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novembre 10, 2016

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Au regard de l’influence de la guerre de libération Algérienne sur les luttes de libérations nationales dans les années 60 et 70 les miliants indépendantistes bretons porteront une attitude toute particulière à la démarche de Matthieu Rigouste, sociologue et militant anticapitaliste de France  connu pour sa critique radicale de l’institution policière et qui lance l’appel qui suit. Il n’y pas de meilleur hommage au cinéaste breton anticolonialiste et internationaliste René Vautier que celui de faire chauffer votre carte bleue pour permettre au camarade Rigouste de mener à bien son projet et contribuer à écrire ainsi une page d’histoire méconnue du peuple Algérien.

Bretagne Info.

Un seul héros le peuple !
La contre-insurrection mise en échec par le peuple Algérien en décembre 1960

Appel à soutiens, archives, contacts et dons pour faire un documentaire, un site et un livre.

De janvier à septembre 1957, sous l’autorité du général Massu et pour écraser la révolution Algérienne, l’armée française a mené une opération de pacification terrible qu’on a appelé « la bataille d’Alger ». Le « Dispositif de Protection Urbain » (DPU) a consisté entre autres à quadriller militairement la Casbah et à mener une forme de guerre policière dans et contre la population colonisée. Ce protocole de terreur d’Etat a réussi à démanteler largement l’appareil politique du FLN dans Alger, en arrêtant, torturant, emprisonnant ou assassinant un grand nombre de colonisé.es. Considérant que le fellagha était « dans la population comme un poisson dans l’eau », il s’agissait bien de terroriser cette « population ». Et depuis, l’armée française a construit le mythe mondial de son excellence dans l’éradication des ennemis intérieurs. La soit-disant « bataille d’Alger », a servi de modèle pour une application en ville de cette doctrine de la guerre contre-révolutionnaire mise en œuvre en Algérie. Mais elle est devenue aussi le support publicitaire d’une nouvelle industrie militaro-sécuritaire, qui n’a eu de cesse de se développer jusqu’aujourd’hui, et qu’on nomme contre-insurrection.
Sur ce marché mondial, l’industrie française se vante d’être ainsi l’héritière d’une excellence dans le domaine du maintien de l’ordre… depuis la « bataille d’Alger ». C’est même l’un de ses arguments de vente.

Mais on oublie qu’en décembre 1960, à peine trois ans plus tard, les colonisé.e.s se sont soulevé.e.s massivement dans de nombreuses grandes villes d’Algérie. Ils ont débordé cette machine de guerre policière censée avoir écrasé la rébellion.
Alors que le Général de Gaulle entamait un voyage en Algérie pour promouvoir son projet néocolonial de « 3e voie », alors que les pieds-noirs Ultras s’étaient organisés pour un coup d’Etat fasciste instaurant l’apartheid militaire dans une Algérie Française. Ce sont les damnés de la terre qui ont surgi. Les colons et l’armée ont tiré, ils ont tué. Mais des bidonvilles vers les centres et les quartiers des colons, le peuple algérien a continué à se reconnaître en submergeant la contre-insurrection, la ville et l’ordre colonial. Avec les femmes, les enfants, les adolescents et les anciens sur le champ de bataille, les indigènes d’Algérie devenaient un peuple uni et déterminé. Ils prenaient en main la révolution. Et alors que le versant militaire semblait, effectivement, perdu, c’est eux qui ont permis d’emporter le versant politique de la guerre de libération. C’est l’histoire de ce « Dien-Bien-Phu politique de la guerre d’Algérie » que nous allons raconter.

Nous avons besoin de mieux connaître ce moment. Et nous manquons d’une histoire populaire qui restitue la place et le rôle de toutes et tous ces anonymes qui se sont auto-organisé.e.s pour braver la domination impériale et arracher collectivement leur libération.

un-seul-heros

Pour notre mémoire commune et pour nourrir les luttes actuelles, j’ai commencé à enquêter sur cette victoire des opprimé.e.s. Je recherche encore des personnes, notamment des femmes, ayant été présentes en décembre 1960 à Oran, Alger ou dans une autre ville d’Algérie et qui voudraient raconter pour nous laisser leurs souvenirs des soulèvements. Il s’agit d’en faire un livre.
J’espère réaliser aussi un documentaire et un site web qui restituent la masse des sources et des entretiens.
Pour financer ces trois projets, les séjours en Algérie et pouvoir travailler de manière indépendante, il faut aussi de l’argent. Si vous pensez que ce projet est important et qu’il mérite d’être soutenu, merci de le diffuser et de nous aider à alimenter cette caisse d’auto-financement.
Donnons-nous les moyens d’une enquête et d’une écriture autonomes de cette histoire dont la puissance résonne encore jusqu’à nous à travers ces quelques mots.
Un seul héros le peuple !

