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juin 5, 2019

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Après Nantes la semaine dernière, c’est au tour de Rennes ce samedi huit juin de revêtir ses plus beaux habits arc-en-ciel pour célébrer le Pride month. Evénement LGBTI incontournable, les défilés de la Pride sont pour nombre de personnes une occasion festive, une occasion de réjouissances et de visibilités. Cependant, à l’heure où nos droits sont loin d’être acquis, à l’heure où d’autres sont menacés, à l’heure où les personnes LGBTI et notamment les plus précaires (trans, racisé•es, intersexes…) subissent toujours plus de discriminations et d’agressions, il nous apparaît comme essentiel de rappeler un fait historique : la première Pride était une émeute. Il y a tout juste cinquante ans, à Stonewall, éclatait une émeute queer menée par des personnes racisées, trans, et travailleuses du sexe … Il y’a cinquante ans, si la première Pride dansait, c’était au son des briques lancées sur la Police new-yorkaise. Parce que nous en avions assez de voir les luttes LGBTI trop absentes dans la gauche indépendantiste bretonne, comme nous en avions assez de voir les luttes bretonnes dénigrées dans les mouvements militants queers, il y’a un an nous avons fondé le Strollad LGBTI-breizhek dispac’hel (Collectif LGBTI-breton révolutionnaire). Viscéralement queer, féministe, antifasciste, antiraciste, anticapitaliste et indépendantiste, ce collectif a pour but (entre autre) de lier la gauche indépendantiste bretonne et les luttes LGBTI face à son ennemi commun : l’Etat Français et ses milices.

Parce que nous n’envisageons pas la libération bretonne sans la libération de toutes les minorités, nous voyons nombre de convergences entre les luttes de Bretagne et les luttes queer, ne serait-ce qu’a commencer par le droit de décider : la Bretagne doit pouvoir décider pour elle, comme les LGBTI doivent pouvoir décider, sans les entraves racistes, patriarcales, colonialistes et capitalistes imposées par la France. Pour beaucoup, notamment côté français, nos luttes seraient incompatibles. Incompatibles car l’indépendantisme serait symptomatique d’un souhait de retour en arrière, quand la libération queer est par définition progressiste et ne peut donc exister que dans un universalisme français. Peut-être conviendrait-il de rappeler que l’indépendantisme en Bretagne, ce n’est pas forcement restaurer la monarchie, fermer les frontières et jouer du biniou, ou encore que l’universalisme est un impérialisme. Pour d’autres, plutôt du côté breton, les luttes queer seraient secondaires. Pourtant, comment peut-on envisager la libération d’une minorité sans envisager celle de toutes les autres ? Comment envisager une Bretagne libre, qui répéterait les mêmes schémas français que nous rejetons ensemble aujourd’hui ? Dans son hommage à Yann-Fañch Kemener il y’a quelques semaines, Bèrtran Ôbrée le disait très bien : combien de jeunes LGBTI en Bretagne ont fini par rompre avec leur culture, avec leur langue, en partant s’installer dans de grandes villes que ce soit en Bretagne ou en France, pour vivre plus librement ? Ce n’est pas ce que nous voulons, et c’est d’ailleurs un des héritages que nous laisse Yann-Fañch, « les langues et cultures de nos aïeux nous appartiennent à nous aussi, nous pouvons contribuer à leur vitalité. Nous aussi, nous pouvons nous y exprimer ». Nous sommes trans, nous sommes PD, nous sommes gouines, nous sommes breton•nes… Nos identités sont multiples et nous refusons de devoir en laisser ne serait-ce qu’une de côté.

En cette année où se célèbrent tant les cinquante ans des émeutes de Stonewall que la mort d’un monument LGBTI de la culture bretonne, nous appelons à former un cortège de tête militant, à la Pride de Rennes, ainsi qu’un défilé nocturne le soir venu. Plus que jamais, soyons fier•es et libres, faisons entendre nos voix, dans toutes nos langues et nos diversités. Nous vous laissons ci-dessous notre appel. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à nos suivre sur Twitter () où vous trouverez notamment un autre appel, rédigé cette fois avec d’autres collectifs et individu•es de Rennes pour ces projets de cortège de tête et de Pride de nuit.

L’appel en breton, français et gallo :


N’he deus ket anavezet kalz traoù deus hor bro, war-bouez mogerioù louet toull-bac’h ar merc’hed e kalon Roazhon. Marina Bernadó he deus kuitaet toull-bac’h Roazhon evit mont en dro d’he bro : Katalonia. Ar stourmerez gatalan he doa graet he soñj sikour stourm euskariz ETA,  hent ar stourm kuzh he doa tapet  er bloavezh 2001 . Tapet e oa bet e 2006 ha toulbac’het abaoe er stad-c’hall. Kalz deus ar bloavezhioù se he doa kaset betek fin ar sizhun dremenet e toull-bac’h Roazhon . Kadarnaet e oa bet d’an 3 a viz Even gant RESCAT (skoazell d’ar brizonidi Katalan bac’het evit ETA ) e  oa bet lezet da vont dieub goude bezañ tremenet dirak justis bro Spagn ha tremenet un nozvezh e  prizon Soto de Real hepken.

Degemer mat Marina !

An deiz war-lec’h e oa bet degemeret mat Marina gant kamaraded stourm dirak an toull-bac’h hag ur c’hant bennak a dud o doa saludet he distro e Gracià, unan deus karterioù Barcelona, gant forzhig a vannieloù katalan, euskarat , ruz ha mouk. RESCAT bet oberiant evit ar gatalaniz toulbac’het pe heskinet evit o c’hensokazell d’an Euskariz a zegas da soñj e chom Dolores “Lola” López Resina en toull-bac’h c’hoazh er stad-spagn.

En desped d’an arsav-brezel bet diskleriet gant ETA e chom c’hoazh 200 stourmer Euskarad e prizonioù ar stadoù Gall ha Spagn.