Tag

boris le lay

Browsing

Cela fait un an.

Cela fait un an depuis qu’un jeune breton de 18 ans, Erwan, a été laissé pour mort le soir du 7 mai 2017 à Nantes.

Cela fait douze mois depuis qu’Erwan a été violemment agressé à coups de poings, étranglé par des mains gantées, gazé directement dans les yeux, frappé à la tête à l’aide d’une matraque télescopique et de bouteilles en verre.

Cela fait 365 jours depuis qu’Erwan a été lâchement abandonné par ses cinq agresseurs, baignant au sol dans son propre sang et inconscient près de la station de tram Du Chaffault.

Cela fait plus de 8700 heures depuis qu’Erwan a eu ses cervicales fracturées, que son nez a été cassé, qu’il a fait un arrêt cardiaque.

Depuis, Erwan a été plongé dans le coma pendant plusieurs jours. Du sang en quantité importante dans le cerveau. Pronostique vital engagé. Trois mois de corset et de minerve à sa sortie de coma. Des troubles cognitifs persistants. La peur de sortir le soir. Une infirmité permanente. Des séquelles neurologiques à vie.

Les agresseurs d’Erwan appartiennent à la mouvance d’extrême-droite ultraviolente, en l’occurrence le groupuscule « GUD Bretagne » qui s’est depuis auto-dissous. Quatre présumés agresseurs sont arrêtés en juin 2017. La presse révèle alors leurs noms — Joyce Burkart, Tanguy Martin, François Mamès Cosseron de Villenoisy et Antoine Desbas — et leurs profils confirment ainsi l’aspect politique de la tentative d’homicide en réunion. Le cinquième membre de la bande, Matthieu Gaultier de La Richerie, est lui arrêté en septembre 2017, soit 5 mois après les faits…

Des faits de délinquance ultraviolente jamais évoqués sur le blog Breizh Info pourtant très porté sur les chroniques sécuritaires… sans doute un peu beaucoup gêné que des proches aux patronymes bien « bleus blancs rouges » se retrouvent dans la page « justice » des titres de la PQR…

Pourquoi reparler de cette affaire maintenant ?

Il y a quelques semaines, la tombe de l’Abbé Perrot à Scrignac était dégradée et quelques messages antifascistes étaient peints en breton et en français aux abords.

Indignation immédiate d’une partie de l’Emsav (le mouvement breton), notamment dans les milieux catholiques.

Cette campagne d’indignation est bien vite relayée par tous les réseaux que compte l’extrême droite, à savoir le blog Breizh Info de Yann Vallerie et Breiz Atao du multi-récidiviste raciste et antisémite Boris Le Lay, ainsi que leurs relais sur les sites « patriotes français ».

La tentative de récupération — maladroite — ne fonctionnera pas : des catholiques modérés comprendront la manœuvre que tente d’opérer l’extrême droite et se refuseront à cautionner les appels à la vengeance.

Mais la Gauche Indépendantiste Bretonne se retrouve tout de même très vite accusée : on nous reproche de ne pas nous désolidariser d’un acte que nous n’avons ni revendiqué ni commis, et que nous n’approuvons pas ! Gael Roblin précise même au journal Le Poher : « je ne comprends pas qu’on s’en prenne à une tombe. En tant que militant politique, je désapprouve cet acte qui victimise l’extrême droite et qui donne de l’importance à ces groupuscules ». Breiz Atao et Breizh Info et à travers eux toute la mouvance de droite ultra a donc essayé d’exploiter sans succès ce fait divers. Nous reviendrons dans les semaines qui viennent sur le naufrage qu’a été la mobilisation de Scrignac pour la droite ultra qui a réessayé au passage de nous faire croire (en français…) que cet Abbé avait été exécuté en raison de son engagement pour la langue bretonne… Affirmation ridicule…

L’indignation sélective d’un certain mouvement breton

Alors qu’une partie du mouvement breton nous tombe dessus pour nous demander de nous excuser pour un acte que nous n’avons pas commis, nous constatons que l’agression du jeune Erwan est passée complètement inaperçue dans ce même milieu… Malgré de très nombreux articles de la grande presse nantaise. À moins que certains ne veuillent pas voir……

Dans ce qu’on appelle le mouvement breton nous avons pratiquement été les seul·e·s, à la Gauche Indépendantiste, à nous préoccuper publiquement de l’état de santé d’Erwan, à dire que l’extrême droite en Bretagne est un danger permanent et persistant, et à informer régulièrement sur les faits indiquant une certaine porosité assez nouvelle du milieu culturel, politique et médiatique breton avec l’extrême droite.

Contre-attaque

À ceux et celles de ce mouvement breton qui passent leur temps à attaquer la Gauche Indépendantiste pour des motifs futiles, qui nous demandent de nous excuser en permanence, qui nous accusent sans fondements et surtout sans aucune cohérence politique, nous leur demandons de réfléchir simplement aux quelques questions que nous leur soumettons ci-dessous :

  • Comment se fait-il que cet « Emsav » se soucie plus de dégradations sur la tombe d’un Abbé antisémite et proche des milieux collabos assassiné (en temps de guerre) il y a plus de 70 ans plutôt qu’à l’état de santé d’un jeune nantais ?

Erwan est pourtant un jeune breton qui n’aspirait qu’à vivre sa vie normalement… avant qu’il ne croise la route d’une bande de ces 5 sympathisants fascistes. Vu le peu de réaction dans l’Emsav, c’est à croire que l’agression gratuite et ultraviolente d’Erwan n’intéresse pas une partie du mouvement breton. Erwan vit dans un quartier modeste de Nantes avec sa mère qui l’élève seule avec 800 €… Ce mouvement breton n’inclurait donc pas le jeune Erwan dans son projet de société ? Ce mouvement breton préfère nous faire pleurer pour des dégradations stupides sur la tombe d’un vieil Abbé antisémite mort il y a 70 ans plutôt que de parler d’une jeune nantais handicapé à vie suite à une agression fasciste commis par des gens que certains d’entre eux connaissent très bien ?

Pourquoi ces brutes l’ont ils ainsi agressé ? Ils l’ont prit pour un “antifa”, comme son ami lui aussi agressé heureusement moins gravement...c’est ce qu’ils ont admis en garde à vue, garde à vue pendant laquelle certains ont été prolixes sur leur comparses.

Une étudiante en droit militante de l’extrême-droite locale a tenté d’intimider Erwan sur son lit d’hôpital pour lui faire changer sa version. Elle a été jugée et condamnée pour subornation de témoin.

  • Comment se fait-il que cet « Emsav » ne parle pas des liens du blog de Yann Vallerie — Breizh Info — avec Joyce Burkart, l’un des agresseurs présumé d’Erwan ?

Joyce Burkart était pourtant co-listier de Christophe Daniou aux élections législatives de 2012 sur la 1ère circonscription d’Ille-et-Vilaine pour la liste « Jeune Bretagne », dont le porte-parole était… Yann Vallerie ! Christophe Daniou qui aura également été colistier FN à Rennes, membre du Bloc Identitaire et connu pour sa proximité avec les fascistes ultras de Casapound comme le rappelait le collectif antifa rennais dans son dossier.

Beaucoup de personnes continuent encore aujourd’hui à relayer les articles du blog d’extrême-droite Breizh Info malgré nos nombreuses mises en garde. Ou, pire, continuent à donner des interviews à ce média, en nous disant qu’il en vaut bien d’autres… On peut ainsi nommer Yannig Bigouin d’EELV, Gael Fleurent du Parti Breton… Quelle honte…

Mais la bande de Joyce Burkart ce n’est pas seulement celle de jeunes fils de bonnes familles proches du FN qui agressent Erwan, et bien d’autres avant. Car cette bande est mêlée à de nombreux actes racistes à Angers et Nantes. C’est aussi eux qui ont semé le trouble dans une manifestation de triste mémoire de Bretagne Réunie en septembre 2016. Un nombre certains de militants siglés « Yaouankiz Breizh » (sigle cache-sexe de toute la mouvance suprémaciste blanche en Bretagne, d’Adsav au Bloc Identitaire et réutilisé en avril dernier à Scrignac) s’était incrustée dans la manifestation de Bretagne Réunie pour le retour de Nantes en Bretagne et ce avec la bénédiction d’une partie des dirigeants de cette association.

L’infiltration du groupuscule d’extrême-droite “Yaouankiz Breizh” en septembre 2016…

 Un an après cette manifestation honteuse nous rappelions :

Pour autant, cela ne semble pas perturber Bretagne Réunie, l’association organisatrice de la manifestation, qui réaffirme que « la réunification de la Bretagne n’est ni de droite, ni de gauche » et qu’elle « accueillera à Nantes tous les supporters de la Bretagne à 5 », refusant ainsi de condamner l’extrême-droite et la jugeant même bienvenue dans son cortège.

Depuis, nous avons réoccupé la rue pour l’unité territoriale de la Bretagne en 2017 et initié un nouveau cycle de mobilisation pour l’autodétermination, et ce de manière clairement antifasciste.

Les médias de la “réinfosphère” de la droite extrême en Bretagne ou complaisant à leur égard sont de nouveaux exclus des mobilisations suite à notre travail d’information et de veille antifasciste.

Une dernière question, cette mise au point ayant été faite, ces boursouflures d’un certain « mouvement breton ni de droite ni de gauche » vont ils continuer à affirmer que les « extrêmes se rejoignent » ?

Nous connaissons la réponse, c’est oui, ils vont continuer, car ils sont responsables de la banalisation des propos de droite extrême, raciste et xénophobe comme le prouvent ce récit.

En septembre 2016 nous écrivions :

Nous souhaitons que cet épisode honteux permette d’entamer un débat de fond pour remobiliser de larges secteurs du peuple breton en faveur de la réunification et du droit à l’autodétermination, et marginalise définitivement les responsables de l’impasse politique dans laquelle nous nous trouvons, qui resteront marqués à tout jamais de leur complaisance ignoble envers des racistes et des fascistes.

Nous n’oublions rien.

L’extrême-droite menace, frappe et tue comme le savent les familles d’Erwan, de Clément Méric et d’autres bretons tués ou handicapés à vie suite aux exactions fascistes.

Il n’y aura pas de négociation ni de complaisance avec ceux qui leur trouvent des excuses…

À bon entendeur…

Des militants antifascistes et indépendantistes bretons de gauche.

 

Les échanges polémiques sont une très grande tradition des mouvements bretons. Ils peuvent même être salvateurs quand ils permettent de clarifier des positions, de rebattre les cartes des projets politiques respectifs. C’est par exemple les polémiques contre les régionalistes au début du XXe siècle qui ont fait émerger les premiers textes et mouvements indépendantistes bretons, ou encore les poussées polémiques de la gauche dans les années soixante qui ont expulsé les vieux reliquats conceptuels ou militants de la collaboration.