Mathieu Rigouste

Toutes les infos sur : unseulheroslepeuple.outrenet.com

Collecte d’autofinancement sur :
tilt.com/tilts/un-site-un-film-un-livre-sur-decembre-1960

fb: Un Seul Heros Le Peuple

https://vimeo.com/186261598

A l’occasion de la venue de Liam Ó Ruairc en Bretagne venu pour y présenter son livre « Paix ou Pacification ? L’Irlande du Nord après la défaite de l’IRA » paru aux éditions STOURMOMP, les militants du NPA Finistère ont réalisé cette entrevue avec l’auteur. Nous la republions donc.

Question : Quelles sont les principales thèses défendues par cet ouvrage ?

L’État britannique sort vainqueur du conflit qui l’a opposé à l’IRA durant des années.

Les républicains irlandais acceptent à présent les termes politiques pour la résolution du conflit proposés par leur adversaire depuis 1972.

La souveraineté de l’État britannique (sur les 6 comtés) a été renforcée par les Accords de 1998.

Ces Accords loin d’être un compromis honorable représentent un changement constitutionnel déséquilibré en faveur de l’unionisme. Pour reprendre les mots de Tony Blair, Premier Ministre britannique : « Ces Accords offrent aux unionistes toutes les exigences-clés qu’ils ont formulées depuis la partition il y a 80 ans. »

Si on traduisait la chose en langage syndical, on devrait dire que la direction républicaine a réussi à obtenir une semaine de six jours et une baisse des salaires. Le Sinn Féin déguise son échec stratégique comme une ‘nouvelle phase de la lutte’. C’est un peu comme ce général qui aurait un jour déclaré ‘nous ne reculons pas, nous manœuvrons’.

Mais comme l’a souligné Bernadette Devlin-McAliskey, d’un point de vue républicain le proces- sus de paix ne pouvait être qu’« idéologiquement mauvais et tactiquement stupide » ; vu que son objectif principal était « la dé-militarisation, la dé-radicalisation et la dé-mobilisation du mouvement de résistance » et cela s’est avéré vrai. Non seulement cela représente une défaite pour le républicanisme, mais le Sinn Féin rejoint le système auquel il était opposé.

Ce à quoi le processus a aboutit est au mieux une espèce de version irlandaise du pacte Hitler-Staline plutôt qu’un modèle pour la paix mondiale.

L’ouvrage montre aussi que le ‘processus de paix’ en Irlande du Nord n’est pas seulement politique, mais comprend également un volet économique basé sur l’idée que le néo-libéralisme favorise la paix et la prospérité. Dans ce village Potemkine de la paix néo-libérale qu’est l’Irlande du Nord, l’ouvrage prouve que ceux qui ont été le plus affectés par le conflit ne sont pas ceux qui bénéficient des supposés ‘dividendes de la paix’ et dans beaucoup de cas leur situation sociale et économique s’est détériorée depuis 1998.

Ce qui existe aujourd’hui en Irlande du Nord est un simulacre de paix et pas une paix véritable, car ce n’est pas une paix fondée sur la vérité (l’idée de vérité est vue comme néfaste), la liberté (vu que la domination de l’État britannique a été renforcée) et l’égalité (étant donné que les inégalités sociales et économiques se sont approfondies). C’est pour cela qu’il est préférable de parler de ‘processus de pacification’ au lieu de ‘processus de paix’. Le ‘processus de paix’ ne peut pas même être qualifié de ‘révolution passive’.

Il faut aussi souligner que cet ouvrage critique non la ‘paix’ mais le ‘processus’. Que l’IRA mette fin à ses actions armées est une chose qui peut se comprendre mais le Sinn Féin rejoindre le camp adverse une autre !

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L’ouvrage donne une grande importance au contexte historico-mondial. Pourquoi ?

