combattons camarades : c’est le libéralisme économique.

Pourtant 11 milliards de ces 50 milliards seront économisés sur le fonctionnement des collectivités territoriale. Cela aura forcément un impact sur les services publics locaux, les subventions aux associations…

Ce ne sont surement pas les 2 milliards du pacte pour la Bretagne d’avenir signé en décembre qui compenseront cette perte.

D’autant que la Bretagne n’est pas une « région adminstrative » privilégiée. Elle est avant-dernière (juste devant Midi-Pyrénées) en termes de dotations de l’Etat par habitant. C’est une collectivité fragile et ce plan va aggraver cette fragilité.

On aimerait savoir en échange de quelle fumeuse promesse un tel soutien est possible…

Nous avons du mal à croire qu’une telle liste avec à sa tête un rapporteur du budget régional, une vice-présidente de Région, et un député si zélé n’ait vu le jour sans la bénédiction bienveillante d’une partie du PS de Bretagne.

Il y a une autre liste menée par un autre Christian, bien connu ici qui se réclame de ce fameux slogan « Vivre, travailler et décider en Bretagne » avec une légitimité certaine. Sur cette liste figure Yves Pelle, président du Parti Breton, qui siège dans le groupe UMP à au conseil municipal à Rennes mené par Monsieur Chavanat. Celui-là même qui s’est illustré par sa proximité avec les opposants au mariage pour tous… pas sur qu’il donne donc le même sens que nous à ce slogan.

Nous ne pensons pas que « Vivre, travailler et décider en Bretagne » puisse se traduire uniquement par la revendication de zone franche, ou une invocation incantatoire de la fin du dumping social. Nous préférons revendiquer un SMIC européen, des systèmes de protection sociale équivalents alignés sur les meilleurs, pour en finir avec la concurrence et le dumping social qui tire tout le monde vers le bas. Nous l’arracherons par la lutte collective.

Puisque nous sommes à Karaez et que j’évoquais les manifestations de novembre et décembre 2013, celles du mouvement des Bonnets Rouges je souhaite redire ce que nous avions porté au sein du Pôle Ouvrier, avec son porte-parole, notre camarade Matthieu Guillemot, lorsque nous défilions avec les salariés de Gad, de Marine Harvest, de Tilly Sabco derrière la banderole « Pour Vivre, travailler et décider en Bretagne interdisons les licenciements » .

Chacun y évoquait la nécessité de la réquisition ouvrière des moyens de productions, voilà qui je l’espère illustrera parfaitement le sens que nous donnons au fait que le peuple et les travailleurs de Bretagne doivent pouvoir choisir, en se déterminant librement, un autre modèle institutionnel.

Pour collectiviser les entreprises bénéficiaires qui licencient alors qu’elles font des profits il faut bien sûr, mettre en place la réquisition ouvrière, mais pour le faire il faut que le peuple travailleur de Bretagne maitrise les outils de productions mais aussi son cadre de vie : la Bretagne.

Alors là oui tous ensemble nous pourrions construire une démocratie locale ou la priorité serait les intérêts du plus grand nombre et non d’une minorité, une démocratie locale ou nous pourrions taxer (par exemple) les résidences secondaires des riches qui sont vides 11 mois sur 12 alors que nous peinons à payer nos loyers et ainsi aider au maintien de l’emploi ouvrier et financer un autre modèle agricole paysan de proximité respectueux de l’environnement.

Les institutions régionales (comme les institutions européennes) actuelles ne servent pas les intérêts du peuple travailleur de Bretagne ni les autres peuples. Le conseil régional de Bretagne a voté une subvention de 22 millions d’euros pour financer le projet contesté d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes mais défendu par le MEDEF 29 il y a encore quelques jours, pour détruire ainsi 2000 hectares de terres agricoles et les livrer à une multinationale.

Si le peuple travailleur de Bretagne contrôlait les institutions locales nous aurions sans doute utilisé cette somme pour maintenir l’emploi ouvrier, en réindustrialisant le site de Marine Harvest par exemple  !

Cela n’a rien à voir avec la logique de mise en concurrence des territoires qui est dans les gènes du plan de décentralisation et de super-métropolisation de Marylise Lebranchu et sans doute dans la réforme territoriale que Valls nous concocte sans nous consulter.

Ces luttes et ces revendications ont un écho local et international : ce sont celles de nos camarades en Ecosse, en Catalogne qui ont imposé par la lutte locale un agenda politique basé sur l’auto-organisation et ainsi tracé la perspective de la construction de démocratie locale au service du plus grand nombre. Oui l’auto-organisation pour changer nos institutions est bien le clivage entre notre liste et celles menées par M. Guyonvarc’h et M. Troadec qui part leurs appels incessants aux dirigeants socialistes des institutions locales, au président de la République, croient encore trouver de l’écho en leur sein pour faire aboutir les légitimes revendications du peuple breton.

Mais aussi par ce que c’est à l’échelle internationale que nous construirons des luttes de masses imposant un autre modèle économique et social et environnemental. A ceux et celles que la perspective de lutte de masses semblent lointaines, je dis : regardez vers l’Etat espagnol ou les mobilisations contre les licenciements, et l’austérité n’ont pas été aussi fortes depuis bien longtemps, regardez vers la Grèce, le Portugal ou la Bosnie même si ce pays européen n’est pas membre de l’UE.

Bientôt, à cause du plan d’austérité de Valls nous serons confrontés dans l’Etat français aux choix de la lutte ou de la résignation.

Pour que l’idée de lutte collective s’impose ici et ailleurs dans la circonscription et partout en Europe : votez et faites voter pour la liste NPA/Breizhistance !

Kredomp stourm, kredomp bezañ trec’h !
Osons lutter, osons vaincre !

Skritell_Affiche_Europa_Europeennes_2014_NPA_Breizhistance

Une vingtaine de personnes se sont réunies hier soir devant la préfecture de Loire-Atlantique à Nantes afin d’affirmer leur solidarité envers l’association Herrira venant en aide aux prisonniers politiques basques et à leurs familles.

Interview d’Ewan Thébaud,
porte-parole “Euskal Herriaren Lagunak Naoned”

Ce rassemblement s’est fait à l’appel du comité nantais de soutien aux prisonniers politiques basques, “Euskal Herriaren Lagunak Naoned”. Appel relayé par la Gauche Indépendantiste/Breizhistance-IS et l’Union Démocratique Bretonne. Il intervient peu après une série d’interpellations qui a frappé le Pays Basque le 30 septembre dernier. Dix-huit membres d’Herrira ont en effet été interpellées dans plusieurs locaux de l’association au Pays Basque sud placeés en garde à vue quatre jours puis libérées sous caution pour certains à hauteur de 20.000 € et soumis à strict contrôle judiciaire.

La situation au Pays Basque paraît pourtant favorable puisque qu’ETA a déclaré un cessez-le-feu depuis bientôt 2 ans. La société civile basque essaye également d’enclencher un processus qui permette à la fois d’apaiser le conflit et d’aller vers plus de droits pour le Pays Basque. Un processus qui se traduit dans les urnes par les scores historiques de la gauche indépendantiste abertzale à toutes les dernières échéances éléctorales. Mais l’Etat Espagnol ne cesse de mettre de l’huile sur le feu en jetant en prison des militants indépendantiste pour leur engagement, en engageant des poursuites à l’encontre d’autres, jusqu’à s’attaquer maintenant à des membres d’une association de soutien telle que Herrira. L’Etat Français n’est pas en reste et le gouvernement PS-EELV témoigne de sa complicité sans faille alors qu’un texte vient d’être co-signé par le Ministre de la Justice espagnole Alberto Ruiz-Gallardón et la Garde des Sceaux Christiane Taubira. Cet accord de coopération qui vise à “renforcer le dispositif de lutte contre le terrorisme” est une fois encore l’expression de la volonté conjointe des Etats espagnols et français de saboter le processus de paix en cours au Pays Basque.

Breizhistance-IS dénonce l’arrestation d’Aurore Martin cette semaine à Mauletar-Mauléon au Pays basque nord, survenue dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen émis en octobre 2010 par un juge madrilène, et reconnu le 21 décembre 2010 par les autorités françaises. Les autorités espagnoles l’accusent d’avoir participé à des conférences de presse et écrit des articles d’opinion au nom de Batasuna, parti de gauche indépendantiste basque interdit dans l’Etat espagnol, mais légal dans l’Etat Français. Cette arrestation survient malgré le processus de paix au Pays Basque, et au moment ou le mouvement abertzale s’affirme comme la deuxième force politique au Pays Basque.

L’Etat français n’a pas extradé une « terroriste » mais bien une opposante politique. En Espagne elle risque la torture et 12 ans de réclusion. Alors que les protestations fusent de toutes parts, nous dénonçons cette extradition que le pouvoir sarkozyste n’avait lui-même pas oser exécuter.

La politique répressive du gouvernement français, et notamment du ministre de l’intérieur Manuel Valls, contre les sans papiers, les opposants politiques ou en ce moment-même à Notre-Dame-des-Landes, est digne de la droite la plus dure. Nous dénonçons fermement les déclarations de ceux qui tout en criminalisant la militante voudrait se réfugier derrière une procédure judiciaire “normale“. Notamment Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère, qui hier dans un communiqué de presse soutenait cette extradition et accusait Aurore Martin de « faits de terrorisme ».

Nous savons que ce proche de Manuel Valls, qui s’était déjà fait remarqué en s’opposant à l’adhésion de la Palestine à l’ONU en 2011, sera en Bretagne ce week-end au Congrès de l’Union Démocratique Bretonne. Nous espérons que les militantes et militants de l’UDB, attachés aux principes démocratiques et aux droits de l’Homme, qui le rencontrerons dimanche, exigerons de lui des explications sur l’arrestation d’Aurore Martin et sur les déclarations de Manuell Valls au journal El Pais suspendant la création d’une collectivité territoriale basque dans l’Etat français au dépôt des armes par l’ETA.

Breizhistance-IS appelle à la vigilance concernant les autres ressortissants basques de l’Etat français visés par le MAE et rappelle que la paix et la démocratie au Pays Basque, s’inscrivent nécessairement dans l’application du droit à l’autodétermination pour l’ensemble de la nation basque de part et d’autre de la frontière franco-espagnole.

Breizhistance est invitée dimanche au Congrès de l’UDB à écouter le député Paul Molac et le président PS de la commission des lois, Jean-Jacques Urvoas. Nous avons fait le choix de rendre notre réponse publique :

Nous vous remercions réellement pour votre invitation au Congrès de l’UDB le dimanche 4 novembre à Mûr de Bretagne. Cependant nous ne nous voyons pas être présents avec vous à écouter un haut représentant du gouvernement PS, alors que celui-ci mène depuis plusieurs semaines une occupation militaire et une répression féroce dans les communes de Notre-Dame-des-Landes et Vigneux-de-Bretagne. Nous trouver là pendant que nos compagnons de lutte se font expulser de leurs maisons et de leurs terres par le pouvoir actuel, que nos militantes et militants sont blessées par les tirs de flashball et de grenades assourdissantes nous paraîtrait indécent.

Nous vous souhaitons un fructueux Congrès et d’enrichissants travaux. Nous sommes toujours prêts à travailler avec l’UDB, notamment en faveur de l’évolution institutionelle de la Bretagne vers le parlementarisme et l’unité territoriale.

En espérant voir le plus grand nombre d’entre vous lors de la manifestation de réoccupation du site prévue pour le projet d’Aéroport du Grand Ouest, le samedi 17 novembre à Notre-Dame-des-Landes.

Pour Breizhistance-IS,

Gael Roblin, en charge des relations extérieures avec les partis politiques.

Breizhistance a nac’h pedadenn  UDB

Pedet eo Breizhistance d’ar sul 4 a viz Du da gendalc’h UDB da selaou ouzh ar c’hannad Paol Molac ha prezidant PS bodad al lezennoù, Jean-Jacques Urvoas. Dibabet hon eus da embann hor respont en un doare foran:

Ho trugarekaat a reomp evit ho pedadenn da gendalc’h UDB d’ar sul 4 a viz Du e Mur. Koulskoude n’omp ket evit bezañ en ho touesk evit selaou un den tost meurbet eus galloud kreiz ar PS  pa ouzer eo ac’hubet douaroù Kernitron Al Lann ha Gwinieg-Breizh gant kantadoù a soudarded , abaoe teir sizhunvezh bremañ, ha flastret spontus ar vanifesterien hag ar re o deus dibabet da vevañ eno. Dizonest e vije deomp kemer perzh en ho kendalc’h pa vez skarzhet hor c’hamaraded stourm deus o zi ha deus o douaroù gant ar gouarnamant, pa vez gloazet izili hor strollad politikel gant tennoù flashball pe grenadez.

Souetiñ a reont deoc’h  ur c’hendalc’h ha labourioù frouezus. Prest e vezomp bepred da genlabourat gant UDB, da gentañ tout evit un emdroadur ensavadurel e Breizh, unavaniñ ar vro ha kaout ur gwir parlamant.

Gant  ma vefed an niverusañ ar gwellañ er vanifestateg evit adac’hubiñ al lec’h raktreset evit  sevel aerborzh Kernitron al Lann, d’ar sadorn 17 a viz Du .

Evit Breizhistance,

Gael Roblin,e-karg eus an darempredoù diavez gant ar strolladoù politikel.