Ces derniers jours, nous avons vu une série d’attaques en règle contre la gauche indépendantiste bretonne depuis l’Agence Bretagne Presse1. Ces attaques sont à bien y regarder pertinentes, non pas sur leur propos, mais sur leurs fonctions. Elles donnent à voir deux mondes qui se regroupent derrière la même idée d’indépendance bretonne, deux choix pour les bretonnes et les bretons qui veulent construire un pays libre. Nous revenons dessus pour que chacun-e puisse véritablement comprendre les routes différentes qu’ouvrent ce combat.

Le centre introuvable

C’est un article de Philippe Argouarc’h qui a lancé la polémique, « Gael Le Rouge, le boulet du mouvement breton », dont l’auteur ne semble pas assumer le propos puisque l’article a été modifié presque une dizaine de fois, même le titre s’est transformé en « Gael Roblin le boulet rouge du mouvement breton ». L’auteur renseigne néanmoins dès la première version sur son idéal indépendantiste, « un peu plus de langue bretonne », « un peu d’autonomie », et surtout « en gardant une économie libérale ». Une vision du monde qui justifie donc facilement tous les hurlements qui suivent contre le concept de lutte de classe. Un phénomène réel que connaissent toutes les personnes salariées et qui est ici rejeté, non pas du fait d’une position nationaliste bas de plafond d’union nationale aux cotés des patrons, mais surtout à cause d’un ralliement complet à l’idéologie capitaliste libérale. Une soumission intellectuelle à ce point puissante que ce modèle économique est définie comme capable de préserver des emplois et l’environnement.

On peut ici très facilement se faire un avis, regardez l’évolution de la France depuis le tournant néo-libéral de 1983, il est difficile d’avoir le sentiment d’être allé vers toujours plus de préservation des emplois et de l’environnement à force de mettre le pays en ordre néo-libéral. Pour les centristes bretons, l’idéal est pourtant toujours accessible. Néanmoins, ce serait la gauche indépendantiste qui s’illusionne dans les idéologies, si occupés que nous sommes à prendre des positions contre le productivisme agricole ou à défendre les homosexuels comme dit Jean Pierre Le Mat2. Dans la droite lignée des Thatcher, Reagan, Macron et autres, pour qui « there is no alternative », car le capitalisme libéral serait le seul système acceptable sur notre terre, la critique des idéologies en soi cache donc toujours une idéologie autre. En partie cachée et donc en partie non assumée, chez nous au moins, nous n’avons pas peur de nos idées.

Ce centrisme introuvable de l’indépendance bretonne donne finalement à voir un idéal tout à fait comparable à l’idéologie française dominante, capitaliste entrepreneuriale start-up, élitiste, anti-féministe, farouchement hostile à la gauche et très permissive face à l’extrême droite. Ce sont les « vrais insoumis » réfractaires à toute idéologie sauf à celles qui les compressent, et qui veulent tout changer pour ne rien changer. Une vision de dirigeants en puissance sans les moyens de l’être, qui d’ailleurs ne s’imaginent la politique que par des mouvements verticaux, des chefs et des décisions d’en haut. D’où le délire, commun d’ailleurs à l’extrême droite, de ramener un mouvement politique à une personne, d’où le “Gael Roblin = la gauche indépendantiste”.

La fausse critique de la violence

Le vieux relent classique de la droite pour attaquer les mouvements d’émancipation est la critique absolue du droit de révolte, et donc de la violence. Les propos contre un caractère supposé intrinsèquement ultra violent de la gauche indépendantiste prennent moult arguments, notamment celui du discours social-démocrate classique que répètent sans cesse les médias et les autorités françaises. Appliqué à la polémique actuelle cela donne : la violence c’est les extrêmes, les extrêmes c’est pareil, les nazis et les antifascistes sont violents, Gael Roblin = Boris Le Lay. Dans ce niveau zéro de l’analyse politique on a par exemple le droit d’être accusé de faire monter le Front National, car selon ABP, s’il y a des émeutes de gauche le FN monte et c’est donc notre faute. Pourtant, la Bretagne est devenue sans conteste une terre d’émeute, même le mouvement breton s’y est mis avec les Bonnets Rouges, et pourtant, c’est en Bretagne que le FN a le plus de mal à s’imposer. Logique ?

Par ailleurs, ces révoltés-mais-pas-trop de l’indépendance critiquent la violence sans pour autant le faire jusqu’au bout, car leur rejet est toujours à la géométrie variable de l’idéologie. Ainsi, on comprend que la violence de la manifestation des Bonnets Rouges de Quimper est bien, que celle du premier FLB – qui n’est pas encore majoritairement à gauche comme il le sera pour la quasi-totalité de son histoire – est bien. A l’inverse, celle des « casseurs » et des FLB-ARB sur tout le reste de leur existence est mal, surtout quand elle attaque un « quasi service social » comme MacDo3.

La critique de la violence est toujours celle d’un camp politique, ici la gauche. Des violences non marquées à gauche seraient pardonnées, et de la même façon la violence de l’État français qui emprisonne, tue, viole et mutile sur son territoire, ses colonies et à l’étranger à longueur de journée, ne semble pas spécialement choquer l’ABP. Le peuple breton subit pourtant comme tout le monde cette violence.

Un discours proche de l’extrême droite

Une proximité maintenant évidente s’est dressée à travers les différents articles de la polémique entre le discours de l’ABP et le discours des extrêmes droites bretonnes, celle d’une lutte à tout prix contre la gauche. Car dans la famille des méchant-e-s gauchistes il y a… Gael Le Rouge bien sûr, mais aussi l’UDB ! Jusqu’à présent il n’y avait pourtant que l’extrême droite pour placer l’UDB dans le camp de l’extrême gauche, car déjà bien trop à gauche pour eux. Comme Boris Le Lay, Breizh Info, Yaouankiz Breizh ou d’autres, l’ABP nous parle maintenant des trotsko-communistes, des marxistes et autres Pol Pot et Staline qui hantent l’Emsav en la personne de l’UDB et de la gauche indépendantiste.

Tous veulent détruire la gauche dans le mouvement breton. Argouarc’h donne d’ailleurs raison aux néo-fascistes de Yaouankiz Breizh sur la manifestation de la réunification de septembre dernier ; pour eux, c’est la faute de l’extrême gauche si elle a été annulée ! D’autres disent pourtant que le cœur du problème n’était pas notre présence, qui est pour le coup traditionnelle dans ce défilé folklorique, mais plutôt l’incruste l’année dernière d’un cortège d’extrême droite qui était une nouveauté historique. Ce que personne ne voulait voir se reproduire, car cette dernière n’est ni la bienvenue en Bretagne, ni la bienvenue dans le mouvement breton. Et cette année encore, c’est la présence annoncée et anticipée de l’extrême droite qui a poussé à l’appel d’un cortège antifasciste. Mais non, pour Argouarc’h et Yaouankiz Breizh, tout cela c’est à cause de l’extrême gauche qui voulait inviter ses copains les casseurs. Il y a clairement maintenant une alliance conceptuelle anti-gauche d’une grande partie des droites et des extrêmes droites bretonnes, peut-être cette alliance deviendra un jour politique !

Comment Argouarc’h ne pourrait-il pas en effet se sentir revigoré auprès des néonazis de Yaouankiz Breizh quand ils s’insurgent contre les « gauchistes de l’Emsav », qu’ils parlent de « l’ultra gauche prétendument bretonne », de « ce marécage de gauchisme», « L’extrême gauche et le terrorisme antifa », « l’hégémonie de l’extrême gauche », et tout ça en un seul communiqué ? Un des derniers articles d’Argouarc’h pourrait d’ailleurs être directement tiré d’un média d’extrême droite bretonne, il fleurte entre la décadence de la civilisation chrétienne, l’islamisation et le danger d’une Bretagne ouverte et solidaire4. A ce rythme là, jusqu’où ira donc monsieur Argouarc’h ?

Une incompréhension catalane et un syndrome français. Cette soudaine poussée de vigueur viriliste de l’ABP contre la gauche indépendantiste se justifie aussi sous l’urgence de l’exemple que devrait nous imposer l’épisode catalan. La vieille rengaine de l’union nationale va de nouveau battre son plein au moment même ou elle devrait se faire pleinement abattre, justement grâce à l’exemple catalan. Il faut dire que ces messieurs ne semblent pas comprendre quelque chose qu’ils n’observent que de loin et dont il est encore bien tôt pour prendre des leçons, si ce n’est celui d’oser transgresser la légalité – mais attention à l’extrémisme… L’union n’est arrivée en Catalogne qu’à un moment décisif d’un long processus, un moment d’union décisif survenu après l’affirmation de multiples forces indépendantistes. Moment décisif qui, de plus, n’est pas tant une simple application politique du droit des peuples à disposer d’eux mêmes par des gouvernants nationalistes en devenir, qu’une « capacité d’une population hétéroclite à s’émanciper des institutions qui la dominent et dont elle ne veut plus »5 comme l’écrivait justement un camarade il y a peu.

Par exemple en Catalogne, sans la puissance de l’extrême gauche tant détestée par l’ABP, les dirigeants nationalistes seraient toujours coincés dans le monde des affaires version Artur Mas et le référendum n’aurait jamais eu lieu, encore moins la déclaration unilatérale d’indépendance. Sans la CUP — gauche indépendantiste qui ose prendre des « positions » sur tout — il n’y aurait pas eu de Puigdemont à la tête de la droite nationaliste et les mobilisations populaires auraient depuis bien longtemps été sacrifiées au profit des négociations avec Madrid sur les questions fiscales. Ce n’est pas seulement la question des impôts qui a radicalisé l’indépendantisme catalan comme le martèlent les médias français et comme le rêvent les breizhous de droite, mais surtout les barrages constitutionnels espagnols aux lois catalanes en général – comme sur la taxation des banques, la spéculation immobilière, l’égalité homme-femme. Dans la vision de l’ABP, la Catalogne n’est donc pas loin d’être extrémiste.

En Catalogne au moins, ils ne rêvent pas de faire un pays libre qui soit à l’image des dirigeants qui les oppriment, car entre l’idéal de la France version Macron et celui de la Bretagne libre version Argouarc’h on se demande bien où est la nuance. C’est ce que la polémique a eu le mérite de nous apprendre. Il y a celles et ceux qui veulent tout changer pour ne rien changer, et il y a la gauche indépendantiste qui ne sépare pas la lutte de libération nationale des combats émancipateurs du genre humain quels qu’ils soient : antifascisme, écologie, féminisme, anticapitalisme sont des luttes pour notre indépendance. A quiconque de choisir ensuite entre une Bretagne libre et une Bretagne des oppressions.

Des militantEs de la Gauche Indépendantiste.


Catégorie faux, sur les approximations récurrentes de Argouarc’h :

La dernière fois que la Gauche indépendantiste bretonne, dont le nom devrait honnêtement être “l’extrême gauche indépendantiste bretonne” a présenté des candidats à des élections, c’était lors des élections européennes de 2014. Aux côtés du Nouveau Parti Anti-capitaliste [NPA] dans la circonscription Ouest, ils n’ont fait que 0,46 % des voix.

Faux, le dernier score – certes pas beaucoup mieux en terme de pourcentages – date des régionales de 2015 et était de 0,62 %. Pour être précis cela faisait donc 7465 voix, donc malgré tout en progression par rapport aux européennes de 2014 ou la liste NPA/Breizhistance avait fait 6461 voix rapportées aux 4 départements de la région administrative. Ce score si faible selon Argouarc’h étant toutefois plus élevé que celui du Parti Breton dont il se réclame et qui avait 0,54 %…

A noter que l’extrême gauche bretonne n’était pas à Quimper ce 2 novembre 2013 pour la grande manifestation des Bonnets rouges qui attira la presse internationale y compris CNN, avec des reportages en Russie et jusqu’en Australie. Elle défilait à Carhaix avec le NPA et la CGT, Europe écologie-Les Verts, le Front de Gauche, le PC dans le cadre d’une contre manifestation appelée par les centrales syndicales parisiennes et dépourvue de toute revendication bretonne.

Faux, le NPA et Breizhistance étaient à la manif de Quimper et de Carhaix, Philippe Poutou était d’ailleurs la seule figure médiatique à défendre face caméra en direct de Quimper la violence légitime de la manifestation. Breizhistance n’a jamais appelé à se rendre à la manifestation de Carhaix en question, mais était présente aux deux manifestations des Bonnets Rouges de Quimper et Carhaix.

« La première fois que la Bretagne fut sous les projecteurs internationaux ce fut suite à l’attentat de Quévert », extrait de la première version de l’article sur Gael Roblin, phrase disparue depuis.

Faux, d’autres attentats ont fait bien plus de bruit à l’international, celui du château de Versailles notamment, sur les installation d’eau à Paris, le Roc’h Tredudon, la centrale de Brennilis, etc.

3. Extrait de la première version supprimée de l’article. On invite monsieur Argouarc’h a aller travailler à Macdo pour prendre la mesure du service social.

 

Militer, ce n’est pas faire le pitre ou faire de l’ironie devant ses détracteurs quand on a cherché la condamnation à force de provocations orales et virtuelles.

Militer, ce n’est pas faire croire que l’on est chef d’une agence de presse en carton sur internet.

Militer, ce n’est pas s’approprier les luttes des autres auxquelles on ne participe pas sans payer soi-même de sa personne.

Militer, ce n’est pas recevoir un collier de breloque, fut-il herminé

Mais militer, ça peut être aussi être au service d’une classe, d’un ordre social et colonial, comme toute sa famille… en l’ayant caché, passé sous silence…

Militer, c’est faire des choix politiques et les assumer. In real life…

Nous verrons comment Argouarc’h Philippe, autoproclamé « rédacteur en chef » de l’Agence Bretagne Presse, assume dans la vraie vie la mise en perspective à laquelle nous allons nous livrer, de son investissement fidèle au service du colonialisme français, de l’impérialisme et du capitalisme.

Nous verrons aussi par la suite comment assument ceux et celles qui prétendent porter dans leurs actions culturelles, politiques, associatives ou syndicales un projet émancipateur en Bretagne, le fait d’avoir été bernés pendant des années par un individu qui a tu son passé, ses véritables opinions, son entourage politique immédiat.

Nous leur demandons de se poser la question suivante :

« Est-ce que des républicains Irlandais auraient confiés leurs communication virtuelle à un serviteur de la couronne royale dont la famille serait liée au complexe militaro-industriel Britannique ? »

ou alors celle ci :

« Est-ce que des indépendantistes Catalans auraient mis leur médias entre les mains d’une famille liée à la Garde Civile Espagnole et nostalgique de la Grande Espagne et du Franquisme ? ».

C’est pourtant ce que ceux et celles qui ont publié sur l’ABP et défendu son unique rédacteur en chef ont fait ici en Bretagne.

***

A l’origine de l’ABP et sur la biographie de son fondateur.

D’après Wikipédia, « lAgence Bretagne Presse (ABP) a été créée en octobre 2003 par Philippe Argouarch et Ronan Le Flécher. L’idée originale et la réalisation technique reviennent à Philippe Argouarch. ABP est devenu un projet collectif à la fois un agrégateur de communiqués émanant de la société civile et un média de presse dans lequel écrivent plusieurs chroniqueurs aux points de vue variés et qui analysent la politique un peu comme un hebdomadaire. À l’occasion, des reportages sont publiés, principalement sur des manifestations publiques concernant la Bretagne » .

Ce point ne nous paraît pas contestable. Mais cet article ne dit pas que Argouarc’h était un parfait inconnu en Bretagne, dans les milieux autonomistes ou indépendantistes, avant le début des années 2000. Et pour cause, il vivait et travaillait aux États-Unis (il a gardé la nationalité étasunienne) au service notamment de la Wells Fargo Bank, troisième banque de cet état.

Certains prétendent que Argouarc’h a fui aux États-Unis pour échapper au service militaire. Il faut dire que son père était militaire de carrière et gradé dans l’armée française et a servi en Indochine et en Algérie…

C’est à cet environnement familial qu’il faut s’intéresser.

Son père sera arrêté car proche des officiers putschistes pro-Algérie française. Pour comprendre combien le Philippe Argouarc’h adulte a du mal avec la vérité historique sur la présence française en Algérie et trouve des excuses à l’inexcusable, laissons lui la parole :

J’ai vécu cette guerre de 1959 à l’été 1961, de 10 à 12 ans. Mon père commandait un camp qui faisait partie d’un vaste programme de pacification qui comportait entre autres des “opérations psychologiques”. Il s’agissait de transformer les Algériens ramassés dans des zones rurales, et d’en faire de bons citoyens français. Les stages duraient je crois six mois, nourris logés, et je ne me souviens plus s’ils étaient forcés ou pas mais c’était de toute évidence dur de s’en échapper car le camp était au beau milieu du camp de plusieurs régiments de la Légion étrangère à Zéralda.

Vous avez bien lu « Je ne me souviens plus si ils étaient forcés ou pas »… Donc l’internement n’était pas forcé et les sinistres opérations psychologiques deviennent des « stages de 6 mois nourris, logés »… Que l’enfant n’ait pas perçu la cruauté de l’œuvre coloniale est plausible, mais c’est Philippe Argouarc’h adulte qui a écrit ces lignes. Voila comment ce directeur d’« agence de presse » présente les faits (source).

Un des frères de Philippe s’appelle Jean-Paul Argouarc’h et c’est lui le frère ainé dont parle Philippe dans sa chronique. Ce n’est pas lui faire injure de dire qu’il est resté jusqu’à nos jours pro-Algérie Française. C’est à lui de parler :

Je revois ma famille sur les hauteurs de Birmandreis, je suis l’aîné d’une famille de neuf enfants. Et puis nos espérances, les barricades, le putsch. Tous les soirs c’était la prière en famille pour que l’Algérie reste française, c’était la prière de l’Algérie chrétienne et aussi celle de nombreux musulmans. Nous étions dans l’espérance, on attendait un miracle ! (source)

C’est ce que l’on appelle une famille « catho tradi » d’extrême-droite colonialiste.

Manifestation anti “Mariage pour tous” de Jean-Paul Argouarc’h, frère de Philippe… (Paris, 1er avril 2013, source)

Ce frère qui est ecclésiastique revendique haut et fort cette identité politique et nous vous invitons à lire ses désopilantes aventures par ici. Car pour nous il ne s’agit pas de prouver que Philippe est un « fasciste » (nous ne le pensons pas) par l’engagement de ses frères ou sœur, nous souhaitons simplement souligner combien sa lecture de l’histoire coloniale est indulgente avec la France et l’on comprend mieux, au regard du parcours de ses frères et de sa sœur (Adélaïde — active dans la librairie virtuelle d’extrême-droite de Chiré — et ses autres frères hauts-gradés ou gestionnaires de contrats et de marchés publics auprès du Ministère de la Défense), pourquoi Philippe n’attaquera jamais l’extrême-droite avec la même vigueur qu’il cassera (verbalement) du gauchiste.

Les deux “œuvres” du Révérend Père Jean-Paul Argouarc’h…

Redonnons la parole à Philippe Argouarc’h sur ses années de petit colon en Algérie :

La mixité des communautés n’existait qu’à l’école et j’y ai vécu des bagarres qui vous restent toute votre vie et en particulier un coup de têtes (au pluriel car le coup fut mutuel) qui m’a quasi assommé. La violence était partout et oui, j’ai joui quand, quelques jours plus tard, l’instituteur a jeté cet Algérien au sol devant toute la classe pour avoir apporté à l’école un jeu de cartes porno.

Donc Philippe Argouarc’h avoue avoir « joui » devant une scène de violence sur mineur. C’est troublant. Et contrairement à lui, nous n’avons pas eu recours à des méthodes calomniantes ou à des ragots invérifiables pour souligner son rapport à la violence.

Philippe Argouarc’h au temps (béni ?) de l’Algérie “française”… (source)

Et, décidément, de ses années Algériennes, Argouarc’h n’arrive pas à s’en défaire et il en tire les conclusions suivantes, très clairement hostiles à la présence d’immigrants nord-africains dans l’Hexagone :

Ce que je pense aujourd’hui ? La France n’aurait jamais du débarquer en Afrique. Les Africains n’auraient dû venir travailler chez nous que sous des contrats à durées déterminées. Le prix des voitures et le prix des repas au restaurant auraient été un peu plus chers et on aurait perdu encore plus de marchés industriels mais on n’aurait pas d’attentats terroristes aujourd’hui qui, de toutes façons, vont encore coûter plus cher à l’économie. Personne n’investit dans un pays où les gens peuvent se faire égorger chez eux ou se faire descendre comme des lapins à la terrasse des cafés ou à un concert.

Un extrait de texte éclairant encore une fois car il s’y positionne comme bon français (cf : « chez nous ») et surtout on notera le subtil raccourcit digne d’un militant du FN : attentats islamistes = musulmans = immigration.

Car Philippe Argouarc’h, qui combat l’influence des rouges dans le mouvement culturel et politique breton, comme son papa jadis en Algérie (mais lui, uniquement sur internet…), ne se positionne jamais en faveur de l’indépendance de la Bretagne, son projet régionaliste se trouve résumé ainsi sous sa propre plume :

Le Breton lambda, qui, les sondages le montrent, aimerait bien un peu d’autonomie, un peu plus de langue bretonne et la réunification de la Bretagne historique tout en gardant une économie libérale génératrice d’emplois loin de toute aventure.

C’est du régionalisme clairement pro-libéral et anti-indépendantiste.

En 2009 déjà, la Gauche Indépendantiste soulignait la double langage et la proximité de Philippe Argouarc’h avec l’extrême-droite, ce qui amenait logiquement un certains nombres de contributeurs à prendre leur distance avec lui et son site. Il ne nous l’a jamais pardonné. C’est une motivation importante à sa hargne contre nous.

Nous remarquons aussi que sa dernière attaque visant nommément un de nos militants intervient comme par hasard après que le groupuscule islamophobe Adsav ait également appelé à mettre à l’index ce militant. Convergence d’initiatives délatrices pour le moins éloquentes. Les deux rageant de n’avoir pu défiler dans Nantes le 30 septembre dernier.

Argouarc’h utilise la même rhétorique anti-casseurs que l’extrême-droite (jamais contre la FNSEA…) en écrivant :

Si la Bretagne veut avancer, il faudra que le mouvement soit unitaire, pacifiste et démocratique, à l’image des mouvements nationaux catalan, écossais et aujourd’hui corse. Il devra écarter vigoureusement tous les boulets, tous les saboteurs, les provocateurs, les casseurs de distributeurs de billets et de vitrines qui surgissent de nulle part lors de manifestations à Rennes ou à Nantes et écarter tous ceux qui voient des fascistes partout. Il nous faut être intolérant avec les intolérants et les extrémistes car il n’y a que comme cela que nous ferons l’unité et il n’y a que comme cela que nous pourrons avancer.

Cet appel pathétique dirigé contre Gael Roblin, à qui se résume d’après Argouarc’h la Gauche Indépendantiste Bretonne, en dit long sur ses raccourcis intellectuels. Ceux qui « voient des fascistes partout » selon lui seraient à écarter… Peut-être pour tenter de les empêcher de faire émerger une certaine réalité, celle de sa collusion avec la droite la plus extrême qui a toujours toutes les excuses à ses yeux. Mais surtout parce que Philippe Argouarc’h — qui n’a jamais milité dans un cadre collectif — se fait ainsi théoricien et porte-parole sans mandat aucun de toute une mouvance qui a publié sur son site en y trouvant une alternative à l’hostilité des médias traditionnels souvent hostiles au fait politique et culturel breton.

Philippe Argouarc’h s’est servi de ce relatif monopole d’être le lieu de publication de toute une mouvance pour y banaliser des idées et des points de vues réactionnaires, y libérer la parole de la droite décomplexée. II l’écrit d’ailleurs pour justifier son choix de ne publier que certains commentaires :

Vous ne pensez quand même pas qu’il existe une presse qui ne soit pas d’opinion ? Tous les médias sont des médias d’opinion y compris Le Monde et même l’AFP et bien sûr la PQR. Tout d’abord dans la sélection des actualités et ensuite dans leur interprétation et le choix des interviewvés (sic) pour AFP par exemple. Toute communication humaine est subjective sauf les papiers scientifiques. Oui ABP est un média d’opinion, on a nullement la fausse prétention d’être généraliste.

Sa proximité avec les idées de haine de ceux qui, comme lui, regrettent la présence massive d’Africains et Arabes en Europe nous amène à souligner combien l’émergence d’Adsav (qui n’a jamais pu se développer comme parti) et l’émergence de l’ABP sont concomitantes entre 2000 et 2004, au moment où la Gauche Indépendantiste subissait une répression féroce et jetait ses forces dans la défense des détenus politiques bretons. Comme cette formation raciste il plaide pour l’union autour du drapeau breton. Rien n’est dû au hasard.

Ce n’est pas par hasard si vous ne trouverez jamais sur l’ABP d’articles relatifs aux mouvements de défense du « Mariage pour tous » en Bretagne ou à la mort de Clément Méric, jeune breton libertaire et antifasciste tué par des militants d’extrême-droite.

Ce n’est pas par hasard que vous n’y lirez pas la moindre évocation des exactions ultra-violentes du « GUD Bretagne » et de son entourage direct à Nantes, qui ont ensanglanté les rues de cette ville ces derniers mois. Exactions commises par un groupe de gens bien identifié et que Philippe Argouarc’h ne voit aucun inconvénient à accueillir dans les manifestations du mouvement pro-réunification.

Ce n’est pas par hasard non plus que Philippe Argouarc’h a assisté à un congrès d’Adsav, le groupuscule nostalgique des années 40, et qu’il a interviewé son porte-parole en 2009, et écrit sans jamais le renier qu’Olier Mordrel (théoricien national-socialiste breton) était un auteur digne d’intérêt.

Ce n’est pas par hasard que tout ce que la Bretagne compte de pseudo-journalistes d’ultra-droite a d’abord commencé à publier sur son site ABP  :

  • Boris Le Lay dans sa période pro-Sioniste pour l’association « Breizh-Israël » sous les pseudonymes de Hervé Bohan et Kevin Ar Meur (source) ;

  • Louis-Benoit Greffe écrivaillon intégriste « pro-life » pour le faux-nez du FN « Breizh Info » sous son propre nom mais aussi celui de Louis Bouveron pour 150 articles sur ABP (source 1 et source 2) ;

  • Marie Duvell signant à l’époque en tant que « chargée de communication » d’Adsav (aujourd’hui plus connue sous le pseudonyme de Melize Danet/Meliz Erre, de son vrai nom Laurence D.).

Ce n’est pas par hasard non plus qu’un militant d’extrême-droite surpris à Nantes l’an dernier à ficher des militants anticapitalistes a pu être présenté complaisamment par Argouarc’h comme « journaliste » en taisant son engagement anti-migrants.

***

Il faut relativiser les forces du média d’Argouarc’h qui semble isolé et démasqué. De son propre aveu ils ne seraient que deux à alimenter le site, et l’attaque nominale contre Gael Roblin ne servirait pour beaucoup qu’à buzzer comme semble s’en réjouir Argouarc’h :

Pratiquement on est que deux à alimenter ABP avec autre chose que l’agenda ou des communiqués. Vous trouvez ça normal ?

Sa violente charge, dont la Gauche Indépendantiste et les militants ostracisés se remettront tant ils en ont vu d’autres, pourrait même se retourner contre lui… les masques sont tombés. Ses outrances verbales dues a son anti-communisme halluciné le font qualifier la placide Union Démocratique Bretonne de groupe d’extrême-gauche, ce qui en fait sourire plus d’un. Sa présence sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, est nulle.

Le temps est aux idées réactionnaires, à l’affirmation décomplexée d’une pensée ultra-libérale et raciste… Beaucoup de médias y concourent, Argouarc’h à son niveau y est un peu parvenu dans une mouvance sociale et culturelle pourtant plutôt hostile à ces postures, l’attribution du collier de l’Hermine, vieille breloque qu’affectionnent les régionalistes, a fini de lui conférer une certaine légitimité militante “bretonne” qui lui fait en réalité cruellement défaut, en tout cas pour ceux qui veulent bien fermer les yeux sur son entregent troublant avec l’appareil politico-militaire français, le complexe militaro-industriel et les caniveaux de l’extrême-droite pétainiste et pro-OAS.

Que les militantes et militants œuvrant à l’émancipation sociale et nationale en Bretagne en tirent les conclusions qui tombent sous le sens en renforçant les médias offensifs, indépendantistes, féministes et anticapitalistes. Un terrain qui, comme on le constate, a trop longtemps été négligé.

Bretagne info.

Mise à jour du 29/10/2017 :

Nous publions comme la loi nous y contraint le droit de réponse de Argouarc’h Philippe.

Nous constatons à sa lecture qu’il ne conteste en rien les proximités dont nous parlons. Nous ne manquerons pas de réagir plus tard sur ce droit de réponse.

Texte du droit de réponse ci-dessous :
————————————–


La biographie publiée par Bretagne-info et non signée est un tissu de mensonges  s’en prenant en particulier à ma famille qui n’a rien àvoir avec mes opinions et mon militantisme en faveur de l’indépendance de la Bretagne.

Je suis indépendantiste depuis l’âge de 12 ans. Mon père m’avait alors donné à lire une histoire de Bretagne que j’avais trouvée passionnante. Je savais déjà à 12 ans que j’étais différent des autres Français de ma classe mais en lisant cette histoire et écoutant les explications de mon père, j’ai commencé à m’intéresser au pays de mes
origines même si une partie de ma famille est vendéenne. Dans les différentes écoles que j’ai fréquentées, j’ai commencé à dévorer tout ce que je trouvais sur la Bretagne et les Bretons, bien sûr les classiques de la littérature française de Marie de France à Chateaubriand et à Renan mais aussi tous les poètes bretons de Brizeux à Corbières. Quand j’avais épuisé la bibliothèque du lycée j’allais à celle de la ville.

Fils de militaire, nous n’habitions pas en Bretagne mais dans des villes de garnisons. La Bretagne devint alors pour moi un pays mythique, une sorte d’eldorado jardin d’Eden objet de fantasmes. Mon premier contact réel avec ce pays imaginé fut un stage de voile aux Glénans que je me suis payé à 18 ans après mon premier boulot comme
aide-cuisinier dans un restaurant.  Après une brève période gauchiste juste après mai 68, en particulier à la Gauche prolétarienne de Nancy où j’étais étudiant, période où j’ai vendu la Cause du Peuple à la porte des restau U, je suis arrivé à Rennes où j’ai commencé à militer dans le mouvement breton mouvance extrême gauche. J’ai commencé à m’intéresser au journalisme et j’ai participé au lancement du journal Gwirionez qui n’a du avoir que deux ou trois numéros tout au plus.
Adepte du terrain, je suis parti à Jersey ramasser les pommes de terre dans le but  de faire un reportage sur les centaines de travailleurs saisonniers bretons qui partaient tous les étés y faire les récoltes.

En tant que Breton j’ai refusé le service militaire mais le certificat fait par le brave docteur GC recommandant qu’on me dispense et basé sur ma personnalité n’y fit pas. Appelé sous les drapeaux en septembre 1972, j’ai déserté trois mois plus tard (1) le 13e régiment d’infanterie de Marine. Dans mon armoire de soldat, j’y avais laissé
une grammaire de Roparz Hémon et un cours de Breton. J’avais en effet commencé les cours par correspondance de Marc’harid Gourlaouenn.

C’est alors qu’a commencé un long exil qui dura de novembre 1972 à août 2001 soit au total quasiment 29 ans, en passant par la Belgique, le Cornwall, l’Irlande, le Canada et finalement les États-unis où je suis resté 24 ans. Mon arrivée aux Etats-Unis sans-papiers en traversant la frontière avec le Canada clandestinement, ainsi que mon
aventure américaine, pourra faire l’objet d’une chronique régulière sur ABP si les lecteurs y trouvent un intérêt. Pour le moment il est important de dire que c’est lors de mon séjour dans la Silicon Valley que je suis vite passé d’un gauchisme puéril et romantique franco-breton au libéralisme entrepreneurial californien qui construisait le monde du futur devant mes yeux et générait des millions d’emplois à travers le monde. Oui Steve Jobs, Sergueï Brin, Larry Page ou même Zuckerberg ont fait plus pour l’humanité que tous les politiques français et américains réunis. Je reviendrai sur la philosophie californienne un autre jour ou dans un autre contexte.

J’ai eu aussi la chance d’être au bon endroit au bon moment car j’ai travaillé sur le premier site web aux Etats-Unis et en fait le deuxième ou troisième au monde, celui du SLAC, du Stanford Linear Accelerator Center, ou j’ai travaillé pendant plus de 7 ans.  Si j’avais été plus commercial ou plus intéressé pour devenir riche,j’aurais pu persister dans les start-ups californiennes dont plusieurs sont devenues des google mais non, je ne suis rentré en France par passion pour la Bretagne et ajouter ma pierre à cette nouvelle Bretagne que nous construisons sur la route d’une indépendance dans une Europe des peuples.

Mon militantisme breton n’a pu reprendre qu’à mon retour en France. J’ai alors rejoint le tout nouveau Parti Breton, un parti indépendantiste de centre droit, devenant un moment secrétaire de la section Ile-de-France et membre du Conseil National.

A mon travail, comme directeur technique du site web de l’International Herald Tribune, et en lisant la PQR, le Ouest France que l’on trouve dans les kiosques parisiens, je suis consterné par le vide des pages régionales consacrées, le plus souvent consacrées aux accidents de la route. J’ai alors réalisé qu’il fallait lancer au plus vite un web-média breton. L’internet, cette invention du “grand satan ou du grand capitalist pig américain”, selon les obédiences islamistes ou gauchistes, offrait des possibilités inattendues.

En octobre 2003, j’ai lancé avec l’aide de Ronan Le Flécher, le webmedia Agence Bretagne presse ou ABP, devenu 14 ans plus tard abp.bzh. Un site consacré uniquement à la Bretagne. A l’époque les blogs et wordpress n’existaient pas. Cela a représenté un sacré boulot, et plusieurs nuits blanches, de mettre tout ça en place.  J’y ai écrit bénévolement 2191 articles presque tous en défense des iintérêts bretons :

https://abp.bzh/monmur-abp.php?name=Philippe%20Argouarch

Pour cause d’incompatibilité avec mes activités dans la presse, j’ai quitté le Parti Breton quelques années plus tard. Je me positionne aujourd’hui comme un indépendantiste breton du centre droit, en fait très proche politiquement d’un Carles Puigdemont en Catalogne.

Philippe Argouarch

(1) Condamné à 15 mois de prison avec sursis pour désertion en 1981 mais dispensé du service militaire pour “soutien de famille”.

Le 30 septembre prochain défilera à Nantes la traditionnelle manifestation pour la réunification de la Bretagne. L’an dernier, celle-ci avait été l’occasion pour une centaine de militants d’extrême-droite de défiler impunément dans les rues de Nantes en scandant des slogans racistes.

Depuis, ces mêmes militants néo-nazis ont tabassés un jeune homme de 18 ans le soir du second tour des présidentielles, le laissant pour mort, et ont été inculpés pour diverses agressions racistes à Angers et à Nantes.

Pour autant, cela ne semble pas perturber Bretagne Réunie, l’association organisatrice de la manifestation, qui réaffirme que « la réunification de la Bretagne n’est ni de droite, ni de gauche »  et qu’elle « accueillera à Nantes tous les supporters de la Bretagne à 5 », refusant ainsi de condamner l’extrême-droite et la jugeant même bienvenue dans son cortège.

Yaouankiz Breizh, la même organisation qui menait le défilé de l’extrême-droite l’an passé, a d’ors et déjà appelé à contrer le cortège anticapitaliste le 30 septembre. Les récents événements de Charlottesville aux États-Unis, où une militante antifasciste a été assassinée par un néo-nazi, rappellent la dangerosité de laisser des fascistes défiler. La Bretagne est une terre de luttes et de résistances. Il donc impensable que la manifestation pour la réunification de la Bretagne soit encore une fois l’occasion pour les groupuscules les plus radicaux de l’extrême droite violente de venir parader dans les rues de Nantes.

Afin de rappeler à l’extrême-droite qu’elle n’est pas la bienvenue dans nos rues, nous appelons à former un cortège antifasciste, féministe et anticapitaliste le 30 septembre à 15h, place de la Petite Hollande.

Nantes, le 14 septembre,

Les différents groupes organisateurs du cortège anticapitaliste.

Quelques sources sur les innombrables agressions commises

par l’extrême droite à Nantes :

Octobre 2014 : 2 matons qui partaient de la manifestation bretonne font des saluts nazis dans le tramway à Nantes.

http://www.presseocean.fr/actualite/nantes-prison-avec-sursis-apres-les-saluts-nazis-15-10-2014-132157

Novembre 2015 : « Nantes. Deux cocktails Molotov jetés dans le squat des migrants »

http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/incendie-criminel-deux-cocktails-molotov-dans-le-squat-des-migrants-3825345

Juin 2017 : 4 militants du GUD arrêtés pour un tentative d’homicide contre des adolescents à Nantes :

http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/agression-du-chaffault-les-quatre-suspects-ont-ete-ecroues-5084218

Août 2017 : « Extrême droite. Entre Nantes et Angers, un long feuilleton de violences racistes »

http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/angers-49000/entre-nantes-et-angers-un-long-feuilleton-de-violences-racistes-5214967

Septembre 2017 : « Nantes L’étudiant d’extrême droite soupçonné d’avoir commis d’autres violences »

https://www.presseocean.fr/actualite/nantesletudiant-dextreme-droite-soupconne-davoir-commis-dautres-violences-08-09-2017-244626

La récente ouverture à Guingamp d’un estaminet par un militant d’extrême-droite venu de Quintin continue de susciter un certain émoi dans la sous-préfecture des Côtes d’Armor. Le samedi 10 juin, environ 60 personnes ont défilé dans cette même ville pour rendre hommage à Clément Méric, jeune breton libertaire mort sous les coups de fascistes à Paris il y a quatre ans.

A cette occasion, la presse locale a du rendre compte de la présence en ville de l’établissement “Bro Gozh” situé place St-Michel à Guingamp et évoqué (un peu) les opinions pour le moins radicalement racistes et fascistes de son tenancier Jerome Ecobichon Bannier. En effet la manifestation s’est rendue devant l’établissement. En amont, plusieurs individus identifiés comme faisant partie de la petite mouvance “ultra” locale ont tenté de s’en prendre au cortège antifasciste. Cela donne une idée du fait que la seule présence de cet estaminet nostalgique des années 30 servira de point de fixation à l’extrême-droite  qu’elle soit locale ou de passage en manque de castagne et de victimes.

Le compte rendu complet de la manif est à lire là et il a été écrit par des membres de Nuit Debout Lannion.

Une affaire familiale :

Nous souhaitons pour notre part mettre les choses au point et démasquer définitivement celui que son frère Anthony (co-gérant comme la maman, voir image plus haut) présente comme “un peu plus à droite que lui” mais pas du tout fasciste.

Tout d’abord cet individu n’est connu dans aucune formation indépendantiste ou autonomiste Bretonne, qui rappelons le rejettent catégoriquement la xénophobie et développent une vision inclusive de l’identité bretonne. Et évidement il ne parle pas breton…

Un de ses murs Facebook nous permet d’en savoir plus sur sa vision ethniste de la Bretagne puisqu’il ne semble pas supporter que l’association Bretagne 5/5 qui œuvre pour l’unité territoriale de la Bretagne aie un logo mettant en avant la diversité d’origine de la population bretonne actuelle.

 

Il semble bien que Jérôme Bannier/Ecobichon soit passé dans les rangs du très très à droite groupement ADSAV dont les membres ne cachent pas leur penchant à participer aux meetings et actions violentes de toute l’extrême-droite française en Bretagne. Ce parti  est complètement marginal sur la scène politique bretonne.

Jérôme Bannier développe un rapport compulsif avec Facebook où il anime de nombreux comptes comme celui du Strollad Keltieg Breizh (Parti Celtique de Bretagne) dont il semble être un des rares membres. Ce parti politique virtuel et catho tradi a affirmé sa proximité avec Adsav et l’arrière garde de l’extrême-droite en Bretagne par ce post de soutien à des membres de ce groupe anti-migrants jugés et condamnés pour certains pour avoir pris part à l’occupation d’un centre pour migrants à Arzon dans le Morbihan.

Ces anciens amis d’Adsav — qui ne se pressent pas pour le soutenir — seront contents d’apprendre que Jérôme Bannier a contacté il y a peu via Messenger la Gauche Indépendantiste pour balancer sur ses petits copains d’Adsav et se refaire une virginité. Pour être tranquille à Guingamp ?

Le militantisme de Jérôme Bannier se déploie aussi en soutien à une très mystérieuse branche bretonne du Continuity Sinn Fein, un parti politique Irlandais (?!) qui n’existe qu’a Limerick et dont les membres ont prononcé leur auto-dissolution sur les conseils du clergé et d’autres groupes républicains, hasard du calendrier le 9 juin. Il semble que la seule activité de la branche armée de ce groupe ait été de racketter des dealers…

Soutien à Breiz atao.

Là encore, l’activité du “parti” est bien virtuelle, mais Jérôme aime aussi le petit commerce et ne dédaigne pas arrondir ses fins de mois en vendant des pins aux couleurs des Bagadoù Stourm, milice service d’ordre du Parti National Breton créée en 1941 et ayant des rapports plus ou moins proches avec l’occupant nazi et d’inspiration et d’esthétique globalement fasciste (même si une petite partie du groupe rejoindra la résistance à Saint-Nazaire).

Sa fascination pour les années 40 ne s’arrête pas la puisqu’il clame sur les réseaux sociaux qu’il souhaite organiser une soirée “Breiz Atao” dans son établissement. Ce titre (Bretagne toujours) a été le nom de différents organes de presse de la mouvance nationaliste bretonne entre 1918 et 1944 mais c’est surtout le nom du blog suprémaciste blanc, antisémite et islamophobe animé par Boris Le Lay.

Ce blogueur, fan de la Russie de Poutine est recherché (pas trop quand même)  par la justice française pour purger de nombreuses condamnations à la haine raciale  et d’« apologie de crime contre l’Humanité, provocation à la haine et contestation de crime contre l’Humanité » suite à la publication d’articles depuis le Japon d’où réfugié un moment il animait le site “Breiz Atao” maintenant déréférencé par Google. Le casier judiciaire de l’intéressé est trop long pour que l’évoquions en détail ici, toutefois on notera que Mona Bras (adjointe à la ville de Guingamp, militante autonomiste) l’avait fait condamner pour notamment diffamation en 2013.

Cela n’a pas empêché Jérôme Bannier, gérant du “Bro Gozh” dans cette même ville, d’afficher son soutien sans faille la veille de la manifestation antifasciste en publiant encore sur une de ses pages Facebook une video de Boris Lelay après une nouvelle condamnation.

 

Son frère Anthony (Anton sur Facebook) rediffuse souvent la littérature des deux “partis” animés par son frère, précision importante puisque pour se dédouaner suite à la polémique née de la salutaire manifestation antifasciste, Jérôme indique vouloir quitter la Bretagne pour laisser à son seul frère la gestion de l’établissement. Information à vérifier…

La manifestation du 10 juin a permis de montrer le vrai visage des gérants de l’établissement, puisque on se rend compte maintenant que celui d’entre eux qui se met le plus en avant n’a pas hésité pas à faire des saluts nazis au passage du cortège, publié des posts de soutien à un blogueur condamné pour incitation à la haine raciale et pour injure à une conseillère municipale de Guingamp et que, fait notable, ce qui ressemble bien à des nervis d’extrême-droite rameutés par le patron qui prétend pouvoir démultiplier ce chiffre ont tenté d’attaquer la manifestation antifasciste (une première locale).

Le tissu culturel breton local, très riche , ne cache pas sa peur de l’amalgame tant ses préoccupations et sa vision de l’identité bretonne sont éloignés de celles affichés par Jérôme Bannier qui jette le discrédit sur les défenseurs de la langue et de la culture bretonne très actifs à Guingamp.
Enfin, la ville est surtout connue pour son club de football et le fair-play de ses supporters et tout le monde peut comprendre ce que peut représenter en terme de sécurité pour tous l’existence d’un point de fixation les soirs de matchs pour les militants d’extrême-droite prenant prétexte de déplacements de supporters pour se regrouper et commettre des exactions comme récemment à Rennes.

Autant d’éléments qui devraient alimenter les réflexions des autorités préfectorales pour prendre une décision de fermeture administrative de l’établissement comme la loi le lui permet en cas de troubles récurrents.

En tout état de cause, si comme pour son ami Boris Le Lay l’État devait faire preuve de laxisme et tarder à prendre les mesures qui s’imposent, le tissu associatif local tout comme les réseaux syndicaux et politiques sont désormais prêts à continuer à informer la population sur la nature réelle de l’engagement politique des animateurs de ce débit de boisson.

Pas sur du tout que dans la ville de Georges Voisin — joueur et animateur d’En Avant de Guingamp, instituteur, syndiqué CGT mort en déportation pour fait de résistance antinazie — Jérôme Bannier et ses amis trouvent beaucoup de soutien.

Des militants de la Gauche Indépendantiste Bretonne Guingampais, résolument antifascistes.

Un salut nazi en toute impunité

 

 

 

 

 

Article mis à jour le 09 mai 2017 : voir en bas de page.

Le Télégramme nous apprenait mardi 2 mai que le Tribunal administratif de Nantes a validé les suspensions de fonction de deux gardiens de prison pour avoir fait des saluts nazis dans le tram à Nantes.

Les faits étaient survenus tard dans la nuit du 27 septembre 2014 après une journée de manifestation pour la réunification de la Bretagne : 4 militants d’extrême droite alcoolisés avaient chanté à la gloire de l’armée allemande nazie, avant de faire des saluts nazis et de proférer des insultes racistes à l’encontre des agents de la Tan, pour finir en bousculade en sortant de la rame du tram.

Le 14 octobre 2014, deux de ces militants d’extrême droite avaient été condamnés devant le Tribunal correctionnel à 400 € d’amende pour « violences sur agents », et les deux autres à 5 mois de prison avec sursis pour « incitation à la haine raciale ».

Il s’avère que les deux personnes condamnées pour « incitation à la haine raciale » étaient à cette époque gardiens de prison, donc fonctionnaires de l’état français ! L’un s’était d’ailleurs « déjà vu reprocher par le passé des “écarts de langage” par l’administration pénitentiaire » selon Le Télégramme. Les fonctionnaires pouvant être suspendus en cas d’infraction de droit commun, c’est donc le Tribunal administratif de Nantes qui s’en est chargé cette semaine (ils ont par ailleurs fait appel de cette décision).

L’histoire aurait pu s’arrêter là mais ce serait laisser croire à un « simple dérapage » et donc faire oublier le caractère militant de ces deux gardiens de prison d’extrême droite. Le site Seizh nous indiquait déjà en 2015 que l’un des deux protagonistes n’est autre que Jean-Charles Troudet, qui s’est présenté à diverses reprises comme secrétaire du groupuscule néo-nazi Adsav. Il a par exemple été l’un des co-organisateurs d’une manifestation mouvementée à Brest au mois d’octobre 2015.

Jean-Charles Troudet avec le mégaphone “Adsav” sur une capture d’écran de la vidéo du Télégramme.

Mais JC Troudet a surtout participé à la manifestation anti-migrants du 14 novembre à Pontivy. Lors de cette manifestation qui a eu lieu le lendemain des attentats de Paris — dont on peut d’ailleurs se demander pourquoi elle avait été tolérée alors que l’état d’urgence venait d’être décrété… — des violences avaient eu lieu et plusieurs personnes avaient été blessées, l’un notamment parce qu’il est d’origine antillaise.

Le nom de Troudet n’est pas inconnu dans les sphères d’extrême droite : un certain Nicolas Troudet (frère de Jean-Charles le maton) aurait participé à une manifestation contre un projet de mosquée à Quimper, et on pourrait comprendre dans cet article de Côté Quimper qu’il est l’un des porte-paroles d’Adsav. Lui n’est pas gardien de prison, mais il est gérant de la SARL NITRO, qui n’est autre que l’entreprise de gestion du restaurant « Au rendez-vous des pêcheurs » situé à Pont-Augan à Baud (56150).

Le bar-restaurant “Au rendez-vous des pêcheurs” situé à Baud dans le Morbihan

A priori, rien de bien intéressant dans cette information… si ce n’est que ce restaurant sert régulièrement de lieu de réunion à l’extrême droite avec, par exemple, la venue l’année dernière de Carl Lang du Parti de la France et de Nicolas Bay du Front National !

Pour le coup, on voit bien que les soi-disant revendications bretonnes d’Adsav sont factices, puisqu’il s’agissait de réunions bien françaises et bien avant tout d’extrême-droite ! Et leur présence dans les manifestations pour l’unité de la Bretagne sous ce nom ou celui de leurs nombreux cache-sexes Jeune Bretagne, Bloc Identitaire, et plus récemment Yaouankiz Breizh ou Stourm (qui regroupe des militants du GUD Bretagne et de l’Action Française) est à combattre et à rejeter au même titre que celle du Front National. Les associations progressistes du mouvement breton telles que Bretagne Réunie doivent le comprendre et prendre leurs dispositions pour que ce genre d’événements dramatiques ne se reproduisent pas.

Toutes les informations contenues dans cet article sont publiques et vérifiables dans les liens.

MISE A JOUR : M. Nicolas TROUDET, gérant du “Relais des Pêcheurs” nous fait savoir qu’il nie avoir jamais été porte-parole d’Adsav contrairement à ce qu’indiquait Coté Quimper le 25/10/2014. Nous remarquons qu’il n’avait pas poursuivi ce média pour cette affirmation. Par ailleurs, il affirme accueillir aussi bien le FN que la CGT dans son établissement. Nous avons transmis cette affirmation à l’UL CGT de Pontivy.  Nous publierons sa réaction si besoin. Enfin, nous n’avons absolument pas l’intention de nuire à la réputation de M. Nicolas Troudet et de son établissement. D’ailleurs nous notons que M. Troudet Nicolas ne nie pas être le frère de M. Troudet Jean-Charles et qu’il ne poursuit pas le Parti de la France ni le FN du Morbihan pour avoir publié des affiches avec l’adresse de son établissement. S’il souhaite nous poursuivre en justice comme il le prétend, nous pensons que notre avocat, prévenu de son éventuel plainte, sera à même de faire valoir notre bonne foi. Pour notre part nous ne manquerions pas d’assurer la plus grande publicité à une telle plainte.
Bretagne info.

Depuis hier, Nolan Lapie n’est plus ce jeune un peu paumé du pays de Lamballe qui avait giflé Valls, depuis hier c’est officiellement un harki. Certains se doutaient déjà un peu beaucoup au vu de sa visible fascination pour les quenelles (saluts nazis inversés de la mouvance Alain Soral/Dieudonné) et ses likes sur des pages facebook d’extrême-droite qu’il n’avait de rebelle que le goût et la couleur. On aurait pu croire à une erreur de jugement d’un jeune un peu paumé, évoluant dans un territoire délaissé notamment des forces politiques progressistes et révolutionnaires. Mais depuis hier, il est allé beaucoup plus loin dans son soutien aux forces de la réaction bleue-blanc-rouge et de la haine et pour cela, la presse locale l’a bien aidé.

Chaque élection présidentielle draine son lot de candidats plus ou moins fantaisistes tels Sylvain Durif — le Christ Cosmique — ou de “petits” candidats qui profitent de la pré-campagne pour tenter de faire rentrer leurs thématiques dans les débats (Christian Troadec, Oscar Temaru….). C’est ainsi, personne n’est dupe et les médias de masses ne manquent pas de faire comprendre aux auditeurs, lecteurs ou téléspectateurs combien ces démarches sont cocasses et vouées à l’échec voir carrément folkloriques.

Dans la galaxie de l’extrême-droite la plus crasse on ne manque pas de souligner combien chaque groupe en présence serait plus “anti-système” que son concurrent sur le marché de la haine et combien les “médias de l’oligarchie” seraient rétifs à leurs idées.

Hier, Nolan Lapie a annoncé à quelques jours de la fin de la collecte des 500 parrainages pour la course à la présidentielle française, sa “candidature” à cette élection.

Son opération de comm’ a parfaitement fonctionné grâce au soutien de Ouest-France et de France 3 Ouest qui lui ont littéralement servi la soupe.

Dans les deux énormes articles dont nous parlons, le petit Lapie a pu dérouler son discours sans qu’aucune question gênante ne vienne le contredire, tout juste nous concède-t-on en fin d’articles que réunir 500 signatures en si peu de temps sera difficile. Mais bien sur et tout de suite cette presse “régionale” a bien annoncé la candidature du même pantin à Evry dans la circonscription législative de Manuel Valls.

Certes Ouest-France précise bien que Dieudonné est derrière tout ça et fédère l’équipe de campagne de ce candidat “sans parti” mais se garde bien de rappeler que ce personnage a été condamné pour incitation à la haine raciale, se garde bien de parler de son antisémitisme maladif, de ses différents déboires judiciaires, et de sa proximité notoire avec Jean-Marie Le Pen. Quand à France 3 Ouest, c’est simple, leur article pourrait avoir été écrit par Lapie lui-même tant-il manque d’un minimum de recul. Il est toutefois rassurant de voir combien les commentaires des lecteurs et lectrices sont, une fois n’est pas coutume, plutôt peu amènes avec Nolan Lapie le porteur de valise des antisémites BBR en Bretagne.

Bretagne_Info_Nolan_Lapie_Presidentielles_2017_Dieudonne_1

Vous chercherez en vain sur le site de France 3 Ouest un article aussi long et complaisant sur la venue de Oscar Temaru, indépendantiste polynésien, ou de Phillipe Poutou, candidat du NPA, pourtant venus tout deux en Bretagne chercher des signatures et participer à la pré-campagne autrement que via internet.

Le jeune homme assume sans complexe aucun sa proximité avec “les mouvements identitaires bretons”, là encore les journalistes ne cherchent pas à creuser un peu plus en soulignant combien Nolan Lapie est complètement inconnu de la galaxie culturelle et politique bretonne œuvrant pour plus de démocratie en Bretagne et combien ses incantations sur l’ “identité” bretonne semblent très éloignées des revendications des mouvements de récupération linguistique ou pour l’unité de la Bretagne qui défendent une vision résolument inclusive de l’identité bretonne. Ils ne disent pas non plus que Nolan Lapie semble peu se préoccuper d’ailleurs de la langue bretonne ou du gallo, qu’il ne connait visiblement pas.

Pas de mention non plus du fait que les termes “mouvance identitaire bretonne” renvoient explicitement vers des médias antisémites et racistes comme Breiz Atao ou des groupes d’extrême-droite comme Breizh Info dont les membres et contributeurs sont plutôt actifs, proches et connus dans les différents groupes suprémacistes blancs, tricolores comme Riposte Laïque que dans les organisations indépendantistes ou autonomistes bretonnes.

En vérité, Nolan Lapie n’est plus que le nouveau produit du business de haine de Dieudonné qui semble avoir mis la main sur lui au détriment des autres sectes de la mouvance identitaire en Bretagne qui auraient bien voulu mettre le grappin sur le jeune Nolan.

Un rapide survol de son “programme” nous suffit à nous rendre compte que les revendications spécifiquement “bretonnes” sont posées là comme des alibis (refus du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou réintégration de la Loire-Atlantique dans l’espace breton). Par contre, quelques propositions et affirmations démontrent bien le caractère pas du tout apolitique et franchement réactionnaire de la candidature du rebelle en carton-pâte :

Outre le soutien à la Russie de Poutine commun à tous les groupes d’extrême-droite figure, la suppression du mariage pour tous — une revendication récurrente de la mouvance Soral/Dieudonné/Le Lay — même si tous ce petit monde semble s’être brouillé. Pour eux, la possibilité pour des personnes du même sexe de s’unir devant la loi est un danger pour la civilisation occidentale, car ce qui les préoccupent tous c’est de démontrer le caractère unique et supérieur de cette civilisation en bon laquais du capital et de l’impérialisme blanc et européen qu’ils sont. Pour ce faire, cette coterie fascistoide parisienne n’hésite pas à débaucher quelques “indigènes” telle Farida Belgoul, ex-prétendue participante à la marche pour l’égalité de 1983 venue faire de la retape pour Soral pour lui donner un peu de crédibilité de quartier et ce, dixit les camarades de Quartiers Libres, car  “Farida Belghoul et Soral prétendent lutter pour “l’égalité et la réconciliation” entre la France blanche et catholique et les populations des quartiers populaires ».

er_colo

Nous ne savons plus exactement quel est le degré d’embrouilles et de convergences entre Dieudonné qui chaperonne Nolan et Alain Soral mais Nolan Lapie est notre Farida Belgoul à nous bretons. Les seuls arabes dont l’extrême-droite française veut bien sont ceux qui assument la posture du Harki, c’est à dire de trahir les leurs pour défendre la grandeur de la France et sa civilisation, et la seule affirmation de l’identité bretonne acceptable pour tous ces groupes là c’est celle qui serait complémentaire en tant que petite patrie charnelle à l’attachement à la France et à l’Europe blanche.

D’ailleurs, France 3 Ouest souligne que Nolan, ce « Breton fier de [s]es racines », « ne supporte plus que l’on oppose [s]on identité bretonne à l’identité française »… Tout est dit, le thème de la réconciliation entre identité bretonne, française et européenne est bien perceptible et affirmé, les masques tombent. On est loin de la posture du rebelle, de l’affirmation du caractère plurinational de l’état français cher à la gauche indépendantiste bretonne, on est dans la pure prose Soralienne même si c’est son ex-pote Dieudo qui est à la manœuvre.

Quartiers libres rappelle « la finalité de la logique politique proposée par Soral se concrétise par une soumission de toutes les minorités à la majorité sociale et économique française : blanche, masculine et catholique ».

Nolan Lapie finira comme Farida Belgoul, abandonné par Dieudonné et consorts lorsqu’il n’aura plus besoin de ce breton de service et de son petit paquet de crêpes.

Il mériterait d’être sur une affiche coloniale, celle de la France éternelle, ou dans une chanson, une de celles sur la Bretagne de Théodore Botrel, ce chansonnier bouffon qui chantait pour envoyer les bretons mourir pour construire l’empire français et engraisser les bourgeois.

Des militants de la Gauche Indépendantiste Bretonne résolument antifascistes.

nolan_lopie_botrel

 

Cette contribution sur le drapeau “Kroaz Du” (Croix Noire) émane d’une lecteur de notre site et n’engage que lui. C’est un texte avec beaucoup d’informations historiques et qui prétend ouvrir le débat.

Bonne lecture !

Bretagne info.

Résistants antifascistes du groupe Liberté dans le secteur de St Nazaire membres du PNB
Résistants antifascistes du groupe Liberté, membres du PNB, dans le secteur de Saint-Nazaire

Tout le monde connait le drapeau breton, on le voit partout et depuis des années. Enfin tout du moins, c’est un des drapeaux bretons que tout le monde connait. Puisque la Bretagne n’a pas d’existence officielle – le symbole de la région n’est considéré par personne comme drapeau et à juste titre – il n’y a que l’adhésion populaire massive à un symbole breton qui lui donne sa légitimé. En cela, le Gwenn-ha-Du est indétrônable depuis plusieurs décennies, on le voit dans des manifestations de tous bords politiques, sur certaines mairies, sur les plaques d’immatriculations de quatre départements bretons sur cinq. Néanmoins, ce dernier est concurrencé depuis quelques temps par un nouveau venu : la Kroaz Du, à l’esthétique simpliste d’une croix noire sur fond blanc. Son arrivée tardive n’est au départ pas liée à un milieu particulier, que ce soit politique ou autre. Il a toutefois été très largement approprié depuis les années 2000 par divers tendances de l’extrême droite locale, lui apportant maintenant une connotation bien particulière.

A faire l’historique de ces deux drapeaux, leurs apparitions contemporaines sont d’ailleurs toutes deux situées dans l’Entre-deux-guerres. Certes, les arguments en faveur de la Kroaz Du incitent sur son aspect ancien, il serait LE plus vieux drapeau de Bretagne. Sans trop savoir pourquoi, l’idée logique est qu’il est le plus vieux et donc le plus légitime. Argument somme toute réactionnaire, la légitimé populaire actuelle du Gwenn-ha-Du surpassant largement le critère de l’ancienneté. Le statu quo disant qu’il y a deux drapeaux à la Bretagne, l’ancienne Kroaz Du et le nouveau Gwenn-ha-Du. S’il existe des traces moyenâgeuses de la Kroaz Du en effet, ce n’est que très récemment qu’il a acquis ou réacquis le titre de drapeau breton. Jusqu’au XXe siècle en effet, le seul drapeau à représenter la Bretagne est celui duché, un fond blanc tacheté d’hermines noires.

L’origine de la réapparition de la Kroaz Du est d’ailleurs au départ très proche des milieux qu’elle retrouvera, la droite et l’extrême droite des mouvements bretons. Pour situer le contexte de ce come-back, il faut revenir à l’été 1937 aux fêtes du Bleun Brug – groupement militant breton et catholique – à Plougastel. Des jeunes militants nationalistes du PNB s’y font remarquer en brulant des drapeaux français. En plus de cela, des Gwenn ha Du sont affichés lors de la fête. S’il est à l’époque le drapeau des militant-e-s breton-ne-s, il n’a pas en dehors de ces cercles d’une grande notoriété ou popularité. Léo Le Berre, barde régionaliste connu sous le nom d’Abalor le qualifie de « caleçon américain ».

Et le nom est d’ailleurs à l’époque fortement connoté, Gwenn-ha-Du est aussi le nom d’un groupe clandestin qui depuis 1932 s’est imposé sur le devant de la scène par quelques attentats, non sanglants mais parfois spectaculaires. Le drapeau n’est alors pas très vieux, il a été créé dans les années 1920 par Morvan Marchal et Ronan Clec’h, avec l’idée de se débarrasser du vieux drapeau ducal au profit d’un moderne qui serait symbole d’une Bretagne de la modernité. Son esthétique est empruntée au drapeau américain et grec, deux pays créés à partir d’une guerre d’indépendance, et pour les Etats-Unis du fait de l’attrait des créateurs pour les idées fédéralistes.

Pour en revenir à l’été 1937, la conséquence des démonstrations nationalistes au Bleun Brug ne tarde pas. Arthur de Dieuleveut — ça ne s’invente pas — proche de l’Action Française, donne sa démission de la présidence du Bleun Brug. Raymond Delaporte prend sa place, c’est lui qui dirigera aussi le principal parti breton collaborationniste pendant la deuxième guerre mondiale. L’année suivante aux fêtes du Bleun Brug à Lannion en septembre, des Gwenn-ha-Du sont à nouveau présents.

Le chanoine Joncour écrit alors à l’influent et proche des nationalistes abbé Perrot en octobre pour lui dire que « Monseigneur Duparc [l’évêque de Quimper] n’assistera plus au Bleun Brug à l’ombre du gwenn ha du, qui est une création de Breiz Atao et l’emblème des autonomistes de tout nom ». Des proches de Perrot — Xavier Langlais et Henri Caouissin — préparent alors un nouveau drapeau pour les prochaines fêtes, en changeant par exemple le noir du Gwenn ha Du en violet, couleur du Bleun Brug et de l’évêque. Delaporte propose finalement un drapeau blanc avec une croix noire, présenté comme « drapeau des Bretons de la Cordelière ». Perrot n’est pas fan, « c’est un peu mortuaire » dit-il… Une phrase au sens particulier quand on sait qu’après avoir été exécuté par la résistance communiste en 1943, son nom sera repris par la Bezen Perrot, petite troupe bretonne au service de la SS responsable de nombreuses exactions en Bretagne. Et le drapeau de cette unité Perrot est justement la Kroaz Du…

Autant dire que jusque-là l’histoire ce drapeau n’est donc pas vraiment glorieuse. Dans l’après-guerre on ne le voit bien évidemment pas beaucoup. Il faut attendre au final la fin du XXe siècle pour que son utilisation commence à se diffuser. Dans certains cercles néanmoins, principalement les mondes culturels et politiques bretons, et de toutes les tendances. Avec le mouvement des Bonnets Rouges de 2013, on peut dire qu’il commence à se populariser. Il n’est d’ailleurs pas réservé à l’extrême-droite même si cette dernière l’utilise abondamment et a participé à son implantation.

Une kroaz du dans un cortège de la Gauche Indépendantiste
Une kroaz du dans un cortège de la Gauche Indépendantiste !

En 2011, le site néo-nazi Breiz Atao, le choisi car : « esthétique irréprochable, supérieure à celle du GHD. (…), c’est le drapeau du christianisme militaire porté par les Croisés Bretons jusqu’à Jérusalem et hissé sur la mosquée Al Aqsa devenue ensuite le quartier général des Templiers. ». Ce drapeau a en effet été utilisé dans la troisième croisade pour la Bretagne, chaque pays se voyait assigner une croix à ses couleurs, à l’inverse des précédentes croisades où la croix rouge sur fond blanc était la seule utilisée. Et quitte à être sur le thème, cette troisième croisade n’a pas réussi à coloniser l’arrière-pays palestinien, ni à prendre Jérusalem, et la Kroaz Du n’a donc pas été hissée sur la mosquée Al-Aqsa. Cette référence et l’attrait de l’extrême droite bretonne pour la Kroaz Du est logique, elle a comme beaucoup d’extrêmes droites européennes un fantasme sur l’imagerie des croisades. Ce qui est lié à la supposée actuelle guerre religieuse qu’ils imaginent ou qu’ils espèrent mener. D’autant que les gauches bretonnes n’utilisent pas ce drapeau mais toujours le Gwenn ha Du, l’extrême droite cherche donc à s’attribuer un symbole breton spécifique.
Comme dit la plume salasse de Boris Le Lay pour finir en beauté : « Il est un emblème de choix pour les BREIZHOURION. La Croix ne satisfait ni la canaille socialiste, ni les allogènes mahométans non plus que les cosmopolites. On le préférera donc désormais au Gwenn Ha Du. »

Du coté de Yann Vallérie et de son site Breizh Info, qui roule pour le FN mais qui, le cul entre deux chaises, tente de garder une fesse coté breton, les deux drapeaux sont appréciés. Il n’aime pas par contre que l’on attaque la Kroaz Du, il s’insurge par exemple contre Fañch Broudic, de gauche, qui ose la critiquer.  « Ce drapeau, blanc frappé d’une croix noire est pourtant un des plus anciens drapeaux bretons connus, utilisés par les croisés Bretons se rendant aux croisades, puis par les navires sous pavillon Breton ». Mais le grand fan de Marine Le Pen n’a pas dit grand-chose en 2015, quand quelques nazillons bretons pro FN — parti qui veut supprimer la Bretagne au passage — avaient sortis des Kroaz Du au rassemblement du 1er mai à Paris. Et ce non pas aux cris de « BZH libre » mais de « mangeons du cochon», avant de se voir obligés de ranger leurs bannières, de prendre peut être un drapeau français à la place. Allez, couché toutou !
On a aussi aperçu des Kroaz Du en septembre 2016 à la manif de réunification dans le cortège de Yaouankiz Breizh, des militants d‘extrême droite qui se tapent l’incruste depuis que Bretagne Réunie leur laisse la porte ouverte et que 44=BZH n’est plus toujours là pour les savater. Ce collectif mort-né aurait d’ailleurs dû s’appeler Yaouankiz Vreizh, mais on ne va pas non plus espérer que les militants de l’Action Française ou d’Adsav maitrisent les règles des mutations en langue bretonne.

yaouankiz-vreizh

Un autre élément intéressant sur les rapports entre mouvements politiques et drapeaux bretons est que dans les années 2000-2010, à mesure que l’extrême droite bretonne tente d’imposer la Kroaz Du, d’autres mouvements tentent de décrédibiliser le Gwenn-ha-Du. Et ça brasse large, une belle alliance sacrée du nationalisme français, du Front de gauche à l’UPR, charge contre le Gwenn-ha-Du, car il serait un drapeau fasciste antirépublicain, etc.  Ils reprennent tous les interprétations pleines d’erreurs historiques de chez Françoise Morvan, la parisienne à succès en ce qui concerne la question bretonne, qui a autant d’audience dans l’extrême droite française que chez les mélenchonistes. L’argument étant que les bandes noires et blanches représentent les évêchés, organisation d’avant la Révolution, donc drapeau contre-révolutionnaire et fasciste car utilisé par des militants collabos. Alors que des nationalistes résistant-e-s l’utilisaient aussi, alors que les bandes représentent les pays bretons de langue gallèse ou bretonne, c’est-à-dire les pays aux réalités sociales et historiques comme le Trégor ou le pays Nantais bien plus que des structures cléricales.
En cela, les drapeaux bretons attisent encore bien des passions. D’un côté, l’extrême droite bretonne tente de s’approprier ouvertement la Kroaz Du à cause d’une symbolique qui fleurte bon avec sa nouvelle obsession du moment contre l’islam, et qui a une histoire récente très connotée collaboration et nazisme — ce qui pour des antifascistes n’est bien évidemment pas acceptable. De l’autre, les mouvements nationalistes de droite ou de la gauche coloniale tentent de salir le drapeau qui s’est imposé comme celui de notre peuple par la seule force de la réappropriation populaire. Un phénomène qui donne évidement au Gwenn-ha-Du des entrées dans de multiples milieux, y compris ceux que les indépendantistes de gauche combattent, justement car il est un drapeau populaire qui n’est pas limité à une famille politique. Certains propos vis-à-vis du Gwenn-ha-Du traduisent parfois de réflexes coloniaux, que nous mettons sur le même niveau que les hurlements des franchouillards face à la présence de drapeaux algériens dans les rues après des matchs de foot. Alors qu’au final, c’est la Kroaz Du qui a de quoi faire hurler, sans pour autant tomber dans l’attaque générale contre toute personne qui en arbore une. Certain-e-s ne le font que pour l’aspect historique ancien, et beaucoup ne connaissent pas l’histoire récente qui l’accompagne. En Bretagne, nous ne connaissons pas notre histoire, alors l’histoire des mouvements bretons, tout comme celle de ses symboles, est d’autant plus inconnue.
Et à celles et ceux qui face à un Gwenn-ha-Du disent « brulons tous les drapeaux ! », posez-vous la question, vous bruleriez un drapeau palestinien vous ? Ou un drapeau Kanak, ou un drapeau gay, ou un drapeau rouge et noir ? Réfléchissez, brulez plutôt un drapeau français.

YFP.

Il y a plusieurs jours le sonneur champion de Bretagne, Yannick Martin, portait plainte contre le site breizatao.com pour propos injurieux et racistes. A suivi cette semaine, la fédération des sonneurs de Bretagne (Bodadeg ar Sonerien). Breizatao.com site internet dirigé par le fasciste Boris Le Lay avait dénoncé la couleur de peau du sonneur champion de Bretagne, et c’est avec satisfaction que nous voyons une importante solidarité s’exprimer en sa faveur. Lors du concours de première catégorie organisé ce week-end, où Yannick Martin sonnera avec le Bagad Kemper, BAS a initié une action de solidarité de la part de tous les sonneurs, qui porteront lors du concours un ruban Gwenn ha Du.

Boris Le Lay de Rosporden
Boris Le Lay de Rosporden

Cet évènement permet aujourd’hui à certains médias hexagonaux de reprendre une rhétorique selon laquelle «le mouvement politique breton» serait larvé par le racisme. Non sans raison lorsque l’on sait que certaines personnes s’en revendiquant, aide à légitimer l’extrême droite bretonne. En effet depuis quelques années une certaine complaisance à l’égard de groupes comme Adsav ou Jeune Bretagne, ou d’individualités, est soutenue au nom d’une «expression plurielle», qui ne permet en réalité que de donner la parole à quelques individus ne représentant qu’eux même et étant heureusement pour l’instant, dans l’incapacité de réellement sociabiliser leurs idées dans la population bretonne. Rappelons que le site breizatao.com s’est popularisé un temps en étant mis en lien par le site internet agencebretagnepresse.com, que son dirigeant Philippe Argouarc’h a publié en 2007 une interview complaisante du dirigeant d’Adsav, Frederique Le Brouder, et qu’il publie régulièrement des communiqués d’Adsav ou Jeune Bretagne, contre la viande hallal par exemple. Ce qui se passe est clairement un retour de bâton de la complaisante de certains. Une attitude qui permet de répendre une image négative de ceux qui s’opposaient à la présence affichée de l’extrême droite lors de la fresque humaine pour l’unité territoriale à Nantes en février 2010, et qui était revendiquée par les organisateurs. En 2003 lors d’une manifestation organisée à Nantes en faveur de cette même unité administrative de la Bretagne, l’éviction du cortège du funeste MRB par des militants de la Gauche Indépendantiste était passée pour totalement logique.

Cette histoire doit nous rappeler à tous que le racisme et le fascisme doivent être combattu en amont, et ne pas attendre de s’offusquer une fois que les faits se déroulent et qu’ils sont médiatisés. L’extrême droite quelle soit française ou bretonne ne mérite que le mépris, et nous saluons l’attitude de Yannick qui déclare « Pour ces gens-là, c’est la couleur de peau qui est visée. C’est très malsain et ce n’est pas du tout l’image que reflète la culture bretonne. Mais il ne faut pas s’arrêter à ça. Je me sens entièrement Breton, ça ne m’empêchera pas de sonner ».

Nous adressons notre soutien et nos encouragements à Yannick, son frère, son bagad, et tous les sonneurs que nous invitons à aller applaudir ce week-end à Brest.