Il est erroné de voir l’Irlande du Nord comme un problème ‘insulaire’. Il faut voir cette question dans le cadre global de l’impérialisme et des luttes de libération. La résistance irlandaise a été très fortement associée à la montée des mouvements anti-impérialistes et anti-coloniaux. Le ‘processus de paix’ est un symptome de la crise et du déclin de ces mouvements à l’échelle internationale.

Le changement des rapports de force à l’échelle internationale après la chute de ce qu’on appelait le ‘socialisme réellement existant’ a mis les mouvements de libération nationale ‘réellement existants’ et autres forces anti-systémiques dans une position de faiblesse et les force à accepter des termes défavorables. C’est dans ce contexte qu’il faut voir le processus de pacification et ce qui l’a rendu possible. Le ‘processus de paix’ est la version irlandaise de la thèse proclamée par l’idéologue de la Maison Blanche Francis Fukuyama de la ‘fin de l’histoire’.

Comment expliquer que le gros des sympathisants du Sinn Féin et de l’IRA Provisional soient restés loyaux au mouvement et sa direction alors que ceux-ci ont abandonné les principes républicains ?

Le fait d’être loyal au mouvement plutôt qu’à l’idéologie est le facteur décisif. Le vétéran républicain Brendan Hughes rappelait que le mouvement a toujours exploité la loyauté de ses membres. Cela indique la primauté de l’unité organisationnelle sur l’unité autour de principes idéologiques. C’est la version irlandaise de la maxime social-démocrate ‘le mouvement est tout, les principes ne sont rien’.

Un autre point important est que la direction du Sinn Féin et de l’IRA est arrivée à vendre à leur base la dilution de leurs principes en déclarant que ce n’étaient pas des ‘principes’ mais des ‘tactiques’. La confusion délibérée des principes et des tactiques débouche sur une situation ou il n’y a plus aucun principe et tout est juste une ‘tactique’.

En termes de comparaison internationale, le journaliste et politologue Kevin Rafter ne trouve pas d’autre exemple de mouvements politiques qui ont été aussi loin que le Sinn Féin et l’IRA dans la dilution de leurs principes fondamentaux : « Aucun autre parti politique en Europe n’a subi une telle révision radicale de ses principes de base, pas même les anciens partis communistes en Europe centrale et orientale qui se sont transformés en entités sociales démocrates au lendemain de la chute du bloc soviétique » écrit-il dans son livre de 2005 sur le Sinn Féin.

Sur cette base il est possible de déguiser l’opportunisme en ‘pragmatisme’ et ‘réalisme’.

En termes de couverture médiatique ce sont les organisations républicaines voulant poursuivre la lutte armée qui reçoivent le plus d’attention. Que penser de celles-ci ?

Pour utiliser les termes de Gramsci, ces organisations veulent engager une « guerre de mouve- ment » alors que non seulement on n’est pas même capable de se lancer dans une « guerre de position » mais l’heure est à battre en retraite stratégique !

Le dirigeant républicain Brendan Hughes soulignait qu’en Irlande du Nord non seulement les gens en ont marre de la guerre, mais ils en ont marre de la politique tout court. Il n’y a aucun appétit pour la guerre et très peu d’intérêt pour la politique. On vit dans une époque thermidorienne où on assiste à l’atomisation, la dépolitisation, la dé-mobilisation et la dé-radicalisation des acteurs sociaux et politiques. Le capitalisme malheureusement semble l’ horizon indépassable de notre temps.

Ces organisations mènent des actions armées mais n’ont même pas commencé à se lancer dans la bataille des idées. La bataille la plus importante à mener aujourd’hui est la bataille des idées. L’impératif est de forger une « direction intellectuelle et morale » (pour encore emprunter un concept gramscien) et non des actions armées qui ont des effets politiques très réduits.

Cet ouvrage éspère contribuer à cette bataille des idées et offrir un contrepoids à la ‘propa- gande de la paix’ qui domine aujourd’hui le discours sur l’Irlande du Nord. Pour conclure en termes de perspectives: « Pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté »…

Setu un niverenn nevez embannet gant Harz-Labour a zo deuet da vezañ Gwidal adalek an niverenn 13. Ur pennad a  vo kavet diwar-benn Stourm ar panellerezh brezhonek etre 1984 ha 1999 hag ur pennad-kaoz gant Philippe Blanchet (kelenner sokioyezhoniezh e skol-veur Roazhon 2) diwar-benn e levr anvet “Discriminations : combattre la glottophobie